PAGE 118: BALADE MÉDIÉVALE A EAUZE (GERS) ET LES PLUS BEAUX PIGEONNIERS PORCHES DU LOT ET GARONNE

31 juillet 2014

EAUZE ET SON TRESOR BIEN CACHE!

Eauze, petite ville du Gers, est, paraît-il en concurrence avec sa voisine Condom, qui possède elle aussi une cathédrale de pierre de style gothique flamboyant… Venant de visiter celle de Condom, celle d’Eauze me semblait intéressante à visiter, histoire de comparer, puisqu’elles ont été bâties sensiblement à la même époque-1500- et dans un même style. Ensuite, nous continuons à découvrir les plus magnifiques colombiers (ou pigeonniers) porches du Lot et Garonne. Nous allons nous en mettre plein les yeux!!!!!

Je continue aujourd’hui, une série d’articles sur « Les Plus beaux Pigeonniers du Lot et Garonne », classés par catégories (ronds, carrés, pieds de mulets, colonnes, tourelles, à deux tourelles, polygonaux, sur arches, ou remarquables inclassables…). Ce numéro correspondra avec un descriptif qui indiquera sa localisation exacte et sa description sommaire. Ce numéro renvoi aussi à la carte des pigeonniers pour chaque catégorie. Ce sera donc très simple de situer chaque pigeonnier présenté, par ce numéro vous aurez son emplacement sur la carte du Lot et Garonne, et le descriptif dans le texte présenté en regard. Ces renseignements n’ont été possibles que par l’enquête que j’avais réalisé il y a une trentaine d’années en vue de la publication d’un petit livre sur ce thème et d’expositions de photos et de maquettes sur les colombiers du 47.

Je continuerai cette série, par la publication des « Croix en Pierre » des chemins de Lot et Garonne, dans les mêmes conditions que cette publication sur les pigeonniers de 47. Je finirai par toute une série de lieux forts intéressants dans le même registre : lavoirs, maisons à empilages, métiers à ferrer, granges, lieux de mémoires…

IMPORTANT :

Un dernier mot, mes photos sont scannées à partir de négatifs qui ont souvent mal vieillis. A l’époque, les appareils photos numériques n’existaient pas. Dommage, mais elles ont quand même un intérêt documentaire certain. Malheureusement, je n’ai pas su conserver toutes ces photos qui, au moment de présenter cet inventaire, me manquent cruellement, veuillez m’en pardonner…

Bonne lecture et bon voyages en Lot et Garonne !

P.G

Abréviations utilisées : Pig= pigeonnier ; à Dr. = aller à droite ; à G. = aller à gauche ; moulin à V. = moulin à vent ; Chien ou Chien A.= chien assis ou lucarne d'envol ; en dir. = en direction ; au « T »= au croisement en forme de « T ».

EN BLEU LES PIGEONNIERS NON SITUÉS CLAIREMENT PAR LEUR CODE POSTAL, MAIS DONT L’ITINERAIRE EST CLAIREMENT DECRIT.

MASQUIERES 47370 : C’EST LE CODE POSTAL DE L’EDIFICE QUI EST DONC RENSEIGNÉ OFFICIELLEMENT

6-« PEYREBRUNE »: à St Étienne… EN VERT LES PLUS BEAUX ET CEUX QUI SONT LES PLUS ATTRACTIFS ET DONC A SAUVER!

DICTIONNAIRE DES PIGEONNIERS DU 47: LES PIGEONNIERS PORCHES. LES NUMEROS RENVOIENT AUX DESCRIPTIFS ET AUX PHOTOS. (INFOGRAPHIE: PATRICK GARCIA)

DICTIONNAIRE DES PIGEONNIERS DU 47: LES DIFFERENTS TYPES DE PIGEONNIERS. (INFOGRAPHIE: PATRICK GARCIA)

DICTIONNAIRE DES PIGEONNIERS DU 47: LES DIFFERENTS ELEMENTS DU PIGEONNIER. (INFOGRAPHIE: PATRICK GARCIA)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 1 Broval à Bias . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 1 Brovalà Bias . (Photo: Patrick Garcia)

1-« BROVAL »:à BIAS 47300, face à Auchan. Un des plus beaux porches, avec 3 Chiens A., près d'1 belle grange.

