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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
18 août 2014

PAGE 120: MOISSAC, UNE ABBAYE AU SOMMET DE L'ART ROMAN, UN CLOÎTRE EXTRAORDINAIRE

Moissac! Avec Conques, Beaulieu/ Dordogne et quelques autres... Ce nom résonne en symbole de l'art roman dans ce qu'il a de plus noble, de plus beau: le cloître et le tympan de l'église...

MOISSAC CLOITRE COLONNADES b 969 copie

 

  Mais à Moissac, il n'y a pas que ces miracles pour éblouir... Il y a, en plus, toutes ces sculptures... Quelles soient lapidaires ou sur bois, on ne sait où regarder, où poser son œil car tout attire, tout captive, tout étonne.

   Cette abbaye, presque complète, malgré quelques détériorations conséquences de la Révolution ou, c'est plus grave, à une maladie de la pierre due à des remontées d'eau  chargée en métaux et produits chimiques, cette abbaye, disais-je, est immense. Il suffit d'admirer une grande maquette à l'entrée du musée, pour s'en apercevoir !

   Ma première vision de l'abbaye Saint Pierre est assez percutante. En fait, si on arrive par le Bd Léon Cladel, on n'aperçoit le clocher de l'église qu'au dernier moment, en descendant les degrés de l'escalier qui mène à l'O.T. 

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Moissac: l'abbaye, ici un des plus riches tympans de France  . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye et ses massifs contreforts de l'église  . (Photo: Patrick Garcia)

    Là, ouf!!! De derrière les arbres, l'énorme tour crénelée surgit, d'un coup, menaçante, sorte de pyramide de pierres et de tuiles, posée sur un énorme cube de calcaire blanc. Elle semble un phare guidant les pèlerins de St Jacques de Compostelle depuis plus de 900 ans.

   C'est une des plus anciennes abbayes qui soit. Fondée au VIIème siècle ! Mais après bien des heurts et des malheurs, en ces temps troubles, c’est Durand Bredon, en 1047, qui va relancer le monastère en reprenant tout de fond en comble, tant le spirituel, que la morale qui laissait à désirer. Mais bien sûr, ce sont les réalisations architecturales qu'il a mis en chantier, qui feront la réputation actuelle de Moissac, inscrite depuis 1840 au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.

    Le XIIIème fut le plus prospère pour l'abbaye qui possède terres et prieurés jusqu'au lointain Périgord, au Roussillon et même en Catalogne! Rattachée à Cluny, l'abbé de Moissac arrive juste en second.

    Elle subira les vicissitudes des guerres franco-anglaises, de religion et la Révolution, qui aurait pu la réduire, comme tant d'autres, en carrière à pierres. Mais un citoyen, à qui elle fut vendue, la rendit à la ville. Transformée en caserne de cavalerie, les sabots des chevaux ont eu raison de ses pavements.... L'arrivée du train va sacrifier le grand réfectoire et les cuisines, abattus au nom du modernisme. Sinon, nous avions l'intégralité de l'abbaye, telle que l'avais ordonné Durand de Bredon.

MOISSAC TYMPAN Abadia_de_Saint-Pierre_de_Moissac_-_Portalada_Sud_de_Moissac

   Je descends l'escalier, contourne le massif clocher et là.... Je tombe en admiration. Quel tympan! Quel ensemble... Cette œuvre réalisée vers 1150, s'inspire de l'Apocalypse de St Jean. Le regard est attiré par le Christ en majesté encadré par une foule de personnages visages tournée vers lui. Les arcs des voussures et le linteau, sont ouvrages de motifs végétaux, même si ceux du linteau, s'apparentent plus à des "boucliers".

« Les vingt-quatre vieillards du récit de l'Apocalypse selon Saint Jean prennent place dans le bas et sur les côtés de la scène. L'hiératisme des personnages, le caractère irréaliste de certaines postures et du traitement des drapés, le manque de liberté des figures par rapport au cadre sont des traits caractéristiques de la sculpture romane. La délicatesse des reliefs et la dimension pittoresque de certains détails accentuent le charme et la dimension spirituelle de ce chef-d'œuvre de l'art roman. Les faces latérales représentent saint Paul et le prophète Jérémie.

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Moissac: l'abbaye, ici, tout n'est que profusion dans le détail  . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, la sculpture romane dans toute sa gloire  . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, ici sur le trumeau, des lions entrecroisés et un des apôtres  . (Photo: Patrick Garcia)

Quant aux deux personnages des piédroits polylobés d’influence mauresque, ils figurent saint Pierre et le prophète Isaïe. Les deux apôtres sont probablement une allusion au rattachement de Moissac à l'abbaye de Cluny, placée sous la protection de saint Pierre et saint Paul.

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Moissac: l'abbaye, dans le hall, sous le clocher, les piliers sont richement décorés, ici la lutte du bien et du mal. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, un dernier regard au tympan dont le côté est sublimé par  cette série d'entrelacs. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye reproduction d'un panneau explicatif sur le tympan de Moissac . (Photo: Patrick Garcia)

Les côtés du porche sont aussi sculptés. Les reliefs de droite montrent, sur trois registres : l'Annonciation et la Visitation, l'Adoration des mages et la Présentation au Temple, la Fuite en Égypte et la Chute des idoles. Le côté opposé illustre la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche, voué aux supplices infernaux réservés aux luxurieux et aux avares, figurant à la partie inférieure. »

Les lourdes et énormes portes sont soutenues par des ferrures ouvragées et une roulette qui circule sur un rail placé sous chaque battant.

