PAGE 149: BALADE DE BAYAC (24), POUR VISITER BEAUMONT-DU-PERIGORD MÉDIÉVAL ET SES CHÂTEAUX ROMANTIQUES

 BAYAC-BEAUMONT, LE CIRCUIT DES CHÂTEAUX ROMANTIQUES 

 

La route pour se rendre de Ste Livrade à Bayac.

 

Bayac-Beaumont (24): C'est du parking de ce beau château que mes circuits s'organisent.  (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Plan réalisé par moi-même à main levée, soyez indulgents....  (Plan et photo: Patrick Garcia)

 Comme de coutume, cette balade a pour point de départ le village de Bayac, du parking du château qui se trouve près du cimetière. Je descends la pente, longe la mairie et l’église, au croisement, j’opte pour la droite et juste avant le pont sur la « Couze », sous le château. Je m’engage sur le sentier balisé, en longeant le moulin du «château », en suivant ce beau « tortille »  bordant la « Couze ».

15^ème : J’arrive à un croisement. Si je prends à droite, je remonte vers « Lavergne » en passant sous le »Rocher du Corbeau », l’endroit est sauvage et beau à souhait 

    Je poursuis en face, car je veux admirer une fois de plus, le beau château mi-féodal mi-renaissance, flanqué de nombreuses grosses tours rondes hérissées de toits en poivrières.

   A ma gauche, de petits lacs, des allées de « castine blanche », des cabanons en bois…. Bref tout une infrastructure décorative et du plus bel effet, sur des dizaines d’hectares, montées récemment par le propriétaire fortuné du château de Bannes. Les gens du secteur savent qu’il est passionné de chevaux et de mules de race et que ces chemins de castine ne sont que les  réseaux par lesquels il apprend ces bêtes de valeur à être dressées. Ce chemin carrossable est agréable et il y a même un petit banc de pierre pour s’y reposer, près d’une croix en fer forgé. Je commence à apercevoir le château posé sur des près blancs de givre que l’on supposerait être un blanc manteau de neige ouatée….

BANNES LE MAGNIFIQUE  

   Le soleil darde ses premiers rayons sur les poivrières du fier castel. Enfin, le toit pentu d’une maison de style se précise face à moi, une autre à droite présente une fenêtre à meneaux, et à la bifurcation du sentier, une croix des chemins indique deux dates 1803 et au-dessous, ce me semble 1716.

Bayac-Beaumont (24): La belle croix des chemins, datée de 1716, juste avant l'église de Bannes. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): L'église de Bannes un jour de givre violent. (Photo: Patrick Garcia)

 A  ma gauche le chemin se divise vers la vieille église de Bannes, fermée, comme il se doit, et à droite le « cami » file vers le but de ma balade, le château.

35^ème Enfin, j’y arrive ! En fait, la sente aboutit au portail d’entrée de la belle demeure. D’ici une vue à couper le souffle s’offre à mes yeux enthousiastes...

Ici, je bloque mon chrono pour ne pas trahir le temps de marche final.

 

 Bayac-Beaumont (24): Dès le début de la randonnée, je repasse par Bannes, le Magnifique! (Photo: Patrick Garcia)

 

 Bayac-Beaumont (24): Des machicoulis à profusion, des toits en poivrières.... (Photo: Patrick Garcia)

 

Bayac-Beaumont (24): Ainsi qu'un joli colombier du 16ème... (Photo: Patrick Garcia)

 

 Bayac-Beaumont (24): Le tout sur un éperon rocheux où il s'est lové comme un beau "cèpe". (Photo: Patrick Garcia)

      On ne voit que lui ! Planté comme une couronne d’épines, il domine un rocher  que l’on a taillé à la forme de son soubassement. Des fenêtres à meneaux éclairent et adoucissent l’aspect du castel, mais point trop basses pour donner des facilités à un éventuel assaillant. Partout des canonnières croisent leurs tirs, et des mâchicoulis serrés comme des bandes de mitrailleuses couronnent les coursives. Le puissant châtelet d’entrée supporte le pont levis encore en activité, du moins, à ce qu’il me semble depuis mon poste d’observation. S’il n’est pas imprenable, ce château là doit vendre chèrement sa peau ; et son état de conservation, parfait, atteste qu’il n’a pas eu souvent à montrer sa redoutable puissance de feu.      

     Dans la pâture qui sert d’écrin à la citadelle, un beau pigeonnier de forme ronde, vient parfaire la belle vision d’un ensemble absolument fascinant.

Je descends sur l’asphalte, l’entrée du monument est gardée par une magnifique grille ouvragée… Dans le gazon dru, trois tondeuses automatiques sur batterie, avancent sans bruit, ces engins sont amusants, dès qu’ils rencontrent un obstacle, il tourne de 30 degrés en s’en vont parfaire la coupe sur une autre trajectoire…

Bayac-Beaumont (24): Si les grands admirent les courtines, succès garanti de ces tondeuses autonomes auprès des enfants. (Photo: Patrick Garcia)

Quand la batterie est déchargée, d’eux-mêmes, et où qu’ils soient, ils reviennent sous leurs chargeurs se remettre en capacité d’être à nouveau opérationnels !

    A ma droite, la route qui monte vers le hameau de Bannes, je continue à descendre, je veux faire le tour du nid d’aigle. Au « T », je reste sur le C210, afin de m’en mettre  plein les yeux, je descends presque jusqu’à la grande D660 et sa circulation ininterrompue, et je me retourne pour avoir une vue différente de « Bannes ». Les grosses deux tours rondes me surplombent, munies de leurs mâchicoulis qui n’ont plus rien à projeter sur un éventuel agresseur. C’est incroyable comme la « denture » de corbeaux est serrée, l’espace pour y jeter pierres ou flèches est assez réduit, vue d’ici, à peine 30 cm, mais assez suffisant pour faire dégâts, au sol, quand même !

    Je retourne remonte la petite route, et au « Y », je prends à gauche, vers le moulin de « Surier » et son parc résidentiel, après avoir remis mon chrono en route.

    La petite route est agréable en ce début avril, souvent pluvieux, mais chaud. Les pissenlits ont envahis les près et donnent un manteau jaune d’or à l’herbe drue, la « Couze » murmure au grès des petites retenues.

51^ème  En quelques enjambées, je suis devant l’entrée du « Moulin de Surier » un bel ensemble de détente, avec bungalows, plage et tennis… Dans un endroit charmant, bordé par la nature, encadré qu’il est par de belles et hautes collines.