2-à ST BRICE 47320: à G. en venant de Bourran à Clairac. Porche d'un petit manoir.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 3 Caubel à St Pierre de Caubel . (Photo: Patrick Garcia)

3-« CAUBEL »: après St PIERRE DE CAUBEL 47380 à dr. avant le croisement. Il sert d'entrée de ferme.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 4 La Hitte à Lavardac . (Photo: Patrick Garcia)

4-Château de « la HITTE »:à LAVARDAC 47230 avant Lavardac à Dr. en venant de Port Ste Marie, accolé à un corps de logis. Vignoble.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 5 Le Terrail à Lacépède . (Photo: Patrick Garcia)

5-« LE TERRAIL »:à LACEPEDE 47360 De Prayssas à Lacépède, au grand croisement de Port Ste Marie à Castelmoron dans l’angle à droite. Un grand et beau porche, véritable tour de défense.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 6 Valette à Port de Penne . (Photo: Patrick Garcia)

6-« VALETTE »: à PORT DE PENNE 47140, de Port de Penne à Libos, à G., magnifique, rez-de chaussée en pierre, étage en briques. Porte TB.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 7 Sauchez à Cancon . (Photo: Patrick Garcia)

7-« SAUCHEZ »:à CANCON 47290, Rte de Cancon à St Pierre de Caubel à G. Superbe, dans une ferme ancienne TB.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 8 Maison de retraite à Clairac . (Photo: Patrick Garcia)

8-MAISON DE RETRAITE À CLAIRAC 47320: superbe avec randiére. En brique.

9-« BOISSONNADE »: à MADAILLAN 47360, carré sur porche, énorme.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 10 Dans Lusignan . (Photo: Patrick Garcia)

10-à LUSIGNAN-PETIT 47360: dans Lusignan. Carré sur porche, énorme.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 11 Beausseins à Castelmoron . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 11 Beausseins à Castelmoron (Notez en 15 ans le délabrement) . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 11 Beausseins à Castelmoron , date 1645 sur la façade . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 11 Beausseins à Castelmoron, peinture d'époque sur la voûte du porche . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 11 Beausseins à Castelmoron . (Photo: Patrick Garcia)

11-« BEAUSSEINS »: à CASTELMORON SUR LOT 47260, de Castelmoron à Roussanes par le Lot. Magnifique, toit mansardé. Manoir. Date : 1630. En plus peintures décoratives anciennes sous la voute.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 12 St Etienne de Londres . (Photo: Patrick Garcia)

12-à ST ÉTIENNE DE LONDRES 47350: très joli porche à Dr.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 13 Nines à Virazeil . (Photo: Patrick Garcia)

13-« NINES »: à VIRAZEIL 47200, au croisement « la Gazelle » prés de Seyches. Porche avec un pilier au milieu...

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 14 Roucayrens à Penne . (Photo: Patrick Garcia)

14: « ROUCAYRENS »: à PENNE D’AGENAIS 47140, de Penne à Hautefage, à dr. superbe, sur piliers de bois et colombages.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 15 Foyer de Bayle à Montauriol . (Photo: Patrick Garcia)

15-« FOYER DE BAYLE »:à MONTAURIOL 47330, venant de Maurillac à G.