   J'entre dans un hall qui est le rez-de-chaussée de la tour du clocher. Les piliers qui soutiennent l'ensemble, ont des chapiteaux décorés de motifs typiquement romans.  Des ornements végétaux ou animaux, tels ces loups et ces louves dont les têtes viennent se confondre, à l'angle, pour enlever un mouton ou un oiseau dans leur gueule. Ces animaux aux corps tendus, disposés en X sur la face principale, annoncent ceux du trumeau.

Je m'aperçois qu'il y a un second portail à l'est, identique au premier, mais sans décoration extérieure.

    Enfin, j'entre dans l'église.

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Moissac: l'abbaye, l'église peinte comme à ses débuts. (Photo: Patrick Garcia)

C'est la première grande église ou cathédrale que je visite entièrement peinte, du moins que je me souvienne... Un panonceau annonce que les motifs et les couleurs sont d'origine, même si une restauration a ravivé les couleurs il y a plus de 60 ans. Je vois les murs tels qu'on les regardait il y a 1 000 ans!

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Moissac: l'abbaye, détail de la peinture d'origine  . (Photo: Patrick Garcia)

Je savais que la plupart des édifices religieux étaient peints, même l'extérieur ; l'exemple que j'ai sous les yeux me donne à rêver.... Quel résultat!!! Partout ce n'est que motifs géométriques, souvent rouges sur un fond ocre jaune, des nuances très douces à l'œil, reposantes même....

   Je commence ma visite par la droite.

Dans un enfeu, une grande et belle chasse en bois doré du XVIIIème siècle, elle contient les reliques de St Cyprien.

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Moissac: l'abbaye, le reliquaire de St Cyprien, du 18ème siècle . (Photo: Patrick Garcia)

Puis un premier trésor avec une superbe Vierge de pitié du XVème siècle.

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Moissac: l'abbaye, sublime Pieta datée de 1476! (Photo: Patrick Garcia)

Marie reçoit sur ses genoux Jésus descendu de la croix. Les deux personnages qui l’encadrent sont Saint Jean et  Sainte Marie- Madeleine. Quel réalisme dans les visages...

  J'ai du mal à digérer que cette œuvre crevante de réalisme puisse être de 1476, époque où la vision relief en 3D n'existait pas encore. Les visages, ronds, sont expressifs, leur douleur est lisible au plus haut point, leurs attitudes, leurs regards… Tout trahi une grande détresse pleine de dignité. Les vêtements, surtout ceux de la Vierge, ont un drapé réaliste, qui avec les couleurs très bien conservées,  donnent une scène d’un réalisme insoupçonné.

    Un peu plus loin, nouvelle scène qui force l'admiration: « la Fuite en Égypte ».

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Moissac: l'abbaye, la "Fuite en Egypte", du 15ème siècle... (Photo: Patrick Garcia)

En bois polychrome du XVème siècle. Hérode ayant décidé de tuer « Le Roi qui vient de naître », la sainte famille fuit en Egypte échappant ainsi au « Massacre des Innocents ». Saint Joseph, statue plus récente du XVIIème siècle, conduit l’âne avec son précieux fardeau. Des personnages d'environ un mètre de haut, comme dans la scène précédente, ils sont d'une fraicheur....

   Nouveau morceau de bravoure, quelques mètres plus loin, avec, accroché au mur, un Christ en croix du XIIème (1130/1140), en bois polychrome, presque grandeur nature...

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Moissac: l'abbaye, ici le Christ de 1130 grandeur nature, tel que 44 générations de croyants et visiteurs l'ont vu . (Photo: Patrick Garcia)

Son visage présente de grades similitudes avec le Christ du tympan dont il est contemporain. « Au lieu de crier sa souffrance, Jésus, l’Homme des Douleurs, est ici apaisé dans la mort. La croix n’est plus un gibet de torture, elle est ici, l’Arbre de Vie annonçant la Résurrection… »

    Puis je continue, sachant qu'un autre chef d'œuvre m’attend. La «Mise au Tombeau ».

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Moissac: l'abbaye et la magnifique "Mise au Tombeau" du 15ème siécle  . (Photo: Patrick Garcia)

J'en connais plusieurs, dont celle magnifique de Carrenac dans le Lot, non peinte, une autre, à Salers, richement peinte... dans la même ligne que celle de Moissac. Là, je suis encore scotché. Cette grande représentation en bois polychrome du XVème siècle est contemporaine de Jeanne d'Arc, me dis-je.... Les visages sont de la même veine que ceux de la Pietà et de la Fuite en Égypte. Ils sont à la fois teintés de réalisme et d'une certaine « rondeur » dans les formes et les visages avec moins de détails que dans la statuaire de la Renaissance. Le Christ y est représenté plaies béantes et côtes saillantes, dans un état de maigreur peu courant... Très beau drapé du suaire dans lequel il est placé. Si les hommes, à gauche Joseph d’Arimathie, et Nicodème à droite ont un costume qui est symbolique de la représentation des dignitaires juifs, je remarque que les femmes au second plan, Marie Cléophas, la Vierge Marie soutenue par Saint Jean, mais aussi Marie-Salomée et Marie-Madeleine, sont vêtus à l'occidentale médiévale, celle de la création du chef d'œuvre. Les couleurs sont très belles, dues à une restauration de 1956, quel chef d'œuvre!

