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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
6 avril 2019

PAGE 217: UNE ŒUVRE ROMANE MAJEURE EN AUVERGNE, L'EGLISE ST AUSTREMOINE D’ISSOIRE (63)

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 Aujourd’hui, je vous emmène visiter une des 6 ou 7 « Romanes Majeures d’Auvergne », l’ abbatiale St Austremoine d’Issoire. L’art roman est particulier dans cette province, il utilise plusieurs techniques qui en font son originalité. La plus évidente est le recours au « massif barlong », sorte de massif carré au-dessus du choeur, il supporte la haute tour clocher à 8 faces et à nombreux étages garnis d’arcades... Ce système permet d’avoir la sensation que l’édifice est pyramidal, sorte de vaisseau dirigé tel une passerelle vers les cieux, semblable au « Doigt de Dieu ». Autre caractéristique de l’art auvergnat, le déambulatoire qui entoure le choeur est flanqué de chapelles rayonnantes, magnifiant  le chevet des édifices par rapport à d’autres régions qui privilégient la façade.

   La liste de ces chefs d’Œuvres du 11 et 12ème siècles est facile à retenir :

- La basilique Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand ;

- l'église Saint-Austremoine d'Issoire ;

- la basilique Notre-Dame d'Orcival ;

- l'église de Saint-Nectaire ;

- l'église Notre-Dame de Saint-Saturnin ;

- Basilique Saint-Julien de Brioude ;

- l'abbatiale romane de la Chaise-Dieu.

Je continue donc ma visite de ces merveilles par St Austremoine, magnifique ouvrage doté de plusieurs particularités, dont des médaillons représentant les signes du zodiaque tout autour du chevet, dont un 13ème ( !) qui est une énigme, comme vous le verrez plus loin...

La renommée de ce chef d’œuvre vient aussi de la peinture intérieure et de la richesse de ses très nombreux chapiteaux historiés et peints qui entourent le déambulatoire  et les nombreux chapiteaux...

Je laisse les spécialistes vous guider pour cette visite, je me contenterai de mettre à leur service les nombreux clichés que j’ai réalisé au cours de ces années...

 trajet pour issoire

Trajet pour Issoire à partir de Ste Livrade sur Lot (47)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Issoire et sa "Romane Majeure", en vue aérienne. (Photo : Patrick Garcia)

LA FONDATION DE L’ABBAYE ST AUSTREMOINE

Grégoire de Tours rapporte que Stremonius (Saint-Austremoine), futur évêque de Clermont, serait venu évangéliser la Gaule au milieu du IIIe siècle et aurait fondé un monastère à Issoire.
Au VIIIe siècle, les reliques de Saint-Austremoine sont transférées à Volvic, puis Mozac.

Au IXe siècle, l'incursion des Normands a contraint les moines bénédictins de l'abbaye de Charroux en Poitou à se réfugier sur leurs terres de Saint-Yvoine près d'Issoire.

Sous la conduite de leur chef Gilbert, ceux-ci fondent vers 938 dans la ville d'Issoire une abbaye consacrée à Saint-Pierre et Saint-Austremoine.

La construction des enceintes de la cité médiévale d'Issoire connaît des étapes successives. L'enceinte primitive daterait du Xe ou XIe siècle.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Côté de l'église au style roman très prononcé. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Sa façade dépouillée cache un intérieur d'une grande beauté... (Photo : Patrick Garcia)

L'essor du monastère se traduit notamment par la construction, au XIIe siècle, de l'église de Saint-Austremoine.

Cet édifice est la plus vaste des églises romanes auvergnates (60 mètres de long). Il appartient au groupe des édifices religieux d'Auvergne dits "majeurs". L'église Saint-Paul, élevée à une dizaine de mètres à l'est de l'abbatiale Saint-Austremoine, se trouve déjà dans la première enceinte de la ville et serait alors une chapelle.

A cette époque, les églises de Saint-Avit et Saint-Priest sont édifiées non loin.

Une seconde enceinte peut être déterminée. Aujourd’hui elle n’apparaît plus que dans le tracé des biefs qui traversent la ville. Elle englobe, en plus du quartier Saint-Austremoine, Saint-Avit au nord et l’actuelle place de la République à l’ouest. Au mois d’août 1254, Saint-Louis use de son droit de gîte au monastère d’Issoire en revenant de la Terre Sainte. Le Roi, voulant visiter l’Hôtel-Dieu, constate que celui-ci est en très mauvais état et se trouve en dehors de la ville. Il exige alors que l’Hôtel-Dieu soit transféré dans le secteur de l’actuelle rue de l’Ancien Hôpital, à l’intérieur des remparts.

En 1270, Alphonse de Poitiers accorde à la ville une charte communale.

Par cet acte la ville reçoit le privilège de s’organiser en commune c'est-à-dire en association jurée entre les habitants qui désignent deux consuls (le consulat), élus chargés d’administrer les affaires communales.

En 1304, Issoire est mentionnée comme étant une des « treize bonnes villes » du Bas Pays d’Auvergne qui ont le droit d’envoyer des représentants aux Etats Provinciaux.

Soumises au contrôle du Roi, ces bonnes villes sont riches, remplissent une fonction de chef-lieu et sont souvent caractérisées par leurs enceintes.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : L'autre côté, le clocher... Le tout impressionnant de sobriété et de régularité harmonieuse. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : C'est dans le chevet et les absidioles que l'on retrouve le singularisme auvergnat, par ses décorations en différentes pierres de laves, aux motifs géométriques splendides, et ici, en plus, les médaillons des signes du zodiaques!(Photo : Patrick Garcia)

Au XVe siècle, les ultimes remparts sont construits, matérialisés en grande partie par les actuels boulevards de ceinture.

Ils sont probablement édifiés dans le cadre du mouvement d’enfermement et de fortifications que connaissent de nombreuses villes durant la guerre de Cent Ans (1337–1453).

Le XVe siècle est une période prospère pour la « bonne ville » d’Issoire.

En 1471, Louis XI lui accorde trois foires annuelles, les jeudis après l’Épiphanie et l’Ascension et le premier jeudi de septembre. Durant la période qui s’étend du XIIIe au XVIe siècle la ville médiévale va surtout se développer autour du monastère bénédictin.

 Des guerres de religion au XVIIIe siècle: À partir de 1540, le protestantisme prend de l’importance à Issoire où les guerres de religion sont particulièrement meurtrières.

Durant cette période, sous l’abbatiat de Louis Authier de Villemontée, le désordre s’installe dans le monastère. Le 15 octobre 1575, le capitaine huguenot Merle s’empare de la cité et la pille. La ville, bien que bénéficiant de fortifications (avec trois portes : au sud la porte du Pont, à l’est la porte du Ponteil, au nord la porte de la Berbiziale), est reprise le 1er juin 1577 par les troupes catholiques de l’armée royale, sous le commandement du duc d’Anjou, qui commettent à leur tour maintes exactions. Une légende évoque même une colonne placée sur les ruines de la ville avec les inscriptions : « Icy fust Yssoire ». C’est également durant cette période trouble des guerres de religion que la plupart des archives issoiriennes ont été détruites. La reconstruction de la ville débute à partir du 1er avril 1578.

Au XVIIe siècle, le rôle d’Issoire s’accroît. Malgré une épidémie de peste qui fait de nombreuses victimes en 1629, la cité se repeuple rapidement.

Sur le plan administratif, la même année, Issoire devient le siège d’une élection (circonscription financière relevant d’officiers de finances) qui comprend 135 paroisses et se compose d’un 
président, d’un lieutenant, de deux élus et d’un procureur du roi. Le 24 février 1665, l’abbé Martial Chanut (1611–1695, abbé d’Issoire, aumônier de la reine Anne d’Autriche et visiteur général des Carmélites de France pendant trente ans, traducteur de nombreux ouvrages) introduit à Issoire la réforme de Saint- Maur contribuant à la prospérité du monastère. Ainsi, cette affiliation permet la rénovation des bâtiments conventuels. Issoire est constituée de deux paroisses, Saint-Avit (au nord de la ville) et Saint-Paul (au centre de la ville).

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Décoration du chevet avec vue sur le clocher typiquement auvergnat à 8 faces. (Photo : Patrick Garcia)

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Décoration du chevet avec vue sur le clocher typiquement auvergnat à 8 faces. (Photo : Patrick Garcia)

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Décoration du chevet avec vue sur le clocher typiquement auvergnat à 8 faces. Notez le "massif barlong", sorte de gros cube massif et ajouré, suportant la tour et permettant une silhouette plus pyramidale à toutes ces "Romanes Majeures " auvergnates. (Photo : Patrick Garcia)

Au XVIIIe siècle, les fortifications sont abattues.

