PAGE 143: LES TRÉSORS CACHÉS DE MONTPEZAT DE QUERCY (82)
Etant natif de Ste Livrade sur Lot, et donc voisin de Montpezat d’Agenais, je me suis trouvé à passer près de Montpezat de Quercy, bourg où vivent encore des membres de la famille des Montpezat, issus de la même souche que celle qui s’illustra lors de la Guerre de 100 ans. Je décidais donc de visiter ce rameau qui avait un air de parenté certain, avec « MON » Montpezat à moi…
Montpezat de Quercy (82): Petit trajet pour grande visite. (Photo: Patrick Garcia)
Le paysage très vallonné est à perte de vue un paysage bocager avec ses champs aux couleurs bariolées bordés de haies épaisses qui donnent un air petit air de Normandie à cette région qui semble très riche, et en tout cas, très agricole. Comme par chez nous, le village est haut perché, pareillement, il y avait un énorme château démoli à la Révolution… Mais, si en Lot et Garonne, les Montpezat ont surtout laissé une trace dans le domaine guerrier, dans ce bourg à la frontière du Lot, du Tarn et Garonne et de l’Aveyron, ces seigneurs ont laissé plutôt une image de religieux modèles, et le village est surtout connu par sa collégiale, les vieilles maisons et les couverts de la bastide, ainsi que par les beaux restes du couvent des Ursulines, aujourd’hui école communale.
Montpezat de Quercy (82): Restes de la porte fortifiée et des remparts, près de l'O.T. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): La même, vue de l'intérieur, avec ses meurtrières. (Photo: Patrick Garcia)
J’arrive et me gare hors des murs, car j’imagine que sur les 1500 habitants, il y aura bien 2000 voitures concentrées sur l’unique et petite place centrale… Plus facile et surtout moins stressant…. Je vise donc l’O.T. qui est à l’embouchure d’une rue défendue par une porte fortifiée à l’ouverture ogivale. Comme en de nombreux endroits, l’accueil est sympa, il y a des brochures sur toutes les curiosités des environs et un topoguide pour la ville avec plan et circuit touristique.
Montpezat de Quercy (82): L'ancien couvent des Ursulines est à présent une école. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Depuis le déambulatoire, on distingue les dortoirs des moniales. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Au-dessus de cette porte, une date : 1756. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): La visite du cloître est libre. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Ancienne porte d'entrée du couvent, dans les niches, manquent deux statues. (Photo: Patrick Garcia)
J’attaque ma visite, comme préconisée, par l’avenue des écoles qui me conduit vers l’ancien couvent des Ursulines et son cloître du 17 ème siècle. Les bâtiments sont aujourd’hui l’école primaire. Il est recommandé de pousser la porte, puisque le plus intéressant est à l’intérieur. En effet, le cloitre est bien présent dans sont intégralité, avec galeries de belles pierres blanches et ses piliers qui courent tout autour des galeries en forme d’arcades voûtées plein cintre. Les dortoirs au-dessus sont bien visibles, et conservés, ils sont aujourd’hui salles de classe. A droite, un petit passage dans une lourde porte, est surmonté d’une date, 1756, celle où l’on a restauré et modifié ce secteur. Je sors et fait le tour pour admirer ce secteur du couvent. Une majestueuse entrée plein cintre dans un portail agrémenté de 2 niches dont les statues des saints ont bien sûr disparues, mais l’ensemble est charmant et la vue sur l’ensemble du couvent est tout à fait agréable.
Montpezat de Quercy (82): Vieux quartiers près du couvent. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Partout des maisons à colombages avec caniveau central. (Photo: Patrick Garcia)
Cette rue se nomme « Impasse des Ursulines », les maisons anciennes sont nombreuses et je vous recommande de bien les admirer, comme celle de la « rue de la Libération » où l’on ne compte plus les maisons à colombages et à encorbellements. Tout le secteur est vraiment ancien, les ruelles, les impasses, les placettes sont du plus bel effet avec leurs belles façades de pierres, ou de briques, ou à pans de bois. Comme dans beaucoup de villes médiévales, les rues sont pavées comme à l’ancien temps, l’égout est centré afin de recueillir les eaux pluviales et les façades sont ornées de plantes, d’arbustes et de treilles….
