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Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot
9 avril 2020

PAGE 235 : LA VIE DES TEMPLIERS, ET DE LA COMMANDERIE DU TEMPLE SUR LOT ET SES AFFILIÉES (FIN)

 CCHEVALIER A GENOU DEVANT LE TEMPLE copie

545px-Blason_ville_fr_Le_Temple-sur-Lot_(Lot-et-Garonne)

Blasonnement du Temple sur Lot (Lot-et-Garonne) : De gueules à la tour d’or ouverte du champ, senestrée d’un avant mur aussi d’or ajouré d’une croisette pattée aussi du champ, le tout maçonné de sable, soutenu d’une rivière ondée d’azur mouvant de la pointe, chargé d’ondes d’argent. (Wikipédia)

LA VIE DANS LES COMMANDERIES DE L’ORDRE DU TEMPLE, PUIS DE ST JEAN DE JÉRUSALEM EN LOT ET GARONNE (suite et fin)

 templiers copie

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : Il n'y avait pas que l'ordre Templier qui avait des moines-soldats, voici les quatre autres, dont les Hospitaliers de St Jean (ou de MALTE), qui récupèreront les domaines et commanderies des Templiers à leur extinction, et qui continueront jusqu'à la Révolution. (Photo du Net)

RAPPEL: Pour une meilleure compréhension dans cet amas de renseignements, j’ai différencié les commanderies traitées par des couleurs et des soulignés.

La principale commanderie par sa richesse et ses affiliées, le Temple sur Lot ou Temple de Breuil, mais aussi ses affiliées sont en orange souligné, comme ceci :

Le Temple sur Lot ou Temple de Breuil.

Toutes les autres sont affiliées, plus ou moins, à l’autre point fort des commanderies : Sauvagnas et affiliées. Elles sont représentées en noir souligné. Comme ceci :

Sauvagnas, Saint-Jean-de-Ferrand, Nomdieu….

Je souligne en ROUGE toutes les choses que je juge importantes, sinon cruciales.

Je souligne en BLEU les points à se rappeler …

Je transforme les monnaies anciennes en Euros et les anciennes mesures en mesure métriques en les écrivant en VERT BRILLANT

*************************

    Voici les chapitres qui nous restent à étudier, les 46 premier sont sur la page 234 de blog :

( http://memoiredelivrade.canalblog.com/archives/2020/04/01/38157056.html  )

Dans cette 2ème partie, je vais intercaler, parmi les chapitres restants, toutes les photos dont je dispose, sur les différentes commanderies. La principale, le Temple de Breuil (devenue Temple sur Lot), mais aussi ses affiliées :

St Sulpice de Rivalède, St Jean de l’Herm, St Caprais de Monflanquin et celle qui est la mieux conservée après le Temple, Dominipech, près de St Salvy. Pour retrouver ces différentes commanderies en photos, vous pourrez vous aider des numéros de chapitres.

 47- LA REPOPULATION

48- L’APOGÉE DES COMMANDERIES

49- LES COMPTES PAR COMMANDERIE

LE TEMPLE DE BREUIL EN PHOTOS ET DOCUMENTS

50- CONDITIONS ÉCONOMIQUES :

LES DIFFÉRENTS CHAPITRES QUE NOUS ALLONS ÉTUDIER

 

DOSSIER PHOTOS : LE BÂTI ENTRE  LOT ET GARONNE

 

51- ARCHITECTURE ET BÂTI

52- LE MOBILIER

53- LES VÊTEMENTS

54- LA CULTURE DES TERRES

ST SULPICE DE RIVALÈDE

55- LA CULTURE

56- LA VIGNE

57- LES TEXTILES ET LE CHANVRE

58- LES LÉGUMES

59- LES ARBRES FRUITIERS

60- BOIS ET FORÊTS

ST JEAN DE L’HERM

61- PRAIRIES ET ÉLEVAGE

62- LE PORC TRÈS APPRÉCIÉ

63- INDUSTRIE

64- LES MOULINS UNE INDUSTRIE VITALE

ST CAPRAIS DE MONFLANQUIN

65- L’ARTISANAT

66- COMMERCE

67- LE POISSON TRÈS RECHERCHÉ

68- MONNAIES — POIDS ET MESURES

DOMINIPECH

69 - MESURES

70- POIDS

*************************

 

TEMPLE COMMANDERIE siglee copie

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne :  Carte de 1477 du terrier de la commanderie du Temple sur Lot . Notez l'enjolivement des villes et châteaux....(Plan amélioré par mes soins)

CARTE DES DEPENDANCE DU TEMPLE AVEC PHOTOS copie copie

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Les principales commanderies filiales du Temple de Breuil (Photo : Patrick Garcia)

  47- LA REPOPULATION

      Mais pour cultiver ces terres, reconstruire ces maisons et ces moulins, il fallait avant tout des travailleurs. Or, ce n'est pas en attirant les habitants des seigneuries voisines par des conditions meilleures que les commandeurs eussent pu repeupler leur commanderie comme avaient pu le faire au 13e siècle les comtes de Toulouse et de Poitiers, ou les Rois de France et d'Angleterre quand ils fondaient et peuplaient leurs bastides.

   M. Massip a montré qu'à cette époque il y avait eu une immigration de Rouergats dans l'Agenais et que  Bernard Gros, commandeur du Temple de Breuil, énergique qui a dirigé tout ce merveilleux mouvement de reconstruction du sol et de remise en valeur de l'Agenais après la guerre de cent ans, était lui-même originaire de Rouergue.

      En 1493, la plupart des laboureurs du Temple-de-Breuil et des villages environnants, se disent originaires des diocèses de Saint-Flour, de Clermont, de Rodez, de Cahors et surtout de Limoges, et être installés en Agenais depuis quinze à trente ans.

      La colonisation de cette région aurait donc été faite entre 1470 et 1480 et avec des cultivateurs, non seulement du Rouergue, mais de tout le Massif-Central méridional.

 ouvriers du bâtiment

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: le siècle qui suivit la guerre de 100 ans fut un âge d'or... Les propriétés étaient à rebâtir, il y avait donc de l'emploi pour tous,  les campagnes se repeuplaient, la nourriture ne manquait plus, les biens fonciers et les tenures s'agrandissaient, les commanderies se rebâtissaient, comme celle du Temple.... (Photo du Net)

 48- L’APOGÉE DES COMMANDERIES

 Cet effort considérable pendant un demi-siècle ne fut pas vain. L'Agenais jouit, de la fin du règne de Louis XI aux guerres de religion, d'une tranquillité et d'une richesse qu'il avait ignorées depuis le milieu du 14e siècle et qu'il ne connut plus jusqu'au 17e siècle.

