PAGE 227: ROCAMADOUR, LOT, CITADELLE DU VERTIGE ET DE LA FOI
« Depuis près de mille ans, au-dessus de Cahors, des pèlerins venus du monde entier marchent vers la Vierge Noire, Notre-Dame de Rocamadour. Ils découvrent ainsi une cité religieuse qui s’agrippe à la paroi du canyon de l’Alzou.
A l’abri du rocher, Marie, tenant son fils Jésus sur le genou, les attend. « Il existe des lieux que Dieu choisit afin qu’en eux les hommes fassent l’expérience de Sa présence et de Sa grâce. » disait le pape Jean-Paul II : le Sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour semble être l’un de ces lieux.
Le Sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour n’est pas simplement un lieu que l’on visite mais un lieu où l’on est visité par la Vierge Marie. Elle y transforme des vies, les remplit de l’amour de Dieu, accomplit des miracles, exauce les prières et donne « l’espérance ferme comme le rocher » L’ermite Saint Amadour dont les reliques peuvent être vénérées dans la basilique a été l’instigateur d’un pèlerinage millénaire »
Rocamadour, 46, citadelle du vertige : Les armes de la ville; « Écu de gueules à trois rocs d'argent posée deux et un au chef de France (d'azur aux trois fleurs de lys d'or).
En 1105, le Pape Pascal II fait mention du pèlerinage « à la Bienheureuse Vierge Notre-Dame de Rocamadour » : la renommée du pèlerinage a déjà dépassé nos frontières. Rocamadour devient un des quatre lieux saints de la chrétienté : Jérusalem, Rome, saint Jacques de Compostelle et Rocamadour
Rocamadour (en occitan Ròcamador ou Ròc Amadori) est située dans le département du Lot.
Au cœur du « Haut-Quercy », comme accrochée à une puissante falaise dominant de 150 mètres la vallée encaissée de l' « Alzou », cette cité mariale est un lieu de pèlerinage réputé depuis le XIIe siècle, fréquenté depuis le Moyen Âge par de nombreux « roumieux », anonymes ou célèbres (Henri II d'Angleterre, Simon de Montfort, Blanche de Castille et Louis IX de France, saint Dominique et saint Bernard, entre autres figures illustres), qui viennent y vénérer la « Vierge noire » et le tombeau de « saint Amadour ».
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi, trajet à partir de Ste Livrade sur Lot 47110
Rocamadour, « citadelle de la Foi », est également un site touristique de premier plan, l'un des plus visités de France avec 1,5 million de visiteurs par an, après Le Mont-Saint-Michel, la cité de Carcassonne, la Tour Eiffel et le château de Versailles.
La cité médiévale, aux ruelles tortueuses, est gardée par une série de portes fortifiées (portes Salmon, Cabilière, de l'Hôpital, du Figuier). Un escalier monumental, que les pèlerins gravissaient (et gravissent parfois encore) à genoux conduit à « l'esplanade des sanctuaires », où se côtoient la « basilique Saint-Sauveur », « la crypte Saint-Amadour » (classées au patrimoine mondial de l'humanité), les chapelles « Sainte-Anne », « Saint-Blaise », « Saint-Jean-Baptiste », « Notre-Dame » – où se trouve la Vierge noire – « Saint-Louis » et « Saint-Michel ». L'ensemble est dominé par le palais des Évêques de Tulle. Un « chemin de croix » conduit au château et à la croix de Jérusalem, où a été aménagé un belvédère
Rocamadour, 46, citadelle du vertige : Vue du site depuis l'Hospitalet. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige : Vue du site depuis le chemin de croix. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige : Vue du site depuis l'Hospitalet. Sur cette vue, notez la descente du chemin de croix en bas droite, le canyon de l'Alzou, en bas à gauche, petit ruisseau, souvent à sec, qui a creusé de hautes falaises, et, en face, le château qui domine la cité depuis le moyen âge. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige : Vue depuis en face, de la route D32 qui va à Couzou et Gramat. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige : Vue plus proche depuis en face, de la route D32 qui va à Couzou et Gramat. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : depuis l'Hôspitalet, vue sur le très beau colombier de Rocamadour, dépendant des religieux, bien sûr. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : Depuis le parking de l'Hôspitalet, le Chemin de Croix, ici, à son aboutissement. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : Départ de l'ascenceur à l'Hospitalet avec étape au terme du chemin de croix. (Photo : Patrick Garcia)
Selon Gaston Bazalgues, le toponyme Rocamadour est une forme médiévale qui a pour origine Rocamajor. Roca désignait un abri sous roche et major évoquait son importance. Ce nom a été christianisé à partir de 1166 avec l'invention du faux hagiotoponyme « saint Amadour ou saint Amateur ». En 1473, d'après la monographie d'Edmond Albe, le lieu fut nommé « la roque de Saint Amadour ». En 1618, sur une carte du diocèse de Cahors de Jean Tarde, apparut le nom de « Roquemadour ».
