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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
25 janvier 2014

PAGE 95: LA "GRANDE FILOLIE" (24): J'AI TROUVE LE CHÂTEAU DE LA BELLE AU BOIS DORMANT!...

     

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi... Vue générale. (Photo de Patrick Garcia) 

J’AI RETROUVE LE CHÂTEAU DE LA BELLE AU BOIS DORMANT !

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi....(Photo de Patrick Garcia)

          Il était une fois, en Dordogne, un promeneur qui s’était promis de visiter les environs du pays de Jacquou le Croquant. Montignac, Fanlac, Losse, la forêt Barade, et quelques autres sites comme le manoir fortifié de Reignac et aussi, un castel situé dans un lieu magique : « La Grande Filolie ».

    Le château de la Grande Filolie est un château bâti au sud de la route départementale 704, au sud-ouest de la commune de Saint-Amand-de-Coly dans le département de la Dordogne, en région Aquitaine.

    Le découvrir est une petite « aventure » car il est isolé, en pleine nature et la petite route qui y conduit est étroite et sinueuse, il faut donc être « motivé ». Mais quel régal pour les yeux et quelle ambiance romantique dans ces lieux chargés d’histoire, du bruit des armes, des cris et des coups de feu… Aujourd’hui, les seuls bruits sont l’envol furtif d’un merle, le craquement des feuilles sous nos pas, le vent dans les arbres de la forêt qui le bordent….

    Cette architecture et ce site particulier sont pour moi… qui ai gardé une âme d’enfant, le château de la Belle au Bois Dormant, car cet ouvrage, tout militaire qu’il soit, respire quiétude et nature généreuse…

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi....(Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi....(Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi....(Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi... Cette partie du rempart est abattue. (Photo de Patrick Garcia)

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   Ce castel est construit au début du 14ème siècle, réaménagé dans les siècles suivants suite aux guerres de religions, il fut attaqué et saccagé par les protestants (1572). Tout à fait dans le style Dordognot, avec ses toits en poivrières recouvertes de lauzes, il est pourvu de tours rondes et carrées protégées par des murailles dont certaines ont disparu. Mais l’ensemble qui reste, est à la fois charmant et assez dissuasif. Si le castel  ne se visite pas, la promenade permet d’en faire le tour par la magnifique garenne qui l’entoure. Cela permet d’admirer une très belle entrée, dont la porte en plein cintre, est surmontée d’une bretèche à  mâchicoulis et encadrée des fentes d’un pont levis. Ses toitures recouvertes de lauzes et ses tours à mâchicoulis en font un remarquable ensemble architectural.

  Le vaste corps de bâtiment ouest bâti sur une grande cave voûtée servant de cuvier a dû être construit au début du 17e siècle. Cette aile est flanquée de deux tours carrées. Le mur ouest est couronné de mâchicoulis avec des trous de tirs montrant l'insécurité dans la région. Côté cour, cette aile possède des lucarnes couronnées de frontons avec une coquille.

     En retour de cette aile, au sud-est, on trouve l'entrée avec un passage surmonté d'une bretèche. Elle se continue par la chapelle dédiée à Sainte-Marie de la Conception qui a dû être construite au xviie siècle. La chapelle est prolongée par un bâtiment servant de logement au concierge qui se termine par une tour couronnée de mâchicoulis et coiffée d'une haute poivrière.

        L'aile est a été détruite après 1892. Le plan de 1892 montre que cette aile comprenait les communs, avec séchoir, atelier et boulangerie. Elle fermait la cour du château.

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi....(Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi... Orifices pour mousqueter. (Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi....(Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi... L'entrée défendue par une bretèche et un pont levis. (Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi... Ces tours sont plus anciennes. (Photo de Patrick Garcia)

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   Le château tire son nom d'un ancien moulin à huile qui était installé sur le ruisseau. Il existait onze sites appelés "La Filolie" en Dordogne en 1873 ! Bâti du 14 au 17ème, il est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1947.

