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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
12 février 2018

PAGE 192: SAINTE ÉNIMIE (48), LA BIEN-HEUREUSE CITÉ MÉDIÉVALE DE LA LOZÈRE

 

 GORGES DU TARN PANORAMA POUGNADOIRES 959

    Par un jour de soleil lumineux et par un ciel azuré, je quitte le causse de Mende, pour me rendre sur le causse Méjean, en longeant les précipices qui ourlent les Gorges du Tarn. Tout au long de la quarantaine de kms, le spectacle est sublime. Le Causse de Sauveterre fait partie du « Parc des Cévennes et des Grands Causses ».

    Je suis cette route à lacets qui monte indéfiniment, nous livrant au fur et à mesure, des spectacles inoubliables, des gorges insondables et des univers de « colorados »…. L’asphalte batifole au milieu des pâtures entremêlées de forêts d’épicéas, tandis que la faille où ruisselle le Tarn parait de plus en plus vertigineuse. Nous sommes ici aussi dans l’aire de collecte du lait de brebis qui alimentent les caves de Roquefort. Car ici, c’est un pays de moutons…. Les fermes caussenardes sont magnifiques en pierres sèches, des murs aux toits en passant par les granges et pigeonniers… Pour les plus grandes, des bâtiments modernes sont placés un peu à l’écart des bâtiments traditionnels, histoire de ne pas dénaturer la « carte postale »…

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Magnifiques gorges au "Cirque de Pougnadoires": (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Magnifiques gorges au "Cirque de Pougnadoires": (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Magnifiques gorges au "Cirque de Pougnadoires": (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Magnifiques gorges au "Cirque de Pougnadoires": (Photo: Patrick Garcia) 

    A un moment, un petit parking, en bordure de ravin, m’invite. Une fois garé, c’est un paradis visuel ! Un panneau m’indique que je surplombe les « Gorges du Tarn » et que le panorama qui est sous mes yeux est celui du « Cirque de Pougnadoires », du nom du mignon petit village qui se situe tout au fond du ravin, les pieds dans l’eau du Tarn. Mon GPS m’indique que je suis à 900m d’altitude, les montagnes sont rongées depuis par des millénaires par une petite rivière aux eaux turquoises qui semble, vu d’ici, totalement endormie… Les montagnes alentours sont pelées et recouvertes d’une petite végétation, mi maquis, mi steppe…

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Depuis le haut de la falaise, et au super télé-objectif, le petit village de St Chély du Tarn, niché plusieurs centaines de mètres plus bas léché par les eaux turquoises duTarn . (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Ici, autre village de fond de gorge, "Castelbouc".  (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: buron-grange en haut des gorges de Pougnadoires. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Superbe édifice au toit de lauzes, accroché à la falaise au charme évident. (Photo: Patrick Garcia) 

     Devant mon « Pépère », une grangette au toit de lauzes, charmant édifice cramponné au-dessus du vide. Ce petit bout d’histoire rurale est magnifique et doit être conservé ! Raccourci de la vie et des époques, cette grangette où ce buron d’un autre âge, sert aussi de support à la boite postale pour les fermes invisibles, disséminées alentour…

     Je repars, maintenant la route descend, doucement, mais sûrement… Parfois étroite, parfois plus large, le « bracelet turquoise » se rapproche de plus en plus… Je traverse des chaos de pierres ocrées, blondes, ou presque rouges qui, avec l’herbe de plus en plus grasse et le ciel azuré, donnent des feux d’artifices de couleurs qui m’émerveillent au plus haut point…

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Le trajet Ste Livrade (47) - Ste Enimie (48)

    Dernier coup au cœur de la matinée, l’arrivée au « point de vue » sur Ste Enimie, comme on dit le coin du photographe. La cité médiévale s’étage depuis la grève de la rivière d’un bleu tirant sur le vert. Le village s’élève mollement entre deux monts d’un cirque enserrant et dominant le bourg.

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Le village vu du"coin du photographe". (Photo: Patrick Garcia) 

PLAN STE ENIMIE DU NET ENTIER

 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: plan de la ville et de ses "curiosités". (Photo: Patrick Garcia) 

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Petite plage sous la ville, en bordure du parking. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Le Tarn à Ste Enimie. (Photo: Patrick Garcia) 

      Je finis par aller me garer en bordure de l’eau, sur le parking longeant le Tarn. Il y a foule ! Voitures, motos, campings cars sont « empilés »au mieux sur les moindre places disponibles, certains stationnent même sur la plage de graviers… Il est vrai qu’en ce mois d’avril 2017, il fait une saine chaleur et un soleil de plomb et ce sont les vacances scolaires… Ce parking est bordé par la « Rue Principale » sorte de grande ceinture de magasins de colifichets, souvenirs et cartes postales… On se croirait à Lourdes, cet affligeant spectacle gâche un peu le si joli tableau. On y trouve des « faux Laguioles » « vrai contrefaçons » venus de Chine, pour quelques euros, des vrais, aussi, des pelisses de berger, des bâtons de marche vernis, ou fumés, des boules enneigées, des puzzles, …. Bref, tout ce dont j’ai horreur !

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Vue des remparts en face l'O.T. et retour de la promenade à travers la cité. (Photo: Patrick Garcia) 

     Heureusement, le jeune homme de l’O.T. (l’O.T. est à 30 mètres à gauche du Pont sur la rivière, quand on arrive de Millau et sur la route de Mende) est très compétent  et comprend très vite ce qui m’intéresse  et me donne les plans nécessaires à la visite du site et causses alentours.