En 1166, les reliques de saint Amadour auraient été découvertes : un corps parfaitement conservé se trouvait enfoui au cœur du sanctuaire marial, devant l'entrée de la chapelle miraculeuse. Le corps de saint Amadour fut sorti de terre puis exposé aux pèlerins. Le corps fut brûlé durant les guerres de Religion et il ne subsiste aujourd'hui que des fragments d'os, bientôt réexposés dans la « crypte Saint-Amadour ».
Rocamadour, 46, citadelle du vertige : Vue depuis l'Hospitalet, le sublime panorama des canyons de l'Alzou. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : restes de l’hôpital qui recevait les pèlerins. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : restes de l’hôpital qui recevait les pèlerins. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : adjacent de l’hôpital le cimetière des pèlerins décédés en chemin. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : la chapelle du 13ème, remaniée au 19ème, c'était le premier contact avec la Cité Mariale. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : la chapelle du 13ème, remaniée au 19ème, c'était le premier contact avec la Cité Mariale. A droite, les restes de l'Hôpital des pèlerins. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : la chapelle du 13ème, remaniée au 19ème, c'était le premier contact avec la Cité Mariale. Intérieur. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l’Hôspitalet : la chapelle du 13ème, remaniée au 19ème, c'était le premier contact avec la Cité Mariale. Une des Vierges noires de Rocamadour. (Photo : Patrick Garcia)
Le lieu-dit « l'Hospitalet », surplombant Rocamadour, a un nom issu de « espitalet » qui signifiait petit hôpital et a pour origine latine « hospitalis ». Ce lieu d'accueil fut fondé en 1095 par dame Hélène de Castelnau.
LE PÈLERINAGE VERS ROCAMADOUR, PAS UNE ALTERNATIVE, PAS UN DÉTOUR, MAIS UN CHOIX !
"Loin d’être un raccourci, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle passant par Rocamadour fait 280 kilomètres. Pour les pèlerins d’antan, se rendre à Rocamadour ne constituait d’ailleurs pas une « alternative ». L’objectif même du voyage était de rejoindre le Sanctuaire, dont les reliques de Saint Amadour et la statue de la Vierge Noire font la renommée depuis plusieurs siècles. La proximité et la notoriété du Sanctuaire, que l’historienne Régine Pernoud appelait le “Lourdes médiéval”, incitaient la plupart des pèlerins en route vers l’Espagne à faire un détour par la citadelle mariale.
Aujourd’hui, l’itinéraire de Rocamadour est composé de sentiers balisés et entretenus régulièrement : les GR®6, GR®64 et GR®652. Cette variante constitue une alternative pour ceux qui empruntent la voie du Puy et désirent bifurquer à partir de Figeac. Le pèlerin arrivant à Figeac a en effet le choix entre deux chemins : le “classique” empruntant le GR®65 via Cajarc et Limogne ou “l’alternative” via Rocamadour pour parcourir le Causse de Gramat, le Haut-Quercy et l’Agenais. La jonction avec l’itinéraire du Puy (GR®65) est établie à La Romieu dans le Gers.
