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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
11 janvier 2021

PAGE 245: AVEYRON, L'EXTRAORDINAIRE TROU DE BOZOULS ET SON RICHE PATRIMOINE

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Un des lieux les plus curieux et prestigieux de l’Aveyron, voire de France, rien de moins : l’abîme impressionnant du Trou de Bozouls. Bozouls est célèbre pour son trou. Et quel trou ! Un cirque naturel de 400 m de diamètre et de plus de 100 m de profondeur. Ce canyon en fer à cheval a été creusé durant des millénaires par les eaux du Dourdou

Trajet de Bozouls (12340) à partir de Ste Livrade sur Lot (47110)

   Depuis le village, érigé autour de son canyon, des visites commentées permettent de découvrir la formation du canyon, l’église romane, le patrimoine et l’histoire de ce lieu si particulier. Ce cirque naturel, en forme de fer à cheval, est creusé dans les calcaires secondaires du causse Comtal. Au fond du Trou de Bozouls coule, aujourd’hui un modeste torrent, le Dourdou. Dès le bord de la terrasse, place de la mairie, les visiteurs pourront apercevoir à leurs pieds le site grandiose et pittoresque. Un immense précipice aux parois quasiment verticales, dont la profondeur atteint près de 100 m et 400 m de diamètre.

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : au bord du précipice que l'on ne peut embrasser d'un seul regard! (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : Au centre du canyon, sur l'autre rive, la très belle romane Ste Fauste. (Photo : Patrick Garcia) 

   La configuration géographique du site en a fait, depuis toujours, une position de défense incontestable. Le premier village et son château étaient d’ailleurs construits sur l’éperon rocheux et étaient seulement accessibles par le sud. En plus d’un patrimoine riche et d’une nature exceptionnelle, les pêcheurs trouveront leur bonheur, de même que les randonneurs.

LE CANYON

  Naguère inscrit parmi les sept merveilles du Rouergue, le “Canyon de Bozouls” est un cirque naturel, un canyon en forme de fer à cheval, creusé dans les calcaires secondaires du Causse Comtal, et au fond duquel coule, tantôt impétueux, tantôt calme, un modeste torrent, le Dourdou.

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : Sous nos pieds un paysage extraordinaire, et en toutes saisons, des centaines de touristes à le contempler avant d'entreprendre la grande balade vers l'autre rive... (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : invisible, le Dourdou est le créateur de cette faille. On le devine par le moulin au centre de la photo. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : vue partielle du côté gauche.  (Photo : Patrick Garcia) 

  C'est avec une surprise, mêlée pour les âmes sensibles d'un peu d'effroi, que, du bord de la terrasse, place de la Mairie, le visiteur découvrira à ses pieds ce site grandiose et pittoresque, cet immense précipice aux parois pratiquement verticales, formant un cirque de près de 400 m de diamètre et près de 100 m de profondeur.

  Tout modeste qu'il soit maintenant, c'est le Dourdou, qui durant des millénaires, a creusé cette gigantesque tranchée, dont les flancs sont creusés de fissures et de cavités d'où s'écoulent en hiver, et par temps de fortes pluies, des résurgences. La plus célèbre est, sur la rive droite, la source des Fées. A l'érosion, très faible de nos jours, s'ajoutent encore des éboulements de la roche sapée par en-dessous et minée par de fortes gelées l'hiver ; le canyon continue d'évoluer.

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : On attaque la descente dans le canion par le sentier à gauche de l'esplanade panoramique, face à nous un joli manoir. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : A mi-chemin de la descente. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : arrivé au bas on franchit le Dourdou et on le longe sur quelques centaines de mètres pour profiter de la vue et de l'arborétum.  (Photo : Patrick Garcia) 

   Deux cascades impressionnantes quand le Dourdou roule ses eaux boueuses, coupent le torrent, l'une d'elles tombant dans le Gourg d'Enfer, gouffre réputé insondable, et surplombé par une haute falaise. C'est du haut de cette falaise qu'il y a un siècle environ, un mendiant, las de la vie, s'engagea à reculons jusqu'au bord du précipice, appelé depuis “le Saut du Mendiant”, et bascula dans le vide.