      Les commanderies des Hospitaliers atteignent alors leur apogée. Au Temple-de-Breuil, en 1510, 18 bordes de 20 à 30 carterées chacune, sont occupées par les descendants des colons établis par Bernard Gros, mais les terres incultes « feudos bosigos et incultos », baillées il y a 30 à 40 ans, comprennent maintenant « domus, grangie stabula, casalia, furnus, terre labore prata ed vine » et la Maison s'est élevée à Breuil sur l'emplacement qui avait été concédé pour en construire une.

     En dehors des 18 bordes (ou manses[ grosse propriété à bail]), le commandeur du Temple-de-Breuil a dans sa mouvance 52 tenanciers (locataires d'une maison avec jardin) ayant une maison et un casal au Temple ou au faubourg avec une petite propriété, le plus souvent de 2 à 3 carterées (2 ha env.), mais pouvant atteindre 15 à 18 carterées (près de 15 ha).

      Certains de ces tenanciers exercent un métier en dehors de la culture de leurs terres. Tel est « Barbitonsor » un autre Tegularius, un troisième Faber.

     Bertrand d'Esparbès, commandeur du Temple-de-Breuil, en 1510, donne à l'administration des moulins la même sollicitude que Bernard Gros.

    Au renouvellement de bail, en 1510, de la borde de « Marchol », il stipule que, si lui ou ses successeurs veulent construire un moulin sur la rivière de la « Gravera », ils pourront prendre autant de terrain qu'il leur sera nécessaire pour sa construction et ses servitudes sans payer aucun cens ni aucune récompense audit tenancier.

    De même, le moulin de « Carcassonne » est baillé, en 1511, sous l'oublie de 12 deniers et de la moitié de tout le blé provenant de la mouture du dit moulin. 

        Avec le moulin, sont inféodées toutes les servitudes, les fontaines, les cours d'eaula pêche et les viviers.

   En 1510, Bertrand d'Esparbès renouvelle le bail du moulin de la Negresia, dont l'emplacement avait été baillé à cens par Bernard Gros, 31 ans plus tôt ; il est entièrement reconstruit avec ses conduites d'eau et sa paissière qui constitue un vivier.

  Non seulement les grandes commanderies, comme le Temple-de-Breuil, le Temple-d'Agen et Sauvagnas, étaient en pleine prospérité, mais aussi celles de moindre importance, comme

Sainte-Foy,

Saint-Jean-de-Ferrand et les petites dépendances comme

Saint-Caprais,

Saint-Sulpice-de-Rivalède,

Saint-Jean-de-Lerm,

Saint-Jean-de-Villedieu et

Dominipech.

 

les-paysans-au-moyen-ge-3-638

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: le village typique du moyen-âge, dominé par la seigneurie, l'église et les "bordes", ces propriétés qui faisaient vivre tout un petit monde. Dans un village, pour l'imposition, les foyers(fiscaux) étaient nommés des feux. Cela permet de déterminer le nombre de familles et l'importance de la communauté. On comptait en moyenne 8 personnes par feux. (Photo du Net)

 49- LES COMPTES PAR COMMANDERIE

 A Sainte-Foy, en 1529, il y avait au moins 54 familles de tenanciers :

- à Sainte-Foy 19,

- 21 à Saint-Arnaut,

- 7 à Artigues et

- 7 à Serres.

A Saint-Jean-de-Ferrand :

Les reconnaissances du début du 16e siècle ne signalent que 35 tenanciers,

- dont 23 à Saint-Pardoux-du-Breuil,

- 8 dans la paroisse de Saint-Pierre-de-Granon,

- une à Marmande …

 A Saint-Jean-de-Ferrand 

Les possessions des Hospitaliers devaient être plus considérables encore, mais cette commanderie devait être bientôt négligée après avoir été longtemps l'objet de la sollicitude de l'Ordre et, dès 1503, elle est affermée pour trois ans au prix de 50 florins par an, en 1546, pour 65 francs bordelais par an, et en 1557, pour 31 livres par an.

 A Saint-Jean-de-Villedieu,

Environ 5 carterées (3,5 ha) étaient accensées, depuis 1506, pour cinq sous tournois (22euros50) , cinq cartons de froment et une paire de poules.

 A Dominipech,

 Les commandeurs n'avaient pas de tenanciers (locataire-fermier), mais, en raison des droits seigneuriaux qu'ils avaient sur la dite juridiction, les seigneurs de Montpezat, depuis le procès de 1543, versaient annuellement au commandeur du Temple-de-Breuil, 20 sacs de froment, 10 sacs d'avoine, 10 livres d'argent (920 euros) et 10 paires de poules.

Saint-Sulpice-de-Rivalède,

Saint-Jean-de-Lerm,

Saint-Caprais-de-Monflanquin,

Saint-Sulpice-de-Caillac ,

Monflanquin

Les Hospitaliers avaient une trentaine de manses (bordes), villages et fonds qui dépendaient d'eux dans les dites possessions que nous venons d'énumérer ci-dessus..

 Le commandeur avait à Saint-Sulpice-de-Rivalède une demeure et des terres labourables, des vignobles et des prairies dans sa réserve.

 Résumons brièvement le contenu de ce chapitre sur les comptes des commanderies affiliées au Temple sur Lot en orange soulignées dans cette compilation de la thèse...

    Les Hospitaliers et la Templiers étaient installés dans les centres, d'où ils rayonnèrent par la suite dès la première moitié du 13e siècle.

    Leurs possessions n'étaient pas très étendues, mais, grâce à la tranquillité de cette période, ils jouirent, jusqu'à la veille de la guerre de cent ans, d'une grande prospérité agricole. Ils semblent alors avoir conservé la majeure partie de leurs biens dans le domaine réservé.

     Pendant la guerre de cent ans, en particulier dans les commanderies de Saint-Jean-de-Ferrand et du Temple-d'Agen, les Hospitaliers furent très éprouvés. Les campagnes furent dépeuplées, les champs en friche, les maisons détruites.

    Les titres furent brûlés et les commandeurs perdirent une partie de leurs domaines, en particulier des granges éloignées de la commanderie chef. Pendant la seconde moitié du 15e siècle, deux commandeurs énergiques et intelligents, Bernard de Bellac et Bernard Cros, entreprirent l'œuvre de reconstitution du sol. La main-d’œuvre fut attirée et fixée, les terres défrichées, les bordes et les villages reconstruits.

Les domaines des commanderies s'agrandirent considérablement vers le milieu du 15e siècle.

   Il semble qu'elles durent leur accroissement plus à l'occupation des terres abandonnées qu'à des fondations pieuses. La plupart des terres furent baillées à emphytéose.