Traversant le Parc naturel régional du Quercy, ainsi que deux des plus beaux villages de France : Penne-d’Agenais et Pujols (Lot-et-Garonne), le chemin offre aux pèlerins une agréable balade au cœur de cet héritage naturel unique. Cinq monuments inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco jalonnent la route : l’hôpital Saint-Jacques de Figeac, la basilique Saint-Sauveur et la crypte Saint-Amadour à Rocamadour, la cathédrale Saint-Caprais à Agen et la collégiale Saint-Pierre à La Romieu."
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : En 1105, le Pape Pascal II fait mention du pèlerinage « à la Bienheureuse Vierge Notre-Dame de Rocamadour » : la renommée du pèlerinage a déjà dépassé nos frontières. Rocamadour devient un des quatre lieux saints de la chrétienté : Jérusalem, Rome, saint Jacques de Compostelle et Rocamadour (Photo : Patrick Garcia)
HISTOIRE
À l'âge du fer, le peuple des Cadurques arrive d'Allemagne moyenne. Au VIIIe siècle av. J.-C., ils colonisent l'actuel département du Lot à l'aide de leurs armes en fer. Les restes d'un village, dans la vallée de la « Salvate » près de « Couzou », ont été retrouvés lors de travaux. Un oppidum perché sur les hauteurs de la vallée de « l'Alzou », en aval de « Tournefeuille », est peut-être lié à la lutte des Gaulois contre les troupes romaines lors de la guerre des Gaules.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : l'épée Durandal plantée dans la muraille qui surplombe l'entrée de la chapelle de la Vierge Noire. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, contre la Chapelle ND (de la Vierge Noire) l'endroit où l'on trouva le corp intact de St Amadour, protégé par une grille, sur la falaise au-dessus vous verrez, plus haut que la photo, l'épée Durandal.(Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, contre la Chapelle ND (de la Vierge Noire) l'endroit où l'on trouva le corp intact de St Amadour, protégé par une grille, sur la falaise au-dessus vous verrez, plus haut que la photo, l'épée Durandal.(Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, contre la Chapelle ND (de la Vierge Noire) l'endroit où l'on trouva le corp intacte de St Amadour, protégé par une grille, les pèlerins jettent presque tous de la menue monnaie pour s'attirer les bonne grâces de la Madone. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, face à la Chapelle ND (de la Vierge Noire) vous admirerez, les magnifiques fresques médiévales du 12ème siécle! (Photo : Patrick Garcia)
Les trois étages du village de Rocamadour datent du Moyen Âge, ils reflètent les trois ordres de la société : les chevaliers au-dessus, liés aux clercs religieux au milieu et les travailleurs laïcs en bas près de la rivière.
De rares documents mentionnent qu'en 1105 une petite chapelle était bâtie dans un abri de la falaise au lieu-dit « Rupis Amatoris », à la limite des territoires des abbayes bénédictines « Saint-Martin de Tulle » et « Saint-Pierre de Marcilhac ».
En 1112, Eble de Turenne, abbé de Tulle s'installa à Rocamadour. En 1119, une première donation est faite par Eudes, comte de la Marche. En 1148, un premier miracle est annoncé. Le pèlerinage à Marie attirait les foules. La statue de la « Vierge noire » est datée du XIIe siècle. « Géraud d'Escorailles », abbé de 1152 à 1188, fit construire les édifices religieux, financés par les dons des visiteurs. Les travaux furent terminés à la fin du XIIe siècle.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, la très belle tourelle d'escalier en toit à poivrière. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, vue sur le sanctuaire depuis l'escalier taillé dans le roc et qui mène aux logis. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, vue d'un peu plus loin et aussi sur le canyon.(Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, de ce même endroit, en se penchant dans le vide, on découvre l'arrivée du Grand Escalier de 216 marches que les pèlerins montaient à genoux.(Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, l'arrivée du Grand Escalier, au niveau des chapelles et de la plateforme du sanctuaire. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour bénéficia déjà d'une renommée européenne comme l'atteste le « Livre des Miracles » du XIIe siècle écrit par un moine du sanctuaire et reçut de nombreux pèlerins. En 1159, « Henri II d'Angleterre », époux « d'Aliénor d'Aquitaine » vint à Rocamadour remercier la Vierge pour sa guérison.
