PAGE 133: QUERCY, ÉVASION ROMANTIQUE DANS UNE SUPERBE ABBAYE ROMANE A MARCILHAC SUR CÉLÉ (46)
Marcilhac sur Célé (Lot)
Le trajet pour se rendre à Marcilhac sur Célé, à partir de Ste Livrade sur Lot (47)
Après le musée de Cuzals (arts et traditions populaire du Quercy), et après avoir visité la pittoresque bourgade de Cabrerets, je reprends la D41 vers Marcilhac sur Célé. Ce village possède les restes d’une belle abbaye en partie (en partie seulement) ruinée.
"La Pescalerie"(46): Dans un étroit défilé de falaises, quelqques maisons quercynoises.(Photo: Patrick Garcia)
"La Pescalerie"(46): Un lieu magique, , le cadre ce moulin, et la résurgence à mi-hauteur de falaise, la végétation luxuriante...(Photo: Patrick Garcia)
En chemin, la route tourmentée qui colle à la falaise, m’offre un beau spectacle. En effet, au lieu-dit « La Pescalerie », un ensemble d’habitations fort anciennes attirent mon attention. Garé un peu plus loin, vu l’étroitesse des lieux entre falaise et rivière, je reviens sur mes pas pour profiter du spectacle. Parmi ces habitations quercynoises, un moulin à eau s’élève sur 3 ou 4 étages. Ce moulin hydraulique est construit sur la résurgence d'une rivière souterraine qui se forme dans le causse de Gramat et qui réapparaît dans la vallée du Célé. Depuis la route je peux voir le bassin au pied de la falaise, mais curieusement, la retenue d’eau, ou son alimentation est presque à hauteur du toit. La cascade est calcifiante, le moulin est équipé de quatre paires de meules actionnées par quatre roues horizontales placées dans des cuves et la maison du meunier à droite du moulin, d’après une pub d’un O.T. que j’ai gardé. Les bâtiments ne se visitent pas, mais le site, facilement visible depuis la route est charmant, isolé et sauvage. Ce lieu mérite le détour et surtout quelques belles photos.
Continuant, je passe à Sauliac et ses maisons plaquées à flanc de falaise. Enfin, un quart d’heure plus tard, j’aborde Marcilhac sur Célé, petit village, autrefois portuaire, à présent très couru par les amateurs de canoë-kayak et les amoureux de monuments anciens…
Marcilhac sur Célé (46): Superbe maison du Moyen-Âge, dite:"la Maison du Roy", (Henri 4). (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): la même vue de côté. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): armoirie du le linteau, à gauche. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): armoirie sur le linteau à droite. (Photo: Patrick Garcia)
Je me gare sur la place centrale du village, sous les platanes quasi centenaires près du Célé. Je décide avant tout d’aller à l’O.T. pour en savoir plus. Je remonte la « place des platanes » vers la mairie, j’oblique à gauche pour suivre le D41 par où je suis arrivé. Je longe la muraille de la ville jusqu’à une brèche face au clocher de l’abbaye qui m’indique la direction de l’O.T. Cette brèche est l’emplacement d’une des portes de la ville, aujourd’hui disparue, mais dont on devine bien la forme ogivale de l’ouverture.
A ma gauche, une superbe maison à colombages renaissance appelée « maison du Roy » et qui est aussi l’Office du Tourisme. Cette maison, située dans l'enceinte de l'abbaye, daterait du XVIe siècle. Elle servait à l'accueil des pèlerins. L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1939. Au-dessus de la porte d’entrée, les linteaux de bois sont sculptés d’un blason et d’un chrisme. La jeune hôtesse m’invite à visiter le musée de l’abbaye qui est à l’étage.