   Ste Enimie est bâtie sur une éminence et la visite se fait du bas vers le haut, entrecoupée de tables d’interprétation qui rendent compte de chaque curiosité, la commente de manière simple afin de mieux apprécier la visite.

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: ND du Gourg. (Photo: Patrick Garcia) 

    J’attaque la montée, qui débute juste en face de l’O.T. et la première rencontre est « La Place de L’Eglise », « ND du Gourg », de style roman tardif, fin 13ème, début 14ème avec quelques beaux mobiliers religieux classés et miraculeusement épargnés par la Révolution. On y voit, notamment une Pietà, un Ecce Homo, une Ste Anne en Prière du 15ème, une statue polychrome de Ste Enimie, un Christ en Croix de toute beauté du 17ème et de nombreuses peintures, dont une magnifique dans la chapelle du Rosaire avec son retable du 18ème

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Sur cette petite Pietà, du XV°,  la Vierge possède un village très torturé. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: L'Ecce Homo  émouvant de ND du Gourg. (Photo: Patrick Garcia) 

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Une belle Ste Anne, du 15° siècle. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Vierge à l'Enfant, du 15° siècle. (Photo: Patrick Garcia) 

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: La statue de Ste Enimie. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Le Choeur roman de ND. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Superbe Christ en Croix du 17° siècle. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Chapelle du Rosaire et son retable du 18°siècle. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Nef romane de ND du Gourg. (Photo: Patrick Garcia) 

     Cet édifice, inscrit au titre de M.H. depuis 1985 possède un nom (Gourg), qui vient de « Gurges », signifiant tourbillon d’eau, gouffre, qui pourrait avoir un lien avec le gouffre de la source de « Burle » dite miraculeuse. L’entrée de l’église se fait par un portail roman à deux voussures, percée dans la façade ouest. Jusqu’au début du siècle, cette porte permettait l’accès au cimetière, situé, à l’origine, sur l’actuelle place de l’Eglise. L’entrée principale était alors dans la première chapelle sud.

L’architecture intérieure présente une nef primitive de 3 travées régulières, voûtées en berceau plein cintre. Son chœur pentagonal est voûté en cul de four. Elle compte 5 chapelles. Petite anecdote, son clocher fut rehaussé 2 fois car tous les habitants du village n’entendaient pas l’appel des cloches.

    Je continue ma visite, plusieurs points sont intéressants. Je vais les suivre et les commenter au fur et à mesure de leur rencontre. Les rues du village sont conservées comme au moyen-âge, en pavages de galets du Tarn parcourues de grandes bandes de plaques de pierres, un peu comme des trottoirs. Les murs des belles maisons sont  superbes et les couleurs des huisseries, déjà méditerranéennes, bleus pastels, ocres ou marron…

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: La "place au Beurre" un point névralgique de la cité, avec ses belles maisons à colombages. (Photo: Patrick Garcia) 

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Impasse près de la "Place au Beurre". (Photo: Patrick Garcia) 

      J’arrive à la « Place au Beurre ». Cette place, les jours de marché, était exclusivement réservée aux paysannes. Elles y négociaient leur production, notamment le beurre de brebis. Aujourd’hui, ce beurre est fabriqué à Roquefort sur Soulzon, d’une grande finesse, il ne se cuit pas et accompagne à merveille les fromages de brebis.

    La demeure médiévale, à double encorbellement, de la fin du Moyen Âge, permettait ainsi de gagner de l’espace à chaque étage et de diminuer les impôts au sol. Afin d’assurer la solidité de l’ensemble, les vides de charpente en bois étaient comblés avec des roches poreuses légères issues des dépôts calcaires, nous appelons çà « le Tuffau », d’autres « Tuff »…

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Les belles maisons à colombages et tuffau de la cité médiévale. (Photo: Patrick Garcia) 

      En dehors de quelques rares maisons, le bois d’œuvre était rare et l’on craignait les incendies, le seul point d’eau étant le Tarn. La ruelle de droite descend jusqu’à la « place aux Oules », mot occitan désignant marmites ou poterie. Les potiers de « Banassac », près de « La Canourgue » venaient exposer et proposer leurs ustensiles alimentaires. Par la suite, le boucher du village utilisa cette place pour la « tue-cochon », comme en témoignent les crochets et la meule à affuter les couteaux. Cette coutume prit fin avec la loi de 1960 qui obligea les animaux à passer par les abattoirs.

    Le rez de chaussée de cette belle maison à pans de bois a sacrifié lui aussi à la mode du tourisme qui fait vivre le bourg, la porte gothique permet d’entrer dans un magasin de cuirs et la vitrine est à présent un bel étal de colifichets à base de peaux.

     Je continue ma lente progression vers les hauteurs du village. Ma curiosité suivante est : « La Halle aux Blé ».

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Secteur de la Place au Blé. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Sous la halle, la mesure à grains par qui toutes transactions et impôts sur les ventes passaient.  (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Dans l'oeil de la mesure à grains, les ruelles pavées de Ste Enimie. (Photo: Patrick Garcia) 

 Cette place, exclusivement réservée aux hommes, était le lieu d’échange et plus tard  de vente de nombreux produits agricoles. On y échangeait les céréales poussant sur les causses contre vins, fruits, et huile de noix produits dans les gorges. Comme dans beaucoup de halle, il y a encore une mesure à grain en pierre qui, autrefois, était située au centre de la place. Sa contenance est de 5 litres. On distingue encore sur le devant, les gonds de l’ancien clapet de fermeture ainsi que les crochets servant à retenir le sac de récupération du grain.