En 1166, en voulant inhumer un habitant, on découvrit un corps intact, présenté comme celui de « saint Amadour ». Rocamadour avait trouvé son saint. Au moins quatre récits, plus ou moins teintés de légende, présentèrent « saint Amadour » comme un personnage proche de Jésus.
En 1211, le légat pontifical pendant la croisade des Albigeois, Arnaud Amalric, vint passer l'hiver à Rocamadour. De plus, en 1291, le pape Nicolas IV accorda trois bulles d'indulgence d'un an et quarante jours pour les visiteurs du site. La fin du XIIIe siècle voit l'apogée du rayonnement de Rocamadour et l'achèvement des constructions. Le château est protégé par trois tours, un large fossé et de nombreux guetteurs.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, surplombant la plateforme la chapelle ND la statue de la Madone. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, le sanctuaire surmonté de la statue de la Vierge et du petit clocher. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Dans la cité religieuse, la statue de la Vierge et le petit clocher . (Photo : Patrick Garcia)
LE DÉCLIN :
En 1317, les moines quittèrent Rocamadour. Le site fut alors administré par un chapitre de chanoines nommés par l'évêque.
Au XIVe siècle, un refroidissement climatique, des famines, des épidémies comme la peste noire ravagent l'Europe.
En 1427, une reconstruction est amorcée, mais sans moyens financiers ni humains. Un énorme rocher écrase la chapelle Notre-Dame qui est reconstruite, en 1479, par Denys de Bar évêque de Tulle.
Par la suite, lors des guerres de religion, le passage iconoclaste de mercenaires protestants en 1562 provoque la destruction des édifices religieux et de leurs reliques. Les chanoines décrivent, dans une supplique au pape Pie IV en 1563, les dégâts causés :
« Ils ont, ô douleur! Tout saccagé; ils ont brûlé et pillé ses statues et ses tableaux, ses cloches, ses ornements et joyaux, tout ce qui était nécessaire au culte divin... ».
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Le Grand Escalier: les visiteurs... (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Le Grand Escalier: l'arrivée dans le sanctuaire... (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Le Grand Escalier... (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Le Grand Escalier: le départ, dans la cité. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Le Grand Escalier: la Porte Sainte permet d'entrer dans l'Enceinte Sacrée. (Photo : Patrick Garcia)
Les reliques sont profanées et détruites, y compris le corps de saint Amadour. Selon les témoins, le capitaine protestant Bessonie le rompt à coups de marteau de forgeron en disant :
« Je vais te briser, puisque tu n'as pas voulu brûler ». Les capitaines Bessonie et Duras tireront, au profit de l'armée du prince de Condé, la somme de 20 000 livres de tout ce qui composait le trésor de Notre-Dame depuis le XIIe siècle.
Le site fut une nouvelle fois pillé sous la Révolution.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Cité religieuse: secteurs réhabilités au 19ème. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Secteurs réhabilités au 19ème. (Photo : Patrick Garcia)
Au début du XIXe siècle, les sanctuaires de Rocamadour étaient dans un état de délabrement important, des arbres poussaient dans le grand escalier, la plupart des commerçants étaient partis. Trois sanctuaires étaient en service (églises Saint-Sauveur et Saint-Amadour, chapelle Notre-Dame), deux sont en mauvais état (Saint-Michel et Saint-Blaise), les deux autres sont ruinés (Sainte Anne et Saint-Jean-Baptiste). La toiture de l'église Saint-Sauveur était à refaire, le mur extérieur de la face du midi accusait un surplomb de trente centimètres sous la poussée des voûtes surchargées de gravats. En 1831, Jacques-Antoine Delpon écrivait : « Tout annonce que cet oratoire célèbre ne subsistera pas longtemps ».