   D'autres pièces sont alignées dans les diverses chapelles. Je ne puis tout décrire, mais je m'arrête à la plaque de fondation de l'église, contre le chœur, datée de 1063(!!!) Son texte, traduit du latin dit :

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Moissac: l'abbaye, la plaque de fondation de l'église!!! De 1063!!! (Photo: Patrick Garcia)

« La consécration de cette église le cinq novembre s'honore d'avoir rassemblé ces évêques : pour Auch : Ostinde, pour Lectoure : Raymond, pour le Comminges : Guillaume, pour Agen : Guillaume, pour la Bigorre : le bon Héraclius, pour Oloron : Étienne, pour Aire : Pierre, Toulouse : Toi Durand, son protecteur et le nôtre. Foulques, fils de Simon qui fait la loi à Cahors ne fut pas souhaité. C'était 1063 ans après que Dieu eut donné au monde le vénérable enfantement virginal. Pour vous, Ô Christ Dieu, le roi Clovis fonda cette maison. Après lui, Louis le Débonnaire la combla de ses largesses. »

Ce chœur possède une belle cloison sculptée en pierre blanche du XVIème.

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Moissac: l'abbaye, les cloisons du choeur sculptées en dentelles et du 17éme siècle. (Photo: Patrick Garcia)

Dans une chapelle dédiée à la méditation, près du reliquaire de St Cyprien, une Pietà en bois polychrome, il s'agit de Notre Dame du Lemboulari, du XVème siècle.

 

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Moissac: l'abbaye, délicieuse petite Pieta du 15ème, ND de Lemboulari, dans une pièce dédiée à la méditation. (Photo: Patrick Garcia)

    A noter le bel orgue de l’abbatiale de Moissac. L’instrument possède 24 jeux répartis sur 2 claviers de 54 notes et un pédalier de 27 notes. Il est classé monument historique en 1977. Il est restauré par la Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues de Lodève en 1989.

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Moissac: l'abbaye, l'orgue... (Photo: Patrick Garcia)

   Sous le magnifique orgue est déposé un très beau sarcophage paléochrétien.

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Moissac: l'abbaye, le superbe sarcophage paléochrétien et son chrisme . (Photo: Patrick Garcia)

Ce sarcophage en marbre de Pyrénées est datable IVème siècle. Il est orné au centre, d’un « Chrisme » avec le X (CH) et le R, les premières lettres du mot Christ, et l’Alpha et L’Oméga, premières et dernières lettres de l’alphabet grec qui signifient, d’après l’Apocalypse : « Dieu est le commencement et la fin de toute chose ». La cuve repose sur deux chapiteaux paléochrétiens où sont sculptés des oiseaux buvant à la coupe. Antique symbole de l’eucharistie. La tradition rapporte que les malades atteints de fièvres ou d’affections douloureuses de la tête, se plaçaient sous le tombeau pour obtenir leur guérison. Ce monument a été réemployé pour recevoir la dépouille de l’abbé Raymond de Montpezat mort en 1245.

   « Le Baptême de Jésus » achève la série des sculptures de groupes.

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Moissac: l'abbaye, le "Bapthème de Jésus" du 17éme, et la grâce de la gestuelle  . (Photo: Patrick Garcia)

Là encore, croyant ou pas, on est saisi par la  gestuelle des deux hommes. Ce groupe en bois doré de la fin du 17ème siècle, présente Saint Jean Baptiste qui avait pour mission de préparer le peuple à la venue du Messie, face à Jésus. Lors de sa restauration, l’ébéniste c’est rendu compte que la position du bras  de Saint Jean, au-dessus de la tête de Jésus, avait été modifiée. Il a remis le bras de Saint Jean dans sa position d’origine qui souligne l’attitude d’humilité du saint, il se juge indigne de baptiser le Fils de Dieu. D’ailleurs, s’il s’était agi du moment même du baptême, Jésus n’aurait pas gardé ses vêtements.

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Moissac: l'abbaye, autre Vierge polychrome. (Photo: Patrick Garcia)

   Sous le charme de tous ces chefs d'œuvres, encore étourdi par la nombreuse statuaire, les peintures, l'ambiance musicale distillée dans le lieu saint, je sors sur le parvis. Je jette encore un regard sur le clocher qui domine nos têtes. Cette longue séance, tête levée, à disséquer chaque pierre, chaque cloche du puissant édifice (il vient juste d'être restauré suite à la dernière tempête), me fait légèrement tourner la tête. Je m'adosse au mur en face, histoire de bien m'imprégner du monument.

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Moissac: l'abbaye, le cadran solaire. (Photo: Patrick Garcia)

Une dernière photo du cadran solaire qui fonctionne parfaitement, des créneaux dont j'ai appris qu'ils ont été remontés au XIXème par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. J'ai toujours l'impression qu'un archer va pointer le bout de sa flèche entre deux merlons! Ce clocher est superbe!

     Le temps presse, je plonge dans l'O.T. pour aller visiter le fameux cloître. Délivré de mes 6€, j'attaque la visite.

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Moissac: l'abbaye et un plan d'ensemble compréhensible, les numéros sont à reporter à la photo suivante . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, légende du plan ci-dessus  . (Photo: Patrick Garcia)

Une grande maquette permet de se rendre compte de la globalité de l'abbaye avant que le rail n'en rogne une petite partie. Au fond de la salle, des photographies retro-éclairées mettent en exergue le travail des copistes de l'abbaye aux temps anciens.

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Moissac: l'abbaye, exemple  du fabuleux travail des copistes du moyen-âge, une enluminure . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, la lettre "A" dans toute sa splendeur  . (Photo: Patrick Garcia)

Ce bel abécédaire donne envie d'aller visiter l'exposition dont ces quelques modèles sont les faire-valoir.

   Enfin, je pousse la porte d'entrée du cloître. Tout de suite je suis séduit, même si je m’y attendais un peu. Je suis dans l'angle Nord Ouest de la galerie du cloître, de chaque côté de moi, des alignements de colonnettes en contre-jour, avec derrière, un îlot de verdure central, puis derrière, nouvel alignement convergent de colonnades opposées en diagonales.