Marcilhac sur Célé (46): Musée: statue de St Jacques, 15ème, bois polychrome. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): musée: beau buste en bois du 17ème. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): musée: moine disant la messe, 17éme. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): musée: statue de St Jean Baptiste, 15ème, l'index droit désigne l'agneau de Dieu. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): musée: Piéta en bois polychrome du 16ème. (Photo: Patrick Garcia)
Effectivement les trésors artistiques et historiques qui y sont entreposés sont émouvants et de belle facture. Beaucoup de statues polychromes en bois du 16ème siècle, comme cette représentation de St Jacques, grandeur nature, ou de nombreux bustes d’ecclésiastiques en bois des 15ème, 16ème et 17ème siècle. Ici un grand S Jean Baptiste du 15ème dont l’index indique la direction de l’Agneau de Dieu ; là une jolie Piéta en bois, très réaliste, du 16ème…
Marcilhac sur Célé (46): musée: superbe mécanisme d'horloge de l'abbaye. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): musée: vitrines d'objets liturgiques de l'abbaye. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): musée: instant de bonheur familial. (Photo: Patrick Garcia)
Un grand mécanisme de l’horlogerie du clocher est présenté. Quelle belle mécanique ! C’est exactement le mécanisme des anciennes horloges domestiques, mais en bien plus grand… Deux grandes vitrines sont remplies d’objets de culte plus ou moins anciens, quelques tableaux complètent ce beau petit musée consacré aux restes de l’abbaye. Muni d’un topoguide succinct, j’entreprends la visite de la ville en commençant bien-sûr par l’abbaye St Pierre.
Il faut ici parler un peu d’histoire, j’emprunte les mots de Wikipédia, très précis.
Marcilhac sur Célé (46): les restes somptueux de l'abbaye...(Photo: Patrick Garcia)
«Abbaye Saint-Pierre de Marcilhac-sur-Célé
Le testament de Saint-Didier rédigé au VIIe siècle mentionne pour la première fois l'existence de Marcilhac.
Le nom de Marcilhac apparaît en 654 dans le testament de saint Didier, évêque de Cahors, qui fait des dons à l'abbaye de Saint-Amand qu'il avait fondé et où il souhaitait être inhumé.
L’abbaye Saint-Pierre de Marcilhac fut construite au début du ixe siècle par des bénédictins de Moissac, fuyant les Normands. Pépin, roi d'Aquitaine, la prend sous sa protection en 845 ou 848.
Au Xe siècle l’abbaye est indépendante. L'abbaye Saint-Pierre est la bénéficiaire de libéralités d'un vicomte de Tulle, Adhémar des Échelles, vers 930, et d'un comte de Rouergue, Raymond II, en 961.
Au XIIe siècle, elle est très puissante et elle posséda plus de cent fiefs, dont l'église de Rocamadour donnée en 1030 par Déodat ou Dieudonné, évêque de Cahors. Trop riche, elle s’en désintéressa et c’est en vain qu’elle tenta d’en reprendre la maîtrise quand des moines de Tulle y eurent retrouvé le corps de saint Amadour. Le procès entre les deux abbayes a duré jusqu'en 1193, date à laquelle l'abbé de Marcilhac, Géraud, accepte la possession de Rocamadour par le monastère de Tulle contre une indemnité de 3 000 sols.
Durant la guerre de Cent Ans les grandes compagnies anglaises ruinèrent l’église et les bâtiments conventuels. Les Hébrard de saint-Sulpice la relevèrent.
Marcilhac sur Célé (46): plan de l'abbatiale. (Photo: du Net)
Les reconstructions entreprises au XVe siècle sont mises à mal au cours des guerres de religion : une troupe de protestants incendia l'église et une grande partie des bâtiments conventuels subsistants.
La Réforme et la Révolution sonnèrent son glas.
Toujours utilisée par les paroissiens du village, elle est en cours de restauration depuis 2012 par l'abbé Guillaume Soury-Lavergne et une équipe de volontaires. (Restauration du maître-autel, nettoyage des statues et des tableaux, etc.)
Le retable majeur a été restauré par l'atelier de restauration Parrot de Vénès en 2010.