Une volonté politique naquit en France pour la conservation des monuments historiques. Le 13 avril 1830, M. Baumes, préfet du Lot, écrivit une lettre pour demander une aide urgente au ministre de l'Intérieur. Il y joignit un devis, qui s'élevait à 8 500 francs, établi en 1822 par l'abbé Caillaux. Cette lettre resta sans réponse. Une liste des monuments fut dressée pour le Lot, la chapelle de Rocamadour y apparut prioritaire, mais aucun financement ne fut accordé par l'État ou par la municipalité de Rocamadour, ruinée par un procès.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : quelques belles portes du sanctuaire. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : quelques belles portes du sanctuaire. (Photo : Patrick Garcia)
1856: COMME AVEC STEPHANE BERN, ON LANCE UN LOTO POUR RÉHABILITER ROCAMADOUR !
Début 1855, monseigneur Jean-Jacques Bardou, évêque de Cahors, eut l'idée de lancer une grande loterie pour rassembler des fonds. Le ministère de l'Intérieur imposa comme préalable l'établissement de plans et de devis pour les travaux. L'architecte départemental réalisa ces documents et évalua la dépense prévisible à 318 819,71 francs. Trois tirages eurent lieu : 15 décembre 1856, 30 juin 1857 et 31 décembre 1857. 600 000 billets de 1 franc sont émis, mais la loterie ne rapporta que 84 624,63 francs, soit le quart de la somme nécessaire aux travaux.
« L'abbé Jean-Baptiste Chevalt », prêtre architecte et archéologue du diocèse de Montauban fut chargé par monseigneur Bardou de la conduite des travaux qui débutèrent en 1858. En l'absence de financement public et pour éviter de nouveaux retards, l'évêque refusa de soumettre les travaux au contrôle de la commission des monuments historiques, d'où d'importantes tensions que tempéra le préfet du Lot.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : le château en partie reconstruit au 19éme : il domine la cité de ses créneaux et de sa masse imposante . (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : le château en partie reconstruit au 19éme . (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : le château en partie reconstruit au 19éme: Pour ceux qui ne craignent pas le vertige, la vue depuis ce bout de rempart est..."prenante" . (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : le château en partie reconstruit au 19éme : des vertiges d'émotions et des vues flamboyantes sur la cité. (Photo : Patrick Garcia)
Les travaux concernèrent toute la cité religieuse et le château. L'abbé Chevalt dut faire face à de nombreuses difficultés pendant le déroulement du chantier :
- terrain en forte pente (60 degrés) et d'accès difficile qui nécessita l'installation d'une grue et de deux voies ferrées en va-et-vient sur le plan incliné ;
- embauche d'ouvriers et concurrence du chantier de chemin de fer ;
- approvisionnement difficile de machines et produits provenant de Toulouse ;
- négociations houleuses avec les propriétaires et boutiquiers pour l'achat de terrains ;
- blessure d'un riverain et d'ouvriers ; l'abbé Chevalt fut lui-même blessé lors de l'effondrement d'un échafaudage élevé en août 1872 et qui coûta la vie à un de ses employés ;
- épuisement des revenus de la loterie le 4 septembre 1861 ; les revenus provinrent alors du magasin de Marie (vente d'objet pieux), des offrandes des troncs et des donations ;
- instabilité des terrains de la combe au nord des églises (actuel chemin de croix). En 1865, l'abbé Chevalt signala aux autorités des fissures importantes en haut de la combe au nord des églises. L'ingénieur Billard étudie la question et montre que les eaux de la fontaine municipale ne sont plus canalisées et détrempent la couche de terrain argileuse en aval. La municipalité de Rocamadour ne réagit pas jusqu'à l'éboulement du 3 février 1865 qui écrasa la grange et la cave de l'aubergiste Lafon et entraîna le petit chemin de fer et les murs du chantier. Un procès fut engagé contre la municipalité et l'administration du pèlerinage. Le 3 mars 1868, malgré les arguments techniques, les religieux furent condamnés, à Gourdon, puis en appel à Agen le 28 décembre 1868, à indemniser la victime et à effectuer les travaux de soutènement.