Montpezat de Quercy (82): La place centrale, si belle avec ses maisons anciennes, est un parking à ciel ouvert. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Sous les couverts. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Dommage, aucun endroit pour faire une vue sans auto. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Portes séculaires. (Photo: Patrick Garcia)
Après avoir déambulé avec plaisir dans ce dédale de rues aux maisons anciennes, j’arrive « place de Résistance ». Comme je le pressentais, elle est gavée des véhicules et c’est dommage, on n’arrive pas à avoir une vue « saine » de cette belle place de bastide avec ses maisons sur piliers poutres ou sur colonnes de pierres… Mais on ne peut se tromper, le bourg est bien une bastide avec ses rues à angles droits et ses couverts. De nombreuses portes anciennes, cloutées ou cochères ou d’échoppes parsèment ce parcours à la recherche du passé.
Près de la quincaillerie, la rue du Château qui mène à une esplanade où trônait le castel détruit en 1793. Mais pour se rendre à la collégiale Saint Martin, il vaut mieux quitter la rue du château et s’engager sur un chemin herbeux qui emprunte les anciens remparts et qui offre une belle vue panoramique. Quelques centaines de mètres plus loin, après une stèle dédiée à Vierge, l’esplanade se termine par une superbe vue sur la collégiale. L’édifice est de style gothique méridional.
Montpezat de Quercy (82): Impressionnante collégiale St Martin. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Un clocher fortifié et crénelé avec des archères le long de la vis qui mène au sommet. (Photo: Patrick Garcia)
Dédiée à saint Martin de Tours, la collégiale de Montpezat a été construite en 1337 grâce au cardinal Pierre des Prés, vice-chancelier de l'église romaine, originaire de la ville. Elle a été probablement l'œuvre d'un architecte la cour pontificale d'Avignon et a été consacrée en 1343.
Antoine de Lettes, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, seigneur de Montpezat, maréchal de France, y est enterré après le 26 juin 1544.
C’est curieux, il n’y a qu’une tour-clocher fortifiée à gauche, alors qu’on s’attend à voir son pendant à droite et ainsi, comme de nombreuses églises, posséder des façades imposantes. Par exemple, St Avit Sénieur, Mézin ou Marcilhac sur Célé, pour ne parler que de celles qui nous sont proches… Mais les vicissitudes de la guerre ou un orage ont peut être abattu la tour de droite si jamais elle a existé.
Montpezat de Quercy (82): intérieur de la nef , bien éclairé et appareillé de belle pierre blanche. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): à droite de l'entrée, une chapelle avec une Piéta. (Photo: Patrick Garcia)
J’entre. La nef est unique et les chapelles sont disposées entre les contreforts, ce qui donne du volume. L’intérieur est bâti en belle pierre calcaire blanche bien appareillée qui rend le vaisseau très lumineux, surtout que la belle rosace et les nombreuses verrières éclairent l’ensemble au point de pouvoir faire des photos sans flache ! Au sommet des voûtes d’ogives, les clés sont armoriées au blason du fondateur, Pierre des Prés. Les chapelles latérales, au nombre de 8, renferment toutes des pièces d’un magnifique trésor. Sur un des murs, un panneau indique que je suis en face d’un des plus beaux trésors de Midi-Pyrénées.
« Dès 1335 et jusqu’à sa mort, Pierre des Près va constituer le magnifique trésor de la collégiale : pièces d’orfèvrerie (calices, ciboires, reliquaires), textiles (tapisseries, vêtements liturgiques) tableaux et livres. Au gré des aléas de l’Histoire, les chanoines de Montpezat, puisèrent largement dans cette richesse pour éviter les pillages ou subvenir à leurs besoins en temps de guerre. La plupart des trésors d’églises constituaient avant tout des réserves de métal précieux toujours disponibles et négociables en cas de coups durs.
