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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
14 avril 2014

PAGE 104: LES SPLENDIDES MOSAÏQUES ROMAINES DE SÉVIAC ET LE BEAU ROMAN DE L'ABBAYE DE FLARAN (GERS)

une mosaïque

Mosaïques à Séviac

Aujourd’hui je vous convie à visiter lors d’une même journée, il faut qu’elle soit ensoleillée, deux lieux de mémoire, l’un religieux, l’autre, gallo-romain, et tout ça où ? Dans la verte campagne Gersoise.

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 L’ABBAYE DE FLARAN:

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 Maquette de l'ensemble de l'abbaye. (Photo: Patrick Garcia)

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 Détail de la façade.  (Photo: Patrick Garcia)

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Vue dans le cloitre.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Toujours vue du cloitre.  (Photo: Patrick Garcia)

Lors de cette matinée de visite, allons en premier, découvrir  la magnifique abbaye romane de Flaran, à Valence sur Baïse. Une des mieux conservée dans son intégralité du sud de la France. Lors de ma visite, j’ai eu droit à un guide exceptionnel qui fait honneur à l'abbaye. Ses commentaires pointus, captivent l'auditoire, même si nous n’avons d'yeux que pour les formes romanes, pures et dépouillées, les chrismes, colonnades du cloître… Au premier, une exposition de tableaux anciens d'une valeur inestimable. L'endroit est un condensé d'art roman. Des voutes inaccessibles, des lignes pures, des arcs romans plein cintre, des chapiteaux aux motifs sobres et typiques du haut moyen-âge. L’extérieur est à la hauteur des bâtiments et du mobilier, il est rare de pouvoir visiter les jardins d’une abbaye, ici, c’est le cas, un endroit chargé d’histoire, mais aussi de sérénité dont vous serez ravis.

LA VILLA GALLO-ROMAINE DE SEVIAC :

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 Le site de Séviac vu du ciel, les parties nobles sont protégées par des toitures. (Image du Net)

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 Une vue en élèvation pour mieux comprendre l'architecture de ce palais rural. (Image du Net)

 SEVIAC

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 Une des mosaïques magnifiques. (Image du Net)

      Après un pique nique appréciable après cette agréable marche dans Flaran, nous prenons la route pour quelques kilomètres et  un autre morceau de choix: les mosaïques romaines de la villa de Séviac, à Montréal du Gers. Autre guide, plus disert... Une superbe maquette évoque la splendeur du site au Bas Empire Romain. Une citadelle- village de 1 200 hectares, des milliers de serviteurs, gardes et ouvriers, tous au service du potentat local. Des restes en petit nombre, quand on a conscience de la magnificence de cette colonie. De tout cet univers, seules les mosaïques subsistent... Mais quelles mosaïques! Des œuvres d'art d'une rare beauté dans le grand ouest. De la pureté, des centaines de mètres carrés hyper sophistiqués. Quand on sait qu'il fallait une journée à une  équipe de 7/8 personnes pour constituer 1/2 mètre carré de mosaïques... Des modèles uniques, dédiés à la nature, à la géométrie, puisqu'aucun personnage n’y est présent...

     Si les bâtiments nous manquent pour avoir une idée plus précise des lieux à l’époque de leur apogée, la maquette est là pour témoigner de la magnificence du palais, les restes des thermes et des hypocaustes sont aussi un bon repère pour démontrer l’organisation et la richesse du propriétaire qui n’a reculé devant aucun « sacrifice » pour rendre son cadre de vie aussi agréable l’été avec ses bains, que l’hiver grâce à cet ingénieux système de chauffage par le sol…

   Pour terminer, allez visiter le musée de Montréal-du-Gers, avec le même ticket, c’est là que sont rassemblés les objets archéologiques trouvés lors des nombreuses campagnes de fouilles, du moins, ceux qui n’ont pas disparus…

 LE COIN DU TECHNICIEN :

 L’abbaye de FLARAN est une ancienne abbaye cistercienne, fille de l’abbaye d’Escaladieu (Haute Pyrénées), située à Valence sur Baïse, dans le département du Gers. Elle fut fondée en 1151, au confluent de l’Auloue et de la Baïse, entre Condom et Auch, par les moines de l’abbaye d’Escaladieu. Joyau de l’art cistercien, classée Monument Historique, c’est une des abbayes les mieux préservées du Sud Ouest de la France qui présente encore la totalité de ses bâtiments monastiques et de son jardin (Inscrit au titre des Monuments Historiques).

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 Un "Chrisme" bien visible. (Photo: Patrick Garcia)

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 Superbe colonnade.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Autre vue.  (Photo: Patrick Garcia)

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 De fortes voûtes tiennent sur de fines colonnes.  (Photo: Patrick Garcia)

 Depuis l’année 2 000, elle abrite la Conservation Départementale du Patrimoine et des Musées, qui est un service du Conseil Général du Gers, propriétaire, qui y développe, tout au long de l'année, de nombreuses activités culturelles (expositions, animations pédagogiques, concerts, colloques…) ; celles-ci intéressent tous les domaines du patrimoine, de l’Archéologie à l’art contemporain.