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Au détour des ruelles escarpées de la cité. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Au détour des ruelles escarpées de la cité. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Au détour des ruelles escarpées de la cité. (Photo: Patrick Garcia) 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Au détour des ruelles escarpées de la cité. (Photo: Patrick Garcia) 

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Belle porte ouvragée . (Photo: Patrick Garcia)

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Curieux porte-bonheur. (Photo: Patrick Garcia) 

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Au détour des ruelles escarpées de la cité. (Photo: Patrick Garcia) 

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Au détour des ruelles escarpées de la cité. (Photo: Patrick Garcia) 

     Le prieur de l’abbaye prenait sur chaque cartal (généralement 68 à 70 litres) de blé, d’orge et d’avoine, une mesure « généreuse »…. Sur l’arche centrale sont inscrites les armoiries  de Diane de Poitiers, dont la lignée possédait la baronnie de Florac, dont le fief s’étendait jusqu’à Ste Enimie. Depuis, ces armoiries font partie du blason de la commune.

  Je poursuis ma montée, je me trouve devant un beau point de vue sur les « Faïsses ».

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Un bel exemple de Faïsses, ces terrasses qui permettent de cultiver en pente, ainsi que de sauvegarder en place la terre meuble. (Photo du Net)

 Les « Faïsses » sont des terrasses qui permettent d’exploiter les versants accidentés des montagnes. Le plan incliné des parcelles ou « plonquettes » en Occitan, permet de capter un maximum de soleil. Soutenues par des murets en pierres sèches (sans liant), elles étaient plantées selon leur exposition, de légumes, de vignes ou d’arbres fruitiers (chênes truffiers, amandiers, pêches, noyers). Les pierres des murets étaient prélevées sur place, dégageant ainsi le sol du surplus des cailloux.

   Travail harassant, la terre glisse régulièrement vers le bas de la pente, et faut donc la remonter à dos d’homme ! Le phylloxéra pour la vigne, et l’impossibilité  de mécaniser ces jardins en terrasse ont fait rendre l’âme à la culture sur ses terrasses.

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Diverses échoppes artisanales de Ste Enimie. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Diverses échoppes artisanales de Ste Enimie. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Diverses échoppes artisanales de Ste Enimie. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Diverses échoppes artisanales de Ste Enimie. Trace de de fumées sur le linteau daté de 1764. (Photo: Patrick Garcia)

       Un peu plus haut, je passe devant une belle échoppe, le magasin caractéristique du Moyen-Âge à la Renaissance. Sur le plein cintre, une date, 1764.

« Les Échoppes » sont les boutiques de l’époque, fabriques, ou lieu d’exposition et de vente de marchandises, elles possèdent en plus un logis à l’étage. L’échoppe a une ouverture en plein cintre, comportant une porte à un vantail et une baie de petite dimension, afin de préserver du froid en l’absence vitrail. Le volet s’ouvrait vers le haut, en guise d’auvent ou vers le bas pour servir de comptoir.

    L’étal en pierre conservé, servait à exposer les marchandises, débordant sur la chaussée. Une enseigne perpendiculaire à la rue, mentionne la corporation à laquelle appartient l’artisan. Le dernier artisan connu ici était un cordonnier.

    Il existait, comme partout, une multitude de métiers, fixes ou ambulants. La rue s’animait dès le matin par le passage des colporteurs, le cri des bonimenteurs et l’activité des boutiquiers.

     Un peu plus loin, sur une maison à colombages aux murs noircis, cela pourrait être dû à un incendie ou bien un enfumage afin de chasser  et éviter les épizooties de peste ou de choléra qui, justement épargnèrent la cité de 1721 à 1723, période où la peste noire fit de gros ravages dans la région.

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: "Rue Privadenche", maison à colombages avec entrée décorées de "Cardabelles" protectrices et servant de baromètre. (Photo: Patrick Garcia)

 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: "Rue Privadenche", maison à colombages avec entrée décorées de "Cardabelles" protectrices et servant de baromètre. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: "Rue Privadenche", maison à colombages avec entrée décorées de "Cardabelles" protectrices et servant de baromètre. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: "Rue Privadenche", maison à colombages avec entrée décorées de "Cardabelles" protectrices et servant de baromètre. (Photo: Patrick Garcia)

      Mais la particularité de cette maison, comme de bien d’autres dans la région, ce sont les trois têtes de chardons à feuilles d’acanthes, que l’on nomme aussi « carlines » ou « cardabelles ». Cette fleur, désormais protégée est considérée comme baromètre, mais aussi aurait la propriété de chasser les mauvais esprits. Souvent recherché et cueilli pour son aspect très décoratif, ce chardon sert de baromètre : la plante voit son capitule se refermer à l'approche du mauvais temps. Le capitule se conserve séché et est souvent accroché aux portes des maisons de certains villages, en guise de porte-bonheur et de protection. La cardabelle est en voie de disparition et est désormais protégée. Autrefois, on mangeait son cœur comestible, ses feuilles épineuses servaient à carder la laine des moutons, sa racine était considérée comme le remède  de nombreux maux et maladies.