   Dans le nouveau contrat emphytéotique, le cens en argent rendu trop faible par la dépréciation monétaire fut accru par une redevance en nature.

    Une petite partie des terres seulement est conservée dans le domaine réservé. Pendant la première moitié du 16e siècle, la richesse agricole fut très grande. Les commanderies atteignent l'apogée de leur prospérité, mais ne s'agrandissent pas.  

 DOSSIER: LA COMMANDERIE PRINCIPALES DU TEMPLE DE BREUIL (OU DE BRULHES)

- TEMPLE CADASTRE INTRA-MUROS bis

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : L'emprise de la ville sur le cadastre de 1800. La cité, elle-même est ci-dessous. (Photo : Patrick Garcia)

-- TEMPLE CADASTRE INTRA-MUROS

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Sur ce cadastre de 1800, on distingue bien la Commanderie a gauche, avec, en bleu l'emplacement de l'église qui était inversée par rapport à nos jours, et le presbytère juste en face de la porte d'entrée, située dans la cour. (Photo : Patrick Garcia)

--- TEMPLE CHATEAU

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Gros plan sur la commanderie à gauche avec en bleu, comme précisé ci-dessus, l'église inversée par rapport à nos jours, et la parcelle 204 est lepresbytère. (Photo : Patrick Garcia)

TEMPLE SUR LOT lithographie de Gintrac 1842

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Lithographie de Gintrac en 1842, on distingue bien la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

TEMPLE COMMANDERIE- copie

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

temple sur lot

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. Ici, comme marqué, l'emplacement du chemin de ronde et du pont levis. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. Le second portail, il devait y avoir une bretèche pour défendre cette poterne dont on voit encore une canonnière à gauche. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. La tour nord-est, face à la route, notez le changement de matériaux dans le mur, vers la gauche, où se tenait le premier donjon, en pierre. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. La tour ouest, prison et four à pain. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. Meurtrière classique modifiée en canonnière au 15/16ème siècle.(Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. Petite fenêtre début 16ème siècle. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. Jolie fenêtre à meneaux 15ème. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. Dans la cour, a gauche, le portail que défendait un pont levis, juste à sa droite, la tour du guet, au centre, la tour d'escalier qui dessert les étages et les caves. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. La tour d'escalier et sa jolie porte. (Photo : Patrick Garcia) 

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. Le blasonnement a été martelé à la Révolution. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. La cour depuis l'étage, les murs ont été largement découronnés, on voit leur taille d'origine sur le méplat de la tour prison au nord-ouest.(Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'extérieur de la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Diverses vues de l'intérieur de la commanderie. Ici la grande cheminée d'apparat où entrait quasiment un arbre.(Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : à l'intérieur de la commanderie, une autre grande cheminée dans son état actuel. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : à l'intérieur de la commanderie, la même grande pièce avec la même cheminée dont on voit bien les lacunes du manteau qui s'effrite, surtout à gauche, photo prise au moment des fouilles de sauvetage dans les années 1980. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : à l'intérieur de la commanderie. A la même époque, lors des fouilles de sauvetage dans les années 80, l'escalier qui mène à la grande cave. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : à l'intérieur de la commanderie, dans les années 80, lors des fouilles de sauvetage, la grande cave voûtée. (Photo : Patrick Garcia)

 caves en decembre 1999- 2020-04-20_1

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : à l'intérieur de la commanderie, cette même cave en décembre 1999, lors d'un congrés d'archéologues, cave rénovée et qui sert aux réuinons. (Photo : Patrick Garcia)

  50- CONDITIONS ÉCONOMIQUES :

LES DIFFÉRENTS CHAPITRES QUE NOUS ALLONS ÉTUDIER

     Les documents nombreux qui nous sont parvenus sur la gestion des domaines des diverses commanderies permettent de reconstituer ce qu'était la vie rurale au moyen-âge dans l'Agenais.

  Nous étudierons successivement :

- le mode de groupement de populations,

-l'habitation,

-le mobilier et

- le costume.

    Ensuite ;

- les cultures et l'élevage, puis

- les poids et mesures,

- les industries locales et en dernier lieu,

- le commerce qui permettait d'échanger les produits du pays avec ceux de l'extérieur.

 Duché_d'Aiguillon par Duval_Pierre_1654

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : si ce n'est l'Agenais d'alors, celà y ressemble fortement, car cette carle montre le duché d'Aiguillon en 1654. On y distingue bien la commanderie du Temple, la"forêt" qui se trouvait entre Ste Livrade et le Temple sur Lot, et, petite erreur, Fongrave est située du mauvais côté du Lot. On y précise même que Mon(t)pezat fut "l'occasion du renouvellement de la guerre des Anglois en 1332" , en réalité, ce fut St Sardos juste à côté. Une très belle carte pleine d'enseignements.  (Photo BNF)

 L’AGENAIS D’ALORS

  Pays de petites propriétés, sans forêts étendues, sans grands pâturages, par conséquent aucune de ces industries qui vivent dans les pays de grands troupeaux : tanneries, industries de transformation de la laine, fabriques de suif, etc...

    Pays aussi où le sol est assez riche pour que le cultivateur d'une terre même de faible étendue ait l'ambition d'y recueillir tout ce qui est nécessaire à sa subsistance et à celle de sa famille. Donc polyculture intensive, individualiste, de paysans qui souhaitent n'avoir rien à demander aux voisins.

       Aujourd'hui, comme au temps de nos Commandeurs, les petits propriétaires de l'Agenais continuent à cultiver simultanément blé, vigne, arbres fruitiers, cultures maraîchères, légumes, fourrages, moins dans l'idée de répartir les risques de mauvaise récolte que dans le désir jaloux de n'avoir rien à devoir à autrui.

      Si les Commandeurs possèdent de grands domaines, leurs emphytéotes(ceux qui louent la terre à longue durée) qui deviendront, après plusieurs siècles, les véritables propriétaires des terres qu'ils cultivent, ont des tenures de petites dimensions.

    On observe depuis le 13e siècle jusqu'au 16e, dans toutes les possessions des Hospitaliers qui font l'objet de notre étude, le régime de la petite propriété. Il est probable qu'il est général à l'Agenais

 Au Temple-de-Breuil, les titres de la commanderie signalent au 13e et 14e siècle, des tenures de deux dinerades (1 dinerade= 2,5ares environ), d’une dinerade, de 8 conquades ( 1 conquade =  de 34 à 52 ares selon les régions)

 A la fin du 15e siècle les tenanciers se divisent en deux groupes.