Enthousiasmé par ce site, Henry's, le champion du monde des funambules, en a fait le théâtre de ses plus brillants exploits, d'abord en 1980 puis tout au long de l'été 1982 et pour la dernière fois en 1995.

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : insignifiant ce jour là, le Dourdou a creusé cette grande faille au cours des millénaires. (Photo : Patrick Garcia

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : le Doudou, rivière de charme poissonneuse. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : les truites sauvages en recherche de proies. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : Avant d'attaquer la remontée vers l'autre rive et l'église, continuez et admirez ce sublime paysage. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : moulin à eau traditionnel sur le ruisseau. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : on attaque l'escalier et la montée vers le sommet du canyon. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : pas de grosse difficiculté, mais y aller tranquillement pour ceux qui n'ont pas l'habitude des petites grimpettes. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : près du sommet, comme un encouragement, une petite chapelle... (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : une charmante niche qui en a vu passer, du monde...(Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : autre vue sur le moulin sur le Dourdou. (Photo : Patrick Garcia) 

 La légende du creusement du Canyon de Bozouls par le diable

   « Les villageois de Saint Felix de Lunel, voulaient de la chaux car leur terre était très pauvre, mais celle ci se trouvait à Bozouls, qui n'était qu'à 20 kilomètres ce qui faisait quand même loin. Aussi ils décidèrent de contacter le diable, Lucifer, pour qu'il leur amène cette chaux.

Le diable accepta, mais il leur dit qu'il ne pouvait travailler que la nuit. En même temps le diable, voulant se venger du Seigneur et de la Sainte Vierge, décida de faire écrouler l'église de Bozouls.

Il se mit au travail et commença à creuser. La Sainte Vierge qui passait par là, lui demanda ce qu'il faisait. Le diable lui répondit qu'il creusait et que d'ici à ce que le coq de la ferme voisine chante l'église de Bozouls serait par terre.

   Il se remit au travail, creusa et porta la chaux au village de Lunel. Il venait et repartait à nouveau. Mais il creusait et se rapprochait de l'église. Le jour ne se levait toujours pas.

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : de très nombreuses espèces de  végétaux sont signalées tout au long du parcours de sentier qui est aussi un arborétum. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : ici une belle digitale jaune. (Photo : Patrick Garcia) 

 Aussi la Sainte Vierge ne voulant pas voir son église tomber, passa discrètement derrière le diable et se dirigea dans le poulailler d'une ferme voisine où elle fit chanter le coq. Le diable qui passait au dessus de Saint Julien, à l'entrée de Fijaguet, entendit le chant du coq et crut que le jour allait se lever, il se fondit en poussière. Et à cet instant il laissa tomber une poignée de chaux. Aussi aujourd'hui sur le lieu de Fijaguet, sur le rougier, quelques champs ont un peu de ce causse » (extrait du livre « Al Canto »).

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : En route vers l'autre moitié du village. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : vue imprenable sur l'église Ste Fauste, que nous allons visiter quelques photos plus bas...(Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : (Photo : Patrick Garcia) 

   Une deuxième version prétend que le Diable, ne sachant trop que faire des matériaux ainsi arrachés au Trou de Bozouls, en fit une énorme « taupinière » qui devint le Puy du Joux (situé non loin du site). Une observation des lieux, même sommaire, montre que la légende ne tient pas car le calcaire arraché au Trou n'a pu se transformer en basalte sur le Puech de Joux ( 716 m ) qui est en fait le vestige d'un ancien volcan .