 Les maisons cévenoles sont souvent décorées par ces fleurs de « carlines », j’en ai vu de très nombreuses un peu partout…

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Dans ce bourg perché, il y a de nombreux passages couverts faciles à défendre.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Nouvel exemple, notez la brillance du pavage lustré par le passage des gens. (Photo: Patrick Garcia)

     Dans ce bourg pyramidal, il ya de nombreux passages sous maisons, avec des pavés luisants, comme cirés par les pieds des visiteurs. Au faîte de l’oppidum, j’arrive devant les restes de l’abbaye.

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Cet escalier mène  à l'entrée de la salle capitulaire dont on voit la fenêtre romane, au-dessus de la porte. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Fenêtre romane de la salle capitulaire. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Bâtiments conventuels transformés en école. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: La salle capitulaire, fut aussi réfectoire, une des seules parties non vandalisée. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Beau chapiteau roman avec un humain écartant les feuillages. (Photo: Patrick Garcia)

   Tellement massacrée, qu’elle est méconnaissable, tellement violée que nombreuses maisons sont bâties sur cette carrière ancestrale, une seconde vie pour ce guide de la spiritualité qui perdure dans les génoises, linteaux de portes, ou murs qui abritent les enfants de Ste Enimie. Malgré tout, reste une belle salle capitulaire, un beau vaisseau roman supporté par d’épais arcs doubleaux pleins cintres viennent s’appuyer sur des chapiteaux et des colonnes engagées. S’ils sont assez dégradés, leurs motifs relèvent du végétal, dont un avec une tête humaine. Plusieurs fenêtres dont une avec un « coussiège », un banc pour pouvoir lire ou écrire sur une « liseuse » qui vient s’incruster dans une saignée que l’on voit encore dans le mur. Ce système permettait de pouvoir remplir ses devoirs épistolaires, éclairé convenablement par la fenêtre bien exposée.

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Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Fenêtre (à gauche) avec poste de tir à l'arc, à gauche, et fenêtre avec coussiège et écritoir à droite. (Photo: Patrick Garcia)

 

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Assis sur le coussiège, le moine copiste ou lecteur, n'avait plus qu'à enfiler une liseuse dans la fente pour être confortablement installé et officier. (Photo: Patrick Garcia)

     Cette « salle capitulaire », nommée aussi « réfectoire » mesure 24 mètres de long sur 6 de large et 14 de haut. Elle est composée de 4 travées supportées par des arcs doubleaux, et est éclairée par 4 baies en plein cintre. Outre les moines, cette pièce accueillait également les pèlerins et les voyageurs de passage pour qu’ils se restaurent. Sous cette pièce, une cave, appelée « crypte », servait à stocker vivres et denrées ainsi que le vin et l’eau potable. Comme la « salle Capitulaire-Réfectoire », elle est composée de 4 travées supportées par arcs doubleaux, avec de fines meurtrières dans le mur nord qui permettaient, au besoin, de s’en servir de poste défensif.

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Vers la rue de la Combe. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Aboutissement de la rue de la Combe sur le boulevard du tour de ville. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Jolie maison caussenarde. (Photo: Patrick Garcia)

          Je sors de ces restes d’abbaye pour redescendre parmi les ruelles et aboutir « rue de la Combe », que je redescends jusqu’à croiser et prendre à ma droite, la « rue Basse ».  C’est l’ancienne rue principale de la cité médiévale, là où se regroupaient les principaux commerces. Autrefois, cette rue bordée de commerce  était la route qui reliait Florac à Ste Enimie. Deux passages voûtés (sous maisons) permettent l’accès au haut du village.  Dès le 16ème siècle, les maisons de gauche  se construisent pour bénéficier de l’emplacement idéal. La vie s’anime autour du « Foirail », place typique dans le sud de la France, endroit où se déroulent les marchés, les foires et toutes les manifestations importantes. L’actuel parking de la gravière sur les bords du Tarn était réservé aux jardins. Avec les temps modernes, et la voiture, une route plus large va être construite en parallèle, ce qui va modifier, petit à petit, l’aménagement et l’orientation des échoppes. Beaucoup de ces maisons ont deux entrées, la première donnant sur la « rue Basse », l’autre  tournée vers la nouvelle départementale, côté où va se concentrer désormais, toutes les boutiques tournées vers le commerce, surtout touristique.

     Après un pique-nique  salvateur suite à ces émotions, mais aussi aux rues pentues de la cité, j’entreprends le plus facile, mais aussi le plus énigmatique, la visite de la toute proche source de la « Burle », celle qui soigna et guérit la sainte qui a donné son nom au bourg.

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Petit hommage à l'ouvrage d'art qui permettait échanges, transhumances et pèlerinages. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Destinations à partir du Pont de St Enimie. (Photo: Patrick Garcia)

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Le pont sur le Tarn, le parking sur les berges,  et le village dominé par son abbaye. (Photo O.T. Lozère)

 La source de « Burle », dite miraculeuse, est au cœur de la légende de Sainte Énimie. Selon elle, la jeune princesse mérovingienne, atteinte de la lèpre, s’y baigna par trois fois, fut guérie et comprit que son sort était lié aux rives du Tarn. Elle s’installa et fonda un petit monastère d’hommes et de femmes.