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Moissac: l'abbaye, le cloître, jeux d'ombre et de lumière . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, alignements superbes . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître  où des piliers carrés gravés rythment les colonnades. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, les doubles colonnes alternent avec les simples colonnes. (Photo: Patrick Garcia)

    Pour les jeux d'ombres et de lumières, pour la géométrie parfaite, la délicatesse des colonnes et surtout de leurs chapiteaux, l'ensemble est fan-tasti-que! Malheureusement à l'approche, je comprends que la plupart des chapiteaux historiés ont perdus les visages des saints, martelés lors de la tourmente révolutionnaire.

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Moissac: l'abbaye, le cloître et une richesse sculptée incomparable . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, des chapiteaux  superbes . (Photo: Patrick Garcia)

Quel crime!.... Mais ce qui reste est merveilleux, et les chapiteaux à base de figures géométriques végétales sont quasiment intacts, eux. 76 chapiteaux au menu, comme d'autres amateurs, je les photographie systématiquement. Je n'ai pas la foi, ni la volonté d'en faire le choix. Tout est à garder.... Sur ces 76 chapiteaux, 50 sont historiés, ce qui est énorme! Ils commentent la Bible en illustrant la vie des saints. Sur une des galeries du cloître, à l'ouest, une inscription sur plaque de marbre, précise que l'ouvrage fut termine l'an 1 100... Il y a 914 ans...

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux végétaux  . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux végétaux  . (Photo: Patrick Garcia)

MOISSAC CLOITRE CHAPITEAU VEGETEAUX 952 copie

 

Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux végétaux  . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux végétaux  . (Photo: Patrick Garcia)

   Je remarque que les chapiteaux montrent la même scène sur deux faces opposées, mais que les colonnes sont alternativement doubles et simples. Après des semaines de pluie, ce début mai est marqué par quelques jours de beau temps.

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux végétaux  . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux végétaux  . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux végétaux  . (Photo: Patrick Garcia)

Pour cette première journée de soleil, nombreux sont les visiteurs venus de toute l'Europe, à lézarder da l'herbe grasse des jardins, ou assis sur les entablements entre les colonnes.

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux d'animaux . (Photo: Patrick Garcia)

MOISSAC CLOITRE CHAPITEAU 887 copie

 

Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux d'animaux . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux d'animaux . (Photo: Patrick Garcia)

MOISSAC CLOITRE CHAPITEAU 6026 copie

 

Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux d'animaux . (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: l'abbaye, le cloître, dans la série des chapiteaux d'animaux-végétaux . (Photo: Patrick Garcia)

Comme beaucoup d'entre eux, munis de ma brochure, je vais visiter les piliers du cloître, sur leurs faces sont figurées les effigies des apôtres, disposées par paires, souvent reconnaissables aux inscriptions de leurs noms. Nous avons ainsi dans les angles Pierre et Paul au Sud-est, Jacques et Jean au Nord- Est, Philippe et André au Nord-ouest, Barthelemy et Matthieu à l'angle Sud-ouest. Simon est situé sur le pilier central côté Ouest. A l'angle Sud-ouest du déambulatoire, une porte maçonnée indique: « 37 marches pour monter à la salle haute du clocher ».

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Moissac: l'abbaye, la très belle salle haute dans le clocher. Notez les beaux arcs reposant sur des chapiteaux végétaux . (Photo: Patrick Garcia)

     Je me lance. Les marches sont bien hautes et j'arrive un peu essoufflé dans une très grande salle voûtée, sous les cloches. Une salle dont le plafond est un dôme du plus bel effet. Par les vitres de protections des ouvertures, je domine toute la nef depuis le narthex. L'ensemble de la salle et de son architecture sont saisissants. Je me sens tout petit...

Je redescends l'escalier à vis. C'est toujours animé dans les galeries du cloître où sévît une guide à la voix tonitruante. J'en profite pour essayer de trouver un peu de paix, moi aussi, en allant sur la pelouse à l'opposé, m'assoir au soleil, contempler cette captivante vue. Le temps passe...

   Ragaillardi par cette pause, je me lève, jette un dernier coup d'œil et rejoins la sortie, la tête pleine de belles images de sculptures et de peintures presque millénaires...

 

     Ce serait un oublie impardonnable de ne pas insister dans cette carte postale, sur les charmes de Moissac. La ville est traversée par le " Canal des deux Mers" qui lui offre de longues promenades le long de ses quais, mais aussi baignée par les eaux du Tarn et ses berges fleuries à l’envie.

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Moissac: le canal traverse la vieille ville. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: le "Pont Napoléon". (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: ici, les quais sont mis en valeur et appréciés des touristes.(Photo: Patrick Garcia)

Dans ces quartiers anciens trônent de nombreux vénérables édifices religieux ou d'accueil de pèlerins sur les chemins de St Jacques. Moissac est aussi, à l'instar de Toulouse, une ville « rose », tout de briques vêtue à 70% de son bâti. Ce noble et chaud matériau lui confère un charme presque charnel.

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Moissac:tout de rose vêtue, les restes du palais abbatial sont en cours de restauration. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: tout de rose vêtue, ici un ancien palais occupé par l'Hôtel des Impôts. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: tout de rose vêtue, une ancienne porte. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: tout de rose vêtue, colombier de briques en pleine ville. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: tout de rose vêtue, demeure de style. (Photo: Patrick Garcia)

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Moissac: vieux quartiers, maisons à colombages. (Photo: Patrick Garcia)

      Vous aussi, trouverez encore bien des monuments et vestiges, des ruelles typiques, et surtout de belles fontaines qui vous donneront envie d'y revenir plus longuement. Pour vous garer, n'hésitez pas, allez aux quais près du pont Napoléon ou du Pont canal, et montez dans le centre historique en suivant les panneaux «  Office du Tourisme », celui-ci est blotti contre le cloître....

