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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
25 février 2019

PAGE 215: SOUTERRAINS ET REFUGES AUTOUR DE DOLMAYRAC (47): QUAND L'HOMME SE TERRAIT COMME UNE BÊTE...

 

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Au cours de notre histoire, il y eut des époques, tellement tristes, odieuses, insoutenables… Qu’il y eut des moments où certains  humains se transformèrent  par la force des choses, en bêtes… Les lieux de vie éclaboussés de sang, de souffrances diverses et variées, pour ne pas dire raffinées, ils se réfugièrent, tel des animaux, au plus profond de la terre, dans des grottes ou des cavités naturelles aménagées, pour fuir les fléaux…

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Les drakkars ont navigué sur nos rivières, apportant dévastations et fléaux. (Photo : du Net)

Fuyants les barbares qui remontaient les rivières sur leurs drakkars, ils détalaient loin des voies de navigations et de communications pour échapper à une mort certaine et au pillage de leurs maigres biens.  Plus tard, au moyen-âge, le paysan était esclave (cerf) du seigneur. Pour échapper à la cruauté de certains, au droit de cuissage d’autres, à l’assouvissement des vengeances entre nobles qui ravageaient les terres de leurs voisins pour les affaiblir, nombre de ces pauvres hères préférèrent survivre dans des tanières, au moins dans les périodes les déshumanisées.

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Être différent, soigner par les plantes, n'être pas du même moule... entrainait souvent la peine du bûcher. (Photo : du Net)

   A cette époque là, la vie d’un humain ne valait pas grand-chose…. On brûlait les rabouteux (ses) accusé(e)s de sorcellerie, les « Grandes Compagnies » passait à la broche les fermiers pour leur faire avouer où ils cachaient leur argent et leurs femmes… On « branchait » tous ceux qui ne pensaient pas comme les dirigeants, les bûchers empestaient l’air des campagnes comme des villes. Se singulariser valait l’accusation ultime : « d’Hérétique »…. Synonyme de bûcher.

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : La version idyllique du Moyen-âge....(Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : La version coutumière du Moyen-âge: famines suivies de pestes et choléra. (Photo : Patrick Garcia)

  Puis vint la « guerre de 100 ans » et ses deux plaies : « Famine-pillage » accompagné par « peste-et-choléra ». Ce furent les moments de gloire de la « Grande Faucheuse ». Les soudards sont tellement plus heureux de s’entrainer à la guerre sur les gens des campagnes et des villes. La guerre est l’art de vivre sur «  le tas », les armées réquisitionnent leur subsistance et se servent cordialement sur le pays, puis, ayant investi une place forte, passent leurs nerfs sur les villageois qui avaient fuis les campagnes peu sûres…

   Nous voyons ces époques avec les yeux du cinéphile qui aime les grandes épopées de « Kingdom of Heaven » ou du « Cid »…. Mais les véritables victimes de ces guerres perpétuelles furent les civils dont, pour beaucoup, cherchèrent refuge dans ces grottes que nous connaissons tous, ou dont nous avons tous entendus parler, souvent à tort….

Qui n’a entendu un collègue lui affirmer que tel ou tel souterrain était supposé passer sous telle ou telle rivière pour rejoindre un château distant de plusieurs kilomètres… ? Ici, à Ste Livrade sur Lot, tout le monde croit avoir un souterrain qui passe sous sa maison ! Alors que ce ne sont que des silos à grains ou des égouts anciens...

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Pour beaucoup, ces lieux secrets cachent des "trésors", le "Graal", peut-être... (Photo : du Net)

   Nous sommes ainsi faits… Nous voulons rêver encore un peu, espérer un jour trouver une de ces fameuses caches où nous attend le « Graal » ou même, un sac d’or ou de pierres précieuses…. Mais ces souterrains-refuges n’ont rien à voir avec les « cachettes monétaires », perdues par faute de la mort du propriétaire qui avait bien raison de se méfier des événements à venir ! Nos refuges ne sont que des « terriers »…  « Tanières » de bêtes humaines acculées par la peur et la famine.

    Les guerres ont toujours eu pour théâtres les campagnes et le petit peuple. Quand l’orage grondait, ceux qui ne voulaient pas rejoindre les mouroirs qu’étaient les villes assiégées où régnaient souvent « Famine-pillage- peste-et-choléra », préféraient, se prémunir dans des tanières dissimulées au milieu des bois dans des endroits  inhospitaliers.

