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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
9 juin 2013

PAGE 70 : SUR LA PISTE DES CROIX ET DES CALVAIRES DU LOT ET GARONNE (FIN)

 

SUR LA PISTE DES CROIX ET DES CALVAIRES DU LOT ET GARONNE ( SUITE ET FIN)

VOICI LA LISTE QUASI EXHAUSTIVE DES CROIX ET CALVAIRES DU LOT ET GARONNE COMPLETEE  QUELQUES ANNEES APRES, CI-DESSOUS:  

PAGE 150: INVENTAIRE DES CROIX ET CALVAIRES DE LOT ET GARONNE - Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot

A l'origine de cette étude que j'ai réalisé en compagnie de mon ami Jean Baronchelli, le désir d'inventorier, après les plus beaux Colombiers, toutes les croix et "calvaires" du Lot et Garonne. En effet l'inventaire des monuments historiques et archives départementales n'en dénombraient qu'une douzaine, à ma connaissance.

 

 

4- LA PLANTATION D’UNE CROIX DE CHEMIN : UN EVENEMENT PAROISSIAL !

BEAUVILLE 2

Bel exemplaire, ici à Beauville. (Photo: Patrick Garcia)

Quelles sont les attitudes des populations rurales vis-à-vis des calvaires ?

Cet emblème religieux, érigé dans le paysage rural, suscite au XIXème siècle dévotions et haines. En effet, le calvaire n’est pas un simple élément décoratif de la paroisse, mais bien la représentation de la scène finale de la Passion du Christ, le symbole de la religion catholique.

STE COLOMBES CALV

Gracile, le joli monument de Sainte Colombes de Villeneuve. (Photo: Patrick Garcia)

Aussi dès le XVIIIème siècle, l’évêque monseigneur d’Orléans de la Motte s’inquiète t-il du mauvais état de certaines croix du diocèse d’Amiens : «  Nous avons vu plusieurs calvaires qui nous ont fait bien de la peine par le mauvais état où était la figure du Christ … Dans d’autres, les membres ne tiennent plus au reste du corps. Nous conjurons nos curés, ou de faire en sorte qu’elles soient renouvelées ou s’ils ne peuvent y réussir, de faire détacher ces restes informes qui ne sont plus propres à représenter notre Seigneur en croix, et qu’ils les enterrent dans le cimetière en laissant subsister la croix toute seule » . Au début du XIXème siècle, de nombreuses communautés villageoises rétablissent le (ou les) calvaire abattu pendant la Révolution française. Celui-ci est nécessaire au culte. Ainsi en 1806 à Cagny, le maire écrit au préfet : «  les habitants me chargent de vous supplier de bien vouloir leur accorder les mêmes prérogatives dont ils voient jouir les autres communes ; c’est la permission de relever et rétablir l’ancienne croix à la même place et sur l’ancien pied. Ils n’ont attendu cette faveur si tard et à obtenir votre agrément, Messieurs, que parce qu’ils ont préféré remettre le terrain d’abord et que la décence, le respect et la sûreté pouvaient l’exigé ». Dans certains villages cependant, les habitants ont préservé les croix de chemin du vandalisme. Ainsi, à Montigny-sur-l’Hallue, en 1793, le marquis de Lameth «  réserve le terrain sur lequel est établi le calvaire, des biens vendus à cette époque ».

CALV

De très belles moulures.... Ici, au Castella. (Photo: Patrick Garcia)

Pendant tout le XIXème siècle, les communautés rurales prennent grand soin de sauvegarder cet élément religieux de la paroisse. Ainsi à Belloy-sur-Somme en 1898, Joseph Dupont, un habitant de la commune, lègue à la Fabrique  dans son testament une somme de 1.000 francs «  à la charge d’entretenir sa tombe et la croix de la mare. Pour la croix, il a demandé qu’elle fut repeinte et redorée tous les cinq à six ans ». De même, pendant cette période, de nombreuses croix de chemin sont restaurées, relevées après être tombées, victimes de l’usure du temps, des intempéries et du vandalisme. Dans le cas où la croix ne seraient pas relevée, la mémoire des villageois, entretenue de génération en génération, garde le souvenir que sur le lieu en question, était auparavant érigé un calvaire. De nombreux lieux-dits peuvent en témoigner. Aussi l’endroit où une croix est plantée est bien souvent consacré par la religion pour plusieurs siècles.