   Le château a appartenu à une famille « de robe » de la ville de Montignac, les Beaulieu. On connaît Antoine de Beaulieu qui rend hommage en 1479 pour la maison noble qui se trouvait au bout du pont de Montignac qui appartenait à sa femme, Brandelys du Chesne.

Son fils ou petit-fils, Antoine de Beaulieu, est dit seigneur de la Filolie en 1536. C'est probablement le constructeur du château. Un seigneur de la Filolie est porté pour une cotisation de 5 livres arrêtée le 2 janvier 1549 sur le rôle du diocèse de Sarlat pour la noblesse.

En 1583, c'est Jean de Beaulieu, écuyer, « seigneur de la Filolie », qui prête hommage pour la maison de Montignac pour sa « maison noble du Chaisne ». Au premier quart du 17ème siècle, Jean de Beaulieu, seigneur de la Filolie, se marie avec Hipolite Angèle de Salignac Fénelon, sœur de Fénelon.

Le château est ensuite la propriété de la famille Gaubert. Nicolas de Gaubert épouse Jeanne Chapt de Rastignac au début du 18ème siècle. Celle-ci, devenue veuve en 1708, a été une bienfaitrice de l'hospice de Sarlat. Elle est encore propriétaire du château en 1746. Elle meurt en 1768.

En 1769, Dominique, marquis des Cars, est dit « seigneur de Gaubert de la Filolie, Fialès et autres places ».

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi... L'arrière du castel. (Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi....(Photo de Patrick Garcia)

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Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi... La garenne qui en fait le tour. (Photo de Patrick Garcia)

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 Le château de la "Belle au Bois Dormant" est "La Grande Filolie", d'après moi.... Entrée . (Photo de Patrick Garcia)

Le château appartient à Dominique de Beauroyre, marquis de Villar, à la veille de la Révolution. Il meurt en 1792. L'inventaire après décès montre que l'essentiel du château sert pour l'agriculture. Il y a peu de pièces habitées. Les héritiers ne récupèrent le château qu'après la Révolution. Frédéric de Beauroyre, propriétaire du château en 1853, le vend en 1891 à Octave Rousselet. Ce dernier publie un article sur le château en 1892 mais le vend en 1905à M. Babaud de Prasnaud de la Croze qui, lui-même, ne le garde que deux ans. Il est probablement le restaurateur du château.

 En 1907, Eugène Révillon naît au château. À sa mort en 1928, le château est vendu. Il a ensuite plusieurs propriétaires.

(Généalogie des propriétaires tirée de Wikipédia)

 

 PATRICK GARCIA

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Extraits « HISTOIRE DES PAYSANS » de 1200 à 1600:

 

 

Esclavage :

C'est dans les provinces du Midi que l'esclavage est le moins rigoureux, et c'est dans le Midi que les affranchissements sont le plus fréquents. Ils datent du 13ème siècle, pour la classe agricole, tandis que dans le reste du royaume, ils ne se montrent point avant l'ordonnance de Louis X.

C'est dans le Midi également qu'apparait tout d'abord l'affranchissement par prescription, fruit du progrès par la civilisation. Il suffit, en Provence, qu'un serf ne soit point revendique dans le cours de l'année durant laquelle il s'est réfugié dans une ville, pour qu'il soit et demeure libre.

Du midi, l'affranchissement par prescription gagne du terrain et remonte peu à peu durant les siècles suivants dans les provinces du centre et du nord, et l'on s'affranchit par demeurance de trente, de vingt, de dix ans, plus ou moins, selon les lieux, lorsque l'on y a résidé comme libre sans avoir été réclamé ni inquiété. Ainsi, à Châlons, il fallait dix ans, tandis qu'à Mailly-le-Château, à Sens, il suffisait de la demeurance d'un an et jour. S'ils étaient réclamés dans cet intervalle, et reconnus serfs, ils étaient conduits hors de la châtellenie et livrés à la justice vengeresse de leurs maîtres.

L'ordonnance de 1315 ne lit donc nullement cesser l'esclavage, dont nous retrouverons des traces nombreuses jusqu'à la fin du 18ème siècle.

 

A qui ne devait-on pas, soit des redevances, soit des honneurs, soit de l'obéissance ? Et pour quoi ?