   Il faut s’imaginer ces « refuges », souvent sans éclairage, si ce n’est l’orifice d’entrée, avec parfois, pas de cheminée, ce qui impliquait un « confort »  très sommaire….

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Dans ces époques, la vie dans les campagnes pouvait se transformer rapidement en enfer, la famine provoquée par les guerres incessantes, poussait souvent, les misérables à manger des écorces ou de l'herbe pour calmer la faim qui les tenaillait. (Photo : du Net)

   Comment réaliser, aujourd’hui, ce semblant de vie que nos ancêtres ont vécu ? Au fil de nos promenades, de nos randonnées, de nos chasses, ou de nos recherches historiques, quand nous découvrons une de ces cavités, pouvons-nous imaginer un seul instant les événements et la vie de ceux qui l’ont aménagée et y ont vécu ? Peu y arrivent gavés du confort actuel, nous avons du mal à nous imprégner  de ce qu’ont eu à endurer nos aïeux....

A LA DECOUVERTE

C’est ainsi qu’un jour, j’étais plus jeune, passionné d’Histoire et de photos,  je rencontrais un agriculteur des environs de Pech de Plat, près de Dolmayrac, M. Massou, que me présenta son fils avec qui j’avais été à l’école. Au cours de notre conversation, cet homme affable, s’intéressa à ma passion pour l’Histoire locale et après quelques questions, m’indiqua qu’au bas de sa propriété, dans un petit vallon, qui s’ouvre comme un entonnoir renversé, il y avait un beau souterrain-refuge, même si une partie s’était écroulée sous l’action de l’érosion, du temps et des racines d’arbres qui s’insinuent dans les fissures du calcaire de cet ouvrage.

   Puis, il m’emmena sur place, un peu en contrebas et au sud, de l’église romane de St Cyprien, quasi écroulée et que j’avais connu et photographié avant l’effondrement de ses voûtes (heureusement j’avais pu photographier les peintures romanes) ; là, il me fit découvrir cette cavité.

PLAN TRAJET CAUFOU copie copie

Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : En pointillé jaune l'accés au refuge. (Plan : Patrick Garcia)

J’en avais dressé un plan assez fidèle que je viens d’informatiser pour le rendre pérenne, et j’avais fait toute une série de photos couleurs que j’ai pu scanner pour en faire le montage que vous allez voir, car les appareils de l’époque ne permettaient pas de faire des plans larges.

 

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Implantation du refuge de "Caufour". (Plan : Patrick Garcia)

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Plan sommaire de l'intérieur du refuge, "L" indique la longueur, "H" indique la hauteur à l'endroit où est placé le symbole, car le plafond a une pente. Chaque Chambre est indiquée par un "C"et toutes les parties sont nommées par des lettres que vous retrouverez sur les photos afin de mieu situer leur implantation.(Plan : Patrick Garcia)

Le refuge se présente comme un hall de 9/10 mètres de long sur 5/6 mètres dans sa largeur et 2 mètres de haut, environ. En plus de ce hall, il y a 2 chambres  de 4 m2  ainsi qu’un boyau taillé dans le roc de 0,6m sur 0,6m et que l’on peut suivre du regard sur 1 mètre environ.... L’entrée, comme tous les souterrains refuges mais aussi les maisons refuges du haut moyen âge est coudée. Cela brise le vent, évite qu’une bougie puisse se voir depuis l’extérieur, permet aussi de se « défendre un peu, essayer de résister à l’entrée d’un intrus obligé de se présenter seul, dans un réduit étroit et coudé à 90°.