16-à SÉRIGNAC 47310: dans le village. Beau porche (hôtel) en pierre.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 18 La Proquière à St Georges . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 18 La pronquière à St Georges, notez le pig. Balet en porte d'entrée . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 18 La Pronquière à St Geoges, épis de faîtage-girouette(absente) sur puits hérité d'un pig. détruit . (Photo: Patrick Garcia)

18-« LA PRONQUIÉRE »: à ST GEORGES 47370, avant St Vite à droite venant de Penne. Magnifique porche sur corbeaux, presque une tour...

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 19 à Lasauvetat du Dropt . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 19 à La Sauvetat du Dropt (un vrai air défensif) . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 19 à La Sauvetat du Dropt, notez le beaux corbeaux! On voit bien que le mur était bien plus haut. (Photo: Patrick Garcia)

19-à LA SAUVETAT DU DROPT 47800.: en ville. Identique à la « Pronquiére », en pierre.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 20 Le Metge à Clairac . (Photo: Patrick Garcia)

20-« LE METGE »: à CLAIRAC 47320: le long du Lot vers Roussanes. Porche en ruine. Porte superbe.

21-« RASTOUILLAC »:de Cancon à Monflanquin à G. un Porche à Toit plat.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 22 Aux Lauriers à Pujols, un petit air de manoir.. . (Photo: Patrick Garcia)

22-Aux LAURIERS (près de Pujols)47300: dans le village. Au fond d'une allée d'une propriété privée. Bien conservé.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 23 CastelRey à Foulayronnes, date en façade 1756 . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 23 CastelRey à Foulayronnes, avec ses murs en élévation, on voit ici le rôle défensif de cette tour . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 23 CastelRey à Foulayronnes . (Photo: Patrick Garcia)

23-« CASTELREY »: à FOULAYRONNES 47510, face à La Candélie et Pont du Casse. Vieux porche, une date: 1756, il y 3 autres pig!

24-« MAZELIÉRES »:manoir à ESPIENS 47600 (Rte de Lavardac) avec plusieurs pigs carrés et 1 porche.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 25 Conte à Espiens, de par la fenêtre d'envol, on pouvait tirer sur un éventuel indésirable . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 25 Conte à Espiens un belle date " juin 1672" . (Photo: Patrick Garcia)

25-« CONTE »:à ESPIENS 47600, prés du château Mazeliéres. Daté de "juin 1672".beau mais à restaurer.

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 26 Rose Heite à Espiens, avec sa randière en céramique verte et sa belle girouette . (Photo: Patrick Garcia)

Dictionnaire des Pigeonniers du 47: 26 Rose Heite à Espiens, vue en détail du "chien assis" et de la girouette . (Photo: Patrick Garcia)

26-« ROSE-HEITE »: à ESPIENS 47600, à 1km à G. Rte de Lavardac. Le porche typique, en bon état.

PATRICK GARCIA

EAUZE ET SON TRESOR BIEN CACHE!

Eauze: La petite cité vue du ciel.(Photo du Net)

En fait, Eauze n’est pas Condom, la « Trépidante » où les véhicules s’entassent à tous les feux rouges, et jusqu’aux parkings de la Capitainerie sur la Baïse. Ici, l’ambiance est plus sereine, la ville est plus petite, peut-être plus accueillante( ?) et la grand place de la cathédrale, en ce jour où Phébus nous décoche ses rayons les plus ardents, est noire de monde accoudé à l’ombre des cornières. Parmi eux, certains sont assis à contempler la cathédrale, mains dans le bassin de la grande fontaine, cherchant à trouver un souffle de fraicheur, tout en détaillant ce grand vaisseau de briques rouges.

La brochure bien détaillée de l’O.T. local nous en apprend un peu plus.

Eauze: La cathédrale Saint Luperc. (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, les contre-forts. (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, entrée gothique. (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, la jolie tour-clocher. (Photo: Patrick Garcia)

La cathédrale Saint Luperc est la première église de style flamboyant en Gascogne centrale, elle fut commanditée par le prieur bénédiction Jean Marre. Construite entre 1467 et 1521, à nef unique, bordée de 14 chapelles, dont une, transformée en porche, appartient à la famille des édifices à plan languedocien. Dans les églises représentatives du gothique méridional, c’est une des plus hautes et des plus étroites, avec une hauteur de 22m, une largeur de 18 et une longueur de 55 mètres.