CALV ST GERMAIN-LAROQUE

St Germain, à Laroque Timbault, possède une belle "table-autel". (Photo: Patrick Garcia)

Celui-ci est un lieu de dévotion pour l’ensemble de la communauté du village. Chaque dimanche avant l’office, le prêtre mène la procession aux quatre coins de la paroisse, au cimetière lorsque celui-ci est placé à l’extérieur de l’agglomération, mais aussi devant les lieux où sont érigés des calvaires, à la limite des habitations ou même au milieu des champs, aux carrefours ou sur le bord des chemins. Là, au pied de la croix, la communauté assemblée entonne le « O crux ave ». Cette pratique tombe cependant peu à peu en désuétude à la fin du siècle, une loi votée en 1884 interdisant d’ailleurs les processions. Plus simplement, la croix de chemin peut être un lieu de prière pour le villageois à chaque instant de sa journée, comme pour le pèlerin au cours de ses pérégrinations. C’est le « reposoir » du paysan picard.

Certaines formes de dévotion des populations rurales envers les croix de chemin sont moins orthodoxes. Elles participent plutôt de la religion populaire. A Saint-Léger-les Domart, une croix de fer nommée la croix Notre-Dame et placée au milieu des champs sous un grand tilleul est l’objet de pratiques superstitieuses. Ainsi, « les jeunes gens qui devaient tirer au sort pour le service militaire, venaient prier au pied de cette croix afin de prendre le bon numéro. Cependant, il était indispensable que nul n’en sache rien, sinon on ne pouvait réussir. On s’en vantai après ... Les anciennes croix de pierre sont également vénérées. Issues de la période médiévale, elles sont entourées de superstitions, de merveilleux. Tel est le cas notamment pour la croix de Fontaine-sur-Somme située au milieu des champs. Certains pensaient qu’elle tournait sur elle-même le soir venu, ou que des sorciers vienne parfois s’y réunir. A proximité, on peut même y découvrir de fabuleux trésors …

CALVAIRE A FARGUES SUR O35

Tout simple mais pas sans charme, celui de Fargues sur Ourbise. (Photo: Patrick Garcia)

Dans les villages du Ponthieu et du Vimeu, les calvaires font partie intégrante du culte des morts. Ainsi, le cortège funèbre lorsqu’il se rend de l’église vers le cimetière fait une halte devant chaque croix placée sur le chemin. Après avoir entonné une prière en commun à la mémoire du défunt, un des assistants donne au prêtre une «  croisette », une petite croix, assemblage grossier de deux morceaux de bois liés entre eux. Celui-ci la place au pied du calvaire, l’attache même parfois au montant. Puis le cortège reprend sa route. De nombreuses petites croisettes forment ainsi parfois des tas au pied des calvaires dans ces régions, en témoignage de la piété envers les morts. Cette coutume, autrefois très répandue, a tendance à se raréfier …

ESPIENS 3_4

Très gracile: Espiens. (Photo: Patrick Garcia)

« Le signe le plus respectable du culte catholique, l’objet le plus sacré de la religion »  est souvent éloigné des habitations et du village, parfois même isolé au milieu des champs. Il est donc exposé à d’éventuelles dégradations.

 Celles-ci ont été nombreuses pendant la période révolutionnaire. Des calvaires furent brisés, parfois même sous l’ordre des autorités. Ainsi, un arrêté départemental officiel daté du 24 brumaire an VI (novembre 1797), publié à la suite de plantations de croix, stipule que «  les agents et adjoints municipaux seront tenus de faire enlever dans la décade de publication du présent arrêté, tous les signes particuliers à un culte quelconque, qui peuvent être fixés ou attachés sur les places et chemins publics, et généralement en quelques lieux que ce soit , de manière à être exposés aux regards des voyeurs » .

Quissac

Un bel exemple de croix de cimetière à Quissac. (Photo: Patrick Garcia)

De même au cours du XIXème siècle et à la suite des Trois Glorieuses, «  dans bien des villages, des bandes organisées, parcourant les campagnes, abattaient partout les croix de mission élevées de 1815 à 1830 ».

Le Dimanche relate également l’arrestation en 1902 des dénommés Lemaire et Carpentier, originaires d’Amiens, «  colporteurs de brochures anarchistes, anti-religieuses et antimilitaristes », accusés d’avoir perpétré des actes de vandalisme à l’égard de monuments religieux. Ainsi l’année précédente, le département de la Somme et notamment les environs d’Amiens «  sont saccagés par des malheureux qui s’en prenaient aux croix des routes et aux monuments des cimetières ». Du 5 au 8 septembre, quatre croix sont abattues dans la commune de Pont-de-Metz, puis une autre dans la même commune le 21, ainsi qu’à Renancourt à proximité d’Amiens. A Camon également, deux croix sont mutilés les 31 octobre et 2 novembre.