En 1700, l’abbé cède son titre de haut justicier de l’abbaye au roi Louis XIV qui installe une Prévôté royale à Issoire (constituée d’un lieutenant général, un lieutenant particulier, deux conseillers assesseurs, un procureur du roi, assistés d’un huissier et d’un greffier). Le monastère connaît de profonds troubles d’ordre moral et financier. Philippe Gabriel Dejuin de Siran sera le dernier abbé d’Issoire de 1783 à 1790.
Du point de vue administratif, un subdélégué représentant l’intendant (commissaire royal établi dans une généralité) est installé à Issoire à partir de 1720. Issoire est également le siège du contrôle des actes des notaires, d’un entrepôt du tabac et d’un service des postes.

La Révolution (1789 – 1799): À la veille de la Révolution, la situation économique est mauvaise et la monarchie ne semble plus répondre ni aux aspirations, ni aux besoins des Issoiriens.

C’est ce que révèle le cahier du Tiers-Etat de la ville d’Issoire qui contient 26 articles revendiquant une « réorganisation générale du pays, une réforme de la société et une plus grande égalité ». La ville adhère donc aux idées de la Révolution. Sur le plan national, la création des communes et des municipalités, ainsi que leur organisation, sont votées en novembre et décembre 1789. Avec 5000 habitants, Issoire doit élire huit officiers municipaux, dix-huit notables et un procureur de la République. Les élections municipales sont organisées au cours du mois de janvier 1790.

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le plan par étapes de construction  de l'église. (Photo : Patrick Garcia)

PLAN ETAPES DE CONSTRUCTION ST AUSTREMOINE ISSOIRE

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Implantation des principales curiosités de St Austremoine. (Photo : OT)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Plan de l'abbaye en 1796 avant destruction partielle du cloître et autres bâtiments conventuels. (Photo : Gallica)

Dès le 14 novembre 1789, les biens de l’Église sont mis à la disposition de la Nation et l’année suivante est consacrée aux rachats de ces biens.

En juin 1791, les deux anciennes paroisses sont réunies en une seule. Ainsi, l’abbatiale bénédictine Saint-Austremoine devient paroissiale. Les bâtiments conventuels sont vendus nationalement lors de la suppression du monastère : le logis de l’abbé devient Hôtel-de-ville, un collège de garçons s’installe dans les bâtiments claustraux. En 1791, l’hôpital, à la suite de la vente des biens du clergé, est transféré dans l’ancien couvent des capucins, route de Parentignat. En 1792, la ville contrôle presque la totalité des couvents. Parallèlement, la période qui s’étend de 1789 à 1792 est marquée par d’importantes difficultés économiques et politiques.
Le roi est exécuté le 21 janvier 1793. Une majorité d’élus issoiriens approuve l’exécution.

Le mouvement de déchristianisation s’amplifie. Les signes de royauté et de féodalité sont détruits.

Le 16 novembre 1793, Couthon (1755-1794, originaire d’Orcet dans le Puy-de-Dôme, proche de Robespierre et Saint-Just, fit voter la loi du 22 prairial instituant la Grande Terreur) se rend à Issoire le 16 novembre 1793 pour assister à la réunion de la Société populaire d’Issoire. À la suite de sa venue, l’ordre est donné de faire détruire tous les témoins cultuels. Les Sans-Culottes sont désignés pour faire disparaître tous les « monuments de la superstition » dans les « édifices consacrés à un culte ridicule ». Plus de deux cents statues de saints en bois sont brûlées à Issoire. Les édifices dédiés à Saint-Paul et à Saint-Avit sont démolis peu après.

 Le 22 septembre 1793 débute « l’Ère des François ».

La semaine est remplacée par la décade, le dimanche par le décadi. Les marchés du samedi sont transférés au nonidi, neuvième jour de la décade. Ainsi, la foire de la Sainte Paule s’appellera la foire du 8 Pluviôse (27 puis 28 janvier). Dans sa volonté unificatrice la Convention met en place les grammes et les mètres. Cette œuvre d’homogénéisation passe aussi par l’école et la langue. En juin 1794, le français devient la langue de l’unité au détriment du patois encore largement parlé à Issoire.

Le 9 Thermidor (28 juillet 1794) marque la chute des Montagnards Issoiriens.

À partir de l’an IV (1795-1796) il ne reste que des traces éparses de la vie politique à Issoire. Issoire renforce son rôle administratif. Elle est déjà chef-lieu d’un district et d’un canton en 1790. Le 18 janvier 1799 (29 nivôse an VII) est créé le Tribunal de commerce dont le ressort dépasse les limites de l’ancien district rayonnant sur plus de 12 cantons. La Constitution de l’an VIII, en créant les arrondissements et les sous-préfectures, élargit l’ancien district aux cantons des Montagnes Occidentales, au-delà du ressort du Tribunal de commerce, jusqu’à La Tour d’Auvergne et Tauves. En 1800, Issoire devint chef-lieu d’arrondissement.

Le XIXe siècle: Le projet de construction de la Halle aux grains date de 1798–1804.

Il s’agit de construire un lieu couvert destiné à la vente des grains. La Halle est achevée en 1819.

Le 4 février 1803, le collège d’Issoire est fondé et installé dans les bâtiments de l’ancienne abbaye en 1811. Il devient l’un des plus importants centres d’études du département. En 1832, l’abbaye Saint-Austremoine est un des premiers édifices à être classé monument historique.
En 1855, l’arrivée de la ligne de chemin de fer entraîne l’édification de la gare. En 1896, l’actuelle mairie est construite. Tout d’abord le bâtiment est élevé dans la perspective d’abriter l’école communale des filles. Cependant, l’état de vétusté des locaux occupés par l’Hôtel-de-ville depuis la Révolution conduit à déplacer les services municipaux dans une partie de l’école.

Pendant le XIXe siècle et le début du XXe, Issoire est un gros bourg agricole qui connaît une activité commerciale grâce aux foires et marchés. Elle possède un important marché à céréales et les foires à bestiaux connaissent une grande affluence.

 L’ABBAYE ST AUSTREMOINE INTERIEUR

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : L'impressionnante nef colorée de l'église. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Un des colatéraux. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Les trompes de la coupole et les magnifiques arcs romans décorés. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le déambulatoire autour du choeur. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le choeur vouté en cul de four est décoré d'un Christ en majesté flamboyant, il est bâti sur 3 niveaux rythmé d'arcs romans à l'intérieur duquel sont peints des saints. On voit, derrière, le déambulatoire aux voûtes blanches décorées d'étoiles symbolisées...(Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le sanctuaire est rythmé de colonnes aux chapiteaux historiés que nous visiterons un peu plus bas, et qui font la renommée de l'église.  (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Comme indiqué plus haut, au 2ème niveau du choeur qui en comporte 3, des peintures de saints occupent l'espace dégagé par les arcades. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : L'autre côté du déambulatoire, avec à droite le choeur, et toujours des perspectives impressionnantes!  (Photo : Patrick Garcia)

  Si la renommée de l'église romane Saint-Austremoine d'Issoire n'est plus à faire, on a parfois tendance à oublier qu'au Moyen Âge, cet édifice dépendait d'une importante abbaye bénédictine. Profondément remaniée au début du XVIIIe siècle, cette dernière développait jadis ses constructions au sud de l'église.

Ses vestiges sont aujourd'hui visibles au Centre d'art roman Georges-DUBY

 La fondation de l’abbaye

 La châsse de saint Austremoine - Emaux de Limoges - XIIIe siècle

   Issoire fut probablement dès le VIe, le siège d’une paroisse. Les circonstances de la fondation de l’abbaye restent imprécises et cette dernière ne peut en aucun cas être le fait de Stremonius (saint Austremoine), missionnaire venu évangéliser l'Auvergne au IIIe siècle. En effet, les premiers documents mentionnant à Issoire un établissement religieux placé sous la protection de saint Austremoine datent de la seconde moitié du Xe siècle.

 Au XIe siècle, l’abbaye fut momentanément unie à celle de Charroux en Poitou. La reconstruction de l’abbatiale, à l'image des autres églises dites "majeures" comme celles de Saint-Nectaire ou d'Orcival, débuta durant le deuxième tiers du siècle suivant.

Si l’abbaye connut vraisemblablement quelques vicissitudes au cours des XIIIe et XIVe siècles, son développement atteint son apogée au XIVe siècle. Malheureusement sa mise en commende dès le milieu du XVe siècle la fragilisa : le nombre des moines, placés sous la règle de saint Benoît, est passé de 24 au XIVe siècle, à 20 au siècle suivant, pour stagner à 6 au XVIIe siècle et à la veille de la Révolution.