La Révolution française porte un coup fatal, envoyant à la fonte, les dernières pièces d’orfèvrerie. Toutefois, la collégiale pu conserver quelques objets d’art de tout premier plan : statues d’albâtre, coffrets reliquaires, Piétà, tissus médiévaux et tapisseries flamandes du 16ème siècle. »
Et pour ne rien manquer de cette collection, l’excellente présentation nous montre le croquis de l’édifice et les photos des différentes pièces « in situe ».
Montpezat de Quercy (82): Ah! Si tous les monuments avaient un tel repérage de leurs trésors.... (Photo: Patrick Garcia)
Je commence ma visite par un morceau de choix, à ma droite, la Piétà du 15ème siècle.
Montpezat de Quercy (82): L'émouvante Piéta du 15ème siècle! (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): depuis 600 ans, combien de pèlerins ont contemplés cette oeuvre? (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Le réalisme du regard et des trait des personnages. (Photo: Patrick Garcia)
Située dans un enfeu, derrière une vitrine, cette sculpture est assez émouvante et pleine de réalisme. Le regard de la Vierge est perdu, comme assommé par la vue de son fils assassiné…
Montpezat de Quercy (82): Vue d'ensemble du triptyque sur la vie de Jésus. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): "L'élévation. "(Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): "La Résurection" (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): La "Naissance" (Photo: Patrick Garcia)
J’avance, ici, trois plaques du 15ème siècle, de provenance anglaise, sont sculptées dans l’albâtre. Ces plaques datées de 1420 (Jeanne d’Arc a 8 ans !) représentent « la Naissance du Christ », « la Résurrection » et « l’Ascension ». Ces délicates sculptures sont parfaitement lisibles, même pour un profane comme moi, c’était le but, à l’époque, éduquer dans la religion de Rome les pauvres et les incultes, car les puissants, eux, avaient souvent l’éducation et le chapelain particulier. Mais dans nos campagnes, nos pauvres Jacques avaient besoin de rester dans le troupeau, et sa formation, son « gouvernement » à l’époque, passaient par les représentations. Ici, pas besoin de grand discours, Marie enfante et le Bébé lui tend déjà les bras, le Christ nimbé sort de son caveau une croix dans la main gauche sous le regard des soldats en tenue militaire du Moyen-âge, enfin sur le dernier panneau, les fidèles sont tous à genou en constatant l’élévation.
Montpezat de Quercy (82): Représentation de la Vierge et de Ste Anne, malheureusement décapitées! (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Notez les beaux drapés... (Photo: Patrick Garcia)
Puis quelques mètres plus loin, un couple de statues malheureusement décapitées, représentant Sainte Anne et la Vierge, en albâtre, du 14ème siècle… Le drapé est magnifique de pureté et de réalisme.
Montpezat de Quercy (82): Autre Piéta dans un retable baroque du 17ème siècle. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Le "Miracle de Ste Germaine de Pibrac". (Photo: Patrick Garcia)
Encore quelques pas et un beau retable baroque du 17ème siècle avec, encore, une Piétà en marbre blanc ou en albâtre… Sur un mur, une toile immense de Bernard Benezet, un artiste toulousain (1835-1897) intitulée « Miracle de Sainte Germaine de Pibrac ».