L'ancienne abbatiale avec les ruines du cloître et attenantes ont été classées au titre des monuments historiques le 20 novembre 1906, les immeubles aux abords de l'église, le 31 mai 1939, et la porte sud de l'enceinte avec le mur et les maisons qui y sont adossées ont été inscrites le 13 janvier 1965. »
Marcilhac sur Célé (46): le tympan très abîmé. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): le squelette affligeant, mais romantique, de cette belle abbaye. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): dans le plus pur roman, les arcs, ne supportent plus rien... (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): depart et d'autre de l'entrée primitive, deux colonnes historiées, mais difficilement lisibles, ici, peut-être Daniel dans la fosse aux lions. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): 2ème pilier de l'ancienne entrée, animaux mythiques.(Photo: Patrick Garcia)
LA VISITE :
J’aborde le tympan roman du 11ème siècle de l’entrée sud. Il est à rapprocher de celui de l'Abbaye Sainte-Marie d'Arles-sur-Tech.
Il représente, au centre, le Christ en majesté bénissant, sous le regard de St Pierre et St Paul. J’entre dans la partie ruinée et à ciel ouvert de l’église primitive. De puissants arcs subsistent encore, mais les motifs sculptés ont tendance à se déliter car la pierre utilisée, si elle est dure, est poreuse et gélive et les sculptures imbibées d’humidité sont rendues friables par le gel. Malgré tout, cette partie est fort intéressante et totalement romane. Ici, comme dans de nombreuses abbayes, i y avait deux tours-clochers, dont une est écroulée à moitié. Chacune de ces tours possède un bel escalier en colimaçon pour desservir les étages.
Marcilhac sur Célé (46): piétement des belles colonnes romanes en forme de croix, sur une âme centrale carrée. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): depuis l'ancienne entrée, la nef à l'air libre et sa suite, devenue église. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): la nouvelle entrée, sur le côté. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): entrée de l'escalier de la tour découronnée. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): la même vue de face. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): escalier en colimaçon de la tour restante. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): Voûtes sans toit et tour-clocher. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): tour-clocher fortifiée, vue depuis l'emplacement de la porte dans le rempart. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): bases des colonnes avec divers modèles de tores. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): ces délicates sculptures sont appelées à disparaitre. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): puissance et décadence, ces restes de fortes colonnes... (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): mais comment cela peut-il tenir encore? (Photo: Patrick Garcia)
Je m’assois un instant sur les marches de l’entrée ouest pour contempler l’ouvrage. A gauche, une porte dessert l’ancien cloitre disparut, mais aussi, la salle capitulaire qui prolonge le bras gauche du transept.
En face, le mur extérieur de l’église gothique couverte, qui est le prolongement de la partie romane découverte, ce mur laisse entrevoir que les mêmes proportions, ont été respectées. En effet, les piliers des bas côtés sont alignés à ceux ruinés qui sont sous mes yeux. Les colonnes et piliers, les arcs… sont en saillie du mur qui me fait face et qui délimite la partie conservée de celle à ciel ouvert. La nef est de la même hauteur, le tracé de la voûte est bien lisible aussi, il correspond aux arcs encore en place dans la partie à ciel ouvert. Bref, ces trois premières travées de l’église romane originelle ont été poursuivies sur le même plan mais en style gothique.
Marcilhac sur Célé (46): magnifique impression à l'entrée dans l'église préservée. (Photo: Patrick Garcia)
J’entre dans la partie couverte et gothique de l’édifice. Elle est superbe et laisse augurer de la beauté de l’église dans son intégralité romane !
Cela tombe bien, en cette fin juillet, il y a animation, des concerts vont sûrement être donnés car on s’affaire autour de projecteurs multicolores et de tables de mixage. Des scouts font la visite commentée, d’autres jeunes badigeonnent à la chaux immaculée, les vieux murs consolidés récemment par les Monuments Historiques dans un béton gris du plus sale effet… Dans le chœur, trois bandes de tissus blanc disposées verticalement, servent d’écran à des projecteurs de lumière donnant à cette partie sacrée des tons superbes.