FERRUSSAC 3_4 DROIT

FERRUSSAC TABERNACLE

A Ferrussac, à la place du Christ, il y a un tabernacle sculpté. (Photos: Patrick Garcia)

Peu après le vote de la loi sur la séparation de l’Église et de l’État, une croix est abattue le 9 décembre 1905 à Berteaucourt-les-Dames. «  Ce fut une consternation chez la population chrétienne … Non seulement la croix était renversée, mais les malheureux s’étaient acharnée avec une rage satanique sur l’image du Divin Crucifié. A coups de serpe ou de hache, ils avaient essayé de briser ses jambes ou ses bras, mais surtout ils s’étaient attaqués à sa tête auguste. Des entailles nombreuses montraient la trace de tous les coups … »

Ces actes de vandalisme sont donc commis au nom d’une idéologie d’opposition envers l’Église et la religion catholique, la croix de chemin en étant le principal symbole. Mis à part les méfaits perpétrés pendant les périodes révolutionnaires, il ne s’agit que de faits ponctuels et peu fréquents. En règle générale, les croix de chemin ne suscitent qu’une indifférence passive chez les populations pratiquantes et détachées des choses de la religion, tandis qu’elles sont l’objet de la vénération et de l’attention des populations ferventes.

5 LES COMMANDITAIRES :

MONSORDIS NAUDET PUYMIROL1 CROIX

"Monsordis" à Puymirol. (Photo: Patrick Garcia)

S'il est rare que les commanditaires se fassent représenter sur la croix, il est fréquent qu'ils y fassent inscrire leurs noms ou des signes permettant de les identifier.

Le calice est l'emblème du prêtre. Une croix portant un calice a généralement été faite par un prêtre. Le calice peut être accompagné d'un livre, des initiales ou même du nom du prêtre. Il y avait autrefois dans les campagnes beaucoup de prêtres qui n'étaient pas rattachés à une paroisse (on disait qu'ils n'avaient pas de dignité). Ces prêtres ont pu faire construire des croix dans leurs quartiers. Les seigneuries marquaient leurs territoires de croix arborant leurs armoiries. Le calvaire n'est pas un édifice uniquement religieux.  « En 1511, les artistes aux noms italiens Toinas et Ponci gravent sur la croix l'emblème de leur métier: une équerre et la massette du tailleur de pierre, ici, c'est la hache du bûcheron. Sur le socle de la croix de ce cimetière, il y une grande hache et une petite croix d'où semble sortir comme une boucle de cheveux. C'est le copeau du charpentier. Ailleurs, c'est le marteau et les tenailles du maréchal ferrant. La navette du tisserand se retrouve quelques fois aussi. »

 6 SYMBOLISME DES CROIX

ROGÉ FACE

Superbe croix enchassée dans le mur à l'extérieur du cimetière de Rogé à Villeneuve sur Lot. (Photo: Patrick Garcia)

Le symbole de la croix existait avant le Christianisme. On le trouve par exemple chez certaines tribus d'Indiens d'Amérique. Le croisement d'un trait vertical et d'un trait horizontal c'est la jonction du ciel et de la terre.

Symbolique des nombres

Dans la croix, il y a quatre barres qui divisent l'espace en quatre. On peut y voir les quatre éléments des Anciens: la terre, l'air, l'eau et le feu. En plus des quatre barres il y a aussi un centre (certaines croix sont même percées au centre). Le symbolisme n'a pas de limites dans ce cas.

 Symbolique géographique

On n'oriente pas une croix, on l'occidente. Une croix doit être tournée vers l'ouest parce que selon la tradition, le Christ est mort à l'ouest, face au soleil couchant. « Tel le soleil du soir mourant sur l'horizon, le crucifié rend l'âme au dévers du couchant, symbole immémorial des promesses d'aurore ». Depuis des millénaires, on s'est sans doute tourné vers le soleil couchant en se demandant s'il allait reparaître le lendemain. Il y a là un grand symbolisme que les calvaires ont essayé de conserver. Derrière les crucifixions tournées vers le soleil couchant il y a une promesse d'aurore.

