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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
22 juin 2013

PAGE 72 : CET INCONNU: "LE PAYS AUX BOIS" HAUT-AGENAIS / PÉRIGOURDIN

chataignes richesse

Seule richesse pour les pauvres....La châtaigne (repro: P.G.)

 Un secteur méconnu : « LE PAYS AUX BOIS ». Le Nord Est du Lot et Garonne, bien décrit par Pierre Deffontaines dans sa thèse de doctorat en 1932, texte imprimé dans un ouvrage : « La Moyenne Garonne », où il décrit cette partie de l’Aquitaine qui englobe le haut du Tarn et Garonne, du Gers, l’Est des Landes, le sud de la Gironde, de la Dordogne et l’Ouest du Lot, et qui englobe en son entier le Lot et Garonne…

Cette étude nous apporte bien des enseignements sur la manière dont vivaient nos ancêtres, dans tous les compartiments de leur vie de tous les jours. J’emprunte quelques lignes à Pierre Deffontaines pour décrire un petit peu ce fameux « Pays aux Bois » dont les habitants souvent pauvres et malheureux était craints, raillés et parfois redoutés. De nombreuses histoires ou légendes racontent les méfaits des brigands de grands chemins qui détroussaient les voyageurs presque impunément, au milieu de ces forêts redoutées qu’ils ne traversaient qu’en groupe. Avant Fumel, près du Lot, au niveau de l’écluse, la route enserrée entre la rivière et la falaise était un véritable « coupe-gorge »… Oui, le « Pays aux Bois » était tout à fait particulier et valait bien quelques lignes….

castagnes

 Recolte desChataignes

Récolte du précieux fruit ( Repro: P.G.)

Plus communément appelé « PAYS AUX BOIS DE BELVES », ses frontières naturelles débordaient largement le Périgord jusqu'à Castillonnés, le Laussou, Lacapelle Biron et Fumel en Lot et Garonne.

C’était une des plus pauvres régions du Sud Ouest, les gens trouvaient l’essentiel de leurs ressources non dans l’agriculture ou  la viticulture, mais dans l'exploitation des arbres et des bois ; à peine un tiers des terres était en culture en 1803 ; aujourd'hui (en 1929), pas même une moitié. Le blé ne donnait que deux ou trois pour un, le pays devait acheter de la farine en Agenais(1) On se nourrissait plutôt de pain de millet que de pain de froment, différence essentielle avec la Moyenne Garonne qui était alors un des meilleurs pays à blé. D'ailleurs le principal aliment n'était pas le pain mais la châtaigne (2). Pendant six mois de l'année, métayers et journaliers ne vivaient que de châtaignes ; un châtaignier nourrissait journellement une famille de dix personnes (3). Un autre arbre jouait un rôle très important, le noyer ; la noix fournissait l'huile, utilisée pour l'alimentation et pour l'éclairage ; on en faisait aussi une liqueur et même une soupe ; le résidu de l'extraction donnait un tourteau avec lequel on engraissait le petit bétail et la volaille. Une des principales occupations était le ramassage des fruits ; on ramassait également champignons et truffes. L'élevage du porc par les châtaignes et les glands s'associait à cette économie de cueillette. C'était encore une sorte de ramassage que l'extraction du fer dans les sables sidérolithiques ; les paysans avaient leurs « minières » dans leurs terres et les exploitaient à temps perdu. Le travail du fer profitait de l'abondance des bois qui donnaient le combustible, surtout le taillis de chêne qu'on transformait en charbon.

photo-Jacquou-le-croquant-2004-3

Dans le film "Jaquou le Croquant" la misère des gens du Pays aux Bois est bien décrite. (Photo du Net)

 Pays de petites ressources, de petits métiers et de petites gens ; beaucoup devaient chercher du travail au dehors comme chiffonniers, colporteurs, marchands de vins, bref, une Auvergne en Aquitaine. Les habitants étaient mal considérés ; les Agenais surtout les trouvaient sauvages et rustres ; quand on parlait de quelqu’un  de peu « dégrossi » on  disait : « C’est un Péligord » ou « Pécayrés », c'est-à-dire un malheureux… Vers Belvés on disait même ce sont des « Peccoluno », les pêcheurs de lunes, c'est-à-dire ceux qui vivent d’expédients. Jadis, les gens du « Pays au Bois » cachaient leur origine de crainte des quolibets que leur adressaient d’autre plus favorisés…

sous bois

Ces routes perdues dans les châtaigneraies étaient parfois de véritables "coupe-gorges"

1. Statistiques générales de la France an XII, vol. VI, p. 84. — Arch. Lot-et-Garonne. CC. 54, année 1552. En 1770, on établit le projet d'une route entre Fumel et Domme pour transporter les grains de l'Agenais en Périgord. En 1764, le sac de blé valait à Domme et Sarlat en Périgord 24 livres, et à Fumel en Agenais 17. On projette pour la même raison une route de Villeneuve-sur-Lot à Monpazier et Belvès. Arch. Nat. F 14 134.

2. Lettre de M. ESMENGARD à l'Abbé TERRAY, 14 nov. 1772:

«  La récolte en grains a été si modique qu'il n'est pas possible de permettre l'exportation des châtaignes qui sont l'unique ressource des pauvres gens de la campagne ». (Arch. Historiq. Gironde, T. I, 1859, p. 267.)

3. Statistiques générales de la France, an XII, vol. VII, p. 343. On ajoute : (. Un homme de travail mange à 10 heures du matin environ 300 châtaignes blanchies et il ne lui faut d'autres aliments jusqu'à 6 ou 7 heures du soir. Le cocotier, cet arbre précieux qui fournit La nourriture et le vêtement, n'est peut-être pas beaucoup plus utile dans l'Inde que ne l'est le châtaigner dans la Dordogne. En 1860, la Dordogne, avec ses 872.000 hectolitres, arrivait au deuxième rang pour la production de la châtaigne après la Corrèze. Enquête agricole de 1862, p. XIII

PATRICK GARCIA

 

 

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