Marcilhac sur Célé (46): magnifique stalle et sa belle Miséricorde sculptée sous le siège amovible. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): le joli retable polychrome du18ème. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): bénitier séculaire au rebord lustré par le frottement des bras et des mains. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): Christ en croix suspendu au-dessus de l'autel. (Photo: Patrick Garcia)
Juste à gauche de l’entrée, une magnifique stalle sculptée dans un style ampoulé. J’avance et admire le bel ordonnancement du transept. Face à moi, le chœur aérien, éclairé par 5 vitraux du plus bel effet. Au-dessus de l’autel, un christ en croix est suspendu par d’invisibles câbles à la voûte. Tout autour du chœur un déambulatoire qui est exactement de la largeur des bas-côtés et qui, finalement, n’est autre que leur prolongement. A gauche du chœur, outre le déambulatoire, deux chapelles, à droite, idem, sauf que la chapelle à droite de la sortie du déambulatoire est obturée pour devenir la sacristie. Au fond du transept à droite, un joli retable polychrome en noyer massif du 18ème, à gauche du transept, une estrade avec des panneaux sculptés de différentes scènes de la vie du Christ avec aussi une grande statue polychrome de la Vierge.
Marcilhac sur Célé (46): Dans la chapelle de gauche, un trésor de peintures du 15ème siècle. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): avec les armoiries des donateurs. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): (Photo: Patrick Garcia)
Parmi les trois chapelles ouvertes du chœur, celle qui est la plus à gauche est la plus intéressante avec ses peintures murales du 15ème représentant le Christ et ses apôtres. Sous les personnages, des blasons et armoiries des principaux seigneurs du lieu. Les tons orangés, ocres, jaune, noir, rouge, blanc, brun et noir, sont typiques de cette époque. Malgré tout, le dessin est net, précis et les proportions sont tout à fait convenables. Dommage que lors de la dépose de l’enduit de chaux, une partie de ces peintures n’ait été perdue. Le pavage en grosses dalles de pierres carrées de l’édifice est usé par le temps et les prières, c’est assez émouvant…
Marcilhac sur Célé (46): vue des deux chapelles de gauche. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): Entrée gauche du déambulatoire. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): 13 à table.... De là? la superstition? (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): dallage ancestral, usé par le temps et les prières.(Photo: Patrick Garcia)
J’emprunte le déambulatoire dont les voûtes sont ornées de croisillons et d’ogives. Je retourne vers la sortie, une belle chaire du 16ème, un baptistère réutilisé en bénitier, attirent mon regard.
Je sors dans la partie romane à ciel ouvert. Quel endroit ! L’Histoire et un peu de la folie des hommes, y coule à flot. Comment a-t-on pu commettre un tel crime ? Tant de travail, des miracles d’ingéniosité et de talent réduits à néant par la folie guerrière (Guerre de 100 ans), religieuse ou révolutionnaire… Encore nous reste-t-il ce magnifique squelette pour regretter et souffrir de ces gestes débiles.
Je remarque sur l’entrée ouest, côté intérieur, deux chapiteaux historiés, de chaque côté du portail d’entrée. A droite, Daniel, dans la fosse aux lions est reconnaissable, à gauche, deux quadrupèdes s’observant. Le sol est ici en pisé.
Marcilhac sur Célé (46): à l'extérieur, on voit bien le décrochement du déambulatoire en rapport du chevet. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): la façade de la salle capitulaire. (Photo: Patrick Garcia)
J’emprunte la porte qui desservait le cloître. Je longe le flanc gauche de l’église et arrive à la salle capitulaire, l’espace où se réunissaient les moines, l’un des derniers vestiges communautaires de l’abbaye. Ici, on prenait toutes les décisions importantes. C’est ici aussi que pendant les moments de méditation on lisait et on discourait sur un chapitre de la bible, pour cela que l’on nomme aussi cette salle la salle du chapitre…
Marcilhac sur Célé (46): même vue, mais dans l'autre sens. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): le bien et le mal, à droite, le saint préconise la Bible, les deux personnages de gauche la refusent. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): passage entre la salle capitulaire et l'église. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): bénitier taillé dans un chapiteau. (Photo: Patrick Garcia)
Elle conserve un remarquable ensemble de sculptures du 11ème siècle, illustrant, comme toujours, la confrontation du bien et du mal… Les personnages, animaux et végétaux, s’y mêlent dans le plus pur esprit symbolique de l’art roman. Cette salle fut surmontée du dortoir des moines qui disparut au 19ème.