« Il y avait le pape, le roi, le duc, le comte, et tous les autres princes; il y avait les évêques, abbés, archidiacres, doyens et autres constitués en dignités, comme chapelains, etc.; il y avait les barons, chevaliers et simples gentilshommes, « et aussi ceux qui ont les chiens et les engins à prendre les mauvaises bêtes et les faramines qui détruisent les bêtes et les nourritures que les bonnes gens nourrissent et ont pour le profit commun. »…

La  corvée est peut-être, de toutes les exactions seigneuriales, celle qui fut la plus odieuse et la plus justement détestée. Elle est contemporaine des premiers affranchissements, c'est le prix de la liberté, la condition de cessions de terres. Le serf, dans sa misère, ne pouvait pas donner d'argent, il n'en avait pas il ne pouvait pas toujours payer des redevances, ses terres étaient incessamment mises à sac, et il n'avait pas toujours du pain pour lui et pour sa famille. Il donnait son temps, son travail, son corps.

La corvée répondit et satisfit à tous les travaux que put réclamer le châtelain le serf dut faucher, faner, labourer, scier les blés, les rentrer, les battre, façonner les vignes, faire les vendanges, fournir, pour les charrois, charrettes, harnais, bêtes et conducteurs il dut curer les fossés, battre les douves du château pendant la résidence du maître, pour protéger son sommeil contre le chant monotone des grenouilles ou lorsque sa dame était en mal d'enfant; faire les chemins, transporter les matériaux pour les constructions nouvelles et les réparations; il lui fallut vider les écuries; porter le fumier dans les champs, couper et rentrer les chaumes, nettoyer le manoir, aider les ouvriers, maçons, couvreurs et charpentiers; soigner le jardin, faire toutes les commissions, porter les lettres, aller chercher toutes les provisions, le pain, le vin, le poisson, les épices; entretenir les chaussées, curer les étangs et les douets des moulins; garder les foires et les champs, poursuivre les criminels, les escorter à la prison ou au gibet, et même, au besoin, « faire office de pendart ».

Mais l’Eglise aussi !

L’église au  14ème siècle :

La naissance, le mariage, la vie, la maladie, la mort, tout servait au clergé de prétexte pour rançonner les malheureux paysans.

Après avoir mis une amende sur les adultères, le clergé, lorsqu'il dut renoncer à exercer en nature son droit de marquette(cuissage), jura que personne du moins, pas même le mari, n'aurait cette première nuit qu'on lui enlevait, et sut persuader à ces hommes simples, au lieu de la nuit qu'ils devaient à leurs seigneurs et dont ceux-ci faisaient l'abandon, d'en consacrer trois à la Vierge, et de s'abstenir d'être de fait les époux de leurs femmes pendant ces trois premières nuits, en mémoire de Tobie avec Sarah.

 « Ce terme infâme de culage signifiait le droit que s'étaient donné plusieurs seigneurs, dans les temps de la tyrannie féodale, d'avoir à leur choix les prémices de tous les mariages dans l'étendue de leurs terres. » Il y a encore ce fameux droit de prélibation, de marquette, de jambage, de cuissage, que quelques seigneurs de châteaux s'étaient arrogés dans la chrétienté, dans le commencement du beau gouvernement féodal. Des barons, des évêques, des abbés, devinrent législateurs, et ordonnèrent que, dans tous les mariages autour de leurs châteaux, la première nuit des noces serait pour eux »

 

C'est le propre de l'oppression d'enfanter la révolte, et, ne pouvant rien attendre que d'eux-mêmes, les manants tentèrent de secouer violemment un joug imposé par la violence. « Dans la province de Sens, dit Nangis (1315), beaucoup de gens du peuple se liguèrent ensemble, contraints, pour ainsi dire, à se soulever, par les extorsions iniques et vexatoires qu'ils avaient journellement à subir, dans les causes portées devant la cour de justice de l'archevêque, de la part des avocats et procureurs de cette cour. Ces gens, parmi leur multitude toute laïque, élurent un roi, un pape et des cardinaux, résolus à rendre le mal pour le mal, et voulant répondre par une haine opiniâtre à la méchanceté de leurs ennemis, » Pour toute satisfaction à cette réclamation armée, on envoya contre eux des troupes qui en eurent facilement raison. Le soulèvement fut réprimé par la force, et les paysans sévèrement châtiés.