Montpezat de Quercy (82): Apôtre de bois du 14ème siècle!!! (Photo: Patrick Garcia)
Dans une niche, la statue en bois d’un apôtre, du 14ème siècle. Elle a 700 ans et fraîche comme si sculptée de la veille. La niche tapissée de velours rouge met en valeur la couleur et les veines du bois, les détails de la barbe, du drapé…
Enfin, j’arrive à la partie la plus somptueuse du trésor, les stalles du XVe siècle et les cinq tapisseries des Flandres du début du XVIe siècle offertes par Jean IV, évêque de Montauban et représentant divers épisodes de la vie de Saint-Martin : « partage du manteau », « lutte contre le diable » et diverses guérisons obtenues par le saint. Dans le chœur sont également placés deux gisants, à droite celui de Pierre des Prés en marbre blanc et à gauche celui de son neveu, Jean des Prés, évêque de Castres.
Montpezat de Quercy (82): Le gisant de Jean des Prés. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Et celui de Pierre des Prés. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Pierre qui semble dormir du sommeil des justes. (Photo: Patrick Garcia)
Les tapisseries sont les joyaux de la « couronne », que dis-je du trésor… Pour mieux les décrire, j’emprunte un petit texte publié par l’O.T. de Montpezat du Quercy qui explique mieux que tout, la beauté et l’éclat de ces flamboyantes tapisserie âgées de 500 ans !
Les tapisseries flamandes du XVI ème siècle
« Ces tapisseries, d’origine flamande, furent probablement exécutées à Tournai, mais l’absence de marque de fabrique ne peut le confirmer. Toutefois, l’adoption de silhouettes de réemploi (le soldat romain des panneaux 2 et 3 indique que ces ateliers travaillaient assez rapidement pour un coût moindre). Mais l’école et le cartonnier de cette Vie de Saint Martin restent inconnus.
Spécialement conçues pour le chœur de la collégiale, ces tentures sont vraisemblablement accrochées ici depuis 1520, date à laquelle Jean IV des Prés, oncle du Maréchal Antoine des Prés, régenta le comté de Montpezat pendant la minorité de son neveu.
Pronotaire apostolique, puis abbé-commandataire de la Garde-Dieu en 1512, il est nommé en 1517 coadjuteur de Jean d’Auriolle, évêque de Montauban A la mort de celui-ci, Jean IV est sacré évêque en 1519. Grand réformateur des statuts du diocèse de Montauban, il s’éteint le dernier jour d’octobre 1539. Ses armoiries, timbrées de la crosse et de la mitre, ornent chaque panneau des tapisseries exécutées en laine et soie.
Montpezat de Quercy (82): Le beau trésor que constituent ces tapisseries sur la vie de St Martin. Ici il partage son manteau. (Photo: Patrick Garcia)
Les quinze tableaux rassemblés en cinq panneaux racontent la vie et la légende de Saint Martin de Tours. Martin, né en Pannonie (Hongrie), d’un père général romain, fut le disciple d’Hilaire de Poitiers. Devenu évêque de Tours en 373 après JC, il évangélisa la Touraine, la Saintonge et l’Auvergne. Il s’éteint près de sa ville de Tours en 397.
Les tapisseries ont été restaurées une première fois en 1631 par Jacques Moureau et Gilbert Danton, puis une seconde fois vers 1925, enfin tout récemment en 2001. Chaque tableau est orné d’un quatrain explicatif en vieux français, dont sera donnée une transcription plus intelligible.
La Ville d’Amiens, où Martin, soldat romain était cantonné, est figurée par le château fort à gauche du tableau. A cette époque, au IVème siècle, les soldats romains ne possédaient que la moitié de leur manteau, l’autre moitié appartenait à l’armée.
Montpezat de Quercy (82): Des tapisseries qui ont 500 ans... (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Elles sont d'une richesse peu commune. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Un panneau explicatif permet au visiteur de comprendre la signification des scènes. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Comme souvent les scènes bibliques ont des personnages en habits du siècle de la création de l'oeuvre. (Photo: Patrick Garcia)
A partir de ce panneau commence la « Vita » de St Martin, écrite par St Sulpice Sévère, écrivain latin vivant à Bordeaux au IVème siècle, qui fut ami et disciple de Martin. Martin peut faire abattre les temples païens, le christianisme était officiellement toléré dans l’Empire, depuis la promulgation de la Circulaire de Milan par l’Empereur Constantin.