Avec près de 50 000 visiteurs par an, l'abbaye de Flaran est devenue le site le plus visité du Gers. L'entrée y est gratuite le premier dimanche de chaque mois de novembre à mars inclus ainsi que pour les moins de 18 ans en visite libre toute l'année. Bien que fondée au XIIe siècle, l'abbaye Notre-Dame de Flaran fut remaniée jusqu'au XVIIe siècle.

Elle connut une prospérité rapide avec un vaste territoire sur les deux rives de la Baïse. Cette prospérité a été source de conflits avec ses voisins et avec le chapitre d'Auch sur les dîmes reçues par l'abbaye. Pour se protéger, les moines construisirent un mur avec une porte crénelée du côté sud qui était le plus vulnérable.

En dépit d'une vie partagée entre prière et travail manuel, l'abbaye souffrit des vicissitudes de l'histoire, à commencer par les troubles de la « Guerre de 100 ans », qui ne prirent fin qu'en 1481, lorsque le comté de Gascogne se rattacha à la France.

Incendiée en 1569 par les troupes de Montgommery, lors des guerres de Religion, l'abbaye fut restaurée à partir de1573 par ses abbés commendataires, mais vendue à la Révolution. Il ne s'y trouve alors plus que trois moines : ils sont expulsés en 1791 et l'abbaye est vendue comme bien national.

En 1913, la  société Archéologique du parvint à éviter que son cloître ne finisse dans un musée de New York.

Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1970, un incendie criminel a ravagé une grande partie de l'abbaye.

Le site est racheté par le département du Gers en 1972 qui engage alors une intense campagne de restauration.

L’abbaye cistercienne abrite deux expositions permanentes, l'une dédiée aux chemins de Compostelle dans le Gers le Gers jacquaire, seule présentation permanente sur ce thème en Midi-Pyrénées et l'autre, depuis 2005, à sa propre histoire.

Depuis l'année 2004, l'abbaye de Flaran présente une exceptionnelle collection de chefs-d'œuvre du XVIe au XXIe (catalogue en vente), issus du dépôt de la collection dite Simonow, du nom de son généreux dépositaire auprès du Conseil général du Gers.

En 2008, le site a fait l'objet de travaux importants sur le dortoir des moines, travaux destinés à aménager un nouvel espace de présentation consacré à la collection Simonow et qui réponde aux contraintes muséographiques ; dans le même temps, des rampes d’accès et un ascenseur rendent les bâtiments accessibles en totalité aux personnes à mobilité réduite.

 L'église de style roman fut construite de 1180 à 1210. Elle s'ouvre par une porte en plein cintre sans tympan, sous deux hautes fenêtres étroites et un oculus fait d'une dalle ajourée. La nef est assez obscure. Elle comprend trois travées. Elle est couverte par une voûte en berceau brisé. Cette voûte est soutenue par six piliers flanqués de colonnes. Le transept est plus étalé que la nef. Sa voûte croisée d'ogives à section carrée signale une influence lombarde. Deux paires d'absidioles encadrent l'abside semi-circulaire qui prolonge un chœur carré et largement éclairé de hautes baies. Un long escalier conduit du transept Nord à l'étage du dortoir des moines. Au chevet  de l’église, une superbe coquille s’arrondit sur un modillon.

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 Délicatesse des voûtes et des colonnes.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Intérieur impressionnant de la nef de l'église.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Vue du cloitre à étage, enfin un qui est entier!  (Photo: Patrick Garcia)

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 L'abside et ses absidioles.  (Photo: Patrick Garcia)

  • le cloître gothique du XIVe siècle comprend quatre galeries de facture différente. Sa galerie ouest du XIVe siècle se compose de colonnes géminées avec chapiteaux à feuillage et à masques. Les trois autres galeries, détruites pendant la guerre de Cent Ans, datent de  1485. L'étage des galeries ouest et nord renferme des peintures murales du XVIIIe siècle.
  • La salle capitulaire du XIVe siècle, au neuf croisées d’ogives reposant sur quatre colonnes de marbre, réemplois gallo-romains, est un joyau de l’art cistercien. À l'étage, le dortoir cellulaire des moines.
  • la sacristie est voutée d'ogives : quatre croisées sur une colonne centrale.
  • l'armarium : c'est la bibliothèque. Elle est accessible depuis le cloître ou depuis la salle capitulaire.
  • le chauffoir : il est situé sous la galerie nord du cloître. C'était le refuge des moines, l'hiver.
  • le réfectoire : c'est une belle salle éclairée par des fenêtres étroites et décorées au XVIIIe siècle de gypseries allégoriques : des phœnix et des pélicans.
  • le logis abbatial ou le quartier d'hôtes : il donne sur la cour d'honneur par une façade classique du XVIIIe siècle. C'est un petit hôtel à deux étages. Il abrite un bel escalier, un salon de compagnie et des salles spacieuses.
  • les dépendances : elles sont indispensables à la conception semi-autarcique des abbayes cisterciennes. Elles comprenaient les écuries, les celliers, le poulailler et un jardin.
  • le Jardin des plantes aromatiques et médecinales, aussi connu sous le nom de Jardin des simples.
  • P9274082 copieP9274084 PELERIN DE ST JACQUES copie

  • Le Pèlerinage de Compostelle. (Ici, un pèlerin.  (Photo: Patrick Garcia)

Depuis Condom, une « variante » du Chemin amène les Pèlerins vers la toute nouvelle Halte Jacquaire de Valence sur Baïse. Ce détour leur permettra de visiter la magnifique abbaye de Flaran et sa très belle collection jacquaire. Une pause culturelle incontournable pour un pèlerin.