À la fin de l'été 1872, les gros travaux de restauration furent terminés.
LE PÈLERINAGE DE ROCAMADOUR
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : la chapelle ND : l'entrée, avec à gauche la vue générale; les numéros ramènent aux détails que j'ai agrandi à droite. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : la chapelle ND : la Vierge Noire. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : la chapelle ND : des ex-votos offerts par des marins sauvés de la noyade. (Photo : Patrick Garcia)
L'épreuve finale du pèlerinage consistait à gravir à genoux les 216 marches conduisant à la cité religieuse (qui comprend sept églises, et douze autres que les restaurations du XIXe siècle n'ont pu relever). Enfin parvenus à l'intérieur des sanctuaires après cette ascension, les pèlerins laissaient en ex-voto divers objets. Les plus connus restent les fers de condamnés libérés de leurs chaînes, les bateaux de marins sauvés et reconnaissants, ou les plaques de marbre gravées et accrochées au mur de la chapelle au XIXe siècle et au XXe siècle. L'insigne des pèlerins est la « sportelle ».
Bien plus que présentant les reliques du corps d'Amadour, le succès du site vint des miracles de la « Vierge noire » dont la cloche miraculeuse signalait par son tintement le sauvetage en mer de marins. Cette reconnaissance du monde des marins valut à Notre Dame de Rocamadour d'être vénérée dans plusieurs chapelles comme au Finistère ou au Québec.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : adjacente à ND, la Basilique St Sauveur : l'entrée (ou la sortie, puisque ces deux sanctuaires communiquent) de la basilique, les deux plaques de fondation de part et d'autre sont agrandies dans les cartouches. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : adjacente à ND, la Basilique St Sauveur : magnificence des piliers qui s'élancent comme des gerbes... (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : adjacente à ND, la Basilique St Sauveur. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : adjacente à ND, la Basilique St Sauveur : la puissance des piliers permet de suporter de hautes et lourdes voûtes et leurs étages supérieurs. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : adjacente à ND, la Basilique St Sauveur : parmi les vitraux de l'église. (Photo : Patrick Garcia)
L'Église encouragea également ce pèlerinage par l'attribution à perpétuité d'indulgences plénières aux personnes qui recevraient les sacrements de la pénitence et de la communion à Rocamadour. Les plus célèbres sont celles du Grand Pardon de Rocamadour, lorsque la Fête-Dieu arrive, assez exceptionnellement, le jour de la Saint Jean-Baptiste (24 juin). Les jours de grands pardons où l'indulgence plénière est accordée, plus ou moins 30 000 personnes se pressent à Rocamadour.
Outre les détails concernant le pèlerinage et les pèlerins, le « Livre des Miracles de Notre-Dame de Rocamadour », dont le manuscrit daterait de 1172, renferme nombre de renseignements sur la vie au Moyen Âge, mille traits de mœurs sur les hommes et les femmes de cette époque, tout un vécu populaire, qui font l'histoire. Outre les circonstances qui ont entouré l’essor tout à fait exceptionnel du pèlerinage, Jean Rocacher évoque les points essentiels que contient ce texte : signification du miracle dans la mentalité médiévale, aspects médicaux, spiritualité et doctrine mariale, intérêt historique signalé entre autres par des événements précis tels que l’ordalie imposée à l’infante de Navarre, « Sancha », épouse de « Gaston V de Béarn ». Il existe une réédition du « Livre des Miracles de Notre-Dame de Rocamadour » présentée et annotée par Jean Rocacher (professeur émérite à l’Institut catholique de Toulouse), avec une préface de Régine Pernoud, chez l'éditeur « Le Pérégrinateur ».