PATRICK GARCIA

MOISSAC:  LE COIN DU SPECIALISTE

Lieux et monuments

  • Abbaye Saint-Pierre

Église Saint-Pierre, ancienne église abbatiale avec le portail (1130), un des chefs-d'œuvre de la sculpture romane. De l'édifice du XIe siècle ne subsiste plus que le massif clocher-porche, sorte de donjon avec chemin de ronde, construit dans un but défensif mais dont le dernier étage ne date que de la fin de l'époque gothique.

     Cloître (fin du XIe siècle), un des mieux conservés de l'Occident chrétien. L'abbaye Saint-Pierre et son cloître ont été inscrits en 1998 au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco sous le titre des Chemins de Compostelle en France.

  • Long de 356 m, à l’est de Moissac, le Pont-canal du Cacor permet au canal latéral de la Garonne de franchir le Tarn.
    Le canal latéral à la Garonne, traversant les départements de Lot-et-Garonne et de Tarn-et-Garonne, construit en 1847, long de 183 km. Il trouve son origine à Toulouse et s’achève à Castets-en-Dorthe. Il prolongeait le canal du Midi qui existait entre Sète et Toulouse. Il sert aujourd'hui davantage au tourisme qu'à la batellerie.
  • Le Musée moissagais est installé dans l'ancien logis des abbés, imposante construction flanquée d'une tour crénelée de briques du XIIIe siècle. Deux cartes permettent d'apprécier le rayonnement de l'abbaye au Moyen Âge. Dans la vaste cage d'escaliers, objets liés à l'histoire de l'abbaye.
    Les amateurs d'art régional pousseront leur ascension jusqu'à l'étage afin de découvrir céramiques, surtout d'Auvillar, des meubles régionaux des XVIIe et XVIIIe siècles, coiffes moissagaises ou encore la reconstitution d'une cuisine du bas Quercy au XIXe siècle. La chapelle haute est consacrée à l'art religieux.
  • Les Halles, place des Récollets : Construites en 1891 par l'architecte municipal Jean Rouma, l'édifice, à l'intérieur et autour duquel se tient le marché hebdomadaire, associe avec élégance pierre, brique et fonte, et son décor de céramique vante déjà les produits du terroir.
  • Le pont Napoléon : décidé par Napoléon 1er et terminé par Napoléon III, on a une vue sur les quais et le pont Saint-Jacques : héritier d'un ouvrage médiéval, si ce n'est romain.

 

Le Pèlerinage de Compostelle

Moissac est sur la Via Podiensis du Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.

On vient de Lauzerte. La prochaine commune est Auvillar, réputée pour sa halle ronde et l'église Saint-Pierre.

Quittant Moissac par la porte Saint-Jacques, certains jacquets traversaient la Garonne en bac à La Pointe, en direction du prieuré Saint-Nicolas de La Grave.

Si d'autres préféraient franchir les eaux à Malause, tous se retrouvaient à Auvillar.

L’accueil des pèlerins

S'ils n'avaient trouvé place à l'hôtellerie, ils pouvaient compter sur la maladrerie de l'abbaye, située près de l'église Saint-Martin, ou sur les autres hôpitaux de la cité moissagaise, dont un était placé sous le vocable de Saint-Jacques.

La confrérie Saint-Jacques de Moissac

Moissac est l'une des rares villes de la via Podiensis où l'on trouve mention d'une confrérie de Saint-Jacques. Cette association apparaît tardivement, en 1523. À cette époque, les mentalités ne sont plus ce qu'elles pouvaient être au cœur du Moyen Âge, quand les confrères fondaient ou géraient des hôpitaux.

Les confrères-pèlerins de Moissac semblent repliés sur eux-mêmes. Leurs activités essentielles sont la célébration de la Saint-Jacques, messe, procession et... banquet, ainsi que l'assistance aux funérailles des confrères morts.

Moissac, comme Cahors, possédait du reste une paroisse dédiée à l'apôtre.

Depuis cinq ans, un centre international d'hébergement accueille plus de 12 000 personnes par an. Il s'agit du Carmel, bâtiment historique flanqué en surplomb de la ville, entièrement restauré et confié pour sa gestion par la ville au Club alpin. Là ils trouvent des chambres communes ou indépendantes, des salles de repos et de réunion, des services (buanderie), une cuisine équipée commune.

L'église Saint-Jacques

De l'église Saint-Jacques médiévale, seul le nom reste. L'édifice actuel, du XIXe siècle, a été aménagé en musée de l'artisanat.

Abbaye Saint-Pierre de Moissac

 

 

L'abbaye Saint-Pierre de Moissac se caractérise par l'un des plus beaux ensembles architecturaux français avec ses extraordinaires sculptures romanes. Elle se trouve dans la commune de Moissac, dans le département de Tarn-et-Garonne en région Midi-Pyrénées.

L'abbaye Saint-Pierre de Moissac fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.

Présentation

L'abbaye, fondée au VIIe siècle, fut rattachée en 1047 à la puissante abbaye de Cluny et devint, dès le XIIe siècle, le plus éminent centre monastique du sud-ouest de la France. Si l'abbaye et le cloître offrent un exemple remarquable de mélange des styles roman et gothique, c'est le tympan du portail sud qui constitue le véritable chef-d'œuvre de Moissac.

Exécuté au XIIe siècle, il illustre la vision de Saint-Jean de l'Apocalypse en une profusion de détails expressifs, voire hallucinés.

La décoration des arcs et des chapiteaux du cloître est une splendeur.