Bayac-Beaumont (24): Le bel ensemble du "Surier" avant la saison. (Photo: Patrick Garcia)

   Je continue, tandis que les employés s’affairent à préparer la saison qui arrive à grand pas.

Bayac-Beaumont (24): Ici en pleine saison, succès garanti. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Surtout grâce au plan d'eau et au calme du secteur... (Photo: Patrick Garcia)

La route est agréable, pas de pente, pour une fois, partout des primevères, des ornithogales, et de hautes jonquilles… Cette fois-ci, malgré un déficit de soleil, nous sommes bien rentrés dans le printemps. Sur la droite de la route, des départs de sentiers ou de chemins menant à des fermes, les noms sont typiques : « La Crouzille », « Neyrac » ou « Laroque »… Dans le vallon, à gauche, des troupeaux de vaches garonnaises, dont de nombreux « broutards », paissent l’herbe grasse, paisiblement….

Bayac-Beaumont (24): Entre les hautes collines arborées, une petite vallée parsemée de beaux troupeaux. (Photo: Patrick Garcia)

 

Bayac-Beaumont (24): La route vers Beaumont est arborée, florale et si calme... (Photo: Patrick Garcia)

    Je continue sur la même voie, malgré l’invitation de ces petits carreyrous. Encore un « T » où je néglige l’invitation à prendre vers « Lasplate ». Quelques belles maisons bourgeoises avec tourelle…. Je passe le « Pont de Belpech » qui enjambe la « Naussane », un petit riou…

   69^ème   La route principale m’emmène à quelques dizaines de mètres plus loin, où un chemin monte vers le coteau, mais surtout vers un château superbe. L’allée est privée, mais les gens du coin m’ont averti qu’il n’y avait pas à craindre, les lieux sont malheureusement déserts. Comme j’ai ma conscience pour moi et que j’aime ces endroits un peu perdu sous les hêtres, châtaigniers mêlés d’épicéas, je m’engage.

 Bayac-Beaumont (24): A l'entrée de l'allée, les beaux restes d'une ferme de métayer. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Autre vue des bâtiments. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Exceptionnellement, le garde nous a offert le spectacles des anciens pressoirs à huile de noix. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): C'était une des richesses de la propriété, ces pressoirs feraient le bonheur de bien des musées... (Photo: Patrick Garcia)

     Un ensemble d’habitations et de communs m’accueillent dès le départ de la sente. Le style et les matériaux sont admirables, de la belle pierre blonde, des tuiles plates, un peu de brique pour les souches de cheminées et égayer les murs, et du bois pour les huisseries et les ouvertures….

Bayac-Beaumont (24): La belle allée arborée du château du Luzier. (Photo: Patrick Garcia)

    Je continue ma randonnée vers le « château de Luzier », le carreyrou blanc est parfaitement entretenu, bordé à gauche par un muret en pierres sèches, et à droite un petit vallon verdoyant. J’entrevois ce qui me semble une sorte de « bunker » à gauche, où une casemate !  En réalité, les vieux d’ici m’ont appris que les maisons et châteaux de la région ont été bâtis avec la pierre extraite de carrières souterraines, qui plus tard, sont devenues un temps, champignonnières…

 Bayac-Beaumont (24): Ici, les hommes ont débité les collines pour y extraire de quoi bâtir leurs demeures...  (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Aplanies, creusées, transformées en caves et enfin en champignonnières, les colines sont du gruyère. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Restes de vie. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): L'activité champignonnière a laissé des traces. (Photo: Patrick Garcia)

     C’est le cas ici, où le coteau a été débité, ciselé, comme une casemate pour laisser passage au chemin, à droite, faire une terrasse dessus, où, près d’une croix, les villageois et châtelains venaient écouter la messe, tandis que l’intérieur du coteau était creusé habilement jusqu’à en faire une sorte de « blockhaus » que je longe actuellement… Il parait que la pierre est si bonne, qu’il a des carrières souterraines tous les kilomètres, et parfois plus près encore !

   Enfin, j’arrive devant un magnifique portique d’entrée, j’ai trouvé mon château des fées !

Bayac-Beaumont (24): L'entrée"Princière" du castel. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Majestueux sont le portique et les lions qui gardent, immobiles, l'entrée. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Ils ont gardé jalousement la famille d' Antoine de St Exupéry. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): L'auteur du "Petit Prince" a-t-il joué à califourchon sur le dos des lions?  (Photo: Patrick Garcia)

C’est vrai qu’il en impose…. Un petit air « d’Arc Triomphal » avec sur un socle de part et d’autre, des lions couchés qui gardent la demeure. Des colonnes et un attique massif, ce portique d’entrée est exceptionnel, on ne s’attendrait pas à trouver un tel monument perdu dans les bois du Périgord !

Bayac-Beaumont (24): Vue générale de cet immense château caché dans la forêt périgordine. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Notez la belle couleur blonde la pierre! (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Autrefois il y avait des douves pour protéger ce castel du Moyen-âge, rénové au 18ème. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Ce château appartient toujours à la famille de "St Ex." (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Construction de pierres ordonnées romantiquement... (Photo: Patrick Garcia)

    J’avance et suis écrasé par la masse de l’arche, ceux qui ont bâti ça voulaient en imposer…. Mais je ne suis pas au bout de mes surprises. En arrière plan, protégé par cette première ligne dont l’entrée avec son portique est le centre, un château, toujours de la même pierre blonde, en style 18^ème siècle, immense, tout en longueur, avec trois étages et une multitude de hautes fenêtres, toutes identiques, désespérément fermées.

 Bayac-Beaumont (24): La partie "Noble" du château de Luzier. Les "communs" sont en prolongement. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): "Les Communs" commencent à l'aire horizontale... (Photo: Patrick Garcia)

     Ce palais devait abriter une centaine de personnes pour une cinquantaine de salles…. Bref une petite cour au service d’une famille noble. Les gens que j’ai interrogé, natifs du pays, m’ont indiqué qu’il appartenait à la famille d’ « Antoine de St Exupéry », aviateur mort pour la France, disparu en vol le 31 juillet 1944, auteur de plusieurs succès de librairie, « Terre des Hommes », « Courrier Sud », « Vol de Nuit », « Terre des Hommes », « Pilote de Guerre »…. Mais surtout « Le Petit Prince » qui connait un succès international, toujours renouvelé, même de nos jours…

Bayac-Beaumont (24): Antoine de St Exupéry, l'aviateur-poète, qui grandit en partie à Luzier. (Photo: du Net)