1°)  Les unstrès petits propriétaires, possèdent une maison et un jardin sis dans le Temple ou dans ses faubourgs avec dans la campagne quelques lopins de terre variant de quelques canons (le canon est la redevance périodique due par l’emphytéote au bailleur.)à 1 ou même 3 carterées ( 1 Carterée = 15 ares environ)— ces tenures sont les plus nombreuses et paraissent d'origine ancienne, car la plupart sont signalées dans des renouvellements de baux .

 2°) Les autres ont des tenures plus importantes ; la plupart de 30 carteréesou variant de 30 à 45 carterées. Ce chiffre est rarement dépassé. Ces dernières tenures sont les plus rares, d'origine ancienne comme les « maynes del Colomber », « del Soqua » et « del Fau », possédées respectivement par Pierre Colombier, Guilhem Soqua et Jean del Fau. L'identité entre le nom du tenancier et celui de sa terre prouverait qu’en 1481 ces trois familles étaient installées depuis longtemps dans ces mas.

    Mais la plupart des bordes vers 1480 n'ont pas pris le nom de leur propriétaire.

   Dans un des livres de raison de Bernard Gros se trouve l'arpentement d'une partie des terres du Temple, les bordes signalées varient entre 17 à 32 carterées, souvent en plusieurs pièces.

   Au contraire, au début du 16eme siècle, les familles installées à la fin du 15e ont donné leur nom à leurs terres. Ainsi, Alem Bru, en 1481, reconnaît tenir de Bernard Gros le mas de la Ginesta.

     Dans les commanderies de Saint-Sulpice-de-Rivalède, de Saint-Jean-de-Lerm et de St-Caprais-cle-Monflanquin, nous observons le même régime de la petite propriété. Les bordes ont ce 15 à 25 carterées, une seule atteint 40 carterées (la carterée = (7344m2), (ou 3 dinades)

     Au Temple-de-Breuil, comme dans ces trois commanderies, l'unité de groupement est la borde.

   En dehors de la ville, nous ne voyons aucun hameau, ni village dans la campagne, mais des propriétés d'un seul tenant au milieu desquelles se trouve la maison où vit la famille.

   Le terme de « borda » désigne tour à tour la maison et l'ensemble du domaine. Ces bordes comprennent pour la plupart des granges, des fours, des étables, des prairies, vignes, bois, terres labourables, jardins et chenevières. La borde est désignée dans les textes par les expressions de « borda », « mansum aut maynamentum »("Manse" ou "Mayne").

    Le terme de borde est général et s'applique parfois à des terres de 8 à 10 carterées seulement, celui de manse, toujours joint à celui de borde, est plus particulièrement réservé aux domaines supérieurs à 15 ou 20 carterées.

    Dans la commanderie de Sauvagnas, le mode de groupement est très différent. Nous ne trouvons plus les bordes isolées et les propriétés d'un seul tenant qui caractérisent le Temple-de-Breuil. Dans la région de Sauvagnas, les tenanciers du Commandeur habitent dans des villages ou des hameaux et ont des propriétés divisées en un grand nombre de parcelles.

 Dans la commanderie de Sauvagnas le régime est celui de la petite propriété. Pendant près d'un siècle, seconde moitié de la 15 e et première moitié du 16 e, nous pouvons suivre, grâce à cinq livres terriers, le morcellement progressif des terres.

    En 1490, il y avait 60 tenanciers à Sauvagnas, dont la majorité possédaient des terres variant de quelques cartons à 5 ou 10 carterées. Six tenanciers ont de 20 à 50 carterées, un seul, Etienne Galan, a une grande propriété.

   En 1498, en particulier, à la suite du morcellement du domaine d'Etienne Galan, le nombre des tenanciers s'élève à 72 et l'étendue de leurs terres diminue.

 En 1525, 78 tenanciers, en 1545, 116, et en 1558, 154.

    En même temps que ce morcellement de terre, on peut observer la formation, pendant la première moitié du 16e siècle, de quelques familles de paysans qui se développent au détriment des autres. Ces familles possèdent de grandes propriétés divisées entre plusieurs de leurs membres.

    Ce sont les Estivalz, les Roche, les Escadaffalz, les Armoros surtout. D'après un rôle Ce rente de Sauvagnas de 1560, où les tenanciers ne sont pas nommés mais répartis par lieux-dits, nous voyons que ces familles avaient donné leur nom à la terre qu'ils cultivaient depuis une cinquantaine d'années. Ce rôle mentionne les lieux-dits de « Amoros », « Roche », « Estivalz » et actuellement encore les lieux dits « Roche », « Lamouroux », « Lamourouse » dans les environs de Sauvagnas perpétuent le souvenir des tenanciers des Hospitaliers. Ces propriétés sont divisées en un nombre considérable de par celles, souvent éloignées les unes des autres.

 Au Temple-de-Breuil, les bordes s'égrènent dans la vallée du Lot où les sources et les ruisseaux entretiennent l'humidité.

Au contraire, à Sauvagnas, les plateaux assez secs font pressentir les causes et les maisons se groupent autour puits communal pour former le village ou le hameau.

      Ces longues considérations sur le mode de groupement dans la commanderie de Sauvagnas nous ont fait perdre de vue les autres Commanderies dépendant d’elle.

     A Saint-de-Jean-Ferrand, nous voyons aussi le régime de la petite propriété. Les tenures varient entre 2 à 7 journaux (Journal : 38 ares, représente la surface cultivée dans une journée de travail), rarement elles atteignent 20 journaux, elles sont généralement d'un seul tenant.

 A Sainte-Foy et au Temple d'Agen, les terres étant souvent plantées de vignes qui réclament encore plus de main-d’œuvre que celles emblavées, les tenures sont encore plus petites, la moyenne ne dépasse guère 3 ou 5 dinerades (1 dinerade= 38 ares environ)

ATemple-d'Agen la plupart des tenanciers sont des artisans ou des commerçants, vivant à Agen et qui possèdent seulement un lopin de prairies ou de vignes sur les coteaux des environs de la ville.