On y trouve deux musées : art sacré dans la salle capitulaire, arts et traditions populaires dans le Palais abbatial.

Histoire

Selon les bénédictins moissagais, soucieux du prestige de leur abbaye, celle-ci aurait été fondée par Clovis en personne au lendemain d'une victoire remportée ici sur les Wisigoths, en 506. Le roi franc, ayant fait le vœu d'ériger un monastère s'il triomphait, lança du haut de la colline son javelot pour marquer l'endroit précis où s'élèverait « l'abbaye aux mille moines », en mémoire de mille de ses guerriers morts au combat. Or le javelot vint se planter au milieu d'un marais, ce qui nécessita des constructions sur pilotis. Une autre tradition populaire veut que Clovis ait agi sous l'impulsion d'une vision lors d'un rêve d'inspiration divine. L'humidité qui règne dans le sous-sol de l'abbatiale Saint-Pierre est d'ailleurs en partie responsable des graves altérations qui affectent aujourd’hui les bas-reliefs du portail roman.

En réalité, à Moissac on a pu trouver des traces d'occupation romaine, colonnes classiques, pièces de monnaie, tessons et fragments de maçonnerie, mais le couvent peut être considéré comme l'un des nombreux monastères établis dans l'Aquitaine du VIIe siècle avec l'appui de souverains mérovingiens, tel Dagobert, et sous l'impulsion sans doute de l'évêque de Cahors, saint Didier (630-655) appelé aussi Desiderius (ancienne forme de Didier), connu pour ses goûts de l'art et de la vie austère. On peut donc considérer que l'abbaye telle que nous la connaissons remonte au milieu du VIIe siècle. Les possessions de l'abbaye s'accrurent amplement en l'an 680 par la donation d'un noble, Nizezius, de ses terres, serfs et églises. Le privilège de la protection royale fut renouvelé au début du 9e siècle par Louis le Pieux, alors roi d'Aquitaine, protection remplacée bientôt par celle des comtes de Toulouse.

Mais la situation de la ville sur la grande voie de passage, routière et fluviale, reliant Bordeaux et Toulouse, la rendait particulièrement vulnérable aux invasions. Ainsi, l'abbaye fut-elle saccagée par les arabes d’al-Andalus, une première fois lorsque ceux-ci assiégèrent Toulouse, une seconde fois après leur défaite de Poitiers en 732. Un siècle plus tard, de nouveaux pillages furent le fait des pirates normands qui remontaient la Garonne puis, au Xe, des Hongrois.

Reconstruite, elle fut de nouveau endommagée en 1030 par un écroulement du toit, en 1042 par l'incendie qui frappa toute la ville, mais aussi par l'attitude laxiste des moines qui l'occupaient : un repaire de voleurs.

Le rattachement à Cluny, par saint Odilon

En 1047, Odilon de Mercœur, de passage, nomme à la tête de l'abbaye Durand de Bredon ; tout est à refaire, car théorie et pratique sont devenues très éloignées l'une de l'autre. Les moines bénédictins, en principe astreints aux travaux manuels et agricoles, se déchargent en fait de leurs corvées sur les frères convers et les serfs. Le plus grave est que, sous la direction de l'abbé Étienne, la discipline s'est considérablement relâchée. Ce personnage ne doit son siège abbatial qu'à la bienveillance de Gaubert, un seigneur local qui avait acheté l'abbaye fort cher. Soucieux de rentrer dans ses frais, il avait chargé son protégé de détourner toutes les richesses du monastère. L'abbé Durand fait construire une nouvelle église, consacrée en 1063 et travaille aussi pour l'ensemble des biens de l'abbaye.

Le choix de Moissac comme étape majeure sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle entraîne une brillante renaissance spirituelle et artistique. Avec le grand abbé d'origine auvergnate dom Durand de Bredons (1048-1072), en même temps évêque de Toulouse, débute l'âge d'or du monastère, qui étend ses possessions dans tout le Midi languedocien et jusqu'en Espagne. L'abbaye est gouvernée par de grands abbés : dom Hunaud (1072-1085), qui fut vicomte de Brulhois, qui acquit de nombreuses terres mais se trouva en butte à d'incessantes controverses ecclésiastiques et conflits avec les seigneurs voisins ; dom Ansquitil commence de bien triste façon en étant contesté par un moine qu'il évince, en représailles celui-ci soulève la ville, c'est la pape qui l'assure en sa place ; il fait ériger le cloître (1115) et accueille le pape Urbain II venu consacrer le maître-autel de l'église. Le bienheureux Roger (1115-1131) fait construire une nouvelle église à coupole dans le style de Cahors et Souillac, et c'est surement à lui que l'on doit la tour-porche et le portail avec son célèbre tympan (1135).

Le XIIe siècle est le plus prospère pour l'abbaye, qui contrôle alors des terres, des prieurés jusque dans le Périgord, le Roussillon, la Catalogne. Dans la hiérarchie de Cluny, l'abbé de Moissac vient en second, juste après l'abbé de Cluny. Les moines de Moissac sont plus des bâtisseurs que des copistes ou des théologiens ; pourtant l'on peut voir quelques manuscrits qui ont été pour la plupart emportés à Paris au XVIIIe siècle par Foucault et se trouvent maintenant à la Bibliothèque Nationale.

En 1188, la ville est ravagée par un incendie, puis peu après assiégée par les Anglais, qui finissent par la prendre. La Croisade des Albigeois (1208-1229) ravage ensuite les terres abbatiales.