Les tribunaux ecclésiastiques, et parfois les tribunaux civils, ont fréquemment imposé le pèlerinage de Rocamadour. C'était une grande pénitence, infligée surtout aux hérétiques albigeois qui passaient pour haïr la Mère de Dieu. Mais les pèlerinages n'étaient pas toujours un but d'actions pieuses : les seigneurs, les consuls des villes aimaient à se placer sous la protection de Notre-Dame pour conclure un traité ou signer une charte.
Rocamadour possède un pèlerinage très ancien à la « Vierge Marie » sous l'apparence d'une « Vierge noire » dont le corps était autrefois couvert de plaques d'argent, puis d'un manteau, comme « Notre Dame du Puy » ou « Notre Dame de la Daurade » à Toulouse. Cette statue est dans l'une des chapelles dans les sanctuaires à pic, sur les gorges de « l'Alzou »
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : face à la Basilique St Sauveur, la chapelle St Blaise (Photo : Patrick Garcia
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : face à la Basilique St Sauveur, la chapelle St Blaise : On y trouve des vitrines sur les témoignages et souvenirs des pèlerins. (Photo : Patrick Garcia
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : face à la Basilique St Sauveur, la chapelle St Blaise : Ces coquilles percées pour y glisser un lacet témoignaient de leur pèlerinage et les suivaient jusque dans la tombe. J'en ai moi-même sauvé plusieurs lors des travaux de sauvetage aux environs d'églises et dans les cimetières "déménagés", elle sont maintenant dans les musées. (Photo : Patrick Garcia
C'est aussi ici que selon une version, l'épée de Roland, « Durandal », aurait été transportée par l'archange « saint Michel ».
En août 2016, le sanctuaire fêtait les 850 ans de la découverte du corps intact de saint Amadour. Après le pèlerinage annuel qui se tient du 22 au 25 août, les fidèles peuvent de nouveau se recueillir devant les reliques du saint de façon permanente.
- L'un des plus beaux villages de France ;
- 2e site de France ;
- L'ensemble des édifices religieux, site classé monument historique au 14 décembre 2000 ;
- L'église paroissiale offre une représentation murale du « Dit des trois morts et des trois vifs » : trois jeunes gentilshommes sont interpelés dans un cimetière par trois morts, qui leur rappellent la brièveté de la vie et l'importance du salut de leur âme ;
- Les neuf églises ;
- Le moulin du Saut ;
- Hameau de l'Hospitalet : ruines de l'ancien hôpital, chapelle ;
- La vue de tout en haut de la falaise.
DOLMENS
- Dolmen de la Rue appelé aussi Dolmen Les Plantoux.
- Dolmen de Magès (appelé aussi Pierre-Levée de La Pannonie) : dolmen à vestibule dont la table est cassée en deux morceaux, dont un qui a basculé.
- Dolmen du Pech de Gourbières
- Dolmen du Pouget : 44° 49′ 41″ N, 1° 37′ 35″ E
PATRIMOINE NATUREL
- La grotte des Merveilles : dessins préhistoriques ;
- La grotte de Linars : abri de l'âge du bronze ;
- Les résurgences de l'Ouysse ;
- Le canyon de l'Alzou ;
- Le gouffre du Saut de la Pucelle : cavité souterraine située à la limite des communes de Rignac, Rocamadour et Gramat dans lequel se perd le ruisseau de Rignac.
- Le Sentier de grande randonnée GR 6 allant de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) à Saint-Paul-sur-Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence).