 Bayac-Beaumont (24): Son visage est bien connu des collectionneurs de monnaies et billets... (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Lyon a, entre-autres, rendu honneur, au héros et à son "Petit Prince", dont on vient de tirer un film. (Photo: Patrick Garcia)

     Sa famille, issue de la noblesse possède un autre château non loin d’ici, à Bourniquel, il sert aujourd’hui, après bien des transformations, de gites. Mais celui-ci, est de trop ! La propriétaire, serait âgée de 102 ans et vit à Paris chez ses enfants, n’en trouve pas un, qui veuille s’investir pour redonner son lustre au château familial. Il aurait pourtant besoin de quelques travaux, surtout dans ses charpentes, elles commencent à faire le « dos rond » dans certaines parties. Il faut un œil attentif pour s’en rendre compte, mais si l’on n’y prend garde…. Le château souffre et un jour il sera trop tard… 

     Il est pourtant majestueux, avec ses alignements de fenêtres, ses petits carreaux (mon Dieux la femme de ménage !), ses lourdes cheminées, sa façade blonde et géométrique… Le tout est parfaitement mis en valeur par des gazons tondus comme des tapis, des parterres de fleurs parfumées et des épicéas plus que centenaires. Ils mettent l’immense parc dans une douce pénombre après l’aveuglement produit par le monument en plein soleil.

 Bayac-Beaumont (24): Sur la colline arrasée en carrière, un petit autel pour la messe en extérieur. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Ombrelles, canotiers, uniformes flamboyants... Tout c'est évaporé des sentes du parc. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Le joli pigeonnier du château... (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Il était habité au rez-de-chaussée, ici l'évier... (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Là, la cheminée, aujourd'hui bien froide... (Photo: Patrick Garcia)

Je me détache de ce spectacle à contrecœur. J’imagine les messieurs en redingotes et chapeaux hauts de forme, les dames en longues robes froufroutantes, déambulant dans le parc, ombelle à la main, ou recueillis à l’ombre des sapins pour écouter une messe en plein air…

    Mais tout cela a vécu et est certainement finit à jamais. Terminé les longues berlines aux ailes déployées côtoyant les calèches aux chevaux effrayés, terminé la vie grouillante et vive d’une société repliée sur elle-même, à l’abri des regards indiscrets, dans son parc splendide…. Il n’y a plus que des fantômes, des bribes de musique, des ombres diffuses, des squelettes de pierre…

Je relance mon chrono :

    Je remonte à gauche l’allée principale, elle serpente aux travers des épicéas et charmilles, rejoindre une grande ferme « La Grande Borie », qui gérait l’essentiel du domaine à une époque. De là, j’arrive en quelques enjambées, à la D25 Beaumont-Naussannes-Issigeac.

    J’oblique à gauche sur quelques dizaines de mètres.

94^ème Puis à droite, une petite route, doublée d’un chemin de randonnée m’invite à quitter ce grand axe de communication pour une sente plus calme et boisée.

Bayac-Beaumont (24): Au loin Beaumont du P. , en bas, le "Moulin de la Ville", avant, un croisement pédestre. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Le Périgord est "Roi des Chemins", qu'ils soient Jacquaires, de Rocamadour,  ou de randonnées! (Photo: Patrick Garcia)

     Une dérivation vers « Loudat », à droite que j’ignore, je poursuis cet axe réservé aux riverains et randonneurs. Après une courte mais sèche montée, je redescends vers le « Moulin de la Ville », une auberge sur l’emplacement d’un moulin sur le ruisseau « Lugassou ». Avant le ruisseau, un nouvel itinéraire de randonnée s’échappe à gauche, je reste sur le macadam décidé à remonter vers « Beaumont du P. », pour ensuite aller voir la vieille église haut perchée de « Belpech » qui veut dire exactement pareil que « Beaumont » en patois local.

    J’attaque la remontée, une petite côte de 200 mètre à 15% qui me casse les jambes, mais il faut « souffrir » pour apprécier les belles choses qui s’offrent à nous.

Bayac-Beaumont (24): La vue de cette statue annonce l'arrivée sous les remparts de Beaumont. (Photo: Patrick Garcia)

Peu à peu, je vois la (seule) porte fortifiée conservée de « Beaumont », s’avancer vers moi.

95^ème       J’arrive un peu essoufflé face à la belle porte « du Luzier » située sur le Bd « Lucas de Thaney ». Je l’admire longuement, je commenterai ma visite de la ville en fin d’article, pour l’instant, j’oblique à gauche pour suivre l’itinéraire que je me suis tracé.

 Bayac-Beaumont (24): La belle porte du Luzier (Comme le château), seule subsistante. Tourner à gauche pour continuer. (Photo: Patrick Garcia)

   Je longe ce boulevard qui doit être bâti sur les fossés de la ville, j’arrive à une captation de source construite en belle pierre et ou j’entends l’eau chanter, même depuis l’extérieur. Je m’approche et à travers la grille, j’admire le grand couloir voûté ou circule la nappe, l’eau est limpide…

 Bayac-Beaumont (24): Entrée de la captation d'eau de Beaumont. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Des travaux considérables pour un élèment essentiel à la vie. (Photo: Patrick Garcia)

117^ème     J’avance vers mon but, j’arrive à un croisement, à ma droite une stèle honore la mémoire de trois soldats français, apparemment des marins, fusillés ici même par les allemands en 1944. Foutu guerre…

 Bayac-Beaumont (24): Pour aller à ND de Belpech, le sentier passe devant la stèle. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Noms des martyrs. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Juste après tourner à gauche et suivre. (Photo: Patrick Garcia)

    J’oblique à droite 25 mètres sur la D25, puis tout de suite à gauche, une petite route qui descend à une borne de priorité.

 Bayac-Beaumont (24): Sur la route de Belpech, une belle grange. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): d'ici, belle vue sur l'ancien lieu de culte. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Un panneau m'indique que je suis arrivé! (Photo: Patrick Garcia)

« ND de Belpech » se précise face à moi, elle domine comme un moulin à vent, tous les environ, l’endroit est bucolique, même si au-dessus de moi, le balet incessant des poids lourds sur la D660, me rappelle que malgré la campagne et le paysage, la « civilisation » est bien présente, et même prégnante !