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : L'entrée se trouve à droite et la partie écroulée "U" permet plus facilement de juger de la disposition de la cavité. (Photo : Patrick Garcia)

B- DSCN5674 copie

 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : L'entrée"E" est coudée à 90° afin de masquer une lumière  visible de loin, et aussi, de permettre un semblant de défense, on enepeut attaquer le refuge qu'à un seul homme à la fois. Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Sur laa vue de la partie écroulée, on voit à gauche la chambre 2 et à droite, le "Hall".(Photo : Patrick Garcia)

   J’ai rencontré le même système sur des maisons du haut Moyen-âge, en pleine montagne, à 1200 mètres d’altitude près du Col d’Aulac, et du Puy Mary. Les « Cases de Cotteughes sont pourvues d’une seule ouverture constituée d’une porte étroite précédée souvent d’un couloir d’accès curviligne. Les empreintes visibles sur les pierres de seuil - alvéoles cavités rectangulaires feuillures - permettent de connaître le fonctionnement des portes. » (Voir mes photos)

LE MÊME SYSTEME DE PROTECTION DES PORTES PAR COULOIRS COUDÉS EN AUVERGNE A COTTEUGHES (15)

 

COL D'AULAC 665 B

 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : A Cotteughes (15), à 1200 mètres d'altitude, un village terré dans la montagne, a permis à une population estimée à plusieurs centaines d'habitants, de "survivre" aux incursions pendant au moins un siècle, durant le Moyen-âge. Les couloirs d'accés ont des analogies. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Les couloirs d'accés sont coudés ou curvilignes et étroits, pour garantir du froid, du vent, de la vue d'une lumière qui pourrait trahir, et aussi pour mieux résister à un coup de force. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Autre exemple de couloir coudé à Cotteughes.(Photo : Patrick Garcia)

Ici, il ne s’agit pas de porte pivotant sur un axe soutenu par une crapaudine, non, il est plus basique, mais plus efficace. Une trappe assez épaisse était appliquée contre une feuillure sculptée dans l’extrémité du couloir et cette trappe était bloquée en position fermée par une traverse de bois ou de métal qui s’engageait dans deux orifices, un de chaque côté.

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Vue de la porte et son couloir coudé, en vert, l'endroit où s'appliquait la plaque-porte et en bleu, la traverse qui se bloquait dans deux logements. A Gauche, la Chambre C1. (Photo : Patrick Garcia)

H- DSCN5581

 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Orifice où se logeait (à gauche) la barre de blocage. En vert, la feuillure où s'appliquait la porte. (Photo : Patrick Garcia)

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Côté droit, feuillure d'encastrement de la plaque-porte, et en bleu, ancrage droit de la barre de blocage. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Vue du "Hall" et de l'éboulement "U", à droite. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Chambre 1 en détail. Elle est plus petite que la C2. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Chambre 2, bien plus grande que la C1. (Photo : Patrick Garcia)

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : A gauche de C2, le Boyau "B"  qui se poursuit plusieurs mètres. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : A raz de terre, le boyau "B" taillé de 50x60cm sur au moins 4 mètres. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Le côté du "Hall" qui a été creusé trop prés de l'extérieur à permis par érosion, son écroulement en "U". (Photo : Patrick Garcia)

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Montage de 2 photos pour donner l'aspect général  du refuge dans sa globalité.(Photo : Patrick Garcia)

vue de nez, je pense qu’on pouvait survivre à 6/10 personnes dans cette retraite, sachant qu’il y avait un guetteur et la plupart du temps, les gens vivaient à l’extérieur et n’ y entraient que pour dormir ou en cas de danger.

AUTRE REFUGE A "L'HOMME DEL BOSC"

   M. Massou m’amena ensuite à 400 mètres plus loin, vers l’Ouest, toujours dans une petite falaise du coteau calcaire, visiter des habitations troglodytes que j’ai analysé dans un de mes articles. Voir : (http://memoiredelivrade.canalblog.com/archives/2013/05/03/27072783.h)Page 65 de mon blog : « A la recherche de l’insaisissable homme des bois ».

GROTTES PLAN FINAL EN COULEUR faible

Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Plan de situation et du refuge troglodythe. (Plan: Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Derrière l'avant-toit , la porte d'entrée. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : A l'intérieur, au sol, les 2 trous de blocage des poteaux qui soutenaient la porte qui devait être pivotante, ici. (Photo : Patrick Garcia)

Ici, ce sont des véritables « habitations » avec fenêtres et portes, taillées dans le roc calcaire, mais protégées des intrusions par une épaisse forêt qui cachait la vue de ses miséreux dans un endroit ombragé et frais l’été, mais humide et froid, l’hiver. Comme pour le premier refuge, il y a une source d’eau à quelques mètres, condition essentielle pour tenir le plus longtemps possible en cas de danger constant...