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, l'escalier à vis qui dessert le clocher. (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, détail du clocher polygonal. (Photo: Patrick Garcia)

Mais si elle est la plus haute, personnellement, je la trouve moins « flamboyante » que sa sœur de Condom, au point que je suis ressorti un peu « déçu » de la visite. Le portail d’entrée, incrusté dans une des chapelles latérales, est décoré minima. Le portail d’origine, à l’Est, n’est guère mieux loti. Toutes ces chapelles latérales sont placées dans les espaces aménagés entre les contreforts qui ne sont donc pas percés pour en faire des collatéraux ou des déambulatoires. Une profusion de chapelles, quand on sait combien c’est déjà dur de meubler une simple église… Dans tout le mobilier exposé à notre curiosité, quelques tableaux des 18 et 19^ème siècles, quelques confessionnaux du 17^ème siècle, mais, surtout, dans la chapelle 2, au Nord, une très belle cuve baptismale à immersion de l’époque pré-romane du 10/11^ème siècle. Le col de cet immense vase est tout brillant de son utilisation millénaire !

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, entre les contre-forts, autant de chapelles. (Photo du net)

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, peintures et verrières du chevet. (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, mécanisme d'horloge. (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: La cathédrale Saint Luperc, bénitier au col lustré par l'usage et le temps. (Photo: Patrick Garcia)

Le chœur est éclairé par deux grandes verrières datées de 1878. Le vaisseau, altier, est supporté par 12 demi-colonnes de 22 mètres jusqu’aux croisées d’ogives. Dans la tribune du fond, un orgue à 14 jeux, date de 1843. La rosace est massive et ne laisse que peu de place aux vitraux, donc, à la lumière. Je regrette un peu que la « simplicité » intérieure de cet édifice n’arrive pas à m’enflammer… Il faut avouer que j’arrive de La Romieu et de Condom, ceci explique mon sentiment de frustration. Je quitte ce hâvre de fraicheur pour entamer le tour de l’édifice. J’admire le beau clocher renaissance qui domine le chevet. Cette »aiguille » pointe à 44 mètres ! Son fut est carré puis octogonal dans sa partie haute. Son toit présente une belle forme galbée à huit facettes surmonté d’un très joli lanternon, un beau travail de charpentier…

Eauze: La belle façade médiévale de la"Maison d'Henri IV". (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: La belle façade médiévale de la"Maison d'Henri IV", autre vue. (Photo: Patrick Garcia)

Eauze: Autre belle façade médiévale près de la"Maison d'Henri IV". (Photo: Patrick Garcia)

Malheureusement, Saint Luperc n’a plus de cloitre, rasé il y a longtemps… Par contre, la ville possède de nombreuses maisons très anciennes à colombages. En particulier une, celle dite de « Jeanne d’Albret ». Cette belle demeure est située sur la place de l’église, à l’est de de la cathédrale. Elle appartenait, au 16^ème siècle, à la famille d’Albret. Jeanne, était la mère du futur roi Henri 4, Henri de Navarre. Voyageant très souvent entre Nérac ou Pau où elle avait ses châteaux et ses cours, Eauze était une halte idéale sur ce trajet. Marguerite de Valois, première femme d’Henri 4, raconte dans ses mémoires qu’elle y a soigné Henri de Navarre pendant 17 jours ! Autres belles maisons anciennes, celle de l’O.T., face à l’entrée de la cathédrale, et la « maison des Consuls », rue Bistouquet, très décorée de croix de Saint André.