128^ème     Enfin j’arrive au but, devant l’entrée de l’accès à l’église. Dans le pays, mes sources m’ont appris que l’église est encore consacrée, qu’il y a deux pèlerinages tous les ans. Je sais même que l’ancien propriétaire avait quelques difficultés avec le voisinage, la municipalité et peut être même avec les responsables locaux du culte… Avec la venue du nouveau couple de propriétaires, l’église a été vendue et les gérants ont offerts au culte, la possibilité d’y célébrer deux messes, ce qui a changé bien des choses. Je sais aussi, que l’ensemble laissé un peu à l’abandon, à retrouvé une nouvelle jeunesse, que le couple à magnifié les lieux et y a ouvert des gites réputés… Autre précision engageante, on m’a certifié qu’ils sont très courtois et accueillant.

Je ne risque rien, je téléphone pour savoir SI je peux m’approcher. On m’accorde avec plaisir cette visite, et je reconnais tout de suite que le couple a su apporter une touche de chaleur à un site beau à l’aspect un peu austère. Une gloriette, des arcades, un gazon tiré à 4 épingles. Un jardin au cordeau où rien ne traine, et pourtant, tout parait ici naturel… Tout cela a dû couter des efforts et de la volonté. Le couple est très sympa, il m’offre la possibilité de rentrer dans l’église, qui semble avoir été très (trop ?) restaurée, au point que je suis un peu dérouté… Si je ne savais pas qu’elle est en partie romane, elle est tellement bien entretenue qu’on la dirait bâtie au siècle dernier, mais ce n’est qu’une impression !

Je bloque mon chrono pour savoir quelle est la durée de marche réelle.

 

Bayac-Beaumont (24): Vue de l'abside, notez qu'ausessus des beaux modillons, elle devient polygonale! (Photo: Patrick Garcia)

 

 Bayac-Beaumont (24): Contemporaine dela construction de Beaumont, portant le même nom (Beau Pech ou Beau Mont), vue latérale d'un monument chargé d'histoire...  (Photo: Patrick Garcia)

 

 Bayac-Beaumont (24): Vue avant, notez près du faitage, cette ouverture qui donne sur le faîtage de la nef. Voir dans le texte. (Photo: Patrick Garcia)

       M. et Mme Alain et Isabelle Le Coz m’expliquent que les propriétaires d’il y a une soixantaine d’années avaient perdu deux de leurs enfants et que la messe d’enterrement avait eu lieu dans la chapelle. Depuis, les parents avaient fait leur maximum pour préserver ces lieux. Mais c’est à l’extérieur que je trouve le plus de plaisir à la contempler. Mon hôte me montre la partie remaniée à moitié nef, elle n’est pas du même appareil que le reste de l’édifice, bâti lui, en moyen appareil, 12 /13^ème siècle. L’entrée est gothique plus récente. Je fais le tour de l’édifice, et je remarque quelque chose de peu banal. L’abside est circulaire jusqu’aux beaux modillons puis elle se poursuit en élévation mais en polygone, sûrement une nouvelle campagne de travaux suite à des destructions. J’en viens à me demander si il n’y avait pas une partie défendue surmontant l’abside, avec des fenêtres très étroites, semblables à des meurtrières. Le clocher avec ses 4 baies pouvait être un poste défensif dominant l’ensemble. Je remarque que la toiture de la nef arrive à mi-hauteur d’une ouverture, peut-être une porte, qui desservait un étage qui aurait pu être le pendant de celui qui domine l’abside. Il y a beaucoup d’églises de la région mises en défense dans ces périodes de guerres religieuses. Les grandes baies gothiques au rez-de-chaussée, n’étant percées que plus tardivement, à un moment où la paix dans les campagnes fut rétablie.

 Bayac-Beaumont (24): Vue d'ensemble des modillons. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Le style du sculpteur est typique et je pense auvoir trouvé une autre église décorée par ses soins. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Imprégniez vous de ces visages et comparez avec la photo ci-dessous. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Notez la ressemblance, je les ai bien étudié, malgré la piétre qualité de la pierre qui se délite, je suis persuadé que c'est le même tailleur de pierre . (Photo: Patrick Garcia)

 

Bayac-Beaumont (24): L'église du hameau de Ste Croix, se trouve à quelques kms de Beaumont. (Photo: Patrick Garcia)

    Quant aux modillons, ils sont assez bien conservés, avec des têtes d’animaux (vache, serpent ( ?) et d’humains, souriants, ou les yeux globuleux, le regard fixe… Enfin il est à noter que trois autres existent, un avec un cylindre, les deux autres sont incomplets. 

    De cet endroit on domine tout à la ronde, je pense, si je ne m’abuse, que l’édifice existait avant la construction de la bastide au 13^ème siècle, en 1272 par le roi d’Angleterre Edouard 1^er.

Bayac-Beaumont (24): intérieur de ND de Belpech. . (Photo: Patrick Garcia)

     Avant de partir, je vais remercier le couple de sa gentillesse, quand la dame m’interpelle :

« Vous savez que nous acceptons le culte à certaines occasions… La prochaine est dans trois jours, pour le lundi de Pâques, à 10h30, peut-être serez vous intéressé ? » J’accepte volontiers pour profiter du beau temps qui s’annonce enfin, un peu de ciel bleu pour mes photos sera le bienvenu, marre de ce ciel laiteux qui affadit tous mes clichés !

Je relance mon chrono bloqué à 128 minutes.

JE DECRIS LA VILLE DE BEAUMONT UN PEU PLUS BAS

    Je reprends mon bâton « de pèlerin » pour retourner à Bayac…

Je retourne à l’embranchement et descend la D25 qui fuie vers « Naussannes ». Je marche sur le talus car cette route est passante.

 Bayac-Beaumont (24): Arrivé par une autre route, je n'avais pas vu ce bel ensemble sur la route d'Issigeac. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Adorables pigeonniers tourelles doubles. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Juste un peu plus bas, quitter la route par le fossé gauche et descendre passer sous ce pont. (Photo: Patrick Garcia)

Au bout de 100 mètres, dans une boucle, un pont routier enjambe un chemin de randonnée qui fut certainement un accès à « Beaumont » dans les anciens temps. Je sais que si j’emprunte ce chemin et que je le descende, je rejoins la petite route que j’ai prise à l’aller, me faisant gagner du temps et surtout de la sécurité !

   Ni une ni deux, je prends le fossé de gauche et suis la sente qui descend ras le pont jusqu’au chemin. Je passe sous le pont et dévale la pente, en une minute je gagne 500 mètres et me retrouve sur la route du moulin de « Surier ».