Quand de Amiens Martin se partist
Lors chevalier soubs loy païenne
Au pouvre son manteau partist
Faisant œuvre de foy christienne
Quand d’Amiens partit Martin
Alors chevalier de la loi païenne
Au pauvre son manteau partagea
Faisant œuvre de foi chrétienne
Ydoles Martin detruisoit
Quand pour le occir ung payen vint
Mais comme fraper le cuydoit
Ne sut que son coulteau devint
Martin détruisait les idoles
Quand un païen vint pour le tuer
Mais comme il voulait le frapper,
Il ne sut ce que son épée devint.
Le diable fist tomber Martin
Dont se tint navré grieivement
Mais sain et sauf fust le matin
Par vertu de ung saint ungement
Le Diable fit tomber Martin
Qui fut grièvement blessé
Mais sain et sauf fut le matin
Par la vertu d’un saint onguent. »
Et c’est vrai qu’elles sont magnifiques ! Comme souvent, les costumes sont mélangés entre antiquité et époque où ce chef d’œuvre a été réalisé, ce qui n’enlève en rien le réalisme des scènes et l’éclat des couleurs. Dire que 500 ans d’histoire nous contemplent du haut de ces cimaises…
De chaque côté du cœur, les deux gisants, de Pierre des Prés en marbre blanc et à gauche celui de son neveu, Jean des Prés, évêque de Castres. Ces sépulcres n’ont pas trop été maltraités à la Révolution et offrent des visages parfaitement apaisés.
Montpezat de Quercy (82): Premier coffret de mariage du (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): second coffret de mariage du 14ème siècle. (Photo: Patrick Garcia)
En continuant ma visite, je tombe en admiration devant deux coffrets dorés de mariage du 14ème siècle, dans une niche. Ces cassettes, munies de cadenas, sont gravées de scènes romantiques et dorés.
Montpezat de Quercy (82): Vierge aux colombes du 14ème. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): (Photo: Patrick Garcia)
Un peu plus loin, une belle « Vierge aux Colombes » du 14ème siècle, au beau drapé malheureusement mutilée. Un peu plus bas, des fonds baptismaux polychromes du 16ème siècle.
Montpezat de Quercy (82): la clé de voûte porte le blason des des Près, les fondateurs. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): La rosace aux motifs géométriques. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Motif central de la rosace. (Photo: Patrick Garcia)
Avant de sortir, je lève la tête vers la belle rosace aux motifs géométriques multicolores du plus bel effet…
Montpezat de Quercy (82): Quartier antique: le "collège des chanoines". (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Une passerelle permettait de passer d'un habitat à l'autre, près du puits. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Vue de depuis la passerelle-balcon. (Photo: Patrick Garcia)
Je fais le tour de l’édifice et j’admire, à l’arrière, le collège des chanoines et leurs habitations. Ces bâtiments médiévaux, avec leurs galeries de bois couvertes, leur rez-de-chaussée de pierre et leurs étages à colombages, sont tout à fait remarquables. Une passerelle réunit même deux des « quartiers » à étages dont le puits antique au centre de la place pavée, donne l’impression que nous sommes remontés quelques siècles en arrière…
Puis je « remonte » sur le plateau où se trouvait le château féodal, détruit à la Révolution française.
Montpezat de Quercy (82): Vieille maison à colombages. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Pami les venelles. (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Un décors de film d'époque... (Photo: Patrick Garcia)
Montpezat de Quercy (82): Parmi les belles "sonnailles". (Photo: Patrick Garcia)
Je passe le reste de la matinée à visiter, les vieilles maisons et les belles placettes de la ville qui sont restées proche de ce qu’elles étaient au 17/18ème siècle. La ville est attachante, très agréable et dynamique. Il y a beaucoup de belles choses à voir et je vous recommande vivement d’y aller faire un tour, vous ne le regretterez pas !