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : panorama général depuis la gauche de l'esplanade. Pour l'apprécier au mieux, téléchargez l'image, le rendu sera encore plus impressionnant que ces quelques colonnes.(Photo : Patrick Garcia) 

BLASONNEMENT

BLASON DE BOZOULS

Tiercé en pairle (la forme en V de cette partition symbolisant le Trou de Bozouls) :

- Au 1er d'azur à trois fleurs de lis d'or 2 et 1 (France)

- Au 2ème de gueules au léopard lionné (Comte de Rodez, Seigneur de Bozouls)

- Au 3ème barré d'or et de gueule de six pièces (de Fleyres, Seigneur de Bozouls)

 L’ÉGLISE SAINTE-FAUSTE DE BOZOULS

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste. (Photo : Patrick Garcia) 

    L'église Sainte-Fauste de Bozouls est édifiée à l'extrémité d'un éperon rocheux qui domine, d'une hauteur vertigineuse, le cours du Dourdou qui décrit, à cet endroit, une large boucle. Aussi l'impression créée sur les hommes de son temps devait-elle être saisissante. 
Ses origines sont inconnues et son histoire est quelque peu mouvementée. Elle appartient d'abord à un prieuré de l'abbaye Saint-Amans de Rodez, puis elle fut rattachée, sans doute dès 1079, au monastère Saint-Victor de Marseille, avant de relever, dès 1140 semble t'il, et ce quasiment jusqu'à la Révolution, du chapitre de la cathédrale de Rodez. 
 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste vue de face. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste de côté avec coupe sur les chapelles. (Photo : Patrick Garcia) 

 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : Plan de l'église Ste Fauste de Bozouls . (Photo : Patrick Garcia) 

     L'essentiel du monument date du XIIe siècle. A cette époque, il était composé, à l'Orient, d'un chevet à pans coupés dont l'épaisseur est entamée par des niches ouvertes sur un déambulatoire étroit qui enveloppe l'abside et la travée droite de chœur (celle-ci est double). Venait ensuite la nef tripartite de cinq travées, caractérisée par un haut vaisseau aveugle et des piles alternées. A l'Occident, le massif de façade, peu profond, était doté d'un vestibule et d'une chapelle haute. Le décor sculpté consistait en une cinquantaine de chapiteaux, végétaux pour la plupart, exception faite d'une corbeille de la chapelle haute, dont l'interprétation est délicate, et de celles du portail occidental où des thèmes iconographiques - d'origine biblique pour certains d'entre eux - sont opposés. 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: couvercle de sarcophage. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: nef romane. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: le déambulatoire. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: belle colonnade. (Photo : Patrick Garcia) 

    L'édifice demeure relativement homogène malgré des transformations intervenues dès l'époque gothique. Les plus remarquables portèrent sur l'érection, au massif de façade, d'un clocher desservi par une tourelle d'escaliers, et l'adjonction de cinq chapelles latérales au Midi. Celles-ci entraînèrent la destruction de la niche méridionale du chevet et la condamnation des baies du collatéral sud, et occasionnèrent le devers des murs de la nef de même que le déséquilibre de ses voûtes. Aussi d'importants travaux de renforcement s'imposèrent-ils : reprise des parties hautes du vaisseau central de la nef et reconstruction de ses voûtes, consolidation des contreforts du flanc nord de la nef, contrebutement du chevet… Parmi les autres aménagements, mentionnons : la greffe de bâtisses sur l'enveloppe du chevet et le remaniement de la structure de la chapelle d'étage du massif de façade - à des dates inconnues -, l'épaulement de la façade occidentale du clocher (1783), la construction d'un avant-porche (1817) et l'édification de la sacristie (1874-1875).

Après son classement, le 31 août 1920, parmi les Monuments historiques, les restaurations consistèrent en divers travaux d'entretien.

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: l'autel. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: la nef depuis l'autel. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: le chevet depuis l'entrée. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: beau retable. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: trés bel entrelac. (Photo : Patrick Garcia)  

Parmi les problèmes archéologiques posés par l'édifice, quatre doivent être abordés d'emblée.