151^ème      Je suis quasiment au niveau de l’endroit où je l’avais quitté (la route) pour entreprendre l’approche du château de « Luzier » . Le reste de ma  marche est sans encombre…

169^ème      Je repasse devant le parc de villégiature du « Surier » qui s’anime déjà, avec quelques premiers touristes pour ce long week-end pascal. Le lac couleur émeraude avec sa plage de sable blanc et ses futures animations estivales doivent être tentants pour nos chers citadins en quête de nature confortable. Je poursuis, au « T » sous le château de « Bannes », j’oblique à gauche.

185^ème Je suis face à la grille d’entrée, je prends le chemin de randonnée qui monte à gauche vers l’église de « Bannes ». A la croix des chemins, je vire à droite pour reprendre le chemin de randonnée que j’ai suivit à l’aller et rejoindre le parking du château de Bayac.

220^ème Je suis arrivé, au parking du château de Bayac.

En conclusion :

3h40 d’une très belle balade, mi-boisée, mi-macadam, avec 3 châteaux, le beau « Bayac » au départ et à l’arrivé, le magnifique « Bannes » sur le chemin, le romantique « Luzier » près de Beaumont… Ainsi qu’une superbe église, « ND de Belpech » et bien d’autres belles choses ou paysages…

J’ai mis, en marche pure à 4km/heure : 3h40

Soit environ : 15 km à petits pas.

Compter 1,5 heure pour faire des photos et apprécier le paysage, pour la visite de Beaumont, comptez 2 bonnes heures en plus.

Je commenterai ma visite de « Beaumont » juste après.

    VISITE DE BEAUMONT DU PERIGORD

Bayac-Beaumont (24): Beaumont, c'est avant tout une belle bastide fortifiée, même son église est un "bunker"! (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Cadastre de Beaumont tracé sous Napoléon, la partie ville est en encadré à gauche. (Archives du 24)

Bayac-Beaumont (24): Autre vieux plan très ancien avec les noms des rues et des portes des remparts de la ville . (Photo: Patrick Garcia)

     Beaumont du Périgord est une petite ville qui a su garder le charme de son passé, même s’il ne reste rien de ses fortifications, sauf la porte « du Luzier », cette bastide anglaise fondée en 1272 sous le roi d’Angleterre Edouard 1er, est le prototype même de la bastide. Avec ses rues se coupant à angles droits, ses couverts ou cornières, sa place centrale dédiée au commerce, son église sise à un des angles de cette place, elle symbolise les « villes neuves » de cette époque rythmée par les guerres franco-anglaises.

Bayac-Beaumont (24): Beaumont, la bastide typique! . (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Avec ses "couverts" où s'organisait la vie artisanale et commerciale . (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Sa place centrale . (Photo: Patrick Garcia)

         Ces bastides étaient à l’exemple des pions dans un jeu d’échec, autant d’épines dans le jeu d’en face, l’essentiel était d’en avoir le plus, et surtout, les plus puissantes, afin d’avoir le maximum de territoire, donc de richesse pour les suzerains… Il y avait des avantages pour les nouveaux habitants, souvent exonérés de taxes, ou du moins en grande partie, ils pouvaient aussi retrouver une certaine forme de libertés (pour ceux qui étaient serfs de seigneurs-autant dire esclaves-) s’ils venaient se placer à l’abri dans certaines d’entre-elles, mais aussi, ils étaient en sécurité relative derrière les remparts dont la majeure partie des villes nouvelles se dotaient. Cette manière de procéder est intéressante pour les deux parties, les seigneurs ancrent leurs possessions par ces « bastions » sans avoir à payer les garnisons, car souvent, ce sont les habitants qui défendent leur cité, parfois avec l’aide d’hommes en armes payés par la jurade (conseil municipal) de la ville. D’un autre côtés, les nouveaux venus s’affranchissent de la tutelle directe des nobles, souvent esclavagistes, peuvent s’enrichir par un commerce libéré, au toute ou partie des multiples taxes qui pèsent sur le peuple, en plus, cette communauté, derrière ses murs, devient plus à même de résister aux envahisseurs et parfois aux velléités du suzerain même qui à offert les terres, s’il devient trop exigeant. Certaines bastides françaises ou anglaises, changent même de camp en faveur du pouvoir qui leur un maximum d’avantages.

 Bayac-Beaumont (24): Depuis peu, elle a retrouvé sa halle au même endroit. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24):Les rues principales arrivent aux angles de la place principale où se trouve généralement l'église, comme ici . (Photo: Patrick Garcia)

      Donc, Beaumont fait partie de ces villes neuves, ces fameuses bastides symbolisées par des damiers sur le panneau à l’entrée des villes. Certaines sont remarquables ! Monpazier, Domme, Eymet… En Dordogne, Vianne, Villeneuve… en Lot et Garonne. D’autres ont disparues, avortées, certaine ont vivotées et ont malgré tout gardé de belles traces, mais ont démantelées leurs remparts, leur bouclier au cours des âges, le symbole de leur « autonomie ».

 Bayac-Beaumont (24): Des remparts vandalisés à la Révolution, ne reste qu'une porte (Luzier) . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Et quelques tours heureusement sauvées du désastre par la volonté des habitants actuels. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Notez ces jolis murs, mais tellement disparates et remaniés . (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Autre belle vue de la rue "Féliciane" . (Photo: Patrick Garcia)

     C’est ici le cas. Au cours de la promenade, quelques jolis murs en bel appareil, mais tellement mutilés, tellement percés, détruits, remontés, modifiés, fenêtrés… Que, si le charme des vieilles pierres est présent, on a du mal à s’imaginer, comme dans certains lieux, transportés 7 à 800 ans auparavant comme c’est le cas pour Monpazier ou Vianne…

 Bayac-Beaumont (24): L'église est un immense vaisseau de pierres dédié à la défense des habitants. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Partout les archères cruciformes et la passerelle au-dessus du porche permettant défense et circulation. . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): L'arrière possède deux piliers surmontés de guérites défensives. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Et même une bretèche dominant la porte latérale. (Photo: Patrick Garcia)

   Non ce qui fait la richesse et le charme de Beaumont, c’est son église « St Laurent et St Front », fortifiée, mi château fort, mi- lieu de culte, elle en impose, et d’où que l’on regarde, elle nous »guette » du haut de ses créneaux. Ce grand vaisseau de pierre est construit pour le culte, mais avec la possibilité de servir de dernier refuge de « donjon » pour abriter la population en cas d’assaut vainqueur.  Ces deux tours crénelées à l’ouest, dont une a perdu ses mâchicoulis, ainsi que ces deux autres contre-forts-tourelles flanquant le chevet plat, les galeries qui courent sur le haut des murs dans toute sa périmétrie, ses courtines et sa bretèche, ses nombreuses meurtrières, ses salles de garnison…

 Bayac-Beaumont (24): Malgré son austérité, elle recèle bien des "élégances". (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Comme ses belles moulures sur les voussures . (Photo: Patrick Garcia)

   Tout était prévu pour résister un maximum, du moins jusqu’à ce qu’un secours ai le temps d’arriver. Si extérieurement elle n’a pas subi trop de dégâts, c’est à l’intérieur qu’elle a subi les assauts du temps et du vandalisme. En 1810, la voûte s’écroula, du moins en partie. Plutôt que de reconstruire à l’identique, on a démoli ce qui restait pour installer un plafond en plâtre peint… De belles œuvres, comme les clefs de voûtes n’ont été sauvées que par hasard, sur les lieux d’entrepôt des gravats… On en retrouve un bel exemple en rentrant à gauche, sur un portique qui permet d’admirer les statues de la clef de voûte du 13^ème.