À la fin du XIIIe siècle, les grands abbés bâtisseurs Raymond de Montpezat, puis Bertrand de Montaigu (1260-1293) peuvent relever les ruines, ce qui explique des arcs en briques qui sont typiques de l'époque, mais leur œuvre est anéantie par la guerre de Cent Ans. Les exactions des Grandes Compagnies s'ajoutent à une épidémie de peste dans cette ville frontière, aux portes de l'Aquitaine anglaise, âprement disputée par les deux camps. À la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe, la tourmente passée, Aimery de Roquemaurel (1431-1449) puis Pierre de Carmaing (1449-1483) doivent reconstruire presque entièrement leur abbatiale ruinée ; ils réalisent de grands travaux, en particulier la partie gothique de l'abbatiale, le haut de nombreux murs, les voûtes.

En 1625, l'abbaye est sécularisée, ce qui marque en grande partie son abandon.

Sous la Révolution en 1790, elle est supprimée, vendue à un citoyen patriote, qui l'offre à la ville. En octobre 1793, le cloître et l'église avec son mobilier de l'église, ses vitraux, ses ornements et les pièces d'orfèvrerie du Trésor sont saccagés et livrés au pillage au cours d'une émeute.

Une garnison y stationne sous le Premier Empire, ce qui ruine les pavements et les sculptures ; elle sert aussi de fabrique de salpêtre.

Ce à quoi ni les exactions des soldats ni celles des émeutiers n'aboutirent, les ingénieurs du chemin de fer faillirent bien en porter la terrible responsabilité. Le cloître, qui se situait sur le tracé prévu de la ligne Bordeaux-Sète, devait être entièrement démoli. De multiples protestations permirent de le sauver in extremis, d'où la courbe dessinée ici par le rail, pour l'éviter. Cependant, le grand réfectoire et les cuisines des moines, au nord, furent sacrifiés. L'évènement eut le mérite d'alerter la toute jeune administration des Monuments historiques qui, sous la direction de l'architecte Viollet-le-Duc, entreprit les premiers travaux de sauvegarde.

Architecture

L’abbaye

Des fouilles ont révélé sous l'abbatiale Saint-Pierre le couloir annulaire d'une église préromane avec un graffiti du 4e siècle, et les piliers ronds de la nef primitive. La partie la plus ancienne qui subsiste est le clocher-porche de 1120, fortifié vingt ans après et abritant l'un des plus beaux portails romans qui soient. La partie basse de la nef, en pierre, est également romane, mais la partie haute en briques est du gothique méridional ; les deux travées du chœur, l'abside à cinq pans et les chapelles sont du XVe siècle. On y voit une Pietà du XVe siècle et une crucifixion du XVIIe siècle.
Les chapiteaux romans du cloître étaient achevés en 1100 sous l'abbé Ansquitil, mais l'ensemble a été repris au XIIIe siècle avec d'autres colonnettes et d'autres arcades en ogive. Salles des moines, palais des abbés et tour s'échelonnent du XIIIe au XVe.

Le tympan de l'abbatiale

Le tympan de la porte sud de l'église Saint-Pierre de Moissac mesure 6,5 m sur 4,5 m. Réalisé entre 1110 et 1230, il s’inspire de l'Apocalypse de Jean et présente en son centre un Christ en majesté, les pieds reposant sur la mer de cristal, une légende populaire la nommait Reclovis en hommage à la création supposée par le roi Clovis. Cette figure, couramment utilisée pour le décor des tympans romans, est entourée des symboles des quatre évangélistes (Marc, Matthieu, Luc et Jean), tandis que les vingt-quatre vieillards du récit de l'Apocalypse selon Saint Jean prennent place dans le bas et sur les côtés de la scène.

L'hiératisme des personnages, le caractère irréaliste de certaines postures et du traitement des drapés, le manque de liberté des figures par rapport au cadre sont des traits caractéristiques de la sculpture romane. La délicatesse des reliefs et la dimension pittoresque de certains détails accentuent le charme et la dimension spirituelle de ce chef-d'œuvre de l'art roman.

Le linteau et les voussures sont ornés de motifs végétaux. Le linteau pose problème, il est analogue à la « pierre Constantine » du musée de Cahors, il doit être un vestige romain réemployé.

Le trumeau monolithe est orné d'animaux entrelacés, trois couples de lions et lionnes entrecroisés, placés sur un fond végétal, se superposent sur la face apparente du trumeau; les faces latérales représentent saint Paul et le prophète Jérémie. Quant aux deux personnages des piédroits polylobés d’influence mauresque, ils figurent saint Pierre et le prophète Isaïe. Les deux apôtres sont probablement une allusion au rattachement de Moissac à l'abbaye de Cluny, placée sous la protection de saint Pierre et saint Paul.

Les côtés du porche sont aussi sculptés. Les reliefs de droite montrent, sur trois registres : l'Annonciation et la Visitation, l'Adoration des mages et la Présentation au Temple, la Fuite en Égypte et la Chute des idoles. Le côté opposé illustre la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche, voué aux supplices infernaux réservés aux luxurieux et aux avares, figurant à la partie inférieure.

Le clocher-porche

Il ne subsiste de l'édifice d'origine que le clocher-porche, fortifié vers 1180. La fortification comporte un chemin de ronde, un parapet crénelé, des archères et une galerie à mâchicoulis.

Le narthex

Le décor des volumineux chapiteaux du narthex, chefs-d'œuvre de composition, fait appel à des motifs végétaux ou animaux, tels ces loups et ces louves dont les têtes viennent se confondre, à l'angle, pour enlever un mouton ou un oiseau dans leur gueule. Ces animaux aux corps tendus, disposés en X sur la face principale, annoncent ceux du trumeau.

La nef de l’église

On pénètre dans le narthex dont la voûte repose sur huit puissantes colonnes engagées à grands chapiteaux très stylisés du XIe et XIIe siècle, soutenant la retombée de quatre nervures en croisée d'ogives.