1 - A l'articulation de la travée droite précédant l'abside et de la travée orientale du vaisseau principal de la nef, l'arc triomphal est formé, pour partie, de remplois antérieurs à l'époque romane (Antiquité tardive, haut Moyen Age ?) : tronçons de colonnettes dont les chapiteaux de marbre ont été buchés et amputés pour s'adapter aux fûts (fig. 3). La provenance de ces éléments est inconnue (église primitive, autre monument ?). 


 2 - Les murs de la nef sont antérieurs à sa subdivision en trois vaisseaux. En témoignent la construction en moellons et blocs de calcaire de format variable des murs gouttereaux - alors qu'un appareil régulier de grès rouge règne aux grandes arcades -, le désaxement des contreforts nord et des piles de la nef, et la dysharmonie entre le percement des fenêtres et le rythme des grandes arcades ainsi que l'extrême étroitesse des collatéraux (fig. 2). La faible largeur de la nef (8,10 m seulement), la relative minceur des murs gouttereaux (moins d'1 m d'épaisseur) et leur absence d'articulation intérieure laissent supposer l'existence d'une nef unique charpentée qui pourrait remonter au XIe siècle, ce que conforte la faible épaisseur des contreforts. Sans doute faut-il y voir les vestiges d'une église élevée avant l'installation des Victorins à Bozouls. 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: joli retable. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: autre retable. Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: Idem. Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: parmi la statuaire. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: dans le dallage, de nombreuses plaques de tombes. (Photo : Patrick Garcia) 

3 - La dernière travée du vaisseau central de la nef se distingue par son plan carré (les travées précédentes sont de plan rectangulaire), son ampleur et la puissance de ses piles composées. Celles-ci offrent, en effet, un noyau plus épais et présentent une excroissance sur la face solidaire des colonnes engagées ou des colonnettes à tronçons qui reçoivent les retombées des arcs doubleaux. Elles étaient donc susceptibles de supporter plus que la simple voûte en berceau adoptée. 

4 - A l'extérieur, au point d'articulation du chevet et de la nef, l'actuel contrefort oriental du mur gouttereau comporte, sur sa face est, l'amorce d'un arc inscrit au même niveau au ceux de l'arcature géminée de la travée droite. Ce départ d'arc indique que soit un transept, soit une nef plus large que la présente nef avait été projeté initialement, avec, en élévation, un système d'arcatures prolongeant celui déployé au chevet. 

L'architecture:

   La cohérence de l'église du XIIe siècle est flagrante. Au moyen appareil de calcaire - qui règne surtout en partie inférieure du chevet - succèdent des blocs de grès rose de calibre standardisé taillés à la laie qui laissa des traces obliques. Les collatéraux de la nef s'inscrivent dans l'exact prolongement du déambulatoire tandis que le haut vaisseau prolonge l'abside et la travée droite qui la précède. Les grandes arcades de l'hémicycle, de la travée droite et de la nef sont uniformément à double rouleau. Enfin, les chapiteaux s'imposent par leur unité, tant thématique que stylistique. 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: dernier retable parmi les chapelles. (Photo : Patrick Garcia) 

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L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : l'église Ste Fauste: (Photo : Patrick Garcia)  

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : chapiteau du musicien.  (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : Curieux visage barbu entouré de curieux animaux.(Photo : Patrick Garcia) 

   Le parti du chevet de plan polygonal où sont associés un déambulatoire et - au lieu de chapelles rayonnantes - des niches inscrites dans l'épaisseur de l'enveloppe - selon un usage attesté aux absides de Notre-Dame de l'Espinasse de Millau, Saint-Hippolyte de Lavernhe et Saint-Vincent de Palmas - est exceptionnel dans l'art roman et témoigne à la fois de la capacité de création et de l'ambition de son concepteur (fig. 2). A l'intérieur, il distingua l'abside et la travée droite qui la précède tant par l'élévation que le couvrement : l'élévation de la première est développée sur deux niveaux - grandes arcades de l'hémicycle et fenêtres hautes circonscrites par une arcature -, alors que la seconde est aveugle, et qu'un ressaut démarque la voûte en berceau du cul de four (fig. 4). 