NOTICE OFFERTE PAR L’O.T. DE MONTPEZAT AUX VISITEURS
« La Collégiale Saint Martin a été fondée par le Cardinal Pierre Dés Prés, originaire de Montpezat-de-Quercy. Elle fût consacrée en 1343. Si vous la contournez, vous découvrirez à l’arrière, le collège des chanoines, soit, leur habitation.
LE CARDINAL PIERRE DES PRES
Né à Montpezat vers 1280, Pierre des Prés est le fils de Raimond II des Prés, seigneur de Montpezat. Après avoir obtenu son diplôme de docteur en droit civil, il devint professeur à l’Université de Toulouse, université dont il réforma les statuts en 1329 avec le Cardinal Gaucelme de Jean.
En 1317, il se rend célèbre en instruisant le procès d’Hugues Géraud, évêque de Cahors, accusé d’envoûtement sur la personne de Jean XXII et sur certains de ses familiers. Après la mort soudaine, en plein procès du cardinal Jacques de Via, propre neveu du pape, Hugues Géraud est condamné à être dégradé de son état de prêtre et meurt sur le bûcher en Avignon.
Ce procès retentissant vaut au jeune quercynois l’amitié du pape cadurcien Jean XXII qui le nomme dès 1318 évêque de Riez, puis quelques mois plus tard archevêque d’Aix. Enfin, en 1323, Jean XXII fait Pierre des Prés cardinal évêque de Palestrina.
Le couronnement de sa carrière au sein de la Curie Avignonnaise est atteint en 1325, lorsqu’il est nommé Vice -Chancelier de l’Eglise. Dès lors, le cardinal des Prés dirige la chancellerie pontificale, service qui s’occupe de la rédaction et de l’envoi des bulles papales. Service important s’il en est… Sa valeur lui permit de conserver ce poste jusqu’à sa mort, servant quatre papes : Jean XXII, Benoît XII, Clément VI, Innocent VI.
Brillant juriste, mécène, Pierre des Prés se vit également confier des missions diplomatiques, telle que cette trêve qu’il négocia à Malestroit en 1342 entre Edouard III d’Angleterre et Philippe VI de Valois, en pleine guerre de Cent Ans. La peste qui frappe Avignon en 1361 n’épargne pas le vice-chancelier qui meurt le 16 mai.
Selon sa volonté, Pierre des Prés est inhumé le 13 juin sous la grande dalle en avant des marches du chœur de sa collégiale de Montpezat.
LA CITE MEDIEVALE
Durant tout le Moyen Age, la cité était ceinturée, et des portes en donnaient l’accès. Elles étaient au nombre de cinq, il n’en reste qu’une seule aujourd’hui, dite porte de l’hôpital, qui se trouve à côté de l’Office de Tourisme. Les fossés qui se trouvaient sur l’actuelle avenue des écoles et boulevard des fossés ont été comblés en 1856. Montpezat-de-Quercy compte aujourd’hui 1400 habitants, des artisans et des PME. Le village continue a se développer vers le nord ouest de la cité. La plus ancienne mention de Montpezat apparaît au 7ème siècle. Nous savons qu’en contre bas de la collégiale se trouvait une paroisse avec une église dédiée aux martyrs espagnols St Just et Saint Pasteur. A l’occasion des invasions, notamment les invasions barbares, les habitants venaient se réfugier sur le promontoire qui se dresse face à la collégiale. La famille de Montpezat, premiers seigneurs du lieu régna jusqu’en 1250, date à laquelle, accusée d’hérésie cathare, elle fut supplantée par la famille des Près. Cette famille donna à la cité de Montpezat de grands personnages. Le plus illustre fut Pierre des Prés. Né vers 1280, Pierre des Prés, cadet de sa famille, fut destiné par ses parents à l’état ecclésiastique, il fit de brillantes études de lettres puis de droit et fut appelé au service du Pape Jean XXII (Jacques Duez, natif de Cahors) à l’âge de 26 ans. Il occupa diverses fonctions importantes et démontra toujours une grande efficacité et loyauté envers le Pontif. Il devint rapidement vice-chancelier de l’église romaine (bras droit du Pape) et mena alors une brillante carrière de plus de 45 ans au sein de l’état ecclésiastique. Il meurt de la peste en 1361. Il avait auparavant fait ériger la Collégiale Saint-Martin : "Que mon coeur demeure en Avignon et mon corps à Montpezat" avait-il fait noter dans son testament...