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 Un adorateur, en bois du XVIIIème siècle.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Vierge à l'enfant du XVIIème.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Saint Roch, son chien et l'ange, bois polychrome XVIIème. (Photo: Patrick Garcia)

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 Saint Jacques en pèlerin, il a perdu son baton .  (Photo: Patrick Garcia)

(Extrait de l’encyclopédie en ligne Wikipédia)

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 LA VILLA GALLO-ROMAINE DE SEVIAC - GERS

Le site de la villa de Séviac est situé sur la commune de Montréal-du-Gers, dans le département du Gers, sur un plateau situé au confluent de  l’Auzoue et de l’Argentans. Il répond aux conditions habituelles pour ce genre de lieu, puisque son altitude (135,25 m) lui permet d'éviter l'humidité et les inondations. Séviac se trouve à une douzaine de kilomètres de la cité antique Elusa (aujourd'hui, Eauze.

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 Minutie et délicatesse des mosaïques de Séviac. (Photo: Patrick Garcia)

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 Imaginez la puissance de réflexion de l'artiste, car il ne s'agit pas de finir ni en travers, ni au milieu d'un motif... (Photo: Patrick Garcia)

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Magnifique médaillon floral. (Photo: Patrick Garcia)

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Mélange des genres et des formes... (Photo: Patrick Garcia)

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 Détail .  (Photo: Patrick Garcia)

Découverte

Le site est découvert par hasard pendant la construction d'une ferme, au cours des années 1860. Des fouilles sérieuses sont entreprises avant la guerre de 14/18, puis le lieu tombe dans l'oubli jusqu'à la fin des années 1950. En 1959, Paulette Aragon-Launet (1913 - † 1992), membre de la Société archéologique du Gers, réactive les fouilles, en cherchant seule, une bêche à la main, le « palais enseveli » dont son père, témoin de la campagne de fouilles du docteur Lannelongue dans les années 1911/1913, lui avait parlé. Aidée de ses enfants, elle met au jour des mosaïques déjà inventoriées, puis dirige en 1961 une campagne de fouilles qui permettra de dégager l'aile ouest de la villa. Paulette Aragon-Launet fonde en 1966 l'Association pour la sauvegarde des monuments et sites de l'Armagnac, qui est propriétaire du site où sont organisées des fouilles chaque été pendant trente ans, de 1967 à 1997. En 2003, la propriété du site est transférée à la commune de Montréal-du-Gers.

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 Admirez le relief de ce motif provoqué par le dégradé des couleurs. (Photo: Patrick Garcia)

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 Ici on le voit mieux.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Bain plaqué de marbre dans les thermes de la Séviac.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Détail du système de chauffage des pièces et piscines, les pilettes supportent des planchers en terre cuite. Entre les pilettes, circulent les gaz chauds du feu alimenté par les esclaves.  (Photo: Patrick Garcia)

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Combien de tesselles (éléments taillés de pierre de couleur d'une mosaïque) d'après vous? (Photo: Patrick Garcia)

Séviac, classé Monument Historique en 1978, est particulièrement renommé pour son ensemble de mosaïques. On y a trouvé aussi de nombreux objets, dont un orteil en bronze de cinq centimètres de long, pesant 390 grammes, considéré comme un élément d'une statue monumentale. La statue n'a pas été retrouvée et l'objet, découvert en en 1910, a disparu depuis.

Une partie des objets trouvés à Séviac est exposée au musée de Montréal-du-Gers. C'est le cas d'une tête en marbre (~400), de plusieurs fragments de statuettes (une Vénus Anadyomère et un putto notamment) et de la mosaïque aux arbres, un ouvrage exceptionnel par sa qualité artistique et son originalité, puisqu'il ne reprend pas un motif habituel. Divers objets (lampes à huile, clous, outils, poids de métiers à tisser, fibules) témoignent de la vie quotidienne des habitants de la villa.

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 La villa de Séviac : le luxe de sa résidence et un palais campagnard de Novempopulanie.

 

  Séviac est situé à douze kilomètres d’Elusa (Eauze), chef-lieu de cité, promue au rang de capitale de la province de Novempopulanie à la fin du IIIe siècle. A la suite de nombreux chercheurs, les derniers travaux de Jean Gugole et de Brieuc Fages ont permis de retracer le devenir de ce prestigieux site gallo-romain. Occupé dès l’époque augustéenne, il connaît une véritable monumentalité au début du IIe siècle, selon un plan dispersé, avec une demeure à péristyle de 950 m² ; au sud, des bains de 250 m² ; à l’est de la demeure et des thermes, un monument funéraire orienté sur une voie. Un chai est ajouté à cet ensemble. Dans le troisième quart du IVe siècle, une ambitieuse restructuration englobe la résidence et les bains dans un ensemble unitaire de près de 6 000 m², autour d’une cour à péristyle d’une trentaine de mètres de côté.