    La source de « Burle » prend ainsi une importance capitale dans le développement du monastère et du lieu-dit Burlatis, aujourd’hui Sainte Énimie. Chargée en sels de cuivre qui lui donne cette couleur bleue si particulière, la vertu principale de cette eau est de soigner les maladies de peau des gens et des bêtes (la teigne en particulier).

    Selon la tradition, un simple linge imbibé de cette eau, suffirait à soulager l’eczéma et autres dermites.

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Face au pont sur le Tarn, l'arrivée du ruisseau né de la résurgence de la source de Burle. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Les eaux cristallines et turquoises de la source de Burle.  (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Elle parait peut profonde... Mais pas moins de 7 mètres à son point le plus profond! (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: La source, dite miraculeuse, où Sainte Enimie fut guérie de sa maladie. (Photo: Patrick Garcia)

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 Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère:  (Photo: Patrick Garcia)

     De type vauclusien, la source jaillissait pendant les crues, formant de gros remous. En 1934, un système de captage a été installé afin de fournir le village en eau potable. Jusqu’à ce jour, aucun géologue n’a pu localiser l’origine exacte de la source. La clarté du bassin, est trompeuse, en son milieu, la profondeur  du bassin est d’au moins 7 mètres, alors qu’elle ne parait dépasser 1 à 2 mètres, si pure qu’elle est….

     Je longe donc le ruisseau qui vient déboucher dans le « Tarn » au niveau du pont, l’endroit est bucolique. En deux cent mètres j’y suis. Un large bassin ou cavité rempli d’eau translucide et vert émeraude, la voici, où se prélassent truites ou saumons de fontaine…. Autour de moi, des scouts, des touristes, viennent défiler autour de la source « miraculeuse ». Certains, assez nombreux, descendent le long de la source pour emplir quelques fioles ou bouteilles de cette eau qui viendra le réconforter où le guérir…

   Décidément, depuis 1 000 ans, rien n’a changé, les gens sont toujours sous le charme…

   PATRICK GARCIA

GORGES DU TARN PANORAMA POUGNADOIRES 959

 

QUI ETAIT SAINTE ÉNIMIE ?

     Vers la fin du VI siècle après J C Clotaire 2, roi des Francs, règne sur une lointaine contrée du nord du Pays. Le souverain a deux enfants: une fille Enimie et un fils, Dagobert. L’éclatante beauté de la jeune princesse mérovingienne suscite bien des convoitises parmi les nobles du Royaume. Mais la vertueuse princesse, mariée à Dieu, refuse fermement les prétendants que son père lui pose. A la veille de son mariage, désespérée, Enimie implore Dieu de lui venir en aide. Son vœu ? Empêcher cette union, conserver sa pureté, et se consacrer entièrement au seigneur. Dieu l’exauce, et lui inflige une terrible maladie qui ternit à jamais sa beauté : la lèpre!
   Défigurée, malade, mais débarrassée de ses prétendants, Enimie continue à faire le bien. Cependant, devant le désarroi et les remords de ses parents, face à cette maladie qu’aucun médecin ne peut guérir, la jeune princesse implore à nouveau l’aide de Dieu afin de recouvrer sa beauté. Un ange messager apparait et lui dit : «  rends-toi avec ton escorte dans cette lointaine province du Gévaudan dans un lieu appelé « Burtatis ». Les bergers te guideront vers une source naturelle, Burle, dont l’eau guérira les plaies de ton corps. Notre princesse et son escorte se mettent en route. Le chemin est long et pénible. Le cortège royal atteint enfin Burlatis. Enimie baigne son corps meurtri dans l’eau froide et bleue de la source Burle et, miracle, elle guérit. Sur le chemin du retour, le mal reprend. Ce n’est qu’après un troisième bain, qu’elle comprend sa mission: rester pour l’éternité dans cette contrée reculée pour évangéliser les populations.

 

 

EGLISE ND DU BOURG INT 990 copie

Sainte-Énimie (48) cité médiévale de Lozère: Statue de Ste Enimie dans l'église ND de Gourg. (Photo: Patrick Garcia)

 

    Elle mène une vie solitaire dans une grotte appelée Ermitage et accomplit de nombreux prodiges. Elle fut nommée par l’évêque Ilère, abbesse d’un couvent mixte qu’elle fonda sur ce lieu. D’après la légende, Enimie et l’Evêque fière, ont combattu le Drac qui incarne en fait le culte païen. L’effondrement du Pas de Soucy symbolise cette lutte.
    Après sa mort, vers 628, son frère Dagobert, devenu roi, croira ramener ses reliques à la basilique de Saint Denis. Mais grâce à une ruse de la princesse, se sont les reliques de sa filleule, aussi prénommée Enimie qui reposent auprès des rois de France.
   Rapidement, le site tombe dans l’oubli. Bien que rebaptisé Notre « Pay-Roc » à la Convention (1793), le village, attaché à son histoire recouvrit avec bonheur, le prénom de sa glorieuse princesse:
Sainte Enimie.
• Les reliques furent volées en 1970
• Burlatis : ancien nom (de la bourgade édifiée autour de la source Burle)
• Burle : occitan : l’eau qui guérit.