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Dans la piéce 2, un orifice pour éclairer et évacuer les fumées, on voit encore les traces de suie. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Vue de la "jungle" qui masque l'entrée du refuge. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Vue depuis le dessous de l'auvent, l'entrée de la chambre 2. (Photo : Patrick Garcia)

Bien entendu, si les lieux n’ont pas tellement changés, les propriétaires l’ont peut-être été, eux, alors, même si ces cavités sont éloignées des habitations, le mieux est d’aller demander la permission de s’en approcher, c’est un devoir citoyen, et la moindre des choses.

UN AUTRE SOUTERRAIN SOUS L'EGLISE ST JEAN DE BALERME ENTRE MONTPEZAT ET PECH DE PLAT

Un autre souterrain se trouve à un 2 kms à vol d’oiseau, à l’ouest. Pour cela nous allons visiter l’église romane de St Jean de Balerme.

Pour plus de détails, voir mon article précédent sur cette église en suivant ce lien: 

 

http://memoiredelivrade.canalblog.com/archives/2013/03/30/26776868.html

 

 Cet édifice du 12ème siècle, est un petit chef d’œuvre de l’art roman. Elle est nichée au fond d’un vallon, coincée entre un lieu-dit au nom curieux « Pince-Guerre » et une haute colline au nom bretonnant de Pech d’Ancou ou Ankou (l’Ankou Breton ou Ancou en phonétique gascon, c’est la Mort qui rôde la nuit sur la lande avec sa faux pour cueillir les âmes, montée sur sa charrette…) un endroit inattendu pour trouver une église dédié à St Jean-Baptiste

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Entrée de St Jean de Balerme. (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Chevet le l'église, le souterrain est à gauche, sous  l'entrée. (Photo : Patrick Garcia)

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : L'intérieur de l'église possède de superbes chapiteaux romans, ici, Adam et Eve. (Photo : Patrick Garcia)

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Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Des chapiteaux magnifiques et historiés. (Photo : Patrick Garcia)

 Quand on arrive devant Saint-Jean, on est frappé par l’impression de paix qui se dégage des lieux… Le portail, sous la lumière tamisée de son auvent, est un appel au repos et à la réflexion… C'est une église romane du XIIe siècle. La façade a été refaite au XIIIe ou au XIVe siècle et vers la fin de la période gothique, on a établi un bas-côté à droite, en ouvrant deux arcades en brèche dans le mur de clôture.....

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Quelques explications sur le souterrain de St Jean de Balerme.  (Photo : Patrick Garcia)

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  Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Plan du souterrain. (Photo : Patrick Garcia)

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  Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Dans la partie écroulée du souterrain. (Photo : Patrick Garcia)

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  Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : L'extrémité maçonnée du souterrain, la partie qui fut découverte après écroulement.  (Photo : Patrick Garcia)

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 Les souterrains et refuges autour de Dolmayrac (47110) : Dans la partie conservée du souterrain.  (Photo : Patrick Garcia) 

 .... Sortons et allons jeter un œil au souterrain qui est en contrebas de l’église, côté Sud. A la porte, qui est bien sûr verrouillée, le plan du « cluzeau » et des explications. En fait, ce n’est pas l’entrée, mais une des extrémités qui c’est écroulée. On ne sait où était l’entrée. Sûrement dans une maison qui a disparu depuis. Peut être sous un puits en face l’entrée de l’église. J’ai pu faire quelques photos, je vous en présente une, preuve de la belle ouvrage, même s’il reste plusieurs salles à dégager (au moins deux).

 Pour des oublis, vous pouvez me contacter à l'adresse mail ci-contre. 

LE POURQUOI DES SOUTERRAINS-REFUGES PAR LES TEXTES D’ÉPOQUE :

 J’ai déjà abordé, les problèmes paysans au cours des âges : les « Croquants » au travers du livre de raison de Pierre Bessot, un notable périgourdin du 17ème. Nous avons tous été sensibilisés par la misère Paysanne en lisant ou visionnant le livre et la série de « Jacquou le Croquant » inspirée par Eugène Le Roy. Tous ce qui y est dit est vrai, même à cette époque récente - nous sommes vers 1820- mais en bien en-dessous de la réalité dés qu’on remonte quelque-peu le temps. Les serfs et les vilains, nos paysans, étaient des esclaves dont la vie ne valait pas tripette. En tout cas, bien moins que celle des bêtes sauvages dont les nobles étaient friands à chasser. Chasser était interdit, jusqu’à la révolution, pour tous nos paysans qui n’avaient même pas le droit de tuer les bêtes sauvages venant détruire leurs champs, sous peine de mort !