LE PEUPLE A SEC :

Puis en 1355, Jean II donna des lettres-patentes à des commissaires chargés de traiter à composition avec les malfaiteurs, suivant leur rang, les circonstances et la gravité de leur crime, et d'accorder rémission (pardon) entière à ceux qui auraient payé. Le roi et le pape vendaient donc concurremment l'impunité; on pouvait tuer sans risque quiconque importunait, à la condition de le voler par surcroît pour pouvoir acheter son pardon. On trouvait dans le second crime l'immunité du premier !...

Durant tout le cours de ce sombre et fatal 14ème siècle, on dirait que Dieu lui-même est contre le peuple des campagnes, du parti de ses implacables persécuteurs.

La peste et la famine :

Ces deux furies qui marchent rarement l'une sans l'autre, ne s'éloignent un moment que pour reparaître bientôt avec plus de rage. A des hivers sans printemps succèdent des étés sans pluie, les éléments eux-mêmes sont en proie à une immense convulsion, et, suivant la parole de l'Écriture. « La nature en révolte semble être chargée de punir la démence des hommes. » En 1347, on ne compte plus les misères « En ce temps-là, dit négligemment Froissart, courait une maladie, nommée épidémie, dont bien la tierce partie du monde mourut. » Voilà tout ce que le prolixe historien de la féodalité trouve à dire !

 La France commençait à peine à se remettre des désastres de la famine de 1315, qui, causée surtout par les dévastations des gens de guerre (Mézerai, V, 422), lui avait déjà, elle aussi, enlevé pendant les trois années qu'elle dura, le tiers de sa population (Contin. de Nangis, 104). Les loups, forcés par la faim, entraient dans les villages, pénétraient dans les maisons, et cherchaient leur pâture jusque dans les berceaux que les mères n'avaient plus la force de disputer à leur fureur… On vit des pères tuer leurs enfants, des enfants tuer leurs pères; on vit des malheureux détacher les corps suspendus aux gibets pour se procurer une horrible nourriture. Ces scènes affreuses s'étaient reproduites en 1338, elles se renouvelèrent encore en 1349, à la suite de la Peste Noire. Des hameaux entiers disparaissaient jusqu'au dernier homme, les vivants ne suffisaient plus à enterrer les morts, les cadavres sans sépulture ajoutaient encore à l'infection pestilentielle de l'air, et tandis que les uns oubliaient les liens du sang et de l'amitié, les autres, frappés de vertige, se livraient à toutes les débauches, à tous les excès, à tous les crimes. Les ecclésiastiques avaient tous fui; seuls, les moines des ordres mendiants restèrent à la hauteur de leur mission sainte, et furent récompensés par la piété libérale des mourants.

 Le fléau des grandes compagnies :

Mais la grande plaie de ce siècle, la véritable peste et famine des campagnes, ce furent les grandes compagnies… des grandes bandes, des bandits, des brigands, comme on les appelait à juste titre, dont le courage était au plus offrant, aujourd'hui soldés par la France, demain par l'Angleterre, plus souvent encore pillant pour leur propre compte, et qui se recrutaient parmi les bâtards des gentilshommes, les cadets déshérités des familles nobles, les chevaliers revenus ruinés des croisades, et parmi les serfs que ces guerres lointaines avaient déshabitué de la vie honnête et régulière et du travail. Grâce à l'effroyable anarchie de cette époque, la France était pour les bandits une terre de promission ils étaient là chez eux et l'appelaient leur chambre.