Eauze: Le musée, la seule photo que l'on m'a laissé faire avant de m'en contester le droit. La collection de pierres taillées. (Photo: Patrick Garcia)

Pour clore en fanfare cette visite, j’ai voulu visiter le musée qui abrite le célèbre « Trésor d’Eauze » trouvé sur la domus au lieu-dit de Cieutat (la gare) à Elusa (Eauze) en 1985. 28003 monnaies gallo-romaines et 50 objets précieux y furent trouvés et sont aujourd’hui exposés dans un musée tout neuf qui leur est dédié. Le musée est, à mes yeux trop habitués, pauvre en antiquités exposées, hormis une magnifique collection lapidaire d’outils préhistoriques. De grands murs décorés de scènes de la vie suggérées par de grandes peintures, tout cela est bien joli, mais on trouve ça dans n’importe quelle bonne BD (Et pourquoi pas Astérix ?????), en vérité, peu d’objets, malgré le nombre élevé d’étages avec ascenseur (SVP !) et surtout, peu d’objets entiers et rares… (Ah ! Vesunna).

Eauze: Trésor des Elusates, bague en or. (Image du Net)

Eauze: Trésor des Elusates lors de sa découverte. (Image du Net)

Eauze: Trésor des Elusates, bijoux en or et pierreries. (Image du Net)

Eauze: Trésor des Elusates. Des étagères "gavées" de pièces romaines en parfait état, au centre, les bijoux. (Image du Net)

Eauze: Trésor des Elusates. (Image du Net)

Par contre, au sous-sol, franchit les énormes portes blindées, c’est affolant de beauté ! Voyez, je ne suis pas à charge… 28 000 monnaies, flambant neuves, après restauration, en argent, majoritairement, d’autres en cuivre, bronze et or… Ce trésor est aligné comme à la parade, dans des verrières blindées, classées par thème. Au centre du bunker, derrière des verrières que l’on a peur de frôler de peur de déclencher un « Beyrouth » miniature, des objets de toute beauté. Essentiellement des bijoux, colliers, bagues, camées, intailles, pendentifs, tous en or massif et en pierres précieuses ! De quoi tourner la tête à plus d’un amateur d’archéologie ou de bijouterie. Je reste le souffle coupé, c’est trop beau, et dire que cela a 17 ou 18 siècles !

Eauze: Autre maison médiévale. (Photo: Patrick Garcia)

Malheureusement, vous ne verrez aucune de mes photos pour illustrer ce magnifique et imposant trésor. Je garderai un mauvais souvenir de ce musée, c’est le premier où l’on m’a refusé de faire quelques photos pour illustrer ce blog. Autant je comprends pour le trésor lové dans sa salle blindée, mais pour le reste ???? Il n’y a rien d’exceptionnel et surtout, en si petite quantité… Pas de quoi affoler les appareils photos. Je quitte ce musée en me disant qu’il va falloir que j ‘en trouve sur internet ! En plus, ce n’était même pas marqué à l’entrée, ni précisé par les deux jeunes filles qui nous ont accueillis et qui ont reconnu que ce n’était que depuis peu… Ah ! « Si j’aurai su, j’aurai pas venu… » .

Du coup, je ne visiterai pas le site archéologique qui a offert ce trésor… Au cas ou ce serait pareil…

PATRICK GARCIA

LE COIN DU SPECIALISTE:

La cathédrale Saint-Luperc est une ancienne cathédrale située à Eauze dans le département du Gers. Elusa, ancien nom de la ville, abritait le siège métropolitain de la Novempopulanie, qui fut créé probablement au IIIe siècle. La seule date sûre est celle de 314 où on cite l'évêque d'Eauze, Mammertimus, au concile d'Arles. À la suite des invasions vikings et des destructions qu'elles engendrèrent, probablement en 864, le titre métropolitain fut donné par le pape Jean VIII à l'évêque d'Auch, Airardus, par une lettre du 13 juin 879. Le diocèse d'Eauze a disparu au IXe siècle. En 1865, l'archevêque d'Auch lui a redonné son titre de cathédrale. Histoire