 Le manque de moyens et le désintérêt des abbés eurent pour conséquences le délabrement des bâtiments, aggravé par des tremblements de terre. C’est cependant un abbé commendataire, Antoine Bohier, qui entreprit au XVe siècle d’importants travaux à l’abbaye, la dotant notamment d’un nouveau cloître et la pourvoyant d’un riche mobilier liturgique.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Belle vue sur la cage soutenant la coupole et les trompes qui la maintiennent dans les coins. (Photo : Patrick Garcia)

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La magnifique coupole d'Austremoine...(Photo : Patrick Garcia)

  En 1575, les guerres de religion laissèrent le monastère dans un état d’extrême dégradation, le passage du capitaine protestant huguenot Merle, qui mis à sac la ville, ayant été dévastateur.

Un vaste programme de reconstruction fut mis en œuvre entre 1702 et 1724, mais, faute d’argent, semble n’avoir pu être totalement réalisé.

 L’abbaye fut vendue comme Bien national le 9 juin 1791 : les bâtiments accueillirent successivement l’hôtel de ville, puis le collège qui subit un important incendie en 1820, mais resta établissement scolaire jusqu’en 1969. Ils ont été transformés en centre culturel depuis 1975.

Aujourd'hui, l'aile occidentale accueille la Médiathèque municipale Georges-Pompidou.
L'aile orientale abrite en son rez-de-chaussée le Centre d'art roman Georges-Duby, tandis que le premier niveau est dédié à des expositions d'art contemporain.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La colonnade qui borne le choeur et le déambulatoire, possède de nombreux chapiteaux historiés que nous étudierons plus bas. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Parmi le foisonnement des détails nous apercevons le "Portement de la Croix"ainsi que de beaux feuillages, sur les chapiteaux...(Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Magnifique ordonnancement des peintures. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Outre les feuillages, voyez la belle"Jérusalem céleste" à droite, qui symbolise le paradis vers lequel les croyants tendent...(Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Les vitraux sont bien en harmonie avec le flamboiement des couleurs.  (Photo : Patrick Garcia)

  L'ABBATIALE SAINT-AUSTREMOINE D'ISSOIRE 

Avec ses proportions harmonieuses, ses peintures polychromes du XIXe siècle et son chevet décoré d'un cycle zodiacal complet, l'abbatiale de saint Austremoine d'Issoire constitue sans conteste l'un des plus fascinants joyaux de l'Art Roman de Basse-Auvergne.

Les chapiteaux du chœur, illustrant le cycle de Pâques, sont vraisemblablement l'oeuvre de sculpteurs expérimentés venus du Languedoc.
Dans la crypte, une superbe châsse en émaux de Limoges datant du XIIIe siècle fut achetée au XIXe siècle pour y placer les reliques de saint Austremoine. Ses faces décrivent la visite des Sainte Femmes au Tombeau et l'apparition du Christ à Marie-Madeleine.

Un chef d'oeuvre de l'art roman auvergnat

S'inspirant des autres églises dites « majeures » de Basse-Auvergne en cours de construction au XIIe siècle, les moines bénédictins vont édifier l'une des plus belles églises romanes de Basse-Auvergne : l'abbatiale Saint-Austremoine d'Issoire.
Orné de cinq chapelles rayonnantes, le chevet est le reflet de l'architecture exceptionnelle de ce monument. Avec ses proportions harmonieuses et son cycle zodiacal complet, qui témoigne de l'intérêt porté aux astres par les hommes de cette époque, il constitue la pièce maîtresse de l'église.

En Auvergne, les églises romanes ont un style particulier. L'abbatiale d'Issoire en possède toutes les caractéristiques :

  • un plan en forme de croix latine, inspiré des grandes basiliques romaines,
  • un chevet très développé et richement décoré, à l'inverse du porche, très sobre,
  • une nef possède à deux étages (les bas-côtés et les tribunes situées au-dessus),
  • des chapiteaux essentiellement décorés de scènes populaires et de motifs décoratifs végétaux, inspirés des chapiteaux corinthiens de l'Antiquité grecque. Seul le chœur renferme des chapiteaux inspirés des écritures saintes.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Sur ce cliché on distingue à gauche, "les Soldats endormis", une évocation de la paix qui devrait régner sur terre, quand les armes se taisent, à droite, "La Cène", ou du moins une partie, car elle fait le tour du chapiteau, comme nous le verrons plus bas en détail. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Il y a de quoi passer une après-midi pour admirer l'essentiel des détails...(Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Autre vue. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Outre le "Ciel étoilé" (symbole du Paradis), ces deux chapiteaus évoquent la résurrection: à droite, un ange garde le tombeau, ou église qui a vu Jésus renaître et monter au ciel où il retrouve la"Jérusalem Céleste", à gauche...(Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Bel ensemble de courbes et de motifs multicolores...(Photo : Patrick Garcia)

   On estime à environ 50 ans le temps qu’il fallut pour édifier l'abbatiale Saint-Austremoine. Les hommes se rendaient à la carrière de Montpeyroux (10 km au sud) pour puiser ce grès tendre que l'on appelle l'arkose et qui donne à l'église cette couleur chaude. Les échafaudages métalliques n'existaint pas, il a fallu abattre des forêts entières pour constituer les armatures de bois qui permettaient aux bâtisseurs d'élever les murs. Ces structures étaient solidement ancrées aux parois de l'église pour éviter que le vent ne les emporte. Si l'on s'attarde sur les façades de l'abbatiale, on peut apercevoir les « trous de boulins » dans lesquels on enchâssait les échafaudages de bois dans les murs.

Avec ses 63 mètres de long, l'abbatiale Saint-Austremoine est la plus grande des églises de Basse-Auvergne. Vraisemblablement construite d'est en ouest, elle est orientée vers Jérusalem et le soleil levant. Les Hommes du Moyen Âge avaient fait du soleil le symbole du Christ.

 Les signes du Zodiaque de l'abbatiale Saint-Austremoine

 L'abbatiale Saint-Austremoine d'Issoire fait partie des rares églises romanes à posséder un cycle Zodiacal sur son chevet. Les douze signes astrologiques, sculptés en moyen relief sur des médaillons de forme circulaire ou quadrangulaire, sont placés sur chacune des cinq chapelles rayonnantes.

Inspiré d'une iconographie païenne, le Zodiaque étonne souvent par sa présence sur le chevet d'une église, partie la plus sacrée généralement dédiée aux saints ou à la Vierge. Cependant, dans l'iconographie chrétienne, le Zodiaque symbolise le cycle temps qui rythme les saisons et dicte aux Hommes leur travail quotidien.

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le pourtour du chevet est décoré de signes du zodiaque, je les ai regroupé en planches. (Photo : Patrick Garcia)

Les signes présents sur le chevet de l'abbatiale saint-Austremoine ont été restaurés en 1995. Tous sont d'origine, à l'exception du Bélier, déterioré puis resculpté au XIXe siècle, de la Vierge, de la Balance et du Sagittaire, remplacés par des copies en raison de leur état de dégradation. Les originaux sont exposés au Centre d'art roman Georges-DUBY.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Autre planche des signes du zodiaques, ils décorent l'extérieur du chevet. (Photo : Patrick Garcia)

Le signe de la Balance

Ce cycle zodiacal, réalisé par des sculpteurs auvergnats, témoigne d'un savoir-faire exceptionnel. Les visages antiquisants des personnages sont ornés de cheveux bouclés très détaillés ; les pupilles des yeux, percées au trépan, confèrent aux regards un réalisme surprenant.

Un mystérieux " 13ème signe "

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Sur cette planche, on découvre le 13ème  signe, qui décorait le chevet, et qui ne fait pas parti du zodiaque, mais reste quand même mystérieux... Voir explications ci-après. (Photo : Patrick Garcia)

Parmi les 12 signes traditionnels, figure une bien étrange sculpture. Couramment dénommée "13ème signe", elle ne semble pourtant pas appartenir au cycle zodiacal : son emplacement, au sud-ouest du chevet, coïncide avec l'ancien point de jonction entre l'église et les bâtiments de l'abbaye. Il semble donc peu probable qu'elle fut placée là dès l'origine.

Mais alors, d'où provient cette étrange sculpture ?
S'agit-il d'un remploi provenant d'un autre édifice roman rajouté par l'architecte Mallay vers 1850, lorsqu'il décida de désolidariser l'abbatiale des bâtiments conventuels ? La question reste entière.

D'un point de vue iconographique, ce signe représente un griffon saisissant dans ses serres un animal difficile à identifier : un âne ou peut-être un lièvre.

Quelque soit l'animal représenté, cette sculpture rejoint l'allégorie du Bien triomphant sur le Mal, récurrente dans l'iconographie médiévale, le griffon symbolisant le Christ, l'âne la sottise ou l'ignorance, le lièvre la luxure.

Les peintures murales de l’abbatiale

 L'abbatiale Saint-Austremoine possède une particularité : son intérieur est entièrement recouvert d'un décor peint du XIXe siècle.

Longtemps décriées car jugées trop violentes, ces peintures, réalisées par Anatole Dauverge, sont aujourd'hui reconnues, protégées et régulièrement restaurées. 