    A l''inverse, le pourtour du sanctuaire est traité dans un souci patent de continuité : des colonnettes à tronçons reçoivent les arcs doubleaux du berceau annulaire du déambulatoire ou encadrent l'entrée des niches, tout en accueillant les arcs de tête de leur cul de four, selon un mode de décor en usage dans l'architecture de l'Antiquité tardive et dans celle du haut Moyen Age.

   A l'extérieur du chevet, l'architecte distribua le décor architectural avec parcimonie et fermeté : sous le cordon mouluré déployé au niveau des fenêtres des niches, d'étroites baies aveugles (maintenant presqu'entièrement masquées par des constructions parasites) encadrent les contreforts corniers et une frise de festons ondoie sous la toiture du déambulatoire, tandis qu'à l'abside et à la travée droite de choeur une arcature ajourée ou aveugle anime les parois tout en les raidissant. 
   A la nef, inscrite - rappelons-le - dans une enveloppe plus ancienne, élevée pour recevoir une charpente, l'architecte se montra prudent : il sacrifia l'éclairage direct du haut vaisseau au profit de son équilibre. Son élévation compte un seul niveau, celui des grandes arcades qui, à l'origine, recevaient les retombées de trois berceaux plein cintre sur arcs doubleaux, établis plus bas que les voûtes actuelles (fig. 2 et 6). Les supports sont alternés tant par leur forme que par leur structure : piles composées au noyau de plan carré flanqué de trois colonnes engagées (la face tournée vers le collatéral est laissée lisse) ou colonnes de fort diamètre dont des équivalents sont attestés au transept de Saint-Hilarion de Perse et dans la nef de Saint-Dalmasy. 
   Le massif de façade, enfin, lointain souvenir des opera occidentalia de l'époque carolingienne, appartient à une formule architecturale qui rencontra peu de succès en Rouergue (Conques, Bessuéjouls, Nant, Saint-Grégoire) (fig. 2 et 3). Profond d'une travée, large de trois, il abrite un vestibule - autrefois généreusement ouvert sur l'extérieur - et la chapelle haute qui le surmonte. Par rapport aux autres constructions de ce type, dans le monde roman, il se caractérise par la voûte d'ogives de la travée centrale de son vestibule (les travées latérales sont couvertes d'un berceau) et la structure tripartite de son oratoire. 

Les chapiteaux du chevet, de la nef et de la chapelle haute 

   L'architecture est rehaussée d'une cinquantaine de chapiteaux de belle qualité. La plupart d'entre eux sont décorés de feuilles lisses, parfaitement adaptées à leur fonction monumentale, selon une tradition bien répandue en Rouergue. Assez souvent taillés par paire et disposés de manière symétrique de part et d'autre de l'axe longitudinal de l'église, plus particulièrement au chevet et à la dernière travée de la nef, ils accentuent la prééminence hiérarchique des parties orientales de l'espace ecclésial et, comme à Sainte-Foy de Conques, règnent sans partage aux grandes arcades de l'hémicycle.

   Tous appartiennent à un type dérivé du corinthien par leur épannelage à abaque échancré, leur(s) couronne(s) végétale(s) et leurs éventuelles volutes. Certains comportent même des figures : hommes - en pied ou en buste - ou masques isolés ou, de manière exceptionnelle, accompagnés d'animaux, substitués en partie ou en tout au dé de l'abaque (fig. 8). L'unité de ces chapiteaux, tant sur le plan des compositions que du traitement, permet de les attribuer à un même atelier. Les rapprochements avérés avec des corbeilles d'autres monuments du diocèse de Rodez laissent penser que les sculpteurs de Bozouls pourraient avoir œuvré à l'abbatiale de Conques (tribunes du chevet et, plus encore, du transept et de la nef), où ils reçurent peut-être leur formation, et sur quelques chantiers voisins, tels ceux d'Aboul et du Cambon : identités de compositions, particularités de la composition des feuilles, traitement des crosses et dés, introduction de palmettes, etc.