 Les_misères_et_les_malheurs_de_la_guerre_-_05_-_Le_pillage

 Gravure d'époque 1620, de Jacques Callot, montrant les misères de la guerre dans les campagnes, ici, les soldat massacrent une famille d'aubergistes pour récupérer leurs biens et argent. 

     Corvéables, taillables, à merci, droit de cuissage pour les nobles et les religieux, les « Jacques » se sont révoltés tout au long de leur histoire, sous le joug conjugué de la féodalité, des religieux, des impôts, des milices, des guerres, des famines et des épidémies qui les dépeuplaient au point qu’une communauté de 3 000 âmes pouvait être réduite à quelques dizaines en quelques mois….

     Même s’ils ont connu quelques éphémères succès, ils ont toujours été massacrés à outrance au bout de quelques mois de résistance. Roués vifs, brûlés, égorgés, éventrés…. Pour l’exemple on les « branchais » par centaines le long des route afin de frapper l’imagination des récalcitrants. Leur martyre à duré des siècles, jusqu’à la révolution, reprendra en parti à la fin de l’empire avec le retour de la royauté et de la féodalité revancharde.

       Des auteurs ont raconté cette misère avec plus ou moins de talent et de rigueur. Eugène le Roy dans son œuvre l’a décrite avec une réalité et dureté avec parfois une rare violence littéraire. D’autres ont fait un insensé travail d’historien, dévouant leur vie à leurs travaux de recherche. C’est le cas de Eugène Bonnemère dans son « Histoire des Paysans, depuis  1200 à 1850 » deux tomes de 1100 pages au total ( !), mais les relations historiques sont aussi  fort étoffées  dans d’autres ouvrages, « Le Panthéon des Martyr de la Liberté, ou Histoire des Révolutions politique et des personnages…. » de Lucien Bessières, ou « L’Histoire de l’Agenais » de Jules Andrieu en deux tomes de 1893, et bien d’autres, dont l’inévitable et incontournable « Revue de l’Agenais »….

 A TITRE D’EXEMPLE, QUELQUES LIGNES TIRÉES DE BONNEMERE ET DE SON « HISTOIRE DES PAYSANS DEPUIS 1200 A 1850 »

 Aux états généraux réunis à Orléans au commencement d’octobre 1439, l’évêque de Beauvais, J. Jouvenel des Ursins, se fit l’écho de l’indignation de tous contre les effroyables débordements des hommes d’armes qui, chargés de défendre la patrie contre [‘étranger, éternisaient dans son sein toutes les misères que trainent leur suite l’invasion et la guerre :

 

Les_misères_et_les_malheurs_de_la_guerre_-_11_-_La_pendaison

Gravure d'époque 1620, de Jacques Callot, montrant les misères de la guerre dans les campagnes, ici, le "branchage" des opposants, des révoltés ou du bord religieux opposé...

« Eh Dieu ! Les tyrannies qu’à souffertes le pauvre peuple de France parceux qui le dussent avoir gardé !... On les prend, on les emprisonne, on les met en fers, en fosses, en lieux morts, pleins de vermine, et on les laisse mourir de faim. On rôtit les uns, aux autres on arrache les dents, les autres sont battus de gros bâtons, ni jamais ne seront délivrés jusqu’à ce qu’ils aient payé argent plus que leur chevance ne monte…

 Ils prennent les maris et les pères, et les tuent en présence des femmes et filles. Et ne prennent pas seulement, hommes, mais femmes et filles, et les emprisonnent, et aucunes fois en font par force leur plaisir en la présence des maris, pères ou frères, et s’ils en parlent, ils seront battus, et aucunes fois tués ; prennent les nourrices et laissent les petits enfants, qui, par faute de nourriture, meurent ; prennent les femmes grosses, les mettent en ceps(carcan), et là ont leur fruit, lequel ils laissent mourir sans baptême et après, on jette les femmes et enfants à la rivière. »

 Tous ces délits ont été faits et commis, non par les ennemis, mais par de ceux qui se disent au roi.

 famine sous louis 14

Représentation de la misère sous Louis 14, la "famine", les animaux affamés qui attaquent ceux qui meurent de faim...