Renée Mussot-Goulard évoque dans son ouvrage Le baptême qui a fait la France, de Blandine à Clovis, le changement radical qu'a dû connaître Eauze sur le plan religieux à la fin de l'empire romain. Une des salles du musée archéologique d'Eauze présente les cultes orientaux qui étaient pratiqués dans l'Antiquité, probablement du fait de la présence militaire et des relations importantes avec l'empire dans cette ville administrative majeure : culte de Mithra, culte de Cybèle, culte de Sol Invictus. Pourtant la christianisation y est précoce et en 314, la ville envoie son Évêque à Arles pour le Concile qui réunit les communautés chrétiennes suivantes : Rouen, Tournai, Cologne, Trèves, Autun, Lyon, Bordeaux, Eauze, Vienne, Vaison, Orange, Apt, Nice, Marseille, Burgos, Arles. Toujours selon R. Mussot-Goulard, une stèle conservée au Musée de Saint-Germain en Laye et découverte en 1880 par Édouard Piette pendant les travaux de la gare d'Eauze dans le quartier où a été découvert le trésor monétaire bien plus tard, est dédiée à saint Luperc par un certain Quietus, curator de la Cité. Elle s'inscrivait dans le cadre d'un édifice rectangulaire, couvert de tegulae, dans les murs duquel avaient été réemployés des fragments d'autels votifs païens. La forme des lettres correspond à une époque tardive, probablement le 5e siècle. C'est le plus ancien témoignage du culte rendu à saint Luperc à Eauze. Une autre inscription découverte sur le site semble montrer qu'Eauze était une colonie romaine dès les 1er siècle-2e siècle. L'implantation de la « première cathédrale » est l'objet de discussions. Elle semble avoir été construite sur l'emplacement des thermes, comme en bien d'autres endroits (voir Jublains, par exemple). Le site de la villa antique se trouvait à un kilomètre à l'est de la ville actuelle qui s'est développée à partir du 1er siècle pour atteindre une grande prospérité au 3e siècle. La première cathédrale aurait été construite à l'intérieur des remparts de la cité surplombant la Gélise. Elle se serait trouvée au droit de l'église champêtre de Notre-Dame de Cieutat, qui était un archiprêtré, reconstruite après les destructions du 8e siècle d'après l'abbé Breuils. Avant d'être détruite entre 1794 et 1798, il y avait dans son clocher l'inscription "Hic est Sedes" qui semble rappeler l'emplacement du premier siège de l’évêché métropolitain d'Elusa. L'autre site possible est celui où l'inscription dédiée à saint Luperc a été découverte pendant les travaux pour la gare. La vie de saint Luperc n'est écrite qu'au Xe siècle, au moment où est fondé le monastère (980) qui lui est dédié sur la colline dominant les ruines de la ville antique et où se développera le bourg médiéval. La cathédrale fut construite entre 1467 et 1521. Elle a eu à souffrir de quelques destructions en 1569. Ce sont essentiellement les bâtiments du prieuré bénédictin qui ont été relevés de leurs ruines en 1732 avec le cloître existant, intégré dans les bâtiments du collège.

Édifice : Les édifices antérieurs

Une église dédiée à saint Pierre aurait été construite au sommet d'une colline, hors des murs de la ville antique, par les premiers évêques d'Elusa, peut-être dès le 4e siècle. Elle a dû servir de nécropole. Elle aurait probablement succédé à un lieu de culte païen car on a retrouvé dans le sol de l'ancien monastère un autel antique en marbre, anépigraphe mais qui fut pourtant indiqué comme "dédié aux Nymphes". Après 960, Odon ou Bernard-Othon, comte de Fezensac, fonde un monastère bénédictin sur cet emplacement, dédié aux saints Gervais et Protais. Il n'a été dédié à saint Luperc qu'au 11e siècle, au moment du transfert des reliques du saint. En 1088, le monastère est réuni à l'abbaye de Cluny et devient alors un prieuré. Il l'est resté jusqu'à la Révolution. On ne connaît pas de texte permettant de préciser les dates de construction des églises antérieures à l'église actuelle. En 1949, on a retrouvé des fondations en petit appareil d'un édifice important se prolongeant vers l'ouest sous le mur extérieur des chapelles situées côté sud. La sacristie englobe des assises en grand appareil pouvant être la trace d'une absidiole.