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : Ste Fauste vue de la façade. (Photo : Patrick Garcia) 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : vue latérale de Ste Fauste depuis le côté gauche de l'esplanade panoramique. (Photo : Patrick Garcia) 

   A la chapelle haute, un chapiteau se distingue par ses trois personnages - dont un joueur de vielle -, qui occupent l'axe central et les angles, et se détachent sur un fond d'écailles d'où surgissent deux volutes. Tous sont représentés debout, de face, et celui de droite semble relever son vêtement, comme pour dégager ses pieds. Ces protagonistes interviendraient-ils dans le cadre d'une scène biblique (le roi David accompagné de ses musiciens) ou d'une scène profane dénonçant les plaisirs réprouvés par l'Eglise (un musicien entouré de danseurs) ? L'état de détérioration avancé du bloc de pierre ne permet ni de trancher, ni de soumettre d'autres propositions. L'usage du trépan pour percer la prunelle des yeux, qui caractérise également les figures des chapiteaux végétaux des parties basses, est adopté, dans la région, dès le XIe siècle, comme en témoignent certaines corbeilles du déambulatoire de Conques, et connut une certaine vogue au XIIe siècle (Biounac, Le Cambon, Perse…).

Conclusion 

    L'examen de l'architecture et de la sculpture de Sainte-Fauste de Bozouls conduit à situer le lancement des travaux dans le premier ou le second quart du XIIe siècle. L'unité de l'ensemble, malgré les différents remplois et un repentir en cours de construction, laisse supposer un chantier mené activement.

    A sa tête, le maître de Bozouls, en lien probablement étroit avec le commanditaire de l'église, était sans doute d'origine locale. Sensible aux œuvres du passé - ainsi qu'en témoignent les remplois et certaines références à des créations de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Age, il était ouvert aux réalisations contemporaines et s'illustra en exécutant à Bozouls, sur un site à la topographie contraignante, l'un des déambulatoires les plus harmonieux de son époque, déambulatoire qui, face au précipice, affirme la puissance de l'Eglise tout en défiant le temps.
 

(Laurence CABRERO-RAVEL, Université de Pau et des Pays de l'Adour, ITEM - EA 3002 - Identités, Territoires, Expressions, Mobilités, IRSAM – Avenue du Doyen Poplawski – PAU, F-64000, France)

 

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 L’extraordinaire Trou de Bozouls (12340) : panorama complet du trou de Bozouls. (Photo : Patrick Garcia) 

Pratique :

Le bureau d’information touristique de Bozouls est ouvert du lundi au vendredi. Tél. 05 65 51 28 00.

Merci à la commune pour son site dont je me suis largement inspiré :

https://www.bozouls.fr/fr

Petite vidéo sur le « Trou » :

https://www.youtube.com/watch?v=9ZR2wwPKaXA

 PATRICK GARCIA

 

 

 

 

 

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Commentaires
C
ecore un très beau reportage;Le site est étonnant je n'avais jamais entendu parler de ce site. L'église romane est superbe<br /> <br /> Merci encore une fois <br /> <br /> Je vais faire en sorte de trouver quelqu'un (une amie sans doute) qui pourrait m'accompagnéer découvrir cet endroit.mais il y en a bien d'autres à découvrir<br /> <br /> Claire de Molières
Répondre
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  • Blog de PATRICK GARCIA pour les amoureux de notre belle région : la GUYENNE, nommée quelques fois, MOYENNE GARONNE en particulier, mais aussi le récit de mes balades en France dans des lieux typiques et historiques. Me joindre? autostar47@outlook.fr
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