       Dans la première moitié du Ve siècle, un nouveau propriétaire développe encore la fonction d’apparat et la résidence bénéficie de nouvelles mosaïques à décor végétal. L’ostentation atteint son comble avec une salle de réception ouvrant sur le vestibule. Dotée d’un plan « basilical », couvrant 240 m², celle-ci est même chauffée. Vers 500 de notre ère, une salle au sud-est transformée en baptistère est associée à une église et un cimetière. L’occupation aristocratique se maintiendrait, dans une villa amoindrie, aux bains désaffectés, jusqu’à la fin du VIe siècle. Une communauté de paysans investit le site, pourvu d’une nouvelle église, au VIIe siècle.

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 Magnifique ensemble... (Photo: Patrick Garcia)

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Admirez le trompe-l’œil... Vous pouvez le regarder de tout côté, c'est toujours en vison "D". (Photo: Patrick Garcia)

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Le mosaïste était le roi de la géométrie!  (Photo: Patrick Garcia)

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 Mosaïque aux "Peltes" (boucliers).  (Photo: Patrick Garcia)

 Les bains, ostentation et sociabilité.  

Les bains sont une composante de la villa, dès sa fondation. Plusieurs campagnes de travaux d’ampleur, jusqu’au début du Ve siècle, témoignent de la place occupée par cet équipement thermal dans le mode de vie des propriétaires.   Les premiers thermes sont logés dans un corps de bâtiment de 15 m de côté et présentent un plan symétrique, peut-être pour séparer les bains des hommes et des femmes. On en doublera la surface, par l’adjonction d’un second secteur thermal. Le nouvel ensemble, utilisé jusqu’au milieu du IVe siècle, sera richement décoré d’une profusion de marbre pyrénéen.  La luxueuse résidence tardive du Ve siècle va être pourvue de bains d’une ampleur exceptionnelle, de l’ordre de 500 m2. Depuis la cour secondaire qui les relie aux appartements, on pénètre dans un vaste frigidarium animé par les reflets de l’eau d’une piscine semi-circulaire au riche revêtement mosaïqué. Elle présente un décor d’imbrications de motifs d’écailles polychromes cerné par une tresse de câbles. Depuis cet espace d’entrée, à gauche, l’invité peut accéder à un grand tepidarium, une salle chauffée modérément, pour atteindre le caldarium, la salle chaude, aux trois absides dont l’architecture ne manquera de l’impressionner. Hors des grandes occasions, les membres de la « familia » peuvent quant à eux profiter d’un espace plus intime, à droite du frigidarium, où ils trouveront un vestiaire donnant sur des latrines et de plus confortables salles de bain, plus faciles à chauffer.

(Description Ministère de la Culture :

 http://www.villa.culture.fr/accessible/fr/annexe/carte_04  )

PATRICK GARCIA

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Condensé d’

« HISTOIRE DES PAYSANS  »

D’EUGENE BONNEMERE 1856

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Episode 10 (fin)

18ème siècle

 

 

Prise de la Bastille. -Le héros du 14 juillet. Foulon et le pacte de famine.

 

 

      Le 12 juillet 1789, Louis XVI, cédant aux obsessions de son entourage, renvoya Necker pour mettre Foulon à sa place. On sait que Necker était alors l'idole du peuple; je dirai tout à l'heure ce qu'était Foulon. Disons dès a présent que le jour et l'homme étaient mal choisis car le 12 juillet 1789 était le jour du renouvellement du pacte de famine, signé pour la première fois le 12 juillet 1729, et régulièrement renouvelé depuis de douze en douze années, et Foulon, enrichi dans les intendances, et beau-père de Berthier, le dernier des intendants de Paris, Foulon avait, entre autres torts, celui d'avoir attaché son nom à ce pacte criminel qui, suivant l'expression d'un historien, avait établi ses comptoirs sur des ossements humains.

Je ne saurais dire si le peuple se rendit bien compte de tout cela toujours est-il que, pour témoigner son mécontentement, il lui prit fantaisie de renverser la Bastille, dont les hautes tours fatiguaient ses regards et lui portaient ombrage lorsqu'il descendait de son faubourg Saint-Antoine.

C'était quelque chose de si invraisemblable et de si impossible, que l'on avait négligé d'y enfermer des troupes bien nombreuses. La Bastille, avec ses fossés larges et profonds, avec ses neuf tours énormes qui flanquaient une ceinture non interrompue de murailles à donner le vertige, la Bastille se défendait elle-même…en tout cent quinze à cent dix-huit hommes.

 

          On avait deux cent cinquante barils de poudre, du poids de cent vingt-cinq livres chacun, quatre cents biscaïens, quatorze coffres de boulets sabotés, quinze mille cartouches, et quelques boulets de calibre. Ajoutons que depuis quelques jours, le gouverneur avait fait monter à tout hasard sur les tours six voitures de pavés, de vieux ferrements, tuyaux de poêles, chenets, etc., de vieux boulets ramassés dans les fossés, le tout principalement destiné à pleuvoir aux alentours de la porte d'entrée, dans le cas où les canons ne la pourraient défendre, bien que le gouverneur, homme de précaution, eût fait creuser les embrasures des canons d'environ un pied et demi, afin qu'ils pussent être braqués perpendiculairement, si cela devenait nécessaire.

 

          On court à la Bastille, et ceux qui avaient pris des fusils s'y rencontrant avec ceux qui avaient pris de la poudre, On peut s'entendre et travailler de concert.

