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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
12 novembre 2012

PAGE 29: 43 ANS APRES, LE SOUTERRAIN REFUGE EST UNE ENIGME


 
J'ai écrit et publié cet article dans la Dépêche du Midi  les 23 et 24 janvier 1985. Il traitait de la découverte d'un souterrain en 1968. Depuis, le propriétaire, François Boudou, est malheureusement décédé fort jeune, et le souterrain qu'il explorait à temps perdu, ne sera bientôt qu’un souvenir pour certains, et un fait inconnu pour la grande majorité... Heureusement, il nous reste les photos et les écrits, car les mémoires flanchent, la mienne en particulier, d'où l‘intérêt du blog. Il se trouve qu’avec deux ou trois autres, je fus un des premiers, étant adolescent, à déblayer et à rentrer dans la cavité. Les premiers après bien des siècles... 10,15,18 ou 20 ????  Un moment émouvant...
Patrick Garcia

journal du 24 janvier 1985

La page publiée le 24 janvier 1985 (PG)

 

L'article de janvier 1985 :
 «Il y a une quinzaine d'années (1968), François Boudou, un agriculteur habitant à Villamade, sur le Pech du Rogas, découvrait fortuitement en labourant, un orifice béant qui venait de s'effondrer sous le poids du tracteur. A l'époque, la découverte créa une émulation et de nombreuses personnalités amies de l'histoire locale se passionnèrent pour l'ouvrage, aidées par une dizaine de gosses pour qui l'attrait des vieilles pierres n'était pas un vain mot. Elles entreprirent de dégager les tonnes de terre qui obstruaient le couloir d'entrée. Le travail fut rude car le seul matériel qu'avait à leur disposition le groupe de volontaires était des seaux et des cordes pour hisser ces seaux jusqu'à la surface...
LE REFUGE:
Au bout de quelques semaines, on put accéder au refuge proprement dit, le couloir étant définitivement dégagé. Ô surprise ! On se trouvait en présence de quelque chose d'inespéré, un souterrain-refuge ou temple, vierge de toute visite depuis des siècles et donc d'un intérêt certain pour les archéologues et les historiens... En fait d'archéologues, nous le verrons par la suite, aucun travail sérieux ne fut entamé, le seul qui daigna se rendre sur les lieux attesta de l'importance de la découverte, assura que c'était un des plus importants souterrains-refuges du département et souhaita que les travaux de fouilles se poursuivent De nouvelles galeries étant certainement encore à découvrir...

couloir d'entrée et François Boudou

Le couloir d'entrée et François Boudou (photo PG)


Sur les parois, on pouvait remarquer les milliers de coups de piolets des bâtisseurs, les stries toutes dans le même sens avaient un effet certain de décoration... En pente raide, on accède à un passage d'un mètre carré environ qui se fermait de l'intérieur, on distingue encore la moulure de la porte et l'emplacement des gonds; de là, on se trouve en présence du refuge proprement dit, à une dizaine de mètres sous terre. Long de 24 mètres, haut de 1,60 m, il est pourvu de chaque côté de quatre niches au total; elles servaient soit d'habitations, soit de silos. On y a retrouvé des traces de charbon de bois, des céramiques, une meule à grain et même le piolet qui servit à creuser la galerie ! Malheureusement, les fouilles ne furent qu'ébauchées, on se contenta surtout de tamiser les déblais remontés lors du dégagement, des fouilles sérieuses et systématiques sont toujours à entreprendre.
Tout au bout de la galerie, un grillage protège le sanctuaire proprement dit : les graffitis. Ces sculptures dans le calcaire sont très naïves, comme nous le fait remarquer un des historiens local que je suis allé consulter, M. Daynes.  Elles représentent au centre une croix, à gauche un personnage en chemise et à droite un serpent, des chevaux, des sangliers...

les graffites sur le mur

  Au centre une croix, à gauche un personnage en chemise et à droite un serpent, des chevaux, des sangliers...(photo PG)

Ces signes pour le moins cabalistiques, feraient-ils remonter ces inscriptions aux débuts du christianisme (le personnage bras écartés près de la croix) ? On ne le sait pas. Ce qu'il faut savoir, c'est l'omniprésence des Romains dans cet endroit. En effet, à moins de 100 mètres du lieu du refuge « Le Breil », est situé l’emplacement d’une ancienne chapelle, Notre Dame de Villamade, bâtie, elle, sur les ruines d’un temple romain. Quand on sait que la voie romaine passait à quelques dizaines de mètres de l'ouvrage en question, on peut raisonnablement penser que les premiers chrétiens poursuivis avec la hargne que l'on sait par ces conquérants venus d'Italie s'y réfugièrent et qu'ils en furent les premiers utilisateurs. Une autre hypothèse soulevée par M. Daynes est que les cathares, poursuivis par Simon de Monfort (allant au siège de Casseneuil), pendant la croisade des albigeois, utilisèrent à leur profit ce refuge qui n'est pas le seul exemple de « planques » que les cathares investirent pour se prémunir des sévices de Monfort.
LES RECHERCHES
Elles furent infimes, pendant longtemps, le propriétaire, M. François Boudou, continua seul les fouilles, ce qui lui permit de mettre à jour une nouvelle galerie qui remonte plus haut dans le plateau; malheureusement, au cours des travaux, un éboulement obstrua la nouvelle galerie; écœuré, le chercheur décida d'abandonner les fouilles, n'ayant reçu aucun encouragement ni aucune aide.

couloir éboulé

Francis Boudou scrute le départ d'une nouvelle galerie obstruée par un éboulement (Photo PG)


Aujourd'hui, force est de constater que nous n'avons pas avancé d'un pas dans la compréhension de cette énigme.
Il reste, c'est sûr, d'autres vestiges dans le sol du souterrain, envahi par 20 centimètres d'eau au cours de l'hiver; il faudra attendre le printemps pour repartir « à la pêche ».

Francois Boudou devant quelques trouvailles

Francis Boudou, nous montrait quelques trouvailles, une meule à farine en pierre, des tessons de poterie sigilée romaine et d'autres plus récents, du haut moyen âge... (Photo PG)

AUJOURD'HUI
Les ronces ont envahi le terrain. la boue et les éboulements menacent de ruiner à jamais les efforts pour mettre en valeur cette architecture ancestrale...
Plus grave, les lapins, nombreux dans l'endroit, ont plus ou moins élu domicile dans le refuge; quand on connaît les ravages que peut occasionner Jeannot lapin, l'inquiétude gagne tous ceux qui, à un moment ou à un autre, se sont intéressés au refuge et qui ont vainement tenté de le mettre en valeur pour en faire un objet de visite pour les amateurs d'histoire locale, de touristes qui verraient dans cet endroit charmant un attrait supplémentaire au cœur de cette région au passé méconnu.
Seule une prise de conscience  générale et le volontariat peuvent contribuer à sauver ce qui peut être un des éléments les plus intéressants du passé livradais.»
Fin de l'article de 1985
 
 

 

 

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