    Après la disparition d’Enimie, le monastère reçut une riche dotation de son frère, le roi Dagobert 1er. Ce roi s’attacha à regrouper les restes des membres de la famille royale à l’Abbaye St- Denis, cela explique qu’il soit venu chercher celles de sa sœur. Cette dernière l’avait prévu et avait mis au point un subterfuge qui fit qu’il emporta celles de sa filleule prénommée Enimie. La venue du roi Dagobert correspond également à une accélération de la frappe de la monnaie à Banassac, cela peut expliquer ses largesses à l’égard du Monastère l’Abbé Solanet le relate dans son livre sur les Gorges du Tarn. Le village s’est construit au pied du Monastère et en descendant ainsi qu’en témoigne la construction de l’église actuelle, hors les murs à l’époque de son édification.

HISTOIRE DU VILLAGE

     Nous n’avons aucune connaissance sur le rôle joué par la première communauté religieuse. Par contre, les religieux bénédictins ont contribué au développement économique de la cité et de la région. Les religieux ont suscité, au cours du XI ème siècle, les plantations d’amandiers dans les Gorges du Tarn, la nature du sol, comparable à celle du pays d’origine (Moyen-Orient), permit une bonne adaptation de cet arbre. Ces plantations ont amené la construction de nombreux murs de soutènement. L’amandier a apporté des ressources appréciables jusqu’aux années 1950.

    Cet arbre rustique, de part ailleurs, na pas résisté à la friche. Avec lui ont disparu les belles floraisons de printemps. L’agrandissement de la Cité Médiévale avait permis de créer une place de marché plus grande au bas du village à l’intérieur des remparts.

    La construction échelonnée dans le temps, sur cette place, de maisons contre les murs à l’intérieur de la cité avec des ouvertures dans le mur des remparts ne laissa à l’espace public que l’actuelle rue Basse. A partir de ce moment là, les foires et les marchés eurent lieu hors les murs, au bas du « Balat », aujourd’hui place de la Combe ; le marché à bestiaux eut lieu sur la gravière.

 

remparts ste enimie

Restes de remparts à Sre Enimie

 

    Vers la fin du XVIème, la construction à l’intérieur des remparts n’était plus possible et le village s’agrandit hors les murs. C’est ainsi que se sont successivement construits la rue de la Combe, le quartier de la place, la rue des Tendes, le quartier du Pont, après la construction de ce dernier et sa mise en service au début du XVIIème.  La construction d’un nouveau marché couvert à l’emplacement de l’actuel Hôtel des Gorges du Tarn, entraina le déplacement progressif des commerces vers les rues Basse et de la Combe.

    La fermeture en 1930 de La boulangerie Boutin, située sur l’ancienne place du beurre, mit pour un temps, un arrêt à l’activité artisanale et commerciale au coeur de la Cité médiévale. Les artisans les plus nombreux étaient les tisserands, ils étalent 90 sous le règne de Louis XIV.  Il est écrit que l’invention du métier à tisser, entraîna l’exode de 25 familles.

    Malgré cette hémorragie, l’économie arriva à se maintenir jusqu’à la Révolution. Cette situation,  relativement favorable, laisse sans explication le comportement à l’égard des religieux en 1793-94.  D’après les petits enfants des témoins de l’époque, cette hargne provenait d’éléments extérieurs au village. Les biens de l’Abbaye furent déclarés  biens nationaux.  Une partie des bâtiments fut incendiée, l’ensemble fut vendu.  Certains de ces Bâtiments appartiennent toujours à des  propriétaires privés.

    Cette destruction avait été mal vécue par une partie de la population qui quelque part, s’en sentait responsable. L’Abbé Jean Boussac, curé de Ste-Énimie, de 1865 à 1887, partagea ce point de vue. Il fit le projet de faire revivre ces ruines chargées d’histoire. Pour cela, il organisa une souscription, dont il donna généreusement l’exemple ; la réussite de la souscription lui permit de racheter les parties en ruine et la salle capitulaire. Il le fit au nom des habitants de Ste-Enimie, ce qui en fit un bien sectionnal.
Son projet était de construire à l’emplacement des ruines, un bâtiment scolaire. Sa proposition fut bien accueillie par les religieux des Ecoles Chrétiennes.
    Les travaux de démolition commencèrent après la guerre de 1870, le bâtiment avec internat accueillit les premiers élèves en 1874. Le curé Jean Boussac a également fait construire le chemin de croix monumental qui jalonne le chemin de l’Ermitage. Il est écrit à son sujet : «  Il a laissé le souvenir d’un prêtre pieux doté d’un zèle éclairé et d’une vie très austère. L’on peut ajouter que son œuvre s’inscrit dans la durée et qu’elle permet toujours, après bien des aléas, à de nombreux jeunes d’effectuer dans de bonnes conditions, leur scolarité.
Outre le coté pratique de son œuvre, ce prêtre était un précurseur de la conservation et de la valorisation du patrimoine.

    Il a marqué durablement son passage dans la paroisse. La destruction des vignes par le phylloxéra é la fin du XIXème siècle aurait sûrement provoqué l’abandon de ces terres. La création à cette époque des routes actuelles apportera le ballon d’oxygène qui permit leur replantation. L’utilisation de cépages mal adaptés à la région et la mécanisation de l’agriculture, ont entrainé leur abandon au cours des années 1950. Le tourisme a débuté en 1888 à l’initiative d’E. A. Martel ; mais c’est le tourisme de masse, à partir des années 1950, qui a ouvert les perspectives concernant une plus grande partie de la population. Malgré cela, de nombreux jeunes ont, à l’époque, quitté le pays. Le côté pervers du tourisme a été l’argent plus facile, cela a favorisé un état d’esprit individualiste. L’image de marque et l’esprit d’initiative en ont souffert et en souffrent encore, il est à ce niveau plus facile de vaincre que de convaincre.