          Bientôt un parlementaire se présenta. C'était un jeune avocat au parlement, accompagné et protégé par deux soldats. L'avocat était Thuriot de la Rosière.Quant aux deux hommes qui l'accompagnaient, l'un d'eux, soldat au régiment de Royal-Comtois, s'appelait Aubin Bonnemère, et était né à Saumur.

« Monsieur le gouverneur, dit Thuriot à Delaunay, le peuple demande que les portes de la Bastille lui soient ouvertes, et que la de la forteresse soit confiée à une garnison composée d'hommes choisis dans ses rangs, en nombre égal à ceux qui sont sous vos ordres. »

« Et si je refuse ? demanda le marquis. »

« Si vous refusez de rendre la Bastille, alors le peuple la prendra. »

Un sourire dédaigneux demeura les lèvres de Delaunay.

« Monsieur, reprit-il, le roi m'a confié la garde de la forteresse, et vous savez qu'un soldat meurt en faisant respecter sa consigne. Je ne rendrai donc point la Bastille. »

……. Lorsqu'ils furent rendus au sommet de l'une des tours, Bonnemère s'avança jusqu'au bord du parapet et regarda.

Oh! Ce dut être un magnifique et sublime spectacle pour l'homme du peuple, plein de foi dans la puissance de sa cause, et qui, monte le premier sur ces tours imprenables, voyait à ses pieds tout Paris en armes. Il découvrit sa tête et salua la foule qui, reconnaissant un des siens, leva tous ses bras vers ce bras qui se tendait vers elle, et poussa un grand cri qui monta jusqu'au sommet des tours.

              Delaunay bondit aux bords du rempart, et, d'un seul coup d'œil, il vit cette mer humaine qui ondulait à leurs pieds, et dont les flots allaient tout à l'heure venir battre les murailles de la Bastille.

Par chaque quai, par chaque boulevard, par chaque rue, aussi loin que la vue pouvait s'étendre, on voyait le peuple qui s'avançait en masses compactes, le peuple arme, hommes, femmes, enfants, prêtres, soldats, le peuple enfin.

Delaunay, pâle et le visage altéré, s'élance vers Thuriot, et, lui mettant avec force la main sur l'épaule « Monsieur, dit-il, c'est une trahison, vous me faites perdre un temps précieux, quand j'aurais dû balayer déjà toute cette populace. »

« Prenez garde, monsieur le gouverneur, dit Thuriot sans se troubler, dans un instant le corps de l'un de nous deux au moins pourrait bien aller commencer à combler les fossés de la Bastille »

 Au mouvement de Delaunay, Aubin l'avait couché en joue. A ce geste, le peuple crut à une trahison et poussa un cri, rugissement suprême du lion qui mesure son dernier bond pour s'élancer sur sa proie. « Commencez-vous à comprendre maintenant, marquis Delaunay, dit Thuriot, que le peuple veut la Bastille, et qu'il la prendra ? »

Alors le peuple commença l'attaque, usant vainement sa poudre contre ces murailles épaisses de dix pieds, tandis que le feu de la garnison faisait dans ses rangs des trouées horribles.

 

    Un soldat du régiment Dauphin, Louis Tournay, se laisse glisser du toit du parfumeur sur un mur qui le rapproche du corps de garde placé en avant du pont de l’Avancé. Il s'élance d'un bond du toit de ce corps de garde, et, malgré les menaces, les cris et les coups de fusil de la garnison, tombe dans la cour du gouvernement. « Une hache! une hache! » crie-t-il, abrité un moment dans le corps de garde situe dans la cour.

Bonnemère se précipite, une hache à la main; arrivé sur le premier corps de garde, il la lance à Tournay.

          Vingt bras lui en présentent d'autres à l'envi. Il en saisit une seconde, la jette encore dans la cour et bondit à son tour à côté de Tournay. A eux deux, ils frappent avec fureur, avec enthousiasme, avec fanatisme; la chaîne est rompue, le pont s'ébranle, décrit un arc de cercle, et l'énorme machine, tombant avec fracas, écrase un homme, en blesse un autre, et rebondit à plusieurs pieds de hauteur. Le peuple s'élance il est dans la Bastille.

Mais c'est un premier succès, ce n'est, pas la victoire. Il y a un nouveau pont-levis à franchir, il y a un nouveau siège à faire. Un ce moment arrivent deux canons, trainés par une autre masse de peuple qui les a enlevés au Garde-meuble.

 

 

tiers état

Une gravure classique de l'époque, le paysan suportant sur ses épaules les religieux et les nobles...

 

 

 

Un Héro

 

   L'artillerie du peuple répond à celle du château, et déjà l'on pouvait prévoir que le peuple aurait le dessus, quand une scène d'horreur vint un instant dominer toutes les autres.

 

     Après le pillage, l'incendie quand tout est enlevé, on se dispose à mettre le feu aux bâtiments. Trois fois la criminelle tentative est mise à exécution, et trois fois, grâce à Aubin Bonnemère et à quelques autres, les incendiaires sont écartés et les flammes éteintes. Les appartements de la famille de M. de Montigny étaient situés au-dessus des magasins où se passaient ces scènes de violence. Que l'on juge de la terreur de deux pauvres femmes, son épouse et sa fille, qui, tremblant déjà pour la vie d'un père et d'un mari, voyaient la mort venir de tous côtés, et ne pouvaient échapper aux tentes tortures de l'incendie qu'à la condition de fendre cette foule furieuse, exaspérée par le trépas de tant des siens, avide de sang et de vengeance.

