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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
26 septembre 2012

PAGE 12: MAIS QUI ÉTAIENT CES PÉNITENTS BLANCS ?

Pour en savoir plus , suite au précédent article :

Les Pénitents blancs

(D’après un article paru en 1834)

PENITENTS BLANCS

(image du weeb)

Au mois de mars 1585, Henri III institua une confrérie dite des Pénitents blancs ; le costume de ces pénitents était de blanche toile de Hollande en forme d’aube, leur couvrant la tête et leur voilant entièrement le visage comme un masque ; deux ouvertures étaient pratiquées à l’endroit des yeux. On les appela aussi blancs-battus, parce qu’ils se frappaient par humilité avec des disciplines. Les plus notables personnages du parlement, de la chambre des comptes et de la haute bourgeoisie furent invités à s’enrôler sous cette bannière dont le roi s’était déclaré chef, et dans laquelle il fit entrer le duc de Guise et le duc de Mayenne.

La confrérie fut mise sous l’invocation de la sainte Vierge, et sa chapelle fut établie dans l’église des Grands-Augustins. La première procession solennelle eut lieu le vendredi 28 mars, jour de l’Annonciation. Au milieu d’une foule immense, accourue pour assister à ce spectacle, on vit tous les confrères sortir dans la rue et défiler lentement deux à deux aux sons d’une musique harmonieuse. Le duc de Mayenne, maître des cérémonies, ouvrait la marche ; puis venait le cardinal de Guise, portant la croix ; après eux, frère Edmond Auger, suivant L’Etoile, « bateleur de son premier métier, dont il avoit encore tous les traits et farces », conduisait le reste du cortège avec un nommé Dupeira, chassé de Lyon, sa ville natale, pour crime atroces, disent les mémoires du temps.

Le roi marchait avec eux, mêlé dans la foule, sans distinction d’habit ni de rang ; à la suite, des chantres vêtus de semblables habits et séparés en trois compagnies distinctes chantaient les litanies en faux-bourdon. Une pluie abondante tomba toute la journée sans que pour

 

La procession des Pénitents blancs
D’après une gravure satirique de 1583

cela la procession fût interrompue ; les confrères continuèrent leur marche, et sur leur passage purent entendre le menu peuple rire et tourner en moquerie leur position fâcheuse. Quelqu’un même improvisa ce quatrain, qui courut aussitôt partout :

Après avoir pillé la France
Et tout son peuple dépouillé,
N’est-ce pas belle pénitence
De se couvrir d’un sac mouillé !

Les pénitents n’eurent pas seulement à essuyer la pluie et à souffrir les risées de la foule : il leur fallut encore endurer les âpres remontrances du moine Poncet, qui, prêchant le carême à Notre-Dame, accusa Henri et ses compagnons d’avoir mangé de la viande au retour de la procession quoique ce fût un vendredi.

« Ah ! malheureux hypocrites ! s’écriait-il, vous vous moquez donc de Dieu sous le masque, et portez pour contenance un fouet à votre ceinture ? Ce n’est pas là, de par Dieu, où il le faudroit porter, c’est sur votre dos et sur vos épaules, et vous en étriller très bien ; il n’y a pas un de vous qui ne l’ait bien gagné » (Journal de l’Etoile).

Le roi n’en fit que rire, et l’appelant vieux fou, le renvoya à Melun, en son abbaye de Saint-Père. Avant son départ le duc d’Epernon le voulut voir, et lui ayant dit, par raillerie, qu’il ne convenait pas à un prédicateur de se montrer plaisant en chaire, ainsi qu’il faisait : « Monsieur, répondit Poncet sans s’étonner autrement, je veux bien que vous sachiez que je ne prêche que la parole de Dieu, et ne vient point de gens à mon sermon pour rire, s’ils ne sont méchants ou athéistes ; et aussi n’en ai-je jamais tant fait rire en ma vie que vous en avez fait pleurer » Le duc ne sut rien trouver à répliquer : Poncet retourna à Melun, dans son couvent de Saint-Père, d’où le roi, quelques mois après, le fit revenir ; il lui rendit sa cure, à Paris, sous la condition de ne plus prêcher séditieusement.

Les pages eux-mêmes se moqueront ouvertement de la procession, et firent à leur manière une cérémonie grotesque, se promenant dans une salle basse du Louvre avec des mouchoirs qui leur voilaient la face, à l’imitation des confrères de l’Annonciation ; ils chantaient des chansons joyeuses de lansquenets en guise de psaumes : le roi en fit fouetter plus de cent…

 

 

La suite sur :

http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article425

MAIS ENCORE

« Les grandes confréries apparaissent toutes, à peu près, à la même époque : la fin des guerres de religion… Leur origine coïncide avec le déclin de la Ligue et la prospérité de la ville, avec l’émergence de fléaux comme les épidémies de peste, mais surtout, elles permettent l’expression, par une légalisation apparente au travers des autorisations épiscopales, des divergences d’idées qui couvaient et risquaient à tous moments de faire sécession voire rébellion envers les divers pouvoirs en place …

De plus, suivant l’adage « qui se ressemble, s’assemble », ce véritable "corporatisme associatif sous couvert religieux" séduisit des classes sociales et/ou des corps de métier dont les intérêts (surtout matériels…) étaient communs, mais dont les combats furent bien souvent fort éloignés de leur vocation primitive…

On vit ainsi éclore trois groupes de pénitents :

 les BLANCS, les BLEUS et les NOIRS, qui, adeptes de la même religion et montrant les mêmes bonnes intentions, arrivèrent à rivaliser et même parfois à se battre au cours d'une procession (un peu comme les « rivalités » syndicales, politiques ou sportives que nous connaissons aujourd’hui…).

Les confrères pénitents se réunissaient dans « leur » chapelle (qu'ils voulaient la plus belle de toutes), priaient et assistaient à « leurs » offices (les plus somptueux de tous), faisaient ensuite la plus belle des processions, réunissant toujours le plus de pénitents, avec le plus de reposoirs, le plus de chemin parcouru, le plus de bannières… : chaque confrérie cherchant à en faire plus que sa rivale. On peut donc finalement penser que la multiplication des confréries au XVIIème siècle a surtout été suscitée par l’expression des rivalités et des jalousies entre les personnes et par l’émergence d’idéologies divergentes, plutôt que par la simple expression de la charité chrétienne…

Pour en savoir plus : (si les liens ne fonctionnent pas, copiez les dans votre navigateur)

http://www.museeciotaden.org/Pages%20L%E9gendes/penitents.htm

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