 Anatole Dauvergne

Né et mort à Coulomiers (1812–1870), Anatole Dauvergne fut l’élève à Paris de Gérard et Cogniet, et un proche de Viollet-le-Duc. Peintre de paysages, d’intérieurs et de scènes de genre, puis spécialiste en peintures murales, c’est lui qui restaura les fresques de Saint-Michel d’Aiguilhe au Puy-en-Velay. Il devint membre de la Société pour la conservation des Monuments Historiques et publia différents ouvrages.

AUSTREMOINE INT CRYPTE 629 copie

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire :Par un petit escalier, on accède à la vaste crypte, dont les dispositions préfigurent celles du choeur. Une châsse en émaux champlevés de Limoges du 13e siècle y est conservée.(Photo : Patrick Garcia)

 AUSTREMOINE INT CRYPTE 715 copie

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire :Par un petit escalier, on accède à la vaste crypte, dont les dispositions préfigurent celles du choeur. Une châsse en émaux champlevés de Limoges du 13e siècle y est conservée.(Photo : Patrick Garcia)

AUSTREMOINE INT CRYPTE 721 copie

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire :Par un petit escalier, on accède à la vaste crypte, dont les dispositions préfigurent celles du choeur. Une châsse en émaux champlevés de Limoges du 13e siècle y est conservée.(Photo : Patrick Garcia)

AUSTREMOINE INT CRYPTE 725 copie

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire :Par un petit escalier, on accède à la vaste crypte, dont les dispositions préfigurent celles du choeur. Une châsse en émaux champlevés de Limoges du 13e siècle y est conservée.(Photo : Patrick Garcia)

Contexte historique

Les peintures murales de l’abbatiale Saint-Austremoine ont été exécutées entre 1855 et 1860. Cette création doit être replacée dans le contexte des grandes restaurations du XIXe siècle et de la constitution en institution des Monuments Historiques.

En 1832, l’abbatiale Saint-Austremoine est classée au titre des monuments historiques ; elle fait alors l’objet d’une vaste campagne de restaurations, confiée à l’architecte clermontois Aimond-Gilbert Mallay. Une fois les travaux terminés, Mallay décrit à la commission des monuments historiques l’intérieur de l’église :
« les murs sont d’un fond sale, les piliers de teinte quasi-noire, les chapiteaux sont gris, les fûts des colonnes bruns et rouges ; restent des traces d’humidité à la voûtes centrale, certaines lézardes n’ont pas été réparées ; l’église est d’une nudité complète ».

Mallay propose alors deux solutions :

  • soit peindre des ornements sur les colonnes, chapiteaux, embrasures des baies et un fond rouge-brun sur les surfaces planes,
  • soit étendre partout de la peinture couleur de pierre.

C’est ainsi que les travaux de décoration sont confiés au peintre Anatole Dauvergne.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Statue d'un évêque bénissant (XVe ou XVIe siècle).(Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La châsse de saint Austremoine (XIIIe siècle). (Photo : Patrick Garcia)

Anatole Dauvergne et ses projets

Après de nombreuses correspondances avec Mallay, Dauvergne fait plusieurs propositions de décoration. Les deux premiers projets de 1857 sont jugés trop violents par la Commission. Cette dernière, pensant que les peintures anciennes sont encore présentes dans l’abbatiale, demande un débadigeonnage. Dauvergne y procède et confirme l’existence de claveaux colorés ; le voûte est de couleur blanc-cassé avec des fleurs rouges.
En octobre 1858, le projet le plus sobre est adopté.
En septembre 1859, les travaux ont bien avancé et Dauvergne donne des détails sur l’origine des motifs qu’il est en train de peindre. Sur les 142 qui ont été retenus, Viollet-le-Duc en a fourni quelques-uns, Dauvergne lui-même en a crée d’autres, mais il s’est aussi inspiré de motifs romans et gothiques d’églises auvergnates.
Quant au chœur, il constitue une représentation fidèle de l’idée que l’on se faisait alors des églises byzantines.

 

 LE CENTRE D'ART ROMAN GEORGES DUBY

 

 Le Centre d'art roman Georges-Duby est situé à l'emplacement de l'ancienne abbaye bénédictine qui, au Moyen Âge, jouxtait l'abbatiale Saint-Austremoine d’Issoire.

Il a pour mission de favoriser la connaissance et la mise en valeur du patrimoine roman, avec ses espaces d'accueil, de vidéo, de recherche, de documentation et de divertissement. 

Le Centre d'art roman Georges-Duby, mémoire de pierres…

Situé à deux pas du centre ville, à l’ombre de la superbe abbatiale romane Saint-Austremoine, le Centre d'art roman Georges-Duby renferme les vestiges de l'ancienne abbaye bénédictine qui, au Moyen Âge, jouxtait l'église.
Ouvert durant l’été de mai à octobre, il a pour mission de favoriser la connaissance et la mise en valeur du patrimoine roman, avec ses espaces d'accueil, de documentation, d'expositions et d'animations destiné au public le plus large.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Dans le Centre d'Art G. Duby, des reconstitutions de scènes d'époque en costume. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Dans le Centre d'Art G. Duby, des reconstitutions de scènes d'époque en costume. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Ici, l'histoire de ce fameux 13ème signe du zodiaque. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Ici, le médaillon original original de ce 13ème signe, exposé au Centre d'Art, après remplacement par un autre en meilleur état. (Photo : Patrick Garcia)

Deux campagnes de restauration des salles voûtées de l'ancienne abbaye ont permis de mieux accueillir les visiteurs. Un aménagement plus complet a donné tout son sens à l'appellation « Centre d'art roman » : en effet, cette structure est désormais dotée de salles d'expositions, de vidéo, de recherche et de documentation, ainsi que d'un espace ludique.

 

Le Centre Georges-Duby rassemble ainsi les souvenirs d'un passé riche et authentique, joints au désir de préserver et de transmettre un patrimoine culturel important. Il tisse, à travers les siècles, un lien entre le passé, le présent et l'avenir de l'Homme.

Chaque été à la fin du mois de juillet, un festival d'art roman est organisé par l'association « Terres Romanes d'Auvergne ». À cette occasion, concerts, spectacles, expositions, ateliers d'inititation, stages, excursions et randonnées sont proposés au public.
Un colloque international d'art roman clôture chaque automne la « Saison Romane ».

 CONTACTS :

Centre d'art roman Georges-Duby
Parvis Raoul Ollier
63500 Issoire

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Dans le Centre d'Art, ici, une cuve de sarcophage... (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Dans le Centre d'Art, dans les profondeurs, un cimetière fort ancien, avec des sarcos qui possèdent des logettes céphaliques pour maintenir les têtes des défunts. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Dans le Centre d'Art, toujours sous terre, ce qui semble être les arcades des galeries d'un cloître? (Photo : Patrick Garcia)

Contacts :

  • Accueil : Tél. 04 73 89 56 04
  • Permanence administrative : Tél. 04 73 89 25 57
  • Inscriptions excursions, concerts, stages : Tél. 04 73 89 71 52

Plus d'informations sur la programmation sur le site de l'association "Terres Romanes d'Auvergne".

Horaires d'ouverture :
  • de mai à octobre : du mardi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h
  • en juillet et août : tous les jours de 10h à 18h30

 LA TOUR DE L'HORLOGE: LE MONUMENT ET SON HISTOIRE

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La tour de l'Horloge. (Photo : Patrick Garcia)

Un lieu de découverte, d'exploration et d'expérimentation : la Tour de l'Horloge s'adresse à tous les publics grâce à une programmation ouverte et généreuse. Chaque année, une exposition temporaire, d'avril à novembre, permet d'explorer une thématique en profondeur.

La Tour de l'Horloge aurait été commandée au XVe siècle par Austremoine Bohier et son frère Antoine, tous deux marchands et consuls d'Issoire.
La Tour, appelée beffroi, cumule plusieurs fonctions : tour de guet, maison communale, tandis que sa cloche rythme la vie quotidienne des Issoiriens.
Sa silhouette actuelle date de sa restauration en 1830. Son aménagement récent, auquel s'ajoute celui du bâtiment voisin, l'ancien pensionnat Sévigné, en fait un lieu surprenant que son architecture résolument contemporaine incite à la découverte et à l'étonnement.

Le belvédère

Un point de vue unique sur la ville et les paysages alentours, du Puy de Sancy aux monts du Livradois en passant par le val d'Allier.