- Gilbert Bouty- (sur le site de l’O.T.)

 

 Sainte-Enimie par Wikipédia

     Sainte-Enimie est située dans le département de la Lozère, c’est un haut lieu touristique car situé en plein cœur des gorges du Tarn, lieu de villégiature parfait pour le tourisme vert, sportif ou culturel, le village de Sainte-Enimie est adhérent à l'association des plus beaux villages de France grâce à son côté médiéval et son adaptation aux gorges qui l'entourent.

Géographie

    Sainte-Enimie est située dans le grand site classé des gorges du Tarn, de la Jonte et des Causses, dans le sud-ouest du Gévaudan. Ce village a été classé le dix-huitième Village préféré des Français en 2014 parmi les 21 autres villages présents dans la compétition.

   Le village est disposé sur le flanc du causse de Sauveterre, que la commune englobe en grande partie. Les communes voisines sont : au nord Chanac et Balsièges ainsi qu'une partie du Valdonnez (Saint-Bauzile), à l'est sur les gorges du Tarn (Ispagnac, Quézac et Montbrun), au sud de l'autre côté du Tarn Hures-la-Parade et à l'ouest Mas-Saint-Chély et Laval-du-Tarn.

    Entre le causse Sauveterre au nord et le causse Méjean au sud, deux plateaux d'altitude moyenne supérieure à 1 000 m, le Tarn s'écoule dans de grandioses gorges. Ses rives sont couvertes par la forêt domaniale des gorges du Tarn.

Histoire

La commune tire son nom d'Énimie, princesse mérovingienne et sainte du VIIe siècle dont la légende prit place dans les environs.

Néolithique

Le causse de Sauveterre porte les traces d'une habitation très ancienne, avec une forte concentration de dolmens, aux limites entre la commune de Sainte-Enimie et de celle de Chanac.

Époque gallo-romaine
C'est vers la fin de l'époque gallo-romaine que la cité du bord du Tarn prend son nom de Burlatis.
Haut Moyen Âge

    Le haut Moyen Âge est marqué par la légende d'Énimie, la princesse atteinte de la lèpre. Fille de Clotaire II, sœur de Dagobert Ier, ayant donc vécu au VIIe siècle. Énimie aurait guéri de la lèpre dont elle était atteinte, grâce aux eaux de la source de la « Burle ». Nommée abbesse, elle aurait fondé un monastère, autour duquel le village s'est développé.

Moyen Âge

    La petite bourgade médiévale de Sainte-Enimie se développe autour du monastère bénédictin fondé en 951 par Étienne 1er, évêque de Mende. L'implantation d’une communauté de moines bénédictins marque une période de prospérité économique pour ce haut lieu spirituel. L'édification du nouveau monastère se termine au XIe siècle. Des recherches historiques authentifient alors l'histoire de la bienheureuse Énimie et un culte lui est consacré. En 1060, un moine retrouve le tombeau d'Énimie. Au XIIIe siècle, le prieur du village commande au troubadour Bertran de Massilha, la réécriture d'un poème latin relatant la vie d’Énimie. Ce poème, qui vante les mérites de la sainte, est déclamé dans toute la région. De nouveau, les pèlerins affluents.

   Par le biais de dotations, les biens du monastère s'accroissent. Les habitants des gorges travaillent les versants défrichés des causses de Sauveterre et Méjean. Ils édifient des terrasses inclinées (les faïsses), plantent des vignes, des amandiers, des arbres fruitiers. Les causses, traditionnellement voués à l'élevage ovin, procurent le lait et ses dérivés ainsi que la laine (tissée dans la vallée). Des échanges transversaux entre les gorges et les causses permettent la survie de tous.

La situation de la bourgade sur des voies de communication ancestrales (draille d'Aubrac, rivière, Camin Romieu ou Camin Ferrat) constitue un atout majeur pour la circulation des pèlerins et des marchandises. L'édification d'un pont vers le XIIIe siècle facilite les transhumances et le transport des marchandises. À la Révolution française, le pouvoir de l'Église décline, les moines quittent le village, ce qui entraîne inexorablement la ruine du monastère de Sainte-Enimie.

Du XVIIe à la Révolution française

En 1793, pendant la Convention, le village est renommé, comme beaucoup en ce temps-là, et prend le nom de Puy-Roc. Cependant les habitants sont très attachés à leur princesse, et ne tardent pas à lui redonner l'hommage, en rebaptisant le village.

LES CURIOSITES :

  • L'église Notre-Dame-du-Gourg du XIVe siècle où l'on pourra apprécier les diverses statues de bois et de pierre des XIIe et XVe siècles, sans oublier la céramique retraçant la vie d'Énimie.
  • Le monastère fortifié : une abbaye dont il ne reste aujourd'hui que trois salles à savoir l'entrée, la crypte et la salle capitulaire.
  • L'ermitage, une grotte, a été aménagé au fil des siècles et des pèlerinages. Il abrite aujourd'hui une chapelle.
  • La source de la Burle : c'est dans cette source qu'Énimie se serait baignée, et aurait été guérie de la lèpre. C'est par ailleurs cette source qui avait donné son nom primitif au village de Burlatis. Cette source est de type vauclusien.
  • L'ensemble mégalithique de l'Aire des Trois-Seigneurs.
  • La Croix de Sainte-Enimie.
  • La Croix de Champerboux.
  • Le château de Prades.
  •  Monastère de Sainte-Enimie

 

abbaye de Ste Enimie

 

Restes l'abbaye, en face, la salle capitulaire-réfectoire, le bâtiment en équerre, rénové, sont les locaux conventuels, le tout appuyé sur le rempart, dont on aperçoit les murailles et une tour...