L'église actuelle

L'église a dû être construite à l'emplacement d'une église antérieure, probablement à trois nefs, ce qui expliquerait la faible largeur de la nef (10,70 m) par rapport à sa hauteur (21,65 m à la clé). La cathédrale Saint-Luperc est un édifice typique du gothique méridional. De plan languedocien avec une nef unique à sept travées bordée de chapelles basses, elle se termine par un chœur à abside à pans coupés, de même hauteur et de même largeur. La construction de la nouvelle église est entreprise par le prieur Jean Marre. Il était devenu prieur d'Eauze en 1463. Il avait été moine de l'abbaye de Simorre, visiteur de l'ordre pour la Gascogne, official de l'archevêché d'Auch, vicaire général de Jean de Lescun, puis du cardinal d'Amboise à Albi, avant de revenir à Auch avec l'archevêque Jean de la Trémoille (1490-1505). Il est devenu évêque de Condom en1497. Le monument a connu une grande campagne de restauration entre 1860 et 1878 qui comprenait notamment la réfection de l'enduit intérieur et une modification de la toiture. À cette occasion, les vitraux ont été largement refaits par le maître-verrier élusate Jean-Baptiste Anglade. En 1972, l'enlèvement de l'enduit intérieur a révélé les chaudes tonalités de l'appareil de pierres et de briques ainsi que le réemploi massif de moellons provenant des ruines de la cité antique d'Elusa.

Cultes antiques et christianisation

La substitution du culte chrétien aux cultes antiques se fait fréquemment par le réemploi des sites et des matériaux des temples précédents, à la fois pour effacer toute trace, mais aussi, paradoxalement, pour assurer une continuité qui ne déroute pas totalement les fidèles. Le nom de Luperc n'est pas sans évoquer le nom des Lupercales, la fête de la fin de l'année romaine, consacrée à la fertilité. Cet usage de l'homonymie est bien connu dans la christianisation, notamment à travers le récit de Grégoire de Tours au sujet du culte païen rendu au lac du mont Helarius en Gévaudan où il rapporte que l’évêque du lieu, inspiré, fit élever une basilique en l'honneur de saint Hilaire de Poitiers (Hilarius) et réussi enfin à détourner les paysans de leur culte. À Eauze, l'homonymie est parfaite : Lupercus désigne à la fois le saint et le dieu antique, Faunus Lupercus, un dieu solaire proche de Pan. Mais il est intéressant de voir que le saint reprend les attributs du Dieu, comme le dit encore R. Mussot-Goulard p.43 (Luperc est un militaire romain et prêche surtout les hommes de la garnison ; le culte oriental de Sol Invictus, le "soleil invaincu", dérivé du culte d'Appollon et de Mithra, est très répandu dans l'armée) : "Pour ces hommes, la meilleure incitation à la conversion est la démonstration d'une puissance qui vient du Christ mais qui correspond aussi à ce dont ces soldats ont l'habitude. Ainsi, "le visage du saint brillait comme le soleil", ainsi la puissance de son souffle renversait les idoles, ainsi son pouvoir s'établissait sur les sources". Le Christ lui-même reprend les attributs de Sol Invictus, et en premier lieu sa date de naissance, le 25 décembre, qui était dies natalis solis invicti sous l'empereur Aurélien (270-275).

Tiré de l'Encyclopédie en ligne wikipédia.