(Tiré des docs mis à la disposition de l’O.T. d’Issoire, pour les visiteurs)

JESUS ATTACHE A UN PILIER POUR ETRE FLAGELLE 1907

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Jésus est attaché à une colonne par deux soldats, pour être flagellé. (Photo : Patrick Garcia)

JESUS ET JUDA 596

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Jésus parle à Judas, des remontrances(?), on voit Judas qui serre les poings. (Photo : Patrick Garcia)

JESUS ET THOMAS 1900

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : A gauche, Jésus pose la main gauche sur le bras droit de St Thomas, sur la face de droite, on voit la "Jérusalem Céleste", symbole de la cité des Bienheureux, un hérault sonne du cor, en haut d'une tour. (Photo : Patrick Garcia)

L ANNONCIATION 728

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : "L'annonciation" faite à Marie. (Photo : Patrick Garcia)

LA CENE 1909

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La "Cène" (une partie). (Photo : Patrick Garcia)

LA CENE 598-605

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Autre tiers de la "Cène" avec en arrière plan, un beau chapiteau chargé de végétaux. (Photo : Patrick Garcia)

LA CENE ST JEAN CONTRE JESUS-ST PIERRE ET JUDAS 1906

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : St Jean, jeune, se repose contre Jésus qui a à sa gauche, St Pierre, et un peu plus loin, sans auréole, Judas, que désigne Jésus, comme une accusation, de son bras gauche.(Photo : Patrick Garcia)

LA DESOLATION DES DISCIPLES 587

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Au fond, la "désolation des disciples" devant "Jésus qui traine sa croix", à droite, une belle corbeille végétale... (Photo : Patrick Garcia)

LA JERUSALEM CELESTE 589 copie

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La "Jérusalem Céleste", le Paradis des Bienheureux, notez à gauche, une porte est fermée, et à droite, au sommet de la tour, un hérault sonne du cor...(Photo : Patrick Garcia)

LA RESURRECTION DANS LE SAINT LIEU 1897

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le tombeau du Christ, lieu de la résurrection, un mausolée devant lequel un ange ébahi par le miracle lève les bras... (Photo : Patrick Garcia)

LES 3 APOTRES SIDERES PAR JESUS ET SA CROIX 1901

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : A gauche, le "Portement de la Croix" par Jésus, est peu visible, mais on voit bien à droite, la "Désolation des disciples "face à ce triste spectacle. (Photo : Patrick Garcia)

 LES 3 APOTRES SIDERES PAR JESUS ET SA CROIX 1902

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Les 3 apôtres désolés" devant les souffrance de Jésus.(Photo : Patrick Garcia)

LES 3 SAINTES FEMMES PORTENT L HUILE AVEC UN ANGE 1905

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : "Les Saintes Femmes portent l'huile sainte pour oindre le corps de Jésus".  (Photo : Patrick Garcia)

LES 3 SOLDATS ENDORMIS 1898

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : "les 3 soldats endormis", une ode à la paix(?), les 3 hommes ont posé leurs lourds boucliers et dorment comme des bébés, notez les costumes des guerriers sont typiques du 12ème siècle, ce qui est amusant, du fait que toutes ces scènes sont  vécues sous l'empire romain.(Photo : Patrick Garcia)

M-MADELEINE A GENOU ET JESUS 1908

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Marie-Madeleine rencontre Jésus réssuscité, elle ouvre la bouche et grand les yeux de surprise et manque de tomber  en glissant dans l'abîme, son pied a commencer à se dérober devant tant de saisissement. (Photo : Patrick Garcia)

 PORTEMENT DE LA CROIX 584

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : "Le Portement de la Croix" par Jésus. (Photo : Patrick Garcia)

- PORTEUR DE MOUTONS 740

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : "Le Bon Pasteur", celuis qui porte l'agneau est en fait Jésus qui veille sur son "troupeau" et le ramène au bercail. (Photo : Patrick Garcia)

 DEMON SUR BOUC 729

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : "Démon sur un Bouc". (Photo : Patrick Garcia)

DIABLE ET DAMNES 742

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le diable amène 2 damnés tenus en laisse.  (Photo : Patrick Garcia)

 

QUI ÉTAIT-IL ?

HISTOIRE ET VIE DE St AUSTREMOINE (OUSTRÉMONIUS)

     LES Arvernes, parmi les nombreux peuples de la Gaule, portaient le nom le plus redoutable. Jules César croyait avoir soumis notre vaste pays et touchait au terme de son ambition, lorsque Vercingétorix, le descendant des rois de la contrée, jeune, éloquent, intrépide, jeta le cri de la liberté, soulevant les vieilles cités et les antiques fédérations. Après diverses phases de la lutte, César vint l'assiéger dans Gergovie, située à une faible distance de Nemetum. Les Romains ne purent forcer Gergovie, sa défense eut un éclat héroïque elle résista à la tactique des assiégeants et à la supériorité des machines. César faillit y être fait prisonnier, son épée tomba aux mains de l'ennemi.  

Mais il appela de nouvelles troupes des frontières de la Germanie, et Vercingétorix dut se retirer à Alesia.

    Cette cité célèbre, premier centre religieux et politique de la Gaule, était bâtie sur des rochers (1) : Vercingétorix, qui croyait cet oppidum imprenable, concentra, soit à l'intérieur, soit en dehors des murs, toute son armée. Il voulait y renouveler les prodiges de Gergovie et lasser une seconde fois l’énergie des assaillants mais, enveloppé de toute part et resserré de plus en plus, il ne put forcer les vivantes murailles des soldats romains.

Le jeune héros se vêtit de ses plus belles armes et, monté sur un cheval superbe, il alla seul trouver César, descendit de son coursier, jeta son armure et lui livra sa personne. Le cœur de César ne s'élargit pas à la mesure du vaincu Vercingétorix fut enchaîné; gardé longtemps dans un cachot, il orna le triomphe, à Rome, du maître de la Gaule et, peu après, un licteur lui trancha la tête.

    L'Arvernie, dont le nom s'est adouci en celui plus facile d'Auvergne, avait ébranlé le sol entier de la Gaule par le cri de ses guerriers la Gaule sanglante, mutilée, réduite à se taire, expira dans un dernier effort à Uxellodunum. Ce grand pays d'Auvergne exerçait sa prépondérance sur les portions de son territoire qui s'appelèrent plus tard le Quercy, le Gévaudan, le Velay, une partie de Forez, le Nivernais et le Bourbonnais Pline représente les Arvernes comme un peuple fier et rival des Romains, amis bouillants de la liberté, ses chaînes de montagnes lui offraient des retraites inaccessibles. La contrée se distinguait encore par un sanctuaire druidique fameux, consacré à Teutatès, l'inventeur des arts et le dieu qui présidait au négoce. Le Nemetuni devint une ville, la cité prédominante de l'Arvernie. Elle était placée sur une colline environnée de montagnes, d'où la vue

(1) Les Mandubiens formaient un peuple chez les Éduens, et avaient Alesia pour principale ville ils devinrent le pays d'Auxois dans la Bourgogne. Alesia était sur le mont Auxois, aride aujourd'hui elle dépend de la commune de Flavigny, arrondissement de Sémur. On y a élevé récemment une Statue à Vercingétorix.

s'étendait sur les flancs tourmentés du Puy-de-Dôme et les campagnes fertiles de la Limagne. Auguste appela de son nom cette antique et religieuse cité, et ce n'est que longtemps après qu'elle prit en échange celui de Clermont.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Trés jolie Vierge à l'Enfant 19ème siècle. (Photo : Patrick Garcia)

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Autre Vierge à l'Enfant, plus"rustique". (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Piéta et Christ en croix.  (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La même Piéta (19ème) et un autre Christ en Croix.(Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Peinture du Jugement dernier, XVe siècle, dans l'ancienne chapelle des catéchismes. (Photo : Patrick Garcia)

   Quoique César se fût montré peu généreux pour Vercingétorix, Rome eut la bonne politique de ménager une fédération si susceptible elle n'imposa aux Arvernes ni tributs, ni morcellement de territoire, et afin de continuer les traditions, tout en les transformant, on construisit un vaste temple à Mercure, divinité dont les attributs correspondaient à ceux de Teutatès. Les Arvernes appelèrent ce temple Vasso. « C'était, raconte Grégoire de Tours, un édifice admirable et solide. Ses doubles murailles étaient bâties en dedans avec de petites pierres, en dehors avec de grandes pierres carrées, et elles avaient trente pieds d'épaisseur. Dans l'intérieur, le marbre se mêlait aux mosaïques; le pavé même était de marbre et la couverture en plomb (1). »

- les élus

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Les élus louent le Christ à l'heure du Jugement (XVe siècle). (Photo : Patrick Garcia)

 - leviathan

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le Jugement dernier : les damnés sont engloutis dans la gueule du Léviathan. XVe siècle, auteur anonyme.  (Photo : Patrick Garcia)

  - st michel

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le Jugement dernier : saint Michel terrasse un démon.

Peinture du XVe siècle, détail. (Photo : Patrick Garcia)

Un siècle s'était écoulé depuis que ce fier peuple avait été, sinon dompté, du moins compris dans l'Empire; mais les vieillards, dont les jeunes années avaient entendu les récits émouvants d'une lutte longue et terrible, gardaient entiers ces souvenirs belliqueux, –vivantes légendes de la nation. C'est au milieu d'une telle nation, c'est dans la patrie du plus dangereux ennemi de César, que St Pierre résolut d'envoyer un apôtre, comme il le faisait à Arles, Narbonne, Trèves, Sens, Limoges, Toulouse et autres lieux.