           Mademoiselle de Montsigny, dont l'énergie allait être mise à de rudes épreuves dans cette journée fatale, se sacrifie, et descend dans la cour; elle s'informait si l’on était maitre du feu, s'il fallait fuir et s'il était humainement possible de le faire.

          Lorsqu'un homme du peuple la saisit, lui renverse les bras avec violence, et s'écrie :

« Tu es la fille du gouverneur! Eh bien! Puisqu’il ne veut pas se rendre, tu vas payer pour tout ce sang que ton père a fait couler. » Aussitôt un autre misérable, armé d'une fourche, veut lui porter un coup furieux; mais Bonnemère détourne le coup, et se plaçant entre elle et ses assassins :

 « Sommes-nous ici, s'écrie-t-il, pour assassiner des femmes quand il y a des hommes à combattre et des murailles à escalader? Allons, camarade, continue-t-il en repoussant le plus furieux avec sa hallebarde, garde ta fourche pour une meilleure besogne, et laisse passer cette jeune demoiselle qui n'est pas plus la fille du gouverneur que je ne suis son fils.»

          Grâce à ce secours inespéré, la jeune fille remonte vers sa mère, et lui raconte à quels dangers une main inconnue vient de l'arracher. Mais il y a folie à vouloir rester plus longtemps dans ces lieux où le fer et l'incendie les menacent à la fois à tout prix il faut fuir. Puisant donc dans l'excès même du péril le courage du désespoir, la mère et la fille, se tenant étroitement embrassées, s'élancent dans la cour.

    Mais à peine ont-elles paru, que les outrages, les menaces de mort viennent glacer tout leur sang dans leurs veines. On se précipite, on les maltraite, on les sépare, et, tandis que les cris désespérés de la pauvre mère se perdent au milieu des hurlements de la foule, un homme saisit mademoiselle de Montsigny, l'emporte auprès du premier pont-levis, et, répétant encore qu'elle est la fille de Delaunay, dit qu'il faut la brûler vive aux pieds des tours de la Bastille, si son père ne veut pas rendre la forteresse. Une mort lente, une mort affreuse lui est réservée; une paillasse est apportée, on l'y jette sans connaissance, demi-morte déjà, et l'on y met le feu. Du haut de l'une des tours, son père, M. de Montsigny, voit cet horrible spectacle il reconnaît sa fille, il va se précipiter, lorsque deux coups de feu l'atteignent en pleine poitrine; il tombe entre les bras de ses invalides.

         Mais un autre homme l'a reconnue aussi et veille sur elle, Bonnemère, qui est partout ce jour-là, partout où il y a un péril à braver, partout où il y a un acte d'héroïsme ou d'humanité à accomplir. Il s'élance au milieu des flammes, la saisit dans ses bras, l'enlève, et, à travers une vive fusillade du peuple trompé dans sa vengeance, il l'emporte auprès de la pompe de la rue Saint-Antoine, lui fait reprendre l'usage de ses sens, et la conduit à l'entrée du passage Lesdiguières, dans une maison où elle est connue, où l'on veillera sur elle, et dans laquelle sa mère viendra, si de son côté elle a pu se dérober à la mort.

Prise-Bastille

Prise de la Bastille. (Image du Net)

          Madame de Montsigny ne tarda pas à la rejoindre en effet, et, oubliant pour un instant ses terreurs d'épouse, presse avec ivresse sur son cœur cette enfant qu'elle avait cru ne devoir plus retrouver vivante.

Il est quatre heures et demie après une lutte de six heures, la garnison a capitulé le peuple se précipite; les Suisses, qui ont retourné leurs habits, cherchent à se perdre dans la foule, tandis que les invalides, rangés au fond de la cour, se découvrent et saluent le peuple qui entre. Le marquis Delaunay, qui a rejeté loin de lui les insignes de son grade, pâle et muet, appuyé sur sa canne et confondu dans les rangs de la garnison, attend, et croit voir fixés sur lui tous ces regards qui le cherchent en effet…

 

        L'espérance meurt difficilement dans le cœur de l'homme. Mademoiselle de Montsigny espérait en dépit de tout, et, plus désolée que sa mère, cherchait à la consoler et à entretenir dans son cœur un espoir presque mort dans le sien. A neuf heures, un violent coup de sonnette les fait bondir sur leur siège. Des armes résonnent, et les pas pesants de plusieurs grenadiers se font entendre. Leur premier mouvement, après tant de poignantes émotions, fut de croire qu'on venait les arracher à leur retraite pour les conduire à la mort; mais on les rassure, elles peuvent ouvrir c'est leur époux, c'est leur père, c'est M. de Montsigny que l'on rapporte. Blessé, mais non mortellement, et qui a dû peut-être à ses blessures mêmes de ne pas partager le sort de Delaunay.

Un seul homme manquait à cette scène celui qui, dans cette journée, avait accompli tant de prodiges d'humanité et de courage. Voici pourquoi Aubin Bonnemère n'était pas là.