  

DOSSIER PHOTOS: LE BÂTI ENTRE LOT ET GARONNE

ADOBE 721

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : dans la vallée du Lot, on trouve beaucoup de maisons bâties en adobe, l'argile crue, moulée en "banches", coffrage d'un mètre de haut, que l'on monte au fur et à mesure du séchage de la banche précédente. Le toit est en chaume, généralement. Il y a des exemples très anciens de telles constructions.  (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : sur les côteaux des "Serres", l'adobe et l'argile sont remplassés par les moellons de calcaire qui"poussent" en abondance. Le toit paysan est très souvent, là aussi, en chaume. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : dans les "pays" de forêts comme St Jean de L'Herm,  St Sulpice de Rivalède, St Caprais de Monflanquin et Cancon, on trouve de très combreuses constructions à "empilage". Une technique qui nécessite beaucoup d'arbres, de main d'oeuvre, mais qui résiste au temps et surtout aux importuns. Nombre de ces demeures étaient considérées comme des petits "castrum" avec meurtrières et pouvaient servir de refuge à la famille. Très solides, elles permettaient de se protégers contre les vagabonds...  (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : Dans les régions de Garonne, mais aussi de côteaux, on trouve des maisons-mixtes. A la fois grange, atelier, remise, et habitation, comme ici. C'est une maison de métayer ou de tout petit propriétaire, souvent contruite en famille en louant un maçon. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : dans les villages ou villes, de Moyenne Garonne, la construction à colombage est la plus commune. Solide, à étage, elle permet d'avoir un commerce au rez-de-chaussée, et des appartements au-dessus. Le matériau, hormi le bois, dépend du "Païs", à Prayssas, sur les côteaux calcaires, elle est en pierre. A Villeneuve ou Temple, pays de la brique, elles sont en briques mellées paarfois de pierres, pour décorer... Le plus souvent, en campagne, elle est en torchis, un mélange d'argile crue et de paille de seigle que l'on accroche à un treillage de liteaux... (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : l'exemple magnifié d'une maison à colombages et pans de bois, dessiné par Viollet-le-Duc. (Photo du Net)

- MAISON-ÉCHOPPE

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : la maison typique d'un propriétaire moyen. On la nomme aussi: Maison Echope. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : l'intérieur d'une maison échoppe de propriétaire moyen. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bâti autour des commanderies : l'intérieur d'une maison échoppe de propriétaire moyen. (Photo : Patrick Garcia)

51- ARCHITECTURE ET BÂTI

     Dans les procès-verbaux de la visite des Commanderies de l'Agenais, au début du 14siècle et les livres de raison de Bernard Gros de la fin du 15e, on peut se rendre compte à deux périodes différentes de la disposition des habitations des Commandeurs et de leurs mobiliers.

    En 1344, la maison du commandeur de Sauvagnas se composait de trois pièces : la salle (aula), le dortoir (dormitorium) et la cuisine (coquins). Les deux maisons du Temple-d'Agen devaient être construites en briques et en torchis soutenues par des poutrelles, car le procès-verbal déclare qu'elles sont en ruines parce que les tuiles et les bois se sont brisés. De nombreuses maisons du vieil Agen et des bourgs ainsi bâties nous permettent encore de nous faire une idée de ce mode de construction.

       Les toits de ces maisons étaient couverts de tuiles canal (l'ymbrex des Romains) . Nous n'avons trouvé dans le texte aucune mention de chaume ni d'ardoise. Les tuiles étaient, alors fabriquées dans les tuilières du Commandeur.

     Plus tard le Commandeur ne parait pas avoir conservé le monopole de cette industrie, mais s'être adressé à un artisan local pour la couverture de ses demeures.

   La commanderie de Sauvagnas était entourée de quatre tours, ses fenêtres étaient protégées par des barres de fer. La demeure du Commandeur était entourée de communs, greniers pour enfermer les provisions et étables pour le bétail, dans lesquelles il y avait des mangeoires et des « ruscellos ».

     La destruction totale du château de Sauvagnas ne permet pas de suppléer à la description sèche et imprécise de cet acte.

 

MoyenAge meubles

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Intérieur d'une "Borde" au 15/16ème siècle. C'est un propriétaire moyen à aisé, puisque raffinements, il possède une horloge, en effet, l'horloge date du 14ème, mais ne se "démocratise" qu'au 16ème... (Photo : Patrick Garcia)

52- LE MOBILIER

Le mobilier en était assez sommaire, sauf la vaisselle vinaire qui était très abondante.

    Dans la cuisine les ustensiles étaient : la poêle (padena), la chaudière (caldiera) et le chaudron (payrol). On faisait la cuisine dans l'âtre de la cheminée et on montait la marmite sur un trépied (ander). Parfois on faisait rôtir les viandes à la flamme avec une broche (este).

    L'inventaire mentionne peu de meubles, seulement des coffres (encas) et des tables (rallias), mais l'hôpital avait sûrement des lits puisque les matelas « culcitra » sont signalés, des bancs et des escabeaux. Le linge était plus abondant, l'inventaire énumère des essuie-mains « toal-has », de longues serviettes « longeras », des nappes « nappas » et des draps de lit « lintheamia ».

       L'inventaire mentionne aussi des « cassa de coyre », au 17e siècle, dans le Bas-Quercy, on faisait la lessive dans des caisses en cuivre, peut-être que ces objets avaient le même usage au 14e siècle dans l'Agenais.

     On s'éclairait avec des chandeliers « escandel ». Pour s'éclairer dehors on employait la lanterne. Les tapis étaient inconnus. Dans le Bas-Quercy, on jonchait le sol de paille. C'est sans doute ce que l'on avait fait à l'hôpital de Saint-Front qui, aux dires du procès-verbal de visite, brûla entièrement parce qu'on y avait mis de la paille dedans.

  Au Temple de Breuil, les livres de raison de Bernard Gros, malgré une grande austérité, décrivent un intérieur qui correspond à un stade de civilisation plus évoluée.

Le lit du Commandeur comprenait non seulement umatelas, un coussin, le tout garni de plume et deux couvertures dont l'une rayée de diverses couleurs, mais aussi des courtines de toile ornées de quatre pendants.

  Bernard Gros avait, en outre, dans sa chambre, une table avec un banc et trois escabeaux, mobilier encore très rudimentaire, mais la paille qui jonchait le sol de l'hôpital de Saint-Front, au 14e siècle, est maintenant remplacée par un tapis de Rhodes.

    Le Commandeur conservait ses archives dans des coffres fermé par plusieurs serrures et qu'il gardait dans sa chambre. Dans les autres chambres de l'hôpitalles matelas, au lieu d'être garnis de plume, étaient simplement remplis de balle d'avoineLa lingerie de l'hôpital n'était pas très fournie : 4 grands draps de lit13 moyens7 essuie-mains et 2 serviettes la constituaient.

    On se servait des draps les plus grands pour encourtiner le lit, chaque lit avait plusieurs couvertures de laine, on faisait parfois des couvertures avec du fil de chanvre.

    Bernard Gros donnait à une femme du Temple-de-Breuil du chanvre pour lui faire des couvertures ; on comptait 20 livres (9,8 kg) d'étoupe par couverture .

    Les ustensiles de cuisine n'ont pas beaucoup changé depuis le 14e siècle. La marmite en fer « ola » est suspendue à la crémaillère par un étrier « andelieras », nous retrouvons la poële « padela »  et le chaudron « payrol », il y avait aussi trois pelles en fer.