Le prince des Apôtres, en se dirigeant vers Rome, était suivi, nous le répétons, par un grand nombre de disciples de Jésus et de jeunes chrétiens d'Antioche et de la Grèce. Lorsqu'il choisit à la Gaule ses missionnaires, il désigna Strémonius pour Nemetum.

Qu'était Strémonius ?–Jésus, parcourant les chemins de la Judée, fait la rencontre d'un jeune homme auquel il dit « Suivez-moi. » Celui-ci répond « Je le veux, Seigneur, mais permettez, qu'auparavant j'aille donner la sépulture à mon père. » Jésus lui dit « Laissez aux morts le soin d'ensevelir

(1 Histoire des Francs liv. 1, traduction de M. Guizot. )

leurs morts; pour vous, allez annoncer le royaume de Dieu. » Ce jeune homme, c'est Strémonius. Il était né à Emmaüs son père se nommait Juda, et sa mère, Anne. Son nom semble signifier le courage, la résolution, et il correspondait au caractère guerrier du grand pays qu'il devait évangéliser(1).

 Strémonius traversa d'abord la Toscane et s'arrêta à Sutri, où sa parole convertit une partie des habitants; puis, gagnant le rivage, il prit la mer pour joindre la Gaule. Il accompagnait Trophime, dont la mission, plus rapprochée du littoral, devait s'exercer dans la ville d'Arles. Trophime avait été disciple de St Paul, ainsi que Crescent, l'apôtre de Vienne Arles servait d'entrepôt général au midi des provinces Lyonnaise et Narbonnaise.

 Strémonius se sépara de son ami et, suivi de Marius, Nectaire, Antonin, Mammet, Syrénat, Justus et Ursin, il prit la route des montagnes par Nîmes et Javols. Une route, que les savants ont appelée phocéenne, partait de Marseille, allait à Nîmes et conduisait par les Cévennes en Arvernie.

VITAUX 2 copie

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : série de vitraux du plus bel effet.  (Photo : Patrick Garcia)

VITRAUX 1 copie

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : série de vitraux du plus bel effet.  (Photo : Patrick Garcia)

Ursin, avec Justus, allait chez les vaillants peuples dont la superbe Avaricum était la cité en même temps que la métropole de l'Aquitaine de ces lointaines époques. Il salua ses compagnons de voyage aux approches d'Augusto-nemetum et poussa plus loin ses pas.

Austremoine (2) entre intrépidement sur le sol d'Auvergne le premier lieu où il s'arrête est Château-Laudun (3). Une veuve, appelée Claudia, touchée par ses paroles, offre à Strémonius l'hospitalité. Celui-ci l'accepte, et bientôt il convertit la riche patricienne et dix-huit personnes de sa maison. Heureux de ces commencements, il emploie plusieurs

(1) Par exception à une règle très-générale, le nom de Strémonius s'est allongé en celui d'Austremoine, au lieu d'être resserré et comme brisé avec tant d'autres noms d'hommes et d'endroits.

(2) Strémonius est la première gloire de l'Église d'Auvergne un de ses successeurs au siége de Clermont, St Preject (ou St Priest), martyr, en a écrit la vie vers l'an 650. Cette Vie ressemble à un poème par la division du sujet et les expressions nous en présentons le résumé en le mêlant à nos propres notes.

(3) Castrum Laudosi ou Laudosum, ville actuelle de Lezoux.  

VITRAUX 3 copie

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : série de vitraux du plus bel effet.  (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : série de vitraux du plus bel effet.  (Photo : Patrick Garcia)

 jours pour parler à la population, et il entraîne ceux qui viennent l'écouter.

    Dans le voisinage de Laudosum se trouvait un temple d'Apollon les prêtres y abandonnent le service en s'écriant que les dieux, irrités de la présence de ces étrangers, refusent de recevoir leurs sacrifices et les chassent des autels. A ces excitations, une partie du peuple se dirige impétueusement vers la demeure de l'apôtre on l'en arrache et on le couvre d'outrages, lui et ses compagnons. Ils allaient être massacrés lorsqu'un violent orage éclate. La foudre tombe sur le temple et tue ceux qui frappent Austremoine.

La multitude est saisie de frayeur, chacun se prosterne aux pieds du Saint, en le suppliant de les protéger. Aussitôt le tonnerre cesse de gronder, les vents se calment, le ciel devient serein, et ceux qui avaient été frappés se lèvent pleins de vie. Étonnés, les prêtres d'Apollon et le peuple, au nombre de deux mille personnes, se convertissent. Strémonius enlève du temple les statues, il dresse un autel à St Étienne et poursuit sa marche vers Nemetum. Aux abords de la ville, il est introduit dans une demeure du sénateur Cassius, qui était atteint de la lèpre ainsi que ses enfants. Strémonius les guérit, et Cassius, dans l'élan de sa reconnaissance, embrasse avec amour la Religion nouvelle.

Les amis et les serviteurs qui l'entourent, sollicitent la même faveur, et veulent spontanément conduire à Nemetum leur libérateur, pour y glorifier avec lui la foi nouvelle. Une tradition, conservée dans le Bréviaire de Clermont, porte que Martial aurait devancé dans Augustonemetum l'arrivée d'Austremoine; qu'il y aurait déposé les germes du christianisme lorsqu'il allait de Lyon à Limoges, et bâti, en dehors des murs, un premier autel. D'autres récits veulent que Strémonius ait envoyé devant lui à Clermont, pendant qu'il évangélisait Château-Laudun, Marius son disciple.

QUELQUES MARQUES copie

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Quelques marques de tâcherons sur les murs extérieurs du monument. (Photo : Patrick Garcia)

QUELQUES MARQUES

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Quelques marques de tâcherons sur les murs extérieurs du monument. (Photo : Patrick Garcia)

Le sénateur Cassius annonça à sa famille et à ses nombreux clients la présence de l'apôtre, à qui il fit, avec générosité, les honneurs de son palais, bâti, dit-on, à l'endroit où s'est élevée la cathédrale. La conversion de cet homme puissant et respecté eut un grand retentissement.  

 Le nombre des prosélites attirés par les discours publics, les entretiens familiers d'Austremoine et la guérison des malades, devint considérable. « Que les vérités que j'enseigne, s'écriait-il, soient comme la pluie qui tombe que mes paroles se répandent comme la rosée sur les plantes et comme les gouttes d'eau sur l'herbe nouvelle (1).

 Les habitants des villes et des campagnes d'Auvergne ajoutèrent foi aux paroles d'Austremoine.

« La sauvage sévérité des chefs fut changée en une admirable douceur; la cruelle dureté du peuple devint une affable amabilité, » et, les fidèles augmentant, Strémonius construisit un autel pour le dédier à la Vierge.

 Alors la colère des prêtres du temple de Vasso ne connut plus de bornes; un d'eux, appelé Victorin, excite la population, attachée au culte des dieux; il se met à la tête des plus furieux ils tuent Antonin et Limine, disciples arverniens de l'apôtre; plusieurs chrétiens sont frappés et perdent la vie Strémonius échappe à ce sanglant tumulte.

Cassius connaissait Victorin, il va le trouver d'abord il lui exprime sa douleur, ensuite son indignation, et prend si bien le chemin de son cœur et de son esprit, que Victorin est saisi de honte et de remords. Cassius se hâte d'amener près de lui Austremoine. Toute barrière tombe à l'approche du Saint; Victorin est heureux de se dire vaincu, et dès lors le prêtre de Vasso devient l'émule de Cassius.

Victorin et Cassius reçurent, quelque temps après, les honneurs du sacerdoce, « et leur ardeur à procurer la conversion des habitants fut si grande et si infatigable, que, jointe aux prédications d'Austremoine, la cité de Clermont se fait, en moins de douze années, presque toute chrétienne ». Ces événements graves, et d'une portée encore incalculable, furent exposés à l'empereur Néron, alors au milieu de son règne. Pour distraire les peuples arverniens de l'entraînement à la religion nouvelle et les ramener au culte de Mercure, il ordonna d'ériger à Nemetum une statue colossale de cette divinité.  

On chargea de l'exécution le célèbre Zénodore, qui y travailla dix années elle coûta plus de quatre millions, sa hauteur était de quatre-vingts coudées (120 pieds français) ; elle s'apercevait au loin et dominait le vaste paysage des montagnes.