LA CITE
Sur le promontoire, nous savons que depuis le 11ème siècle, se dressait un château qui fut modifié au fil du temps, et qui fut entièrement détruit lors de la Révolution française. La place centrale à couverts de la cité, de laquelle débouchent trois rues principales, se développa au temps des bastides. En empruntant les venelles, vous découvrirez au cœur de ce quartier de ravissantes petites placettes créées beaucoup plus récemment. L’hôtel de Ville date du Second Empire. Le précédent accueillait au 1er étage, les assemblées de magistrats de la ville et au rez-de-chaussée, se trouvaient les poids et mesures qui servaient pour la cité et tous les environs, à peser le blé, le safran et toute autre récolte.
LES URSULINES FONDATION DU COUVENT DES URSULINES
Le 13 OCTOBRE 1631 , SUZANE d'ASTER DE GRAMONT , marquise de MONTPEZAT , veuve d ' HENRI DES PRES , selon les vœux de son époux , fonde le couvent des religieuses URSULINES de l' ordre de St AUGUSTIN . - Les religieuses sont recrutées dans la noblesse et la bourgeoisie quercynoise , à la grande satisfaction de leurs familles qui ne sont plus obligées de les marier pour les " caser "....
- L'Ordre procure aux jeunes filles de toutes conditions, mais surtout d'origine modeste, une éducation théorique et pratique : " On s'attache à former des chrétiennes convaincues : piété bien éclairée , esprit large, caractère ferme et doux , ouvert à tous les dévouements qui conviennent à la femme ..."
- on y enseigne aussi la musique vocale, le piano, harmonium, dessin, peinture.
- nourriture saine. Présence, ultérieurement d'un médecin et un pharmacien. Les bienfaits de cet enseignement sont reconnus et largement appréciés.
- En 1776 les 28 sœurs de chœurs et les 7 converses voient octroyer à leur couvent, le titre de MAISON ROYALE D' EDUCATION, par lettres patentes du roi LOUIS14
- A la révolution : Malgré l’opposition des notables , le couvent est évacué le 2 octobre 1792 .Les sœurs se cachent dans les familles des environs ... - Le couvent est vendu aux enchères . Réquisitionné par la municipalité il sert tour à tour de Gendarmerie, de prison, à la fabrication de salpêtre ... - Puis, un Montpezatais achète la bâtisse.
En réalité, il sert de prête nom à sœur Sophie (Marguerite de Bellefond) qui réinstaure une éducation clandestine en 1801.
- l'enseignement devient officiel en 1827.
- Au vingtième siècle : La loi interdit aux Ursulines, l'enseignement aux filles. Un délai est obtenu jusqu'en 1911 .L'enseignement est maintenu dans une maison privée appartenant à Xavier Galabert ( neuveu de Firmin Galabert ,curé de Montpezat)
- Le départ définitif des Ursulines a lieu en 1925. Les sœurs se dispersent dans d'autres couvents.
- Les bâtiments sont vendus à la commune en 1927.
- Le mobilier est dispersé : à la Collégiale entre autres (tableau de B. Bénezet. de sœur Angèle de Mérici fondatrice des Ursulines. Chaire de la fin du 18éme siècle)
- Le sceau en bronze du couvent représentant st Augustin en pied, avec cœurs enflammés, a été retrouvé à Montauban dans une collection privée. »
PATRICK GARCIA