      Bernard Gros commande à son forgeron un gril « grasilha » et une pelle à feu « ferrasa » et achète une fourchette pour un liard (1,2 euro) . L'éclairage était assuré par des chandeliers de laiton et de fer. Bernard Gros achetait souvent des chandelles, il devait aussi se servir de calels, bien que nous n'ayons trouvé aucune trace de cet ustensile dans les textes, car il achetait souvent de l'huile de noix pour l'éclairage.

   Au début du 16e siècle, le testament de François Demeyronis, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalemprécepteur de Sainte-Foy et vicaire de Sauvagnas, décrit un mobilier moins rudimentaire. On trouvait dans la maison du Commandeur deux châlits sur lesquels reposaient les coussins et les matelas de plume. Les couvertures étaient abondantes et le linge de maison comprenait une douzaine de draps, trois nappes et douze serviettes.

     La vaisselle se composait de 2 « discos », 4 écuellesune pinte et 6 cuillères d'étain. On s'éclairait avec deux candélabres de laiton ; la table, les lits et les bancs sont complétés par le dressoir qui remplace les coffres. Nous n'avons trouvé que dans un seul acte émanant de   Sauvagnas, la mention de vaisselle en verre. Dans un rôle de dépenses du Commandeur il note « una ayguera de veyre 10 deniers » (4 euros).

       La prospérité était plus grande à la veille des guerres de religion.

Lorsqu'en 1562, les protestants vinrent à Sauvagnas, ils volèrent dans la plupart des maisons plusieurs douzaines de draps, serviettes, chemises et mouchoirs ; certains habitants avaient des habits de soie et de la vaisselle d'argent.

 

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : les habits à l'époque des commanderies. (Photo : du net)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : les habits à l'époque des commanderies. (Photo : du net)

 53- LES VÊTEMENTS

     Les paysans que Bernard Gros louait à l'année, pour la culture de ses terres réservées, recevaient de lui une ou deux chemises dont l'emploi paraît avoir été usuel, des chausses en drap ou en cordelat, espèce de laine grossière, une jaquette, parfois une jupe « gipo » et un manteau « mandilh ». A ces vêtements s'ajoutent souvent la « cape » et le « capel » ou chapeau. Le chapeau est souvent remplacé par un bonnet.

   Une de ces pièces peut manquer parfois, mais le solde comprend toujours une paire de souliers, certains ont doubles semelles et sont cloutés. Lorsque le contrat d'engagement ne comprend pas une paire de souliers, il stipule que l'ouvrier en avait déjà une « et vegnat causat de sabatos »("Il est venu chaussé de chaussures").

   Bernard Gros s'adressait au savetier de Villeneuve pour ses commandes de souliers et lui payait 4 liards la paire (5 euros) .

   Nous sommes moins renseignés sur les vêtements de femme, car Bernard Gros en employait très peu à son service. Cependant, d'après les contrats de mariage et les constitutions de dot renfermés dans un registre de minutes notariales de Monflanquin, nous pouvons nous rendre compte des vêtements portés par les paysannes à la fin du 15e siècle dans l'Agenais.

    Les pièces du vêtement féminin sont, en dehors de la chemise, la « gonelle et la cotte » qui constituent la robe à proprement parler.

    La cotte est parfois désignée dans les textes par l'expression « tunica »Les femmes portaient parfois des chausses comme les hommes, elles avaient aussi des souliers à doubles semelles.

    Elles se couvraient la tête avec un bonnet, un chapeau « capel » ou parfois, un « cuebricap », terme vague qui désigne peut-être un mouchoir de tête.

     Nous avons peu de détails sur les vêtements des Commandeurs eux-mêmes, ils portaient probablement l'habit de l'Ordre des Hospitaliersnoir avec la croix blanche.

     En 1480, Bernard Gros note qu’il a dépensé 7 sous 1/2 (34 euros) « per adobar mas raubas et metre la cros (de l’ordre) ». Quand ils prêtaient serment ils mettaient leur main ce « supra crucem habitum ».   

    Cependant ils ne portent pas toujours le costume religieux car, en 1562, quand les protestants envahirent le château de Sauvagnas, ils y prirent deux robes fourrées et un chaperon orné de plumes appartenant au Commandeur.

 

DOSSIER: ST SULPICE DE RIVALÈDE

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Emplacement d'une de ses dépendances caractérisée par l'importance de son moulin à eau sur la Lède, le "Moulin du Gros". (Photo : Google)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : La commanderie de St Sulpice de Rivalède a laissé place à cette belle construction qui domine la Lède. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : sur le fronton du manoir actuel de St Sulpice de Rivalède, ce blason... (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : La chapelle privative de St Sulpice de Rivalède, juste sous le manoir. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : à 200 m sous la commanderie, le  "Moulin du Gros", l'ancien moulin de St Sulpice de Rivalède. (Photo: Patrick Garcia) 

 54- LA CULTURE DES TERRES

    L'assolement était de pratique régulière. Nous en avons plusieurs témoignages. Dans un procès-verbal de visite du 14e siècle, le Commandeur de Saint-Jean-de-Ferrand certifie qu'ont bien été mises en culture dans l'année courante les terres dont c'était le tour d'être cultivées et ensemencées.

    Au début du 16e siècle, les terres de la Commanderie du Temple-de-Breuil étaient laissées en jachère une année entre autre, témoins ce texte : « Actuellement dans l'Agenais, on emploie l'assolement biennal le plus généralement. Une année : fourrages et plantes sarclées, l'autre année le blé ».

     Le 23 mai 1535, un emphytéote reconnaît tenir du Commandeur de Saint-Jean-de-Ferrand une terre semée la présente année, partie froment et partie seigle. D'après M. Latouche, dans le Bas-Quercy au 17e siècle, les terres reposaient tous les deux ans.

    L'irrigation est moins nécessaire dans cette région, de climat océanique où les précipitations sont abondantes. Les plaines du Lot et de la Garonne formées d'alluvions récents, assez souvent submergées par les crues, naturellement irriguées de ruisseaux ne demandent pas de travaux d'irrigation ; elles eussent plutôt requis à cette époque des travaux de fixation des cours d'eau et de drainage.

  Les terres étaient labourées plusieurs fois avant d'être ensemencées. Bernard Gros recommande de faire au moins trois labours : le premier au mois de mars, la charrue doit alors rompre à peine la terre. Le second plus profond en mai et le dernier au mois d'août, mais deux autres labours encore lui semblaient nécessaires pour bien préparer le sol.

     La charrue est toujours appelée « araire » dans les textes, elle était attelée de bœufs ou de vaches, cependant un passage du livre ce raison de Bernard Gros nous apprend qu'on utilisait aussi parfois des chevaux.