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Le "Tribunal". (Photo : Patrick Garcia)

    Pendant que l'ancien polythéisme se débattait sous les étreintes de la religion nouvelle, l'apôtre trouva que le temps était arrivé de faire connaître à la province la même doctrine. Un ordre vraiment heureux présida au choix de ses disciples dans le partage des contrées :

 Syrénat (St Cerneuf) fut dirigé vers Courpiére, Billom et les montagnes de Thiers Nectaire, dans la partie méridionale de la Limagne qui renferme Authézat, Neschers, Champeix et Montaigut Antonin le fut au nord de cette grande et fertile vallée, à Aigueperse, Gannat, Cusset et Souvigny Marius et Mammetus eurent la Haute-Auvergne le premier alla du côté de Salers et de Mauriac; le second, vers Aurillac, Vic et Murat.

Strémonius entreprit aussi de parcourir la contrée et de s'assurer que ses amis annonçaient la religion dans sa sévère exactitude; il constata avec bonheur l'entière conformité de leur doctrine avec la sienne. Alors, plein d'espérance et d'ardeur, il se remet à prêcher, et ceux qui l'écoutent sont aussitôt entrainés.

 Plusieurs d'entre les jeunes gens et les hommes mûrs qui l'approchaient se firent ses aides et les coopérateurs de sa parole. Il choisit ceux que l'intelligence, le jugement et la sagesse rendaient propres au sacerdoce, et, après diverses épreuves, il confiait aux plus dignes le gouvernement d'une église.

Il rassembla des veuves et des vierges, et leur prescrivit de servir les pauvres et les malades. Les autres envoyés de St Pierre, Saturnin, Georges, Martial, Frontonius, qui évangélisaient l'Aquitaine en même temps qu'Austremoine, s'informaient alternativement de leurs travaux et de leurs succès, et, pour mettre plus d'unité dans l'œuvre, ils se rendaient de points fort éloignés en un lieu, convenu à l'avance, où ils pussent conférer des grands intérêts des chrétientés nouvelles.  

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Notre Dame du Ponteil, dans les rues de la ville. (Photo : Patrick Garcia)

Un ancien manuscrit des archives de Lérins, cité par Labbe dans la Vie de Strémonius, atteste ce fait remarquable. La mémoire en restait encore du temps de St Preject:

 « Il est un endroit, dit-il, aux limites du diocèse de Clermont, qui garde le nom que lui donnèrent trois de nos anciens maîtres là se réunissaient le bienheureux Austremoine, l'excellent Martial de Limoges et l'illustre Saturnin, phares brillants allumés pour éclairer le monde». Dans une de ces rencontres, ils s'apprirent la glorieuse mort du prince des Apôtres. En se séparant de tels amis, Strémonius alla à Plausat, et éleva un autel à St Pierre. Bientôt après, se dirigeant sur Issoire, il édifia un autel à St Paul; puis il joignit les montagnes où Mammet et Marius prêchaient et baptisaient.

Fatigué, à cause de son grand âge, de ces courses longues et pénibles, il revint à Nemetum pour y prendre un peu de repos et, les forces lui revenant vite, il entreprit de convertir la ville de Noviodunum (Nevers), ainsi que le territoire qui en dépendait. Auparavant, il chargea le sénateur Urbicus, devenu chrétien à l'exemple de Cassius, de veiller à tous les besoins de l'Arvernie. Urbicus était prêtre depuis longtemps, et Austremoine avait distingué en lui les qualités qu'il cherchait dans son successeur.

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Très jolie fontaine, face au Tribunal. (Photo : Patrick Garcia)

 L'apôtre se dirigea donc au nord de la province il visita les chrétiens d'Artonne, d'Aigueperse, de Cusset, de Souvigny (1) et parvint jusqu'aux murailles de Nevers, au sein de laquelle l'Évangile n'avait point pénétré, si ce n'est par le bruit des prédications d'Arvernie. La renommée de l'apôtre se répandit au loin; « les hommes nobles et les femmes des villes voisines, de nombreuses phalanges de peuple accoururent vers lui. Il convertit ce peuple enlacé dans l'erreur et qui adorait des idoles de métal ».

(1) La ville de Moulins, chef-lieu du département de l'Allier, et ancienne capitale du Bourbonnais, est de récente fondation.  

   Son séjour se prolongea dans la contrée ; il guérit les malades et les infirmes, baptisa des foules innombrables, élut Patricius pour chef de cette florissante église, puis il regagna les monts de sa chère Auvergne.

    Mais l'apôtre avançait en âge, et il résolut de descendre de sa chaire d'évêque. Depuis trente-six ans il gouvernait à ce titre la ville de Clermont. Il choisit entre ses disciples les plus capables ceux qui surpassent leurs compagnons en intelligence, en esprit de prudence et de sagacité, et leur ordonne d'enseigner les ignorants et les simples. Faisant un second choix parmi ces premiers, il appelle Urbicus et lui dit :

 « Très-cher frère, recevez la charge pastorale. » Le bienheureux Urbicus multiplie ses refus; mais le saint insiste, et l'élection est consommée.       Devenu libre de cette manière, l'apôtre se met en marche pour l'endroit solitaire qu'il avait choisi à Iciodorum (Issoire, distant de 7 ou 8 lieues de Clermont-Ferrand) sur les bords de l'Allier, au midi de Nemetum mais aussitôt, et contrairement à ses projets de retraite et d'oubli des hommes, il ne cesse d'être visité, et souvent il parle comme s'il n'eût pas quitté son siège d'évêque. Il trouve encore l'occasion de faire des conversions dans la vallée des Trois Conzes (Confluences de 3 rivières du même nom) où les habitants conservaient le culte d'Isis, apporté d'Égypte sur quelques points de l'Arvernie par les légions de Pompée.

vg depuis tour de l'horloge

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : St Austremoine en vue générale, vue prise depuis la Tour de l'Horloge, ci-dessous. (Photo : O.T)

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La Tour de l'Horloge, près de l'église. Voir notice plus haut. (Photo : Patrick Garcia)

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 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : La Tour de l'Horloge, près de l'église. (Photo : Patrick Garcia)

Un jour qu'auprès de l'Allier il parlait au peuple, deux hommes, habitués au travail des champs, se présentent avec leurs serviteurs et leurs charriots pour traverser la rivière et se rendre à la forêt sur l'autre bord. L'un s'arrête pour écouter l'apôtre, l'autre dédaigne de l'entendre. Lorsque Strémonius eut fini de parler, le bon Arvernien descendit à la rivière pour la passer avec son compagnon qui l'attendait.

Tout à coup, ô surprise, les eaux rapides de l'Allier s'agitent dans leur lit, la rustique embarcation vacille et renverse tous périssent à l'exception de celui que l'enseignement de l'apôtre venait de toucher.  

Tout le temps que vécut Strémonius, et en présence de la foule, il rendit aux boiteux l'usage de leurs jambes, aux morts l'insigne faveur de revivre, aux aveugles la lumière; il chassait les démons et guérissait les lépreux.

Mais l'heure du martyre approchait. L'histoire a raconté comment Vespasien et Titus assiégèrent Jérusalem, la prirent et la détruisirent. Tous les Juifs ne périrent pas sous le glaive et par la faim on en vendit une multitude à vil prix, et quatre cent mille furent dispersés dans l'Empire plusieurs, conduits à Clermont, s'établirent sur différents points de l'Arvernie; il s'en était fixé à Issoire, tout près des lieux que venait habiter Strémonius, leur compatriote.

Là, l'apôtre les exhortait. Quelques-uns se convertirent. Le plus grand nombre résistait aux instances de Strémonius bientôt ils s'irritèrent et résolurent de le mettre à mort. L'occasionne tarda pas à se présenter parmi les Juifs qu'il instruisait, se trouvait le fils de celui qui occupait, au milieu d'eux, le premier rang. A l'insu de son père, ce jeune homme demanda Instamment à embrasser la nouvelle religion. Austremoine se prêta avec bonheur à ses désirs, il le considéra dès lors comme son fils et lui donna le nom de Lucius.

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : L'église, vue du chevet, une splendeur! (Photo : Patrick Garcia)

    A peine le chef des Juifs a-t-il découvert que son fils était chrétien, qu'il éclate en reproches et en gémissements la colère enflamme son cœur et y étouffe tout amour. Il court à son fils, l'enlève de ses mains et le précipite dans un puits, afin que l'Église ne le possède pas vivant et qu'il n'inspire pas à d'autres ses propres croyances.  