 Bayac-Beaumont (24): Statue représentant ND de Belpech . (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Clé de voûte représentant le Christ Nimbé. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Explicatif et donateurs. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Statue de St Front . (Photo: Patrick Garcia)

   Il s’agit de ND de Belpech couronnée et de St Front, premier évêque de Périgueux. Il ne s’agit pas ici de faire un cours sur ce monument, mais de noter les curiosités les plus intéressantes. Par exemple, les culs-de-lampe des nervures sous les tours de défense sont vraiment d’une qualité supérieure à la moyenne.

Bayac-Beaumont (24): Série de culs de lampe du plus bel effet! (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Celui-ci possède des attributs conséquents. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Dragon . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Moine endormi. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): En plein effort . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Encore un dormeur! (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Notez le beau drapé . (Photo: Patrick Garcia)

     On y trouve des dragons, des moines, des lions, des visages, un dormeur et un autre personnage aux parties génitales proéminentes, un jeune homme accroupi contre-poussant avec son dos le poids de l’ogive qu’il supporte, un autre personnage semble étrangement à Jésus et supporte l’ogive avec ses épaules, Un autre personnage est un moine dont les plis de la robe sont superbement reproduits, un autre un beau visage barbu…. Et tout à l’avenant, les portées d’ogives sont toutes décorées ainsi. Au-dessus de « ND de Belpech » et de « St Front », la clé de voûte porte le visage du « Christ », me semble-t-il, cheveux et barbe déployés tels un encadrement de tableau… Outre les différentes chapelles, le chevet plat à la mode anglaise est éclairé par quelques superbes verrières aux couleurs intenses. La nef est unique et comporte 6 travées, 1 pour le chœur, 1 pour le transept et 4 pour la nef.

Bayac-Beaumont (24): Pour survivre en cas de siège, le puits est à l'intérieur. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Restes de peintures polychromes, ici un pèlerin de St Jacques . (Photo: Patrick Garcia)

Un puits est protégé par une vitre épaisse à l’entrée, il permettait aux assiégés de pouvoir tenir le choc, ce qui confirme, s’il le fallait encore, que cet ouvrage était à égalité défensif et cultuel.

 Bayac-Beaumont (24): Magnifique grande verrière . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Tout aussi belle. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Vous l'avez deviné: j'aime les vitraux... (Photo: Patrick Garcia)

    Avec un petit dépliant touristique pour visiter la ville, fournit aimablement par l’office du tourisme situé place centrale, sous les couverts et derrière la reconstruction d’une belle halle en bois, j’attaque la visite de Beaumont, en respectant l’ordre indiqué par le topoguide.

1- La place centrale dont la maison « Laphite » :

 Bayac-Beaumont (24): La maison Laphite à Gauche. (Photo: Patrick Garcia)

         Cette place est superbe, c’est le poumon de la ville. L’été, elle est souvent décorée d’un « velum » de guirlandes en papiers crépon multicolores, tel un immense couvre chef qui agglutines les photographes. Il y avait autrefois une ceinture de maisons à cornières ou de « couverts ». On m’indique que la plus ancienne se nomme la maison « Laphite », contrairement au 6 autres survivantes, elle est montée sur piliers de pierre, mais si elle est moins gracieuse que les cornières ogivales, elle possède de jolis pans de bois. Cette belle place pavée de belles et larges dalles de pierres blondes est agrémentée, depuis un an, d’une halle en bois identique à celle détruite en 1864. Hormis la présence imposante de l’église « St Laurent et St Front », et l’absence de la gracieuse fontaine, on se croirait dans le chœur historique de Villeneuve sur Lot, les mêmes cornières, la même disposition des rues qui aboutissent aux angles afin de ne pas perturber le commerce situé sur la place, les mêmes maisons, le même pavage….

2- La porte du Luzier » 13^ème siècle :

Bayac-Beaumont (24): La porte de Luzier, côté intérieur. (Photo: Patrick Garcia)

C’est la seule des 16 portes fortifiée qui subsiste encore, mais en partie seulement, découronnée, elle a perdu sa tour de défense. Mais en ne cadran que la partie subsistante et la nervure de la herse, le mur crénelé en seconde ligne de défense, la photo est belle…. Dire qu’il y avait 16 bastions de ce type qui délimitaient le cœur de la bastide… Dommage, dommage… On peut remarquer les gonds et l’emplacement de la lourde barre qui permettait de bloquer fermé les vantaux la nuit venue.

3- Les maisons fortifiées :

(Voir plus haut, les diverses vues des maisons fortifiées de la rue Féliciane)

Elles sont situées dans la rue « Féliciane », immédiatement en arrière de la porte du « Luzier », avant la seconde ligne de défense, derrière le rempart, ces maisons avaient un côté de mur aveugle destiné à ajouter une ligne de défense supplémentaire, et à mettre l’assaillant en fâcheuse posture, prisonnier entre rempart et cette ligne de défense redoutable, il pouvait être attaqué sur ses arrière dans la lices et sur l’avant depuis ces maisons fortifiées. Cette ligne défensive avec ses maisons disparates mais anciennes, est tout à fait charmante. Les amateurs de beaux tableaux doivent s’y retrouver nombreux aux beaux jours.

4- La tour de « Bannes » :

Bayac-Beaumont (24): Notez l'archère en croix pâtée. (Photo: Patrick Garcia)

Elle termine cette rue « Féliciane », mais il semble, d’après la doc, qu’elle a été déplacée de 28 mètres à la Révolution, donc l’édifice que nous voyons n’est qu’une reconstruction relativement récente qui sert de presbytère. Elle ajoute du charme, mais à mon goût, a été trop remaniée, même si elle a conservé ses meurtrières.