Sur un des chapiteaux à l’entrée, je note cette sculpture où un personnage refuse la Bible qu’un autre lui offre, sous le regard du Christ, qui sur le chapiteau d’à côté, brandit de sa main gauche cette même Bible.
Marcilhac sur Célé (46): salle capitulaire, chapiteaux à entrelacs végéteaux, 11éme siècle. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): classique de l'art roman, le couple d'oiseaux buvant au calice (annonciation de la Bonne Nouvelle). (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): salle capitualire, entrelacs végétaux. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): salle capitulaire, chapiteaux primitifs, à crochets, pour celui de droite. (Photo: Patrick Garcia)
Je reviens sur mes pas jusqu’à l’angle que fait la salle du chapitre avec l’église. Ici, sur gauche s’ouvre un passage appelé de l’Oratoire, qui permet de rejoindre l’arrière extérieur du chevet. De cette petite cour, on distingue bien les étages que forment le chœur et au rez-de-chaussée le déambulatoire, mais aussi les contreforts qui délimitent les cinq pans du chevet.
Marcilhac sur Célé (46): l'abbatiale et le village lovés au creux des falaises. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): la porte gothique au fond, derrière l'église, est une poterne donnant sur le Célé.(Photo: Patrick Garcia)
Je continue ma balade en franchissant un passage voûté face à l’abside. Il franchit le rempart par ce qui fut une poterne s’ouvrant sur le Célé. Je suis ici au niveau de l’ancienne zone portuaire, juste avant un moulin à eau à cent mètres en aval. J’ai pris l’habitude, depuis quelques mois que je fréquente ce type d’endroit en bordure de rivière, d’emmener un peu de pain sec.
Marcilhac sur Célé (46): "flotille" de cols-verts dans le port, guettant l'arrivée des mies de pain. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): posée sur la muraille bordant le quai, cette belle maison à galerie. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): tout comme celle-là, notez la sortie de la poterne au fond. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): place, en fond, les hautes falaises. Dans l'angle, une sculpture représente le rempart à cet endroit. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): cette sculpture représente le rempart et la porte qui permettait son franchissement.(Photo: Patrick Garcia)
Tandis que j’immortalise les belles maisons anciennes et à balustrades qui bordent ce quai, une petite « escadre » de Cols Verts met voile en ma direction. Je commence à ensemencer mes mies de pain et c’est bientôt une bataille navale qui se déroule sous mes yeux. Les mâles chassent jeunes et femelles. J’essaye donc de distribuer équitablement cette pitance qu’apparemment, tous les Cols Verts de France et du Monde apprécient.
Marcilhac sur Célé (46): depuis des siècles, le même moulin produit la farine de froment utilisée bien plus loin que le village...(Photo: Patrick Garcia)
Mes pas m’ayant conduit près du moulin à eau d’où de gros camions s’échappent distribuer le froment dans les boulangeries lotoises, je me dis que ce pain que je viens de distribuer aux canards, est peut être issu de la mouture de cet établissement, un juste retour des choses…
Sur la façade, à 2 mètres de haut, une marque « Crue 2003 ».
Je suis l’invitation de mon topoguide, je remonte au-dessus de la mairie voir les fières maisons de maîtres. A partir du 19ème siècle, c’est ici que s’installèrent les gens de bien ainsi que les artisans, hors des zones batelières et inondables. Ces maisons cossues côtoyaient les ateliers de sabotiers, cordonniers, charrons, tailleurs, cardeurs…
Le style est caractérisé, comme la plupart des maisons caussenardes par un ou deux pigeonniers en tourelles, donnant un petit air de manoir à ces demeures aux toits pointus qui arborent souvent encore, quelques rangées de lauzes en bordure de toit que l’on ne peut se résoudre à enlever de crainte d’enlever l’âme de la maison. Ces demeures à deux niveaux voient les hommes habiter à l’étage, tandis que le sous-sol est récupéré par la cave à provisions. Un escalier dessert la partie habitable, souvent, le palier de la porte est protégé par un avant-toit qu’ici on appelle « Bolet, ou Balet »…
Après quelques photos, je décide d’aller passer l’après-midi à déambuler dans les environs immédiats afin de mieux m’imprégner des lieux et peut-être réaliser quelques beaux clichés.