     Nous avons peu de détails sur la fumure des terres. Il est probable que l'usage suivi en Roussillon, en Normandie et dans le Bas-Quercy de fumer le terrain en laissant le bétail pacager un temps déterminé était aussi pratiqué dans l'Agenais.

    Cependant, Bernard Gros insiste sur l'utilité de la fumure avant les semences. On veillait aussi à la qualité des semences. Bernard Gros note dans son livre de raison les cartons de blé qu'il réserve à la semence et il recommande de les mettre à l'abri de l'humidité.

     Nous avons plus de détails sur les semailles. Le froment et le seigle étaient semés après la Saint-Michel d'hiverl'orge avant cette fête, la balhart (orge) soit en automne, soit en février, le millet en avril.

    Bernard Gros observe le cours de la lune et recommande de semer à la vieille lune des plantes qui doivent porter des grains et, à la nouvelle lune, les fourrages.

    Pour les raves, il conseille la nouvelle lune avant la Madeleine, pour le chanvre la vieille lune de février, pour le lin la vieille lune avant la Saint-Michel d'hiver, pour la « marsenc » la fin de février (menus grains que l’on plante en mars, parmi lesquels l’avoine, l’orge, le millet, les lentilles). Il plante le safran avant la Saint-Jean et fait semer ses pois à la pleine lune de mars.

    Quant aux arbres et à la vigne, l'époque de l'Avent est réservée à leur plantation.

    Bernard Gros recommande de semer le blé assez épais pour empêcher les mauvaises herbes de monter. Les moissons avaient probablement lieu dans le courant du mois de juillet, comme actuellement. Une fois coupé le blé était porté sur l'aire, les taxes constituant la rente en céréales étaient transportés sur le sol du Commandeur.

    Les tiges étaient ainsi exposées à la chaleur du soleil qui prépare et facilite le dépiquage. Les textes ne disent pas si on se servait pour le dépiquage d'un rouleau de pierre traîné par des animaux, il semble d'après les textes que le blé était battu au fléauAprès le dépiquage, on vannait le blé sur l'aire avec une pelle. Nous trouvons dans les comptes de Bernard Gros mention du crible pour le blé.

    Les récoltes étaient ensuite engrangées, la plupart des bordes avaient plusieurs granges, sans doute dispersées dans la propriété pour abréger le transport des grains. Les inventaires donnent quelques renseignements sur les instruments de travail. La « dalha » pour faucher les présLa « sarpe » ou faucille, utilisée pour couper le blé, la « poda » pour tailler la vigne, la « pigassa » qui est la cognée, la « destral » ou hache, la « ayshadam » qui est la houe« arayre » ou charrue et la « cadriga » ou charrette

 travail du domaine reservé

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : travaux des champs et cultures dans et aux abords des commanderies au moyen-âge. (Photo : du net)

travaux au moyen âge

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : travaux des champs et cultures dans et aux abords des commanderies au moyen-âge. (Photo : du net)

travaux des champs vers 1400

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : travaux des champs et cultures dans et aux abords des commanderies au moyen-âge. (Photo : du net)

55- LA CULTURE

      D'après un inventaire, du début du 16e siècle, du domaine réservé du Temple-de-Breuilune vigne de 45 journaux « a fotger » donnait par an 10 pipes de vin (1 pipe = 410 litres) et un pré de 7 journaux 6 à 7 charretées de foin.

    Une terre de deux carterées semée de 4 sacs de seigle donnerait 12 sacs et serait une mauvaise terre. Nous n'insistons pas sur ces détails, car les terres de l'Agenais sont de nature si variable dans un rayon très faible que le rendement d'une pièce de terre ne peut être pris comme type.

     Les commanderies de Saint-Jean-de-Ferrand, du Temple-d'Agen et du Temple-de-Breuil s'étendent dans les riches vallées de la Garonne et du Lot ; celles de Sauvagnas et de Sainte-Foy sur les plateaux argilo-calcaires du Nord-Est de l'Agenais.

   Trois commanderies septentrionales de Saint-Sulpice-de-Rivalèdede Saint-Jean-de-Lerm et de Saint-Caprais, nous feront connaître une région de calcaires gréseux qui fait pressentir le Périgord et ses forêts de chênes, de châtaigniers et de pins.

     Ces terres se caractérisent par la prédominance de la culture du blé ; sauf les coteaux des environs d'Agen, essentiellement consacrés à la culture de la vigne, les terres labourables des autres régions sont presque toutes emblavées (Emblaver=Ensemencer (une terre) en blé, ou toute autre céréale). 

   La prédominance du froment est remarquable. Cependant cette céréale n'est pas la culture essentielle comme dans le Bas-Quercy où les redevances en nature sont presque toutes constituées en froment.

   Dans l'Agenais, ces redevances comprennent toujours du froment, mais accompagné de seigle, d'avoine.

     Ainsi, au Temple-de-Breuil, un tenancier possédant 30 carterées (22 hectares) paiera une cartière de froment (1 cartière= 25,6litres)une de seigle et une d'avoine, mais d'après les dîmes, le froment était beaucoup plus cultivé que les autres céréales.

    En 1496, la recette de la dîme de Saint-Sulpice et de Saint-Jean-de-Lerm avait donné 21 pipes de froment ; neuf pipes de seigle, 9 setiers ( d'avoine et 9 setiers de balhart. Cette prédominance du froment  (1 setier= 1 sac= 100 litres) donne son caractère à cette région agricole.

    En effet, de tout temps, les alluvions des vallées de la Garonne et du Lot et les plateaux argilo-calcaires de l'Agenais ont constitué de bonnes terres à froment. Le seigle tient le second rang après le froment. Au Temple-de-Breuil, le droit de fournage (droit pour cuire le pain payable au seigneur) est payé en seigle, sans doute parce que cette céréale avait une part notable dans la confection du pain.

    Le seigle devait être assez répandu dans les terres de la Commanderie du Temple-de-Breuil, car Bernard Gros note dans son livre de raison les arrérages (produits périodiques d’une rente ou d’un loyer de ferme) des cens ( redevance annuelle pour une terre dûe en argent ou en nature) en avoine et en froment ; au, contraire, les redevances en seigle sont payées sans retard.

    L'abondance du seigle dans la vallée du Lot, à la fin du 15e siècle, provient sans doute de l'immigration des agriculteurs originaires du Massif-Central habitués à ce genre de culture. D'autre part, le terrain y est silico-argileux et léger, et par conséquent assez propre à cette culture.

    D'ailleurs la toponymie ne vient pas contredire cette assertion. Ainsi non loin du Temple-de-Breuil, à gauche de la route de Sainte Livrade au Temple, se trouve le lieu dit « Sigalen » (seigle).