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : à droite de la chapelle St Blaise, la chapelle St Jean Baptiste . (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : face à la Chapelle de la Vierge Noire, un "tunnel" sous le rocher des fresques médièvales, c'est ici, à droite, que se trouve la chapelle St Louis, ou est bâtie Notre Dame d'Ovalie... (Photo : Patrick Garcia
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : face à la Chapelle de la Vierge Noire, un "tunnel" sous le rocher des fresques médièvales, c'est ici, à droite, que se trouve la chapelle St Louis, ou est bâtie Notre Dame d'Ovalie... (Photo : Patrick Garcia
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : face à la Chapelle de la Vierge Noire, un "tunnel" sous le rocher des fresques médièvales, c'est ici, à droite, que se trouve la chapelle St Louis, ou est bâtie Notre Dame d'Ovalie... Contre elle, un témoignage de dévotion, quand il n'y a plus de place pour les clous, on change le suport... (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : sous le sanctuaire, la crypte du St Sacrement : une église sous l'église, la crypte, impressionnante de puissance et de légèreté. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : sous le sanctuaire, la crypte du St Sacrement. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : sous le sanctuaire, la crypte du St Sacrement : un tableau indique bien l'atrait des marins (ici Jacques Cartier) pour la Vierge Noire de Rocamadour. (Photo : Patrick Garcia)
Un peu d'Histoire: "Le 16 mai 1535, Jacques Cartier arme une flottille de trois navires et part pour Terre-Neuve. Surpris par la rigueur de l’hiver, il se trouve immobilisé dans les glaces du Saint Laurent, à bord du bateau la Grande Hermine de novembre 1535 à avril 1536. Le scorbut sévit cruellement à bord. Il décide de faire prier l’équipage devant une image de la Vierge Marie et fait célébrer une messe, en promettant d’aller en pèlerinage auprès de Notre-Dame de Rocamadour si Dieu lui donne la grâce de retourner en France.
Jacques Cartier rencontre alors les Amérindiens qui leurs expliquent les bienfaits de la tisane de cèdre blanc, ce qui permettra de guérir l’équipage. A son retour, il alla remercier la vierge à Rocamadour. Chaque année ce miracle est commémoré dans ce qui est désormais la plus grande paroisse de Québec"
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : sous le sanctuaire, la crypte du St Sacrement : l'entrée, aboutissement d'un escalier qui part du sanctuaire. (Photo : Patrick Garcia)
MUSÉES
Un premier musée consacré à la présentation des objets de culte du sanctuaire a ouvert en 1968 dans le palais épiscopal rénové au XIXe siècle. L'intérêt de la collection conservée a conduit à la décision de rénover le musée en 1990. Le musée rénové a ouvert en juin 1996. Le musée est un témoin de l'histoire du pèlerinage à la Vierge de Rocamadour. Il présente sur cinq niveaux une centaine d'œuvres d'art sacré offertes au sanctuaire et qui ont pu être sauvegardées malgré les pillages du sanctuaire.
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : les fortifications de la cité : la porte Basse, en bas, près du moulin sur l'Alzou. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : les fortifications de la cité : la porte du Figuier, tournée vers l'Hospitalet. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : les fortifications de la cité : la porte Hugon qui protège la porte Basse. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : les fortifications de la cité : la porte Salmon en soutien de la porte du Figuier. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : les fortifications de la cité : Autre vue de la porte Salmon, avec la porte Hugon, elles faisaient une seconde ceinture défensive. (Photo : Patrick Garcia)
PARCS ZOOLOGIQUES
- La forêt des singes;
- Le rocher des aigles ;
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : le moulin de Roquefraiche, au bas de la cité, sur l'Alzou. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Passé le moulin de Roquefraiche, au bas de la cité, sur l'Alzou, voici le pont qui mène à la fontaine de Bertiol. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : le chemin qui mène à la fontaine de Bertiol. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : La fontaine de Bertiol, l'entrée. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : La fontaine de Bertiol. Taillée dans le roc. (Photo : Patrick Garcia)
Rocamadour, 46, citadelle du vertige et de la foi : Une belle maison entre la porte Basse et la porte Hugon. (Photo : Patrick Garcia)
(Textes tirés de Wikipédia, de l’OT, de l’encyclopédie numérique « Gallica » et du site du sanctuaire :
https://www.sanctuairerocamadour.com/le-sanctuaire/ )
PATRICK GARCIA