5-Echoppes médiévales :

 Bayac-Beaumont (24): Bel exemple d'échoppe médiévale. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Notez les supports d'auvent, en fer forgé, comme à Cordes . (Photo: Patrick Garcia)

Elle présente au rez-de-chaussée, 2 baies ogivales du 13^ème, qui exposaient au regard et à la convoitise des passants, les objets mis à la vente.  Mais le plus intéressant est en l’air avec, comme à « Cordes », qui en est le modèle le plus abouti, à l’étages, des fenêtres géminées avec colonne simple dont les pieds droits possèdent un support métallique muni d’un anneau destiné à soutenir un auvent pour protéger la boutique du soleil et des intempéries…

6- Place du « Pisadis » :

Bayac-Beaumont (24): Comme toutes les villes médiévales, Beaumont possède ses "Carreyrous" étroits, ici, celui de l'Abbè Geneste. (Photo: Patrick Garcia)

Lieu où se tenait en hiver, le marché des châtaignes. Le nom est d’origine.

7- La maison de « Montsec » :

 Bayac-Beaumont (24): Belle demeure rue de Monsec, et partant en face, la rue des prisons. (Photo: Patrick Garcia)

Bayac-Beaumont (24): Autre face de cette belle maison. (Photo: Patrick Garcia)

Cette maison imposante fut totalement transformée avant la Révolution pour laisser rentrer le soleil par de nombreuses baies… Moi je préfère la partie intra-muros, qui borde la rue « des Prisons ». Avec da porte cochère, ses meurtrières, ses portes ogivales plus ou moins obturées, son gros appareil, elle nous situe mieux sa physionomie d’origine. Mais c’est presque un petit palais pour un noble local !

8- Place « Vieille » :

En dehors des murs, face au Trésor Public actuel, elle donnait sur 3 portes au sud, à savoir les portes « Ramond », « Vidal » et « porte Sud ».

9- La maison « Chambard » :

 Bayac-Beaumont (24): La maison Chambard . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Et dans son parc, une "gloriette" ainsi qu'une tour. (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Vue de cette antique tour munie d'une archère cruciforme. (Photo: Patrick Garcia)

C’est un des belles maisons bourgeoises de la ville, avec une belle toiture à la « Mansard » et une tour escalier munie d’une des deux belles girouettes à fleurs de lys, qui dominent les toits en tuiles plates… La façade donne sur la rue principale qui passe (en sens unique) sous l’église et depuis le haut de cette rue, belle photo à faire sur la rue et « « St Laurent et St Front » en clôture… Mais ce qui m’a le plus intrigué dans cette belle propriété qui précède un magnifique parc, c’est la belle est gracile tour crénelée, en arrière plan, et dont aucune brochure ne m’indique l’existence ou du moins la raison d’être, si ce n’est défensive, puisqu’elle est crénelée, comme je l’ai précisé plus haut, mais munie d’archères en croix pâtées ! Y avait-il un castel primitif à cet endroit là ?

   Dans cette demeure vécu Léo Testut, un célèbre anatomiste, anthropologue…

10-Rue de la fontaine « Carrière » :

 Bayac-Beaumont (24): Joli toit à la mansarde "aux Dames de la Foy". . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): Beau campanile des "Dames de la Foy" . (Photo: Patrick Garcia)

 Bayac-Beaumont (24): La maison de retraite ex maison des Dames de la Foy. (Photo: Patrick Garcia)

Cette ruelle longeait l’ancien couvent des « Dames de la Foy » (actuelle maison de retraite) pour se terminer aux anciens fossés de la ville. Mais elle se prolongeait par un chemin en direction de la fontaine de « Carrière », qui est aujourd’hui le lavoir municipal.

11- Rue « Renarde » :

Bayac-Beaumont (24): La rue Renarde. (Photo: Patrick Garcia)

Ce « carreyrou » (ruelle ou venelle) qui est parallèle à la rue principale, elle est assez étroite, comme plusieurs autres, mais la place, à cette époque là était chère et ces carreyrous permettaient de circuler aux piétons, mais aussi d’androne, afin que le feu, l’ennemis invisible mais implacable des bourgs du moyen-âge ne se communique pas aux maisons voisines.

12- La Mairie :

Elle fut construite en 1773  grâce aux dons de Louis Ters, le premier maire de Beaumont. Elle servit d’hospice pour les nécessiteux, puis de presbytère aux alentours de 1900, avant de devenir mairie du bourg.

13- Rue du « Barry » :

Une rue aux maisons modestes qui porte le nom du quartier qu’elle traversait. Etroite, peu passante, elle était habitée par des gens peu fortunés.

14-La fenêtre de la maison « Feyt » :

Bayac-Beaumont (24): Maison anglaise aux armes des Lancastre. (Photo: Patrick Garcia)

Levez la tête et admirez cette belle fenêtre renaissance à meneaux du 15^ème siècle. Dans une rue qui est juste sur le côté gauche de l’église, avec de belles maisons typiques en pierre ocre ou blonde, cette fenêtre est malheureusement dénaturée par un câble intempestif qui « zèbre » le cliche d’un si beau monument ! Les culs-de-lampe sont des personnages en plein effort pour soutenir les pieds droits, mais la partie la plus curieuse est sur le linteau, un blason avec 3 roses stylisées. On nous apprend, dans la doc, qu’il serait les armoiries de la maison de « Lancastre », n’oublions pas que la bastide était anglaise….

Ses Vieilles et belles maisons:

 Bayac-Beaumont (24): Quel charme. (Photo: Patrick Garcia)

 

Bayac-Beaumont (24): Dans la rue "Féliciane", cette adorable fenêtre géminée.... (Photo: Patrick Garcia)

 Quant à « Wikipédia », l’encyclopédie nous apprend quelques anecdotes supplémentaires :

       Beaumont-du-Périgord est au départ une bastide anglaise fondée en 1272 par le sénéchal de Guyenne Lucas de Thanay au nom du roi d'Angleterre, Edouard I^er. Elle a été fondée sur des terres données par le prieur de Saint-Avit-Sénieur, l'abbé de Cadouin, et par le seigneur de Biron.

         La première mention écrite connue du lieu, tardive, remonte à l'an 1286 sous la forme villa Bellis monti². Le 15 novembre de cette même année, le roi Edouard I^er accorde une charte à la ville de Beaumont. Une lettre du roi datée de 1289 autorise les consuls à construire une halle sur le côté sud de la place des Cornières. Cette halle est dessinée sur le cadastre de 1840. Elle a été détruite pour cause de vétusté en 1864.