 

 

Le monastère de Sainte-Enimie était un monastère fondé dès le 6e siècle au-dessus du village de Sainte-Enimie, aujourd'hui dans le département français de la Lozère. Il a été actif jusqu'à la Révolution française, puis a subi de nombreuses destructions. Il n'en reste aujourd'hui que l'ancien réfectoire et la chapelle romane Sainte-Madeleine.

   Le prieur de Sainte-Enimie avait une certaine importance puisque le titre donnait un droit d'entrée aux États particuliers du Gévaudan.

Origine

   Le premier monastère attesté à Burlatis avait été établi par l'évêque du Gévaudan, saint Ilère, au vie siècle. Mais assez rapidement le monastère tombe en désuétude. Les documents sur la vie de sainte Énimie, qui aurait vécu au VIIe siècle, ne donnent pas de détails sur la présence des moines. Toujours est-il qu'au Xe siècle le monastère ne semble plus être habité.

La restauration

    En 951, l'évêque de Mende, Étienne, décide de « rétablir dans son ancienne splendeur le monastère en l'honneur de la Mère de Dieu, où reposent les restes de la Bienheureuse Énimie ». Si la vie de sainte Énimie qui nous est parvenue, et qui a été écrite par le troubadour Bertran de Marseille, date du XIIe siècle, il semble donc acquis que le monastère détenait déjà les reliques de la princesse mérovingienne.

 

Sainte-Enimie_ermitage wiki

L'ermitage domine le village, accroché aux falaises (Photo Wiki)

 

   Le monastère restauré est confié au seigneur Dalmace du couvent de Saint-Théofred dans le Velay, et est placé sous l'ordre de Saint-Benoît. Si Dalmace accepte la charge du monastère, il refuse d'être dépendant d'un seigneur local. Il exige donc la donation totale et héréditaire du monastère. L'évêque accepte finalement le marché, avec en retour des contraintes d'ordre spirituel (imposition de certaines prières). Tous les protagonistes de cet échange devant se rendre à Rome, l'acte est signé le 5 mai 951, devant le tombeau de saint Pierre, par l'évêque de Mende, Étienne, celui du Puy, Godescalc, le pape Agapet II et de nombreux clercs.

La terre qui appartient dès lors aux moines, devient une sauveté, autrement dit une terre exempte de seigneur. C'est cette particularité qui a donné son nom au causse de Sauveterre, l'un des grands Causses du massif central.

Prospérité

Rapidement, les moines de Saint Chaffre donnent au monastère un certain lustre. Les pèlerinages ne cessent de se multiplier vers les reliques d'Énimie.

Au XVe siècle, le monastère est peut-être élevé en abbaye. Le « premier abbé commendataire » est François Alamand, qui fut vicaire général du diocèse de Mende du temps de l'évêque Julien de la Rovère. C'est d'ailleurs lui qui avait été élu évêque vers 1478, mais avait résigné au profit du neveu de Sixte IV. Son oncle, également prénommé François, avait également été prieur de Sainte-Enimie de 1425 à 1458, et avait obtenu de Charles VII des « lettres de sauvegarde » assurant la protection royale. C'est de lui qu'il a pris la succession, à son décès, en 1459. Il est alors protonotaire apostolique. Le monastère est alors composé de 12 moines.

En 1491, François Alamand obtient d’Innocent VIII le droit d’annuler les aliénations des biens de son monastère. Il est remplacé cette année-là par Antoine Raymond comme prieur, mais le remplace fréquemment lorsque ce dernier s'absente.

En 1597, le prieur obtient de l'abbaye mère de Saint-Chaffre que le monastère soit chauffé de novembre à avril.

Depuis la Révolution française

  En 1788, un Bref papal sécularise les Bénédictins de l'ancienne observance de Cluny. Ceci est appliqué au monastère de Sainte-Enimie par l'évêque Jean-Arnaud de Castellane le 30 juillet 1790. Il supprime ainsi la vie monastique. La Révolution française a donc vidé le monastère de ses moines. Il est alors vendu comme bien national, et est ensuite peu à peu démembré et incendié. Aujourd'hui la bourgade de Sainte-Enimie en a gardé deux éléments : la chapelle Sainte-Madeleine et l'ancien réfectoire. Ce dernier sert parfois de lieu d'expositions. L'ancienne abbaye est classée au titre des monuments historiques en 1932.

 

 

 

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Commentaires
A
Message à notre historien, photographe : pour vos admirables photos et commentaires "Merci". Je souhaite qu'un maximum de personnes vous découvre. En toute modestie, vous êtes un guide Monsieur, et c'est un réel plaisir que de vous suivre...Encore Merci, et bonne continuation
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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
  • Blog de PATRICK GARCIA pour les amoureux de notre belle région : la GUYENNE, nommée quelques fois, MOYENNE GARONNE en particulier, mais aussi le récit de mes balades en France dans des lieux typiques et historiques. Me joindre? autostar47@outlook.fr
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