La nef a conservé une partie de son mobilier, dont une Vierge de Pitié de 1476, une charmante Fuite en Égypte de la fin du XVe siècle, ainsi qu'un admirable Christ roman du 12 siècle, et enfin une Mise au tombeau de 1485. Le chœur est entouré d'une clôture en pierre sculptée, du XVIe siècle, derrière laquelle on a dégagé une abside carolingienne. Stalles du XVIIe siècle. Dans une niche placée sous l'orgue, un sarcophage mérovingien en marbre blanc des Pyrénées.

Elle possède, près du chœur un « document » du plus grand intérêt historique : une plaque de consécration, datée de 1063. Son texte, traduit du latin dit :

« La consécration de cette église le cinq novembre s'honore d'avoir rassemblé ces évêques : pour Auch : Ostinde, pour Lectoure : Raymond, pour le Comminges : Guillaume, pour Agen : Guillaume, pour laBigorre : le bon Héraclius, pour Oloron : Étienne, pour Aire : Pierre, Toulouse : Toi Durand, son protecteur et le nôtre. Foulques, fils de Simon qui fait la loi à Cahors ne fut pas souhaité. C'était 1063 ans après que Dieu eut donné au monde le vénérable enfantement virginal. Pour vous, Ô Christ Dieu, le roi Clovis fonda cette maison. Après lui, Louis le Débonnaire la combla de ses largesses. »

De l'extérieur, on voit apparaître nettement les deux périodes de construction de la nef avec une partie romane (en pierre) et une autre gothique (en brique). La partie romane est constituée du soubassement des murs de la nef et des fenêtres en plein cintre des parties basses. Le reste fut exécuté au XVe siècle, dans le style gothique méridional.

 

Le cloître roman

Une inscription permet de dater le cloître très précisément de 1100. Celui-ci est constitué de quatre galeries charpentées dont les arcades retombent sur une série de colonnettes de marbre.

Orné sur les seules galeries du jardin, la charpente de bois du couvert reposant sur un mur nu. Rythmé par une alternance de colonnettes simples et doubles supportant les arcades de ses quatre galeries, Le cloître a 116 colonnes différentes.

Ses dimensions sont de 31 m sur 27 m.

Ses chapiteaux historiés, sculptés sur quatre faces, chefs-d'œuvre de la sculpture romane, sont particulièrement renommés pour la richesse des thèmes qu'ils illustrent, Genèse, Enfance du Christ, Miracles de saint Benoît, thèmes floraux ou stylisés, de personnages, de végétaux ou d'animaux, d'inspiration orientale. …Ils sont parmi les plus beaux du sud de la France.

Les arcades sont interrompues dans les angles et au centre par des piliers carrés en brique revêtus de plaques de marbre sculptées. Huit d'entre eux, dans les piliers d'angle, représentent des apôtres. Huit des douze apôtres, identifiés par des inscriptions, sont rapprochés deux à deux à chacun des quatre angles : Pierre et Paul au sud-est, Jacques et Jean au nord-est, Philippe et André au nord-ouest, Barthélemy et Matthieu au sud-ouest. Un neuvième apôtre, Simon, est représenté sur le pilier central de la galerie occidentale, côté ouest. Peut-être à l'origine se trouvait-il, avec les trois autres apôtres aujourd'hui manquants, sur les piliers d'un portique qui encadra jusqu'au XVIIIe siècle une belle fontaine à l'angle nord-ouest du préau. Un autre figure Durand de Bredons, premier abbé clunisien de Moissac (1048-1072).

À l'angle Sud-ouest, un escalier conduit à la salle haute, puis au toit d'où l'on découvre une jolie vue, aussi bien sur la ville et, au-delà sur la vallée du Tarn et les coteaux du Moissagais, que sur le cloître lui-même.

 

 

Le cloître

Chapelle Notre-Dame de Lemboulari

À l'est du cloître ont été découverts en 2013 les restes bien conservés d'une chapelle du XIIe siècle, identifiée par la conservatrice du patrimoine de Moissac comme associée à une statue polychrome connue sous le nom de « Notre-Dame de Lemboulari ». Cette découverte viendrait confirmer l'ancrage clunisien du groupe monastique de Moissac.

L'orgue

 

 

L'Abbatiale de Moissac a la chance de posséder un instrument du célèbre facteur d'orgues Aristide Cavaillé-Coll, qui nous est parvenu intact.

L'Abbé Jules Mazarin, alors commendataire du monastère de l’abbatiale, avait des dettes envers l’abbatiale et en 1663, le mandataire du chapitre obtient de Mazarin la somme de 3000 livres. Cette somme permit de financer la construction d’un orgue. En 1665, le syndic du chapitre confie la confection du buffet à Jean Dussault, sculpteur montalbanais, sur les plans de Jean Haou, facteur d‘orgue réalisant la partie instrumentale.

Tout ce qui nous reste de cet orgue construit au milieu du XVIIe siècle est le grand corps du somptueux buffet que nous pouvons admirer aujourd'hui. Le positif dorsal, vide depuis le XIXe  siècle, fut construit au cours du XVIIIe siècle. En 1863, Aristide Cavaillé-Coll obtient le marché pour la reconstruction de l'orgue. Il ne conserve de l'instrument du XVIIe siècle que son somptueux buffet. Tout le reste est refait à neuf. L’instrument possède alors 24 jeux répartis sur 2 claviers de 54 notes et un pédalier de 27 notes. Il est classé monument historique en 1977. Il est restauré par la Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues de Lodève en 1989.

 

 TEXTE DE L’ENCYCLOPEDIE WIKIPEDIA

 

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