 Lesquels prenaient les laboureurs, les mettaient en ceps et autres manières de tourmens, et eux étant en iceux, les battaient, dont les aucuns sont mutilés, les autres enragés et hors de sens. Appatissant (les soumettre à rançon) les villages, tellement qu’un pauvre village était appati a huit ou dix places. Et si l’on ne payait, on boutait le feu aux villages et églises, hommes, femmes et enfants dedans et quand les pauvres gens étaient pris et ne pouvaient payer, étaient assommés étant en ceps (carcan), et jetés en la rivière. Et ne demeurait cheval labourant ni aucunes bêtes, ni de cent personnes une seule. » (Loisel, Histoire de Beauvais.).....

 Révoltés par tant d’injustice :

 « Déjà ils sont cinquante mille, arrivant par bandes de l’Angoumois, du Périgord, de l’Agenois, de la Guyenne bordelaise, et, grâce au concours que leur prête la bourgeoisie, qui partout sympathise avec eux, ils se rendent maîtres de Bordeaux. Henri 2 dépêche alors en Guyenne le sieur de Sainte-Foy, avec des lettres qui enjoignent aux révoltés de rentrer dans le devoir, de retourner dans leurs villages, et qui leur promettent de faire droit à leurs demandes. Ces lettres, publiées à Bordeaux, à Saintes, à Angoulême, et par toute la Guyenne, calment tout comme par enchantement. Ces terribles révoltés, qui faisaient trembler plusieurs provinces, confiants dans la parole royale, déposent les armes, rentrent chez eux, sans tenter même, depuis cet instant, aucun attroupement…

 

Les_misères_et_les_malheurs_de_la_guerre_-_14_-_La_roue

Gravure d'époque 1620, de Jacques Callot, montrant les misères de la guerre dans les campagnes, ici, le supplice de la "roue", le bris des membres du corps du supplicié qui est laissé à la vue de tous jusqu'à la fin de son agonie.

Le terrible connétable Anne de Montmorency conseilla au roi « de tout exterminer, et d’y planter une nouvelle peuplade pour n’y plus revenir, s’offrant d’en prendre la charge et d’en satisfaire Sa Majesté. » Les insurgés allaient trouver un terrible adversaire dans la personne de ce connétable, l’un des plus grands capitaines de son siècle, mais d’ailleurs grossier, bandit et sacripant comme un héros du moyen âge…. Henri II défendit aux troupes qu’il lui confia de violer, piller ni tuer, sous peine de la vie. Mais les braves qu’il commandait connaissaient trop bien leur chef pour s’inquiéter beaucoup de pareilles prohibitions.

 

Les_misères_et_les_malheurs_de_la_guerre_-_13_-_Le_bûcher

Gravure d'époque 1620, de Jacques Callot, montrant les misères de la guerre dans les campagnes, ici, le supplice du "bucher".

 « On disait, rapporte Brantôme, qu’il fallait se garder des patenôtres de M. le connétable car en les disant en marmottant, lorsque les occasions se présentaient, il disait : «Allez-moi pendre un tel. Attachez-moi celui-là à un arbre. Faites- moi passer celui-là par les piques ou arquebusez-les tous devant moi. Taillez-moi en pièces tous ces marauds, qui ont voulu tenir ce clocher contre le roi. Brûlez-moi ce village. Boutez-moi le feu partout à un quart de lieue à la ronde ! » Après avoir promené l’incendie autour de lui, après avoir pendu en masse et sommairement sur le plat pays tout ce qui s’offrait à sa colère, Montmorency marcha sur Bordeaux… Pendant tout un long mois, une terreur inouïe pesa sur cette malheureuse cité, qui, sans compter les morts civiles, les confiscations, le fouet, les amendes honorables, les exils, la prison et les autres menues peines, vit dans son sein plus de cent cinquante exécutions capitales, assaisonnées de tous les raffinements de cruauté qu’inspire une réaction sauvage, les uns décapités, les autres pendus, roués, empalés, tirés à quatre chevaux ou brûlés… »

Voilà pourquoi tant et tant de souterrains-refuges sont disséminés dans notre beau pays, j’espère que ces quelques lignes vous feront comprendre, pourquoi.

 

 PATRICK GARCIA

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