…les bandits « dévalaient » par petites troupes de vingt, trente ou quarante, et s'abattaient sur le plat pays, « courant ainsi comme oiseaux de proie volent. » Ils allaient d'abord tout droit en avant, pendant vingt-cinq ou trente lieues, puis tournant bride, ils faisaient main basse sur les villages, saccageant et brûlant tout ce qu'ils ne pouvaient emporter, chassant devant eux les troupeaux et les habitants, entassant leurs captifs dans les prisons de leurs châteaux, déshonorant les femmes, torturant les hommes pour les contraindre à se mettre à rançon, et rôtissant au feu les enfants et ceux qui ne pouvaient se racheter (Froissart, liv. 1, 2e partie. chap. LXI).

Jacquerie

Les "Jacques" massacrés par les "Hommes d'Acier" au Moyen-Âge. (Repro: Patrick Garcia)

 LA JACQUERIE

Ces misérables paysans n'avaient nul moyen de communiquer entre eux et de s'entendre, et pourtant presque au même moment, l'insurrection, commencée d'abord le 21 mai 1358 parmi les manants de l'Ile-de-France, éclata simultanément dans le Beauvoisis, la Brie, les environs de la Marne, dans le Valois, le Laonnais, la terre de Coucy et la terre de Soissons. La conspiration (Cum spiratio) était, dans l'air, on la respirait, l'heure avait sonné à l'horloge des vengeances divines, et le peuple se levait enfin. Une étrange et sinistre chanson, celle de 997, murmurée tout d'abord d'une voix hésitante, éclate tout à coup, et tous les échos des villages se renvoient, bondissant comme le tocsin qui appelle aux armes, le refrain de cette marseillaise d'un autre âge :

Nous sommes hommes comme ils sont.

Des membres avons comme ils ont.

 Un aussi grand cœur nous avons.

 Tout autant souffrir nous pouvons!

 Grâce à Froissart, voilà tout à l'heure cinq siècles que nous pâlissons d'effroi au souvenir de ces cent mille paysans soulevés comme un seul homme, de ces tigres à face humaine qui massacraient les enfants après avoir violé les mères et les sœurs voilà cinq siècles que notre sommeil est troublé par le spectre de ce chevalier mis à la broche, et de sa femme forcée de souiller ses lèvres (Froissart, I, 375, 378; II, /407.)

Seulement tout cela est faux, ce dont on se fût facilement assuré si, avant d'adopter sans réserve la version du chroniqueur de Valenciennes, on l'eût confrontée avec celle du continuateur de Nangis, des chroniques de Saint- Denis, et des historiens de Meaux et du Beauvaisis.

 « Dans l'été de 1358, dit cet historien, les paysans qui habitent autour de Saint-Leu de Cherunt et de Clermont dans le diocèse de Beauvais, voyant les malheurs qui les accablaient de tous côtés, et que leurs seigneurs, loin de les défendre, les opprimaient et leur faisaient encore plus de mal que les ennemis, « crurent que les lois de la justice leur permettaient de se soulever contre les nobles de France. » Il est bien loin de donner à l'insurrection les effrayantes proportions que lui prête Froissart, et sous sa plume, les cent mille jacques du chroniqueur de Valenciennes se réduisent à cinq mille, chiffre beaucoup plus probable, si l'on veut songer que la révolte fut et demeura toute locale, et que le plat pays avait perdu alors les deux tiers environ de ses habitants…

 L'œuvre des paysans s'amoindrit et disparaît, au contraire, entre la réaction impitoyable de la noblesse et l'oppression sanglante des Anglais. Le moine de Beauvais et le moine anonyme qui continua Nangis portent exactement le même jugement sur tous ces faits, et s'il en était besoin, leur opinion serait confirmée encore par une autorité toute-puissante, par celle du dauphin- régent, qui dans ses lettres d'amnistie du 10 août 1358, pour tous les actes commis à l'occasion de la jacquerie, se montre beaucoup plus sévère pour la réaction nobiliaire que pour les paysans révoltés.

La jacquerie avait duré un peu plus de deux semaines. Quelques jours plus tard, le roi de Navarre, dans une seule affaire, en tua trois mille, et s'empara de leur chef, Caillet ou Karlot, qu'il punit du dernier supplice. Abattus par ces deux revers, ils cessèrent de se rassembler, et le jeune sire de Coucy, à la tète de quelques gentilshommes, leur donna la chasse, « et partout où ils les trouvoient, ils les mettoient à fin, sans pitié et sans merci. » Triomphante pendant quinze jours, la jacquerie avait eu, en tout, cinq semaines d'existence !