   La ville est construite suivant un plan de rues droites se coupant à angles droits. La place centrale est entourée de cornières. Elle a un plan presque rectangulaire mesurant, dans l'enceinte, 338 mètres par 137 mètres. Chaque côté de la place comprenait quatre maisons dont le premier étage s'avance sur la place grâce à des piliers formant des porches ou cornières.

     L'enceinte de la ville est construite en 1320. C'est vers 1330-1350 que commence la construction de l'église Saint-Laurent-et-Saint-Front placée à côté de l'angle nord-est de la place centrale.

La ville est prise en 1442 par Pierre de Beaufort, vicomte de Turenne.

Louis XI confirme en 1461 la charte aux habitants de la bastide.

     En 1561, premier siège de la bastide par les Huguenots.

Deuxième siège de la bastide par les Protestants en 1575.

Troisième siège de la bastide en 1576. La ville est finalement prise le 5 février 1576, par les Protestants commandés par le capitaine Camppagnac de Rufen. Après la signature d'un traité de paix, la ville revient aux Catholiques.

     Au XVIII^e siècle, la ville perd ses remparts. Le mur d'enceinte est vendu aux riverains qui l'abattent ou y adossent leurs maisons. Il n'en reste que la porte de Luziès, des parties de murs et une tour.

Quatrième siège de la ville et sa prise le 13 novembre 1585 par le capitaine huguenot Panissaut.

En 1596, le roi Henri IV cède ses droits et revenus sur le comté de Beaumont. Mécontentement des habitants.

Les Beaumontois rachètent en 1605 cette aliénation au profit du roi.

En 1643, les droits et revenus du comté sont cédés pour 3 780 livres au nom du roi Louis XIV au sieur Jean-Jacques de Bergues. Les Beaumontois rachètent de nouveau cette aliénation.

En 1643, la seigneurie de Beaumont est donnée en engagement par le roi Louis XIII, pour la somme de 7 563 livres, au duc de Bouillon, qui a possédé la ville et le comté de Beaumont comme engagiste du roi.

     Le 20 mars 1651, le roi Louis XIV, « pour le bien de son état et pour mettre à couvert la frontière de Champagne, suivant la résolution du défunt roy son père Louis XIII » a acquis les principautés de Sedan et de Raucourt avec toutes leurs appartenances et dépendances en échange d'un grand nombre de territoires, dont la ville et le comté de Beaumont⁶.

En 1707 commence la construction du couvent des Dames de la Foy. Il ne sera terminé qu'après 1740.

Jusqu'en 1733, le comté de Beaumont fait partie des biens de la famille de Beaumont. En 1733, la duchesse de Bouillon vend le comté de Beaumont au président d'Augeard.

En 1763, Jean de Paty, seigneur de Lusies, achète le comté de Beaumont à la veuve d'Augeard pour 20 000 livres.

Entre 1763 et 1782, plusieurs conflits vont exister entre Jean de Paty et Charles de Montsec, I^er consul de la ville de Beaumont.

En 1782, Jacques de Belerd devient I^er consul, assisté de Louis Ters et des sieurs Redon et Tinet.

Un hôpital est construit à partir de 1789, mais le second étage est resté inachevé.

En 1790, la commune de Bannes fusionne avec celle de Beaumont.

Avant le décret du 1^er février 2001, la commune s'appelait Beaumont.

De son passé de bastide, Beaumont-du-Périgord a gardé de nombreuses traces. Pierre Garrigou-Grandchamp, dans son article sur "L'architecture domestique des bastides périgourdines aux XIII^e et XV^e siècles" (p. 64-66, Congrès archéologique de France, Monuments en Périgord, 1979, Société Française d'Archéologie) décrit succinctement 43 maisons construites pendant ces siècles et dont on peut encore trouver des traces malgré les reconstructions.

En dehors des sept maisons à cornières qui subsistent sur la place centrale, actuelle place Jean-Moulin, un ensemble de maisons peut se voir entre les rues Ratier et Féliciane. Ces dernières maisons se découvrent le long de la rue Féliciane avec des façades en mur-pignon qui peut laisser penser qu'elles pouvaient jouer le rôle de deuxième défense après les remparts dont elles sont séparées par les lices. Sur la rue Ratier, certaines ont conservé au rez-de-chaussée les baies ogivales qui permettaient leurs activités commerciales.

• Église Saint-Laurent-et-Saint-Front du XIII^e siècle et XIVe, classée.
• Couvent des Dames de la Foi, actuelle maison de retraite, construite à partir de 1707. La chapelle est ouverte en 1712, mais le bâtiment n'est terminé qu'en 1740. Pour permettre l'achèvement des travaux, la fondatrice, Mademoiselle de Lagorce, a acheté une partie de l'enceinte de la ville.

• Ancien hôpital, actuellement, la mairie : C'est en 1771 que l'abbé Geneste acquiert une maison au "puissant seigneur" messire Jean Jérosme de Saint-Hilaire, chevalier, seigneur dudit Saint-Hilaire et de Ferrière,

Louis XV donne des lettres patentes pour l'Hospice de Beaumont en 1772,

L'abbé Geneste lègue sa maison à l'hospice de Beaumont en 1773,

En 1778, Louis Ters, maître en chirurgie, premier consul de Beaumont entreprend la construction du nouvel hospice,

L'hospice est ouvert au début de 1789 alors que le second étage est non achevé. La chapelle qui devait être construite contre le mur nord ne l'a pas été. Il fonctionne grâce à une donation faite par 22 donateurs de 33 799 livres qui donne une rente annuelle de 1 689 livres.

En 1818, l'hospice est déplacé dans l'ancien couvent des Dames e la Foi, actuelle maison de retraite. On installe alors dans le bâtiment :

- côté nord : la mairie, l'école, la justice et une prison,

- côté sud : le logement pour l'instituteur, puis, après 1840, le presbytère.

Une nouvelle porte donnant accès au couloir de la mairie est ouverte en 1840.

• Porte de Luzier ou de Lusies, fin XIII^e - début XIV^e siècles, seule porte subsistante des fortifications de la ville. Une tour peut se voir au nord-ouest. Des traces de l'enceinte sont visibles dans les murs de certaines maisons.
• Cimetière mérovingien dont plusieurs tombes sont composées de sarcophages en pierre. Certains sont visibles depuis la route qui mène de la D25 au Moulin de la justice (lieu-dit Capy)

 PATRICK GARCIA