 Strémonius, au lieu de jouir de la solitude dans la vallée de l'Allier, voyait se fixer près de lui d'ardents chrétiens, attirés par sa sagesse et résolus à régler leur vie sur le modèle de la sienne. Ainsi entouré de nouveaux disciples, il commandait à une sorte de communauté et inaugurait un premier monastère. Dès qu'il est informé de l'action détestable du père de Lucius, il appelle ses amis et, tous ensemble, se rendent au puits au fond duquel gisait le jeune homme:

ils l'en retirent et lui donnent avec respect, et dans un grand deuil, les honneurs de la sépulture. Pendant qu'Austremoine procède à ces funérailles, une douloureuse nouvelle lui est transmise Marius, gravement malade, lui fait dire d'aller au plus tôt le visiter. Deux disciples s'offrent à l'accompagner, et sur-le champ ils prennent le chemin de la vallée du Mont-Journal, où s'était retiré cet autre apôtre. En traversant un lieu appelé Marajolus ils parlent au peuple et élèvent un autel à St Pierre puis, ils pressent le pas vers la demeure de Marius mais celui-ci était déjà mort. Strémonius et ses amis déposent dans un tombeau, avec vénération, le corps de Marius, et tracent, autour, les lignes d'un monument en son honneur. Les riches familles qui avaient écouté les paroles de Marius, et tous les chrétiens des montagnes, contribuèrent à son édification.

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : L'imposante nef colorée de l'église... (Photo : Patrick Garcia)

    Un disciple d'Austremoine, Antonin, vint le rejoindre aux obsèques de Marius, en le suppliant, au nom de ceux qui l'envoient, de venir fonder un autel à Compendiac (Marengheol près d’Issoire). Strémonius promet d'aller vers le peuple qui le demande il y va et consacre l'église à l'archange St Michel. Il y séjourne et conquiert des multitudes d'hommes de toute part, ses disciples, en mission dans l'Arvernie, accoururent le trouver en ce lieu. Irrité au-delà de toute expression des cérémonies faites pour son fils, le père de Lucius cherchait, avec une inquiète ardeur, à faire subir à l'apôtre le même genre de mort qu'à son fils. Ses amis savent les embûches qu'on lui tend, ils l'entourent et lui disent :

« Vous semblez ignorer les projets des Juifs réfugiés dans ce pays ils veulent effacer votre nom de la mémoire des vivants. Nous vous prions de veiller sur vos jours; ne tombez pas dans leurs pièges. Ils n'auront point pitié de votre vieillesse. Épargnez un tel malheur au peuple innombrable que votre enseignement a converti. » Lorsque l'apôtre a entendu ces paroles de la bouche de ses amis, il leur répond avec tranquillité et en souriant : « Oh quel aimable message est le vôtre; vous m'annoncez les choses que mon cœur n'a cessé de désirer. Que je serais heureux d'atteindre ainsi le terme d'un combat où le vainqueur s'ensevelit dans sa propre victoire !»

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L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Tel une dentelle de pierre, le choeur de St Austremoine s'élance vers le ciel étoilé... (Photo : Patrick Garcia)

    Et l'apôtre se montre plus joyeux encore qu'auparavant, et ses pas attardés par l'âge deviennent plus légers, et il répète à ses amis étonnés : « Puissent les faits confirmer votre rapport. Il me serait doux de souffrir pour ma foi. »

     A ces mots, ses disciples s'éloignent pleins de tristesse. Il les rappelle : « Ne pleurez pas ainsi, continue-t-il; réjouissez-vous plutôt de ma félicité prochaine »

   L'apôtre parlait au milieu des étreintes et des baisers de ses amis.  «Allez, frères très-aimés, ajoute-il encore, gardez l'empreinte de la doctrine que je vous ai transmise, ne l'altérez en rien qu'aucune terreur de la puissance humaine ne vous atteigne; que le détestable amour des richesses ne s'empare pas de vous; que les excès de la soif et de la faim ne vous entraînent point dans leur fange que la prospérité ne vous élève pas, ni que l'adversité ne vous trouble restez inébranlables comme les colonnes du temple. »

VUE DU CROISILLON NORD AU DEBUT DU 19EME

 L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Vue du croisillon nord au 19ème siècle. (Photo : tirée du livre de Jules Richard, cité plus bas)

VUE EXTERIEURE EN 1831 A

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Vue extérieure en 1831. (Photo : tirée du livre de Jules Richard, cité plus bas)

     Ce fut leur suprême adieu ; ils s'en allèrent de divers côtés à leurs missions. Austremoine, suivi de Mammetus, reprit la route d'Issoire. Comme il approchait de sa chère retraite d'environ une stade(Près de 200 mètres), il s'arrêta pour prier c'était sur un coteau(« Plagne) , fatigué, il s'assied sur une pierre. C'est là que l'atteignent le père de Lucius et plusieurs hommes armés. Mammetus se réfugie sous des rochers. Austremoine est violemment frappé de coups.

     Cependant le temps s'écoule, il n'expire pas; le père de Lucius redoute que quelques chrétiens ne voient son crime et qu'ils n'accourent: il veut qu'on en finisse. Un de ceux qui exécutent ses ordres jette le martyr cruellement à terre, le foule aux pieds et, se penchant sur sa poitrine, lui tranche la tête. Ensuite, prenant en ses mains cette tête auguste, il la porte au puits où a péri Lucius, et l'y jette.  

   Au moment que le sang jaillit de la tête de l'apôtre, une source d'eau vive jaillit de terre sous ses pieds (Au bord de cette fontaine fut édifiée plus tard l'église de Trémeit on y a transporté la pierre où se reposa le Saint.)  

Ce martyre a été consommé le jour du 1er novembre de l'an 287, la sixième année de la solitude d'Austremoine et la quarante-deuxième de son arrivée dans les Gaules.

Alarmés par des bruits confus, des chrétiens accourent; ils trouvent le corps de leur apôtre déchiré de coups et mutilé. Urbicus en est averti, il vient à Issoire escorté de ses prêtres et des plus fervents de son peuple. La foule regrette amèrement la disparition de la tête du martyr; quelques-uns aperçoivent, dans la direction d'un sentier, des traces de sang; on se laisse guider par ces signes douloureux qui, de pas en pas, mènent au puits dans lequel elle avait été lancée. Bientôt, les plus empressés la retirent de l'eau.

La nouvelle de ces événements arrive de toute part à la connaissance des habitants de l'Arvernie tous pleurent l'ami qu'ils n'ont plus et accourent vénérer sa dépouille. Urbicus préside aux obsèques. Les lamentations se mêlent aux accents des voix qui chantent c'est au milieu de ces larmes et de ces louanges que le corps est porté à sa sépulture définitive, devant l'autel de St-Paul d'Issoire.

   De plus mauvais jours encore suivirent ceux où périt Austremoine le tombeau, d'abord très fréquenté, resta longtemps sans visiteurs; ce ne fut qu'en 571 que Cautin, évêque de Clermont, affligé de cet oubli, ordonna de considérer le glorieux mort comme un saint. Environ un siècle après, Issoire ayant été dévastée dans une invasion, St Avitus fit transporter ces précieux restes au monastère de Volvic qu'il venait de fonder.

PLAN ETAPES DE CONSTRUCTION ST AUSTREMOINE ISSOIRE

L’abbaye majeure d’Auvergne, St Austremoine d’Issoire : Plan d'étape de la construction et de la situation de toutes les pièces monumentales citées dans cet article. (Photo : Patrick Garcia)

 Le chef seul demeura à Issoire et y fut conservé jusqu'à l'anéantissement de tout culte, à la fin de 1793, époque où il disparut dans la tempête. Ensuite le corps passa du monastère de Volvic à l'abbaye de Mozat, la châsse qui le contenait échappa aux colères de l'an 2, et elle y est encore l'objet de la vénération commune.  

Le premier autel élevé par Austremoine (ou peut-être par St Martial) fut celui de Notre Dame d’Entre les Saints, hors des anciens murs de Clermont, si connue et si vénérée au loin sous le nom de Notre-Dame du Port. Le second autel, ou, si on le préfère, la seconde église quant à la date, serait celle de Notre-Dame, la cathédrale actuelle, que l'on croit bâtie sur l'emplacement de la maison de Cassius (St Cassy). Elle était désignée sous le nom d' « église mère, épiscopale, de la bienheureuse Vierge mater ecclesia, beatae Mariae, episcopalis » c'est la même que Grégoire de Tours, né à Clermont, appelle « la plus ancienne église entre les murs de la ville et dont il fait la superbe description au seizième livre de son histoire.

JULES RICHARD,

Ancien député des Deux-Sèvres à la Constituante de 1848.

(J’ai exhumé ce texte ancien de la REVUE D’AQUITAINE du 15 mai 1875, si le texte est formulé de manière un peu »légendaire », des détails intéressants y sont rapportés, par exemple des noms de lieux et des noms de saints évangélisateurs… [P.G.]) 

 Je remercie aussi les sites suivants qui m'ont bien aidé, l'O.T., et Wikipédia...

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_Auvergne/Issoire/Issoire-Saint-Austremoine.htm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1935_num_94_3_8486

 http://www.issoire.fr/Issoire-notre-ville/Patrimoine/Chef-d-oeuvre-de-l-art-roman-auvergnat

http://www.patrimoine-religieux.fr/eglises_edifices/63-Puy-de-D%C3%B4me/63178-Issoire/177131-EglisesaintAustremoine,ancienneabbatiale

 

 PATRICK GARCIA

 

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