Fin de l'épisode 1.

"Lu, DIGERE et mis en page par PATRICK GARCIA"

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 Premier conte Agenais:

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Les contes ont, depuis toujours, bercé notre enfance. Gravure Gustave Doré. (Repro: Patrick Garcia)

LES DEUX JUMEAUX.

Il y avait une fois un homme qui passait tout son temps à pêcher. Un jour cet homme prit un gros poisson.

« Homme, dit le gros poisson, laisse-moi aller.

- Non, gros poisson, je veux te porter à ma femme qui te fera cuire, et nous te mangerons ensemble.

-Homme, laisse-moi aller. Je t'enseignerai un endroit où tu prendras des poissons tant que tu voudras. »

 L'homme laissa aller le gros poisson, qui lui enseigna un endroit où il prit autant de poissons qu'il voulut.

Le lendemain, l'homme revint la pêche et reprit le gros poisson.

« Homme, dit le gros poisson, laisse-moi aller.

- Non, gros poisson, je veux te porter à ma femme qui te fera cuire, et nous te mangerons ensemble.

- Homme, laisse-moi aller; je t'enseignerai un endroit où tu prendras des poissons tant que tu voudras. »

 L'homme laissa aller le gros poisson, qui lui enseigna un endroit où il prit autant de poissons qu'il voulut. Quand il rentra à la maison, sa femme lui dit :

« Comment as-tu fait pour prendre tant de poissons hier et aujourd'hui.

- Hier et aujourd'hui j'ai pris un gros poisson qui m'a demandé de le laisser aller, et qui m'a enseigné deux endroits où j'ai pris des poissons tant que j'ai voulu.

- Écoute, mon homme, si tu reprends ce gros poisson, apporte-le-moi, je veux en manger. »

 Le lendemain, l'homme revint à la pêche et reprit le gros poisson. « Homme, dit le gros poisson, laisse-moi aller.

- Non, gros poisson, je veux te porter à ma femme qui te fera cuire, et nous te mangerons ensemble.

- Homme, laisse-moi aller; je t'enseignerai un endroit où tu prendras du poisson autant que tu voudras. Non, gros poisson, je ne veux pas. J'ai raconté tout à ma femme, qui m'a recommandé de t'apporter, si je te reprenais, parce qu'elle veut te manger.

- Eh bien homme, puisque je dois être mangé, quand tu seras rentré dans ta maison, tu donneras ma tête à ta chienne, ma queue à ta jument et mon ventre à ta femme. Ta chienne fera deux petits chiens, ta jument deux poulains, et ta femme deux jumeaux. »

   L'homme revint à sa maison avec le gros poisson, et il donna la tête sa chienne, la queue à sa jument et le ventre à sa femme. Au temps voulu, la chienne fit deux petits chiens, la jument deux poulains et la femme deux jumeaux. Les deux petits chiens, les deux poulains et les deux jumeaux grandirent jusqu'à l'âge de vingt ans, et la ressemblance était si grande pour chaque paire, qu'il était impossible de distinguer un homme ou un animal de l'autre.

  Au bout de vingt ans, les deux jumeaux prirent chacun un cheval et un chien, et s'armèrent pour aller courir le monde. Ils cheminèrent longtemps, longtemps, longtemps, jusqu'à un carrefour où il y avait une croix de pierre.

« Frère, dit l'ainé des jumeaux, c'est ici qu'il faut nous séparer. Je m'en vais du côté du soleil levant toi, va-t-en du côté du soleil couchant. Quand tu reviendras à la maison, tu frapperas cette croix de pierre avec ton épée. S'il en coule du sang, cela voudra dire qu'il m'est arrivé malheur. Mais s'il n'en coule rien, ce sera bon signe, et tu pourras suivre ton chemin jusqu'à la maison.