 7 LES CROIX DE MISSION :

calvaire clairac 40

 

Bel exemple de croix de mission à Clairac, ici facilement lisible. (Photos: Patrick Garcia)

 Les missions, qui voient pendant plusieurs jours l'intervention d'ecclésiastiques rompus à l'art de mobiliser les foules et de redynamiser la ferveur religieuse, sont des moments forts dans la vie de la paroisse. Le principe des missions, inventé lors de la Réforme catholique du XVIIe siècle pour « rechristianiser » les populations, connaît son âge d'or au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle. Mais il continue d'être utilisé périodiquement jusqu'au XXe siècle, et ce calvaire constitue une trace d'une des dernières missions, lesquelles se terminent toujours par un moment fort dont l'un des éléments essentiels consiste à ériger une « croix de mission ».

1. Missions paroissiales
On entend par le terme de mission populaire des activités de renouveau religieux menées au sein d'une population déjà christianisée et d'une communauté déjà existante. Son but n'est pas tant le baptême de nouveaux convertis ou la création d'églises, mais bien plus l'intensification de la vie de foi. La pratique des missions paroissiales s'est développée au XVIIIe siècle sous l'impulsion de saint Alphonse-Marie de Liguori et de l'ordre des Rédemptoristes qu'il a fondé, mais aussi par les Jésuites et les Capucins. Des semaines de mission sont ainsi organisées dans tout le monde catholique, par la visite de clercs ou de religieux spécialement formés. Sermons, conférences, exhortations spirituelles, prêches et confessions sont autant de tentatives pour consolider les connaissances de la foi et de revivifier la pratique religieuse des fidèles.

Une mission paroissiale est un prêche, d'une durée généralement d'une semaine, qui est effectuée périodiquement dans une paroisse par des prédicateurs venus d'ailleurs. De telles missions ont été organisées en France dans de nombreuses paroisses, en moyenne une tous les dix ou quinze ans et cela jusque vers 1970.

Les fidèles étaient alors très souvent séparés par conditions d'âge et de sexe : hommes, femmes, célibataires, adolescents ou enfants.

SAVIGNAC_LEYZE 3_4 CROIX

Massive croix des chemins à Savignac sur Leyze. (Photo: Patrick Garcia)

2. Croix de mission

Souvent, une croix de mission était érigée afin d'en conserver le souvenir. Elle porte en général une inscription comportant le nom du prédicateur ainsi que la date de cette mission, avec parfois le thème et les indulgences dont bénéficient les fidèles qui y ont assisté

ST AMANS EXTÉRIEUR 3_4 CROIX

Surveillant la vallée, mais en piteux état, le beau calvaire de St Amans mériterait un lifting....(Photo: Patrick Garcia)

EN CONCLUSION: 

 Je suis loin d’être un spécialiste de l‘histoire et de la pratique des croix et calvaires. Et bien loin de moi de vouloir paraître détenir un savoir que je n’ai pas. J’ai donc puisé ces renseignements tout au long de 40 ans de recherches en épluchant moultes livres et revues. Les extraits et renseignements ci dessus ont été recueillis par mes soins, par la tradition orale, divers écrits, et aussi depuis une quinzaine d’années qu’il a envahi nos foyers, par internet. Un article en particulier, m’a beaucoup inspiré, il s’agit de l'émission radiophonique « Regard sur le patrimoine religieux » d’Yves Pascal Castel, diffusée le mardi 12 mars 1996 sur RCF-Finistère. Mais Wikipédia, et plusieurs sites spécialisés m’ont fournis de la matière…

Quant à l’inventaire des croix et calvaires Lot et garonnais que j’ai réalisé, il ne doit rien à personne. Il m’aura fallut dix ans, pour en répertorier près d’une centaine, alors qu’au début de mon périple, les archives départementales ne pouvaient m’en indiquer qu’une petite douzaine. Pour les plus intéressants, j’ai pris les photos sous divers angles, et tracé des plans qui nous ont permis avec Jean Baronchelli, d’en faire des maquettes d’une vingtaine de centimètres de haut, à l’échelle et très précises. En tout une quarantaine de pièces pour se souvenir…. Et ne pas oublier, qu’un jour des hommes ont placé toute leur énergie et leurs espoirs dans ces symboles d’un avenir sinon meilleur, au moins stabilisé….

Enfin, je suis preneur de tout renseignement fiable et utile pour ce blog, afin d'en faire partager le maximum de gens. Le but de ce blog est avant tout de faire découvrir au plus grand nombre les parcelles de savoir des uns.....et des autres.... Vous pouvez communiquer avec moi par le biais du lien à droite de cet article: "Joindre l'auteur"

HAUTERIVE FACE

Le joli calvaire d'Hauterive. (Photo: Patrick Garcia)

 

PATRICK GARCIA

 

 

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