La Bastille prise, deux choses restaient à faire: conduire à l'hôtel de ville Delaunay et l'infortuné major de Losme, qui n'y devaient pas arriver vivants, et délivrer les prisonniers. Aubin n'hésite pas entre l'œuvre de délivrance et l'œuvre de vengeance. Il s'arme d'un levier de fer et dirige ceux qui vont briser les portes des cachots. L'un des captifs, le comte de Lorges, avait vécu trente-deux années dans l'un d'eux….

 

Tous ces faits sont consignés dans les procès-verbaux des séances de la municipalité de Paris, des 3 et 5 février et 16 juin 1790, et de la municipalité de Saumur du 5 décembre de la même année. J'en extrais quelques lignes: « M. Thuriot de la Rosière peut attester que le nommé Aubin Bonnemère, qui a sauvé deux fois la vie a mademoiselle de Montsigny, est le même qui s'est empressé de le défendre et de le soustraire il la fureur de gens barbares. »

« Qu'il s'est distingue au siège de la Bastille, où il a été choisi par ses concitoyens pour commander quarante hommes et y a couru de grands dangers, qu'il a sauvé deux fois la vie mademoiselle de Monntsigny, qu'il a concouru à sauver la vie à M.Thuriot de la Rosière, électeur et président du district de la Culture, qu'au cours du siège, il a fait plusieurs actions courageuses, et que, par ses soins, il a empêché l'incendie de la maison du sieur Lechaptois, qu'il a fait graver sur une pierre tirée d'un cachot ou fut enfermé trente-deux ans le comte de Lorges le plan de la Bastille, qu'il à fait mettre en tête le sabre et la couronne civique qui lui ont été donnés par les représentants de la commune de Paris. » Aubin Bonnemère offrit cette pierre à la municipalité de sa ville natale, où elle fut reçue par un homme de son nom, Bonnemère de Chavigny, alors maire pour la seconde fois, et député a l'Assemblée législative en 1791.

 

Insurrection des campagnes,

La nuit du 4 Août.

 

L'esprit d'insurrection gagna du terrain, et partout les paysans refusaient de payer les droits féodaux, brûlaient, dans la crainte de les voir revivre, les chartriers et les titres de propriété, poursuivaient les seigneurs désignés à leur colère par leur dureté impitoyable, et se livraient sur quelques-uns à des vengeances atroces, tandis que, de son côté, le despotisme expirant signalait sa dernière heure par des crimes non moins horribles. On avait vu un seigneur de Quincey, nouveau Sardanapale, convier à une fête dans son château tout le peuple des environs; puis, quand tous se livraient à la joie, une effroyable explosion avait enseveli tous les convives sous les débris fumants du noble manoir (Choix de rapports, opinions et discours. I, 70).

 

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L'"IMAGE" de la Révolution, connue dans le monde entier.... (Image du Net)

    Au Mans, on fusilla M. de Montesson, après avoir égorgé sous ses yeux son beau-père ; en Languedoc, M. de Barras fut coupé en morceaux devant sa femme près d'accoucher; en Normandie, un seigneur paralytique fut jeté sur un bûcher, dont on le retira les mains brûlées; en Franche-Comté, madame de Battevitle fut forcée, la hache sur la tête, de faire l'abandon de ses titres la princesse de Listenay y fut également contrainte, menacée par les fourches de ses paysans, et ayant ses deux filles évanouies à ses pieds. Madame de Tonnerre, M. Lallemand, eurent le même sort; le chevalier d'Ambly, traîné sur un fumier, vit les furieux qui venaient de lui arracher les cheveux et les sourcils, danser autour de lui une ronde de démons; madame d'Ormenan, M. et madame de Montessu, eurent pendant trois heures le pistolet sur la gorge, demandant la mort comme une grâce, et refusant de livrer leurs terriers de guerre lasse, on les tira de leur voiture pour les jeter dans un étang.

 

     Pendant ce temps, des bandes de brigands parcouraient les campagnes par troupes de vingt ou vingt-cinq, saccageant  indifféremment les châteaux et les chaumières, répandant partout la terreur, coupant les blés, détruisant les récoltes et dévastant les greniers. Bientôt ils devinrent ces chauffeurs, ces brûleurs de pieds, qui promenèrent par toutes les provinces une terreur persévérante. Chose étrange et bien significative ces sanglantes représailles du peuple, chacun les voit, en gémit et les déplore, nul ne songe à en poursuivre les auteurs. On les excuse même, comme si l'on comprenait, sans se le dire, la légitimité de la colère des paysans l'Assemblée hâte ses travaux, les séances de nuit succèdent aux séances de jour, et dans la mémorable nuit du 4 août, la féodalité elle-même donne au peuple la satisfaction qu'il demande, et, pour le désarmer, abolit tout ce qui excite ses fureurs pareille au coupable que la justice va saisir, qui se fait sauter la cervelle pour échapper au supplice. Elle se suicide, de peur d'être exécutée.