- Frère, cela est convenu, dit le cadet des jumeaux. »

 Les deux frères se séparèrent et s'en allèrent, l'un au levant et l'autre au couchant. Pendant trois jours et trois nuits, l'ainé chemina dans un grand bois sans rien voir ni rien entendre que les oiseaux du ciel et les bêtes sauvages. Enfin, il arriva dans une ville où tous les gens étaient en deuil et pleuraient.

«  Gens de la ville, pourquoi êtes-vous en deuil, et pourquoi pleurez-vous ainsi ?

- Certes nous avons bien raison d'être en deuil et de pleurer. Il y a dans le bois voisin une grande bête à sept têtes, qui nous prend chaque année la plus belle de nos jeunes filles. Hier encore, elle nous a fait dire qu'elle viendrait nous manger tous si nous ne lui en amenions pas une. Par force il a fallu obéir, et ce matin nous sommes allés dans le bois lier au pied d'un arbre une demoiselle belle comme le jour.

- Gens de la ville, quittez le deuil et ne pleurez plus. Je vais aller dans le bois, et, s'il plait à Dieu, je tuerai la grande bête à sept têtes et délivrerai la demoiselle.

- Dieu t'assiste, brave jeune homme, et te garde de malheur. »

 L'aîné des jumeaux siffla son chien, tira son épée, et partit pour le bois au grand galop de son cheval. Après trois heures de course, il trouva, liée au pied d'un arbre, la demoiselle belle comme le jour.

«  Monsieur, dit la demoiselle qu'êtes-vous venu faire ici ? Retournez-vous-en bien vite. J'entends les cris de la grande bête à sept têtes qui s'approche. Vous pouvez encore vous sauver pendant qu'elle me mangera.

- Demoiselle, je ne suis pas venu pour fuir. Je veux tuer la grand' bête à sept têtes et vous épouser aujourd'hui. Hardi mon chien. Gagne ton avoine, mon bon cheval. »

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Les légendes, ici la Gorgone, ont toujours nourris l'imagination populaire. Ici Rubens. (Repro: Patrick Garcia)

 

 Pendant trois heures d'horloge, l'ainé des jumeaux combattit la grande bête à sept têtes, et finit par la percer de part en part. Alors il lui arracha les sept langues qu'il mit dans son mouchoir. Puis il coupa d'un coup d'épée les cordes qui liaient la demoiselle, et la ramena en croupe la ville. « Braves gens, j'ai tué la grande bête à sept têtes. Maintenant, il me faut cette demoiselle pour femme, Oui, oui, brave jeune homme, épouse-la, tu l'as bien gagnée. »

   L'aîné des jumeaux mena aussitôt la demoiselle à l'église et l'épousa. La noce dura jusqu'à minuit, et, au premier coup de cloche, tout le monde alla se coucher. Le lendemain, au point du jour, le mari réveilla sa femme. Femme, habille-toi, et allons nous promener dans la campagne. La dame s'habilla et suivit son mari la promenade.

« Femme, dit le mari, quelle est cette maisonnette que je vois là-bas ? Je veux l'acheter pour m'y reposer quand j'irai la chasse.

- Gardez-vous-en bien, mon ami c'est une maisonnette mal habitée. Si vous y alliez, il vous arriverait malheur. »

   L'aîné des jumeaux ne répondit rien, mais il ramena sa femme à la ville, et revint seul frapper la porte de la maisonnette.

Pan pan pan !

« Que demandes-tu?

- Ouvrez, ou j'enfonce la porte.

- La porte est en cœur de chêne et en fer, avec de bonnes serrures et des verrous solides. Tu ne l'enfonceras pas. Si tu veux entrer, arrache un cheveu de ta tête, et fais-nous-le passer par la chatière. »

   L'ainé des deux jumeaux arracha un cheveu de sa tête et le fit passer par la chatière mais aussitôt la terre l'engloutit.

  Pendant que tout cela se passait, la dame, qui ne savait rien, demandait des nouvelles de son mari.

« Savez-vous où il est allé ? disait-elle à tout le monde.