Je pars du moulin de Marcilhac, à pied, je longe le Célé sur 800 mètres, jusqu’à un pont refait à neuf sur le Célé. La voie qui y passe est la D170 qui à droite rejoint la D41 m’ayant emmené dans ce village, à gauche elle franchit le pont et forme un « T » dont je prends la partie droite. Je longe au bas, une guinguette qui met à disposition des dizaines de canoës à une population citadine en manque de nature et de fraîcheur en cette journée caniculaire. Je continue ma marche d’un bon pas sur la route pentue.
Marcilhac sur Célé (46): jolie source sur le causse...(Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): magnifique colombier rond en toit de lauzes couronné d'un l'anternon aménagé! (Photo: Patrick Garcia)
Un virage serré et j’arrive devant un petit croisement devant un panneau marqué « Sarrou ». Avant de prendre à gauche, je m’arrête et profite du panorama qui s’étale à droite. Au premier plan, un magnifique pigeonnier rond à dôme est en pleine réfection afin de le rendre habitable tout en respectant cette belle architecture. Au-dessus d’un joli toit en lauze, le campanile a été modernisé par la pose de vitres afin de le rendre étanche.
Je continue à gauche, des panneaux indicateurs indiquent « Champ de Cerisier ; Mas de Bor, Mas de Cornio ». La route est aussi pentue et remonte doucement vers le sommet de la falaise dans un décor un peu lunaire, minéral, mais tellement beau. Chaque côté, de nombreux buis tout au long de mon parcours et même dans tout le secteur du Célé. En fait, j’ai appris par un paysan qu’ici, on se servait du feuillage de cet arbre, débité en petits morceaux, pour fertiliser les terres à vignes l’hiver. Au bout d’1,5 km, la route devient tortueuse, je suis presque au sommet de la montagnette, je me retourne pour profiter de la vue. Au pied de la falaise de droite, je devine une grotte ou une cave ? Je redescends 100 mètres car il y a une clôture au champ possédant cette curiosité. Je découvre une source protégée par une sorte de gariotte bâtie. Etonnant cette eau à cette hauteur (300m au moins), les bêtes sauvages doivent bien en profiter car j’y vois des traces au sol, moi j’y toucherai pas, malgré ma soif, elle ne parait pas très propre.
Marcilhac sur Célé (46): à une portée d'arquebuse"Chels", un hameau avec ses dolmens... (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): en parfait état. (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): "Chels", possède aussi de nombreuses "garriotes" en pierres sèches...(Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): mais ce hameau possède aussi un magnifique"métier à ferrer". (Photo: Patrick Garcia)
Marcilhac sur Célé (46): autre vue. (Photo: Patrick Garcia)
Je redescends vers Marcilhac, au croisement, des anglais dans leur jardin, m’apprennent qu’à 3 kms, à « Chels », hameau perdu sur le causse, on trouve un étrange puits romain à ciel ouvert. Les marches fichées circulairement sur son pourtour, permettent de descendre chercher un seau d’eau même quand le niveau descend par le biais des infiltrations. Ils me disent aussi qu’il y a beaucoup de dolmens un peu partout, on en dénombrerait une centaine dans un carré de 20km de côté. Quant aux gariottes que certains nomment caselles, bories… Marcilhac est un lieu béni, là aussi il y en a des centaines ! Je les remercie, mais il me tarde de retrouver les bienfaits de l’eau fraîche du Célé qui coule à mes pieds au fond de la vallée et que je pressens grâce aux grands cris ravis des amateurs de nautisme…
Marcilhac sur Célé (46): ici tout est possible, canoé, balades-natures, explorations historiques, et la cuisine superbe du Quercy.(Photo: Patrick Garcia)
Et vous ???? Plutôt Canoë ? Ou plutôt Histo ? Ou les 2 ?????
PATRICK GARCIA
Et encore tous mes voeux de bonne et heureuse année 2015!!!!!
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