C'est au vicomte de Noailles que revient l'honneur d'avoir frappé le premier coup « Que les représentants de la nation décident, proposait-i!,

1° que l'impôt sera payé par tous les individus du royaume, dans la proportion de leur revenu ;

2° que toutes les charges publiques seront à l'avenir supportées par tous; 3° que tous les droits féodaux seront rachetables, ou échangés au prix d'une juste estimation ;

4° que les corvées seigneuriales, les mainmortes et autres servitudes pareilles seront détruites sans rachat. »

Après lui, le duc d'Aiguillon demanda que les corps, villes, communautés et individus qui, jusqu'alors, avaient joui de privilèges et d'exemptions, supportassent à l'avenir leur part.

 

 

Les députés des provinces privilégiées, les villes, les seigneurs, tous viennent à leur tour faire l'abandon de leurs privilèges et des avantages dont ils jouissaient. L’inégalité ne peut régner sur le territoire, quand l'égalité règne entre les citoyens, enfants et héritiers au même titre d'une même patrie. On ne discute pas, on ne vote pas, on applaudit, et l'enthousiasme ratifie tout.

 

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C'est le Serment du Jeu de Paume qui consacre la Révolution et tout ce qui en découlera... (Image du Net)

 

     Ce sont là de ces généreuses illusions auxquelles on s'abandonne à tous les lendemains des révolutions et au milieu des enivrements du triomphe. Tout n'était pas fini, cependant, les travaux immenses et les déchirements de trois assemblées nationales, les trahisons du roi, l’émigration et sa lutte parricide, l'Europe tout entière soulevée contre la France, les conspirations, la Vendée, sa criminelle agression et sa résistance désespérée, prouvent assez que tout n'était qu'ébauché encore, et que les dominateurs du peuple étaient toujours prêts à lui faire expier sa victoire d'un moment…

Fin du condensé du 2ème volume.

Lu, digéré et condensé par Patrick Garcia

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LE CONTE DE L'AGENAIS ANCIEN

 

"La Femme méchante"

 

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Pauvre homme... ou Pauvre femme....(Image du Net) 

Celui qui cherche à se marier court la chance de grands malheurs. Il y a des filles méchantes ; il y en a de débauchées, il y en a qui aiment la bouteille. Le galant peut faire ce qu'il voudra, prendre des renseignements, et tacher de voir par lui-même ; cela ne lui sert souvent de rien. Tant que le curé n'a pas parlé, les filles cachent leurs vices; mais après c'est une autre affaire. Dieu vous préserve de ce danger, mais qu'il vous garde surtout d'épouser une femme méchante. Il ne vous servirait de rien de la raisonner ou de la battre. Vous perdriez votre peine, et la carogne serait capable de vous empoisonner. Mieux vaudrait pour vous vivre dans la compagnie de Lucifer et de ses diables.

Un homme avait eu le triste sort de tomber sur une de ces méchantes filles. Le soir même de la noce, elle fit un sabbat d'enfer, et pendant dix ans cela recommençait vingt fois par jour. L'homme était fort comme Samson, patient comme un ange, et il disait en lui-même :

— Si je bats cette malheureuse, je suis capable de l'estropier, et peut-être de la tuer sans vouloir le faire. Jamais les juges ne pourraient croire tout ce que j'ai souffert, et ils commanderaient de me faire mourir. Cela serait un grand affront pour la famille. Mieux vaut faire comme devant, et offrir mes peines au Bon Dieu.

La femme voyant que son homme ne répondait jamais à ses insultes et n'avait pas l'air de prendre garde a ses malices, devint encore plus méchante.

— Ah ! C’est ainsi, pensa-t-elle. Eh bien nous verrons ce soir.

Le soir, l’homme revint de son champ, las et affamé.

— As-tu trempé la soupe, ma femme ?

— Non, ivrogne, voleur, mauvais sujet. Je suis lasse de servir un rien qui vaille comme toi. Fais ta cuisine si tu veux.

Le pauvre homme ne répondit rien. II alla couper des choux au jardin, alluma le feu et fit la soupe. Mais comme il était prêt à la tremper, sa femme cassa la marmite d'un coup de pelle à feu.

— Ma femme, pourquoi as-tu cassé la marmite ?

— Cela m'a plu, pouilleux.

— Je te défends de m'appeler pouilleux.

— Pouilleux ! Pouilleux !

— Si tu le redis, je te noie dans la mare.

— Pouilleux ! Pouilleux ! Pouilleux !

L'homme prit sa femme, la porta dans la mare, et l'y fit entrer jusqu'a mi-jambe.

—Pouilleux !

L'homme plongea sa femme dans l'eau jusqu'à la ceinture.

— Pouilleux ! Pouilleux!

L'homme plongea sa femme dans l'eau jusqu'au menton.

— Pouilleux ! Pouilleux!

L'homme plongea dans l'eau toute la tête de sa femme. Mais celle-ci élevait ses mains en l'air, et frottait ses pouces l'un contre l’autre comme qui écrase des poux. Alors l'homme comprit que cela ne servait de rien, et il ramena sa femme au bord de la mare.

— Cette leçon est perdue, pensa-t-il, et je perdrais mon temps à la recommencer. Ma femme est née méchante, et méchante elle mourra.

D’après

« CONTES POPULAIRES RECUEILLIS EN AGENAIS »

PAR

M. JEAN FRANÇOIS BLADÉ

PARIS LIBRAIRIE JOSEPH BAER

2 RUE DU QUATRE-SEPTEMBRE.

1874

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PATRICK GARCIA

                           

 

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