- Madame, nous l'avons vu de loin entrer dans la maisonnette mal habitée mais nous ne l'en avons pas vu sortir.

- Ah mon Dieu il lui sera arrivé malheur. »

   Pendant que la dame pleurait toutes les larmes de ses yeux et priait Dieu de lui rendre son mari, le cadet des jumeaux avait fini son voyage au couchant, et retournait dans son pays, monté sur son cheval et suivi de son chien. Arrivé au carrefour où était la croix de pierre, il se souvint de la promesse qu'il avait faite à son frère ainé. Aussitôt il tira son épée et frappa la croix. A la première entaille, le sang coula.

« Ah mon Dieu il est arrivé malheur à mon frère ainé. Hardi mon chien Gagne ton avoine, mon bon cheval. »

     Au soleil couchant, le cadet des jumeaux était dans la ville, où la femme de son frère pleurait toutes les larmes de ses yeux, et priait Dieu de lui ramener son mari.

« Madame, madame, crièrent les gens de la ville, voici votre mari qui revient.

-  Ah mon Dieu, mon bon ami je craignais qu'il ne vous fût arriver malheur dans la maisonnette mal habitée. »

    Le cadet des jumeaux ressemblait tellement à son frère ainé, que tout le monde le prenait pour lui. Il soupa avec la dame et alla se coucher. Mais à peine fut-il au lit qu'il se tourna du côté du mur et s'endormit comme une souche. Le lendemain à la pointe du jour, il sella son cheval siffla son chien, et s'en alla frapper à la porte de la maisonnette mal habitée.

Pan pan pan !

«   Que demandes-tu ?

- Ouvrez, ou j'enfonce la porte.

- La porte est en cœur de chêne et en fer, avec de bonnes serrures et des verrous solides. Tu ne l'enfonceras pas. Si tu veux entrer, arrache un cheveu de ta tète et fais-le passer par la chatière. »

   Le cadet des jumeaux arracha un crin de la crinière de son cheval, et le fit passer par la chatière mais aussitôt la terre engloutit le cheval. Alors le cavalier entra avec son chien par la porte ouverte, et tua toutes les méchantes gens qui étaient dans la maisonnette. Cela fait, il dépava la chambre basse, et délivra son frère et son cheval.

«  A présent, frère, il faut retourner à la ville. Quand nous y serons, je verrai si tu es un homme avisé. »

    Quand ils arrivèrent à la ville, les gens furent fort étonnés de voir deux hommes, deux chevaux et deux chiens si parfaitement semblables et la femme de l'aîné ne savait comment reconnaître son mari.

«  Femme, dit le cadet, ne me reconnais-tu pas ?

-  Femme, dit l'aîné, ne me reconnais-tu pas ?

- Vous vous ressemblez tellement, que je ne suis pas en état de choisir. - - Que celui de vous deux qui est mon mari m'en donne la preuve. »

    Alors l'aîné des jumeaux tira de sa poche le mouchoir où étaient les sept langues de la grande bête.

« C'est vous qui êtes mon mari.

- Frère, dit le cadet, je vois que tu es un homme avisé. Demeure ici avec ta femme, et que Dieu nous maintienne en contentement de santé. Moi, je m'en retourne à la maison et je donnerai de vos nouvelles à nos parents. »

Et cric, cric,

 Mon conte est fini ;

 Et cric, crac,

 Mon conte est achevé.

 Je passe par mon pré,

 Avec une cuillerée de fèves qu'on m'a donnée.

 ooooooooooOOOOOoooooooooo

 PATRICK GARCIA

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Commentaires
H
toujours au travail pour nous réjouir Bravo et merci,Patrick Garcia
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M
Bonjour ami<br /> <br /> j'ai beaucoup aime les recits sur la misere paysane mais egalement sur le chateau de<br /> <br /> la belle au bois dormant que je n'ai pas pu approcher mais qui m'avait seduit car mon<br /> <br /> frere l'avait peint lorsque j'etais enfant et je ne l'ai jamais oublie pas plus que le nom si<br /> <br /> "Autre" epoque merci de m'avoir permis de le retrouver si j'osai' amicalement
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