        Au 14e siècle, l'inventaire des biens laissés à Sauvagnas par Miguel de Salinas note des cartons de froment, de misture et d'avoine et aucune provision de seigle.

    L'avoine était assez répandue. Nous avons vu qu'au Temple-de-Breuil les cens en nature étaient payés en une quantité égale d'avoine, de seigle et de froment. 

    La misture, c'est-à- dire la pratique de semer du blé et du seigle mélangés, a complètement disparu de nos régions aujourd'hui ; il ne semble pas qu'elle fut très répandue, dans tous les cas le méteil n'était pas très apprécié, il n'entre jamais dans le paiement des cens.

   L'orge était très peu répandue. Aucune redevance n'est payée en orge, cependant des relevés de dîmes la signalent parfois.

    Bernard Gros prétend qu'on la récolte autant de jours avant la Pentecôte qu'elle a été semée de jours avant la Saint-Michel d'hiver. L'orge servait à l'alimentation des porcs.

    Le balhart est une variété d'orge plus cultivée. 

    Le millet et le panis ou « milhade » sont signalés dans les textes, on les sème au printemps.

   Nous n'avons trouvé aucune mention du « milhoque » ou sorgho qui était cultivé au moyen-âge dans le Bas-Armagnac et qui est encore très répandu dans la vallée de la Garonne.

  

TRAVAUX DE LA VIGNE

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : la vigne est d'une importance capitale, pour la région. Par les rivières, elle s'en va vers Bordeaux et de là, est envoyée en Angleterre, toujours très friante de ce précieux breuvage. Les devises qu'elle raporte sont la richesse de la région. (Photo : du net)

 56- LA VIGNE

 La culture de la vigne était et reste dans l'Agenais aussi traditionnelle que celle du blé.

    Elle contribue à maintenir la culture du blé même dans les terres de rendement médiocre, comme une véritable culture complémentaire, car la paille est nécessaire aux animaux de travail et constitue l'élément essentiel de la composition du fumier.

     Par conséquent, d'une façon générale, chaque fois qu'une propriété, même petite, comprend, ce qui est très fréquent en Agenais, des terres de qualité et d'exposition variées, le blé a sa part et la vigne la sienne. Dans les terres du pied des coteaux, le blé et la vigne sont mélangés. On ne les trouve séparés que là où vraiment le sol ne convient pas à l'une ou l'autre de ces cultures.

     Dans les plaines d'alluvions à terre grasse et humide, le vin est de mauvaise qualité et les brumes des fleuves sont nuisibles à la vigne.

       La culture de la vigne exigeant des soins constants et prolongés, il faut des années pour constituer un vignoble ; aussi la viticulture est-elle un indice de prospérité et de paix.

     A Sauvagnas, les mentions de vignobles rares dans le terrier de 1490, sont plus fréquentes en 1498, pour devenir presque habituelles au début du 16e siècle. Nombreux sont les tenanciers qui ne possèdent pas de vigne ; celles-ci sont presque toujours plantées sur les coteaux, les vallées étant trop humides.

   Au contraire, au Temple-de-Breuil, toutes les bordes ont leur vigne, comme elles ont leurs prés, leurs bois et leurs jardins. Les pentes des petites collines du Pecharros et du Pechavit sont particulièrement consacrées à la culture de la vigne.

    Les actes donnent quelques renseignements sur le travail de la vigne. On taillait la vigne avec une serpe ou « poda », les échalas ou « paxillae » servaient de tuteurs et les « barbatae » de liens.

    Il est aussi possible que l'expression « mestre en albre » veuille dire sous la plume de Bernard Gros : faire grandir de la taille d'un arbre en faisant grimper la vigne sur le mur d'une maison. 

   On en voit encore quelquefois sur la façade des plus vieilles fermes et de la taille et de la grosseur d'un arbre.

   Les termes employés pour désigner les divers travaux que réclame la viticulture sont dans notre région : 

« fotgar », déchausser », « binar », « rechausser » et « magencquar » épamprer ou ébourgeonner. Le déchaussage de la vigne étant une opération longue, c'est le terme « fotgar » qui est employé pour exprimez la superficie d'une vigne.

     Dans un acte du début du 16e siècle, on distingue trois sortes de vins : le blanc, le rouge et le « clair », ce dernier devait être du vin rosé.

     Bernard Gros veillait avec un grand soin à ses cépages. Il fait venir pour ses terres du Temple-de-Breuil des plants de Bajamont, de Sainte-Gemme, de Port-Sainte-Marie, il n'ignore pas la qualité du vin de Bordeaux et se procure des cépages de La Réole.

    Originaire du Rouergue, il a dans ses terres du « cassis noir » de cette région. Il mentionne, outre le cassis noir du Rouergue, le muscat rouge et le raisin couleur cerise.

     Le verjus était très employé, à voir les nombreuses mentions « d'agrassiers » que contiennent les inventaires. On l'obtenait avec des raisins cueillis avant maturité.

    D'après les inventaires, on connaissait le vinaigre dès le 14e siècle. Nous n'avons trouvé aucune mention dans les textes de « reire vin » ou piquette et de demi-vin ou vin coupé d'eau après coup.

   La vaisselle vinaire était très abondante à en juger d'après les inventaires. Dans la maison de Sauvagnas, en 1344, il y avait six tonneaux et deux pipes pleines de vin, sans compter les nombreux tonneaux et pipes vides. Les cercles des tonneaux et des pipes étaient en coudre (noisetier).

    Pour transporter la vendange au chai on se servait de comportes et pour remplir les barriques on utilisait de grands entonnoirs de bois en forme de bateaux avec embout de fer dit « enfouilhs », encore usités à l'heure actuelle dans leur forme ancienne.

    La mesure habituelle du vin était la pipe (410litres) et celle de la vendange la « charge ou comporte ».

 

les travaux textiles

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: parmi les occupations et les métiers les plus cruciaux, ceux liés au textiles. Dans les bordes, les femmes filent en gardant les enfants ou les bêtes, puis cette matière filée est confiée au tisserands. (Photo : Patrick Garcia)

 57- LES TEXTILES ET LE CHANVRE

       Toutes les bordes comprenaient, en dehors des prés, des bois, des terres labourables et des vignes, un ou plusieurs jardins où l'on cultivait des légumes et des plantes textiles ou tinctoriales.

     Ces jardins sont le plus souvent situés dans les coins humides, dans les fonds des vallées et près des rivières. En dehors des propriétaires possédant des bordes, les petits tenanciers ont presque tous un jardin, la plupart situés dans les faubourgs de la ville. Le Temple-de-Breuil était entouré d'une ceinture de jardins tenus pour un cens modique par les habitants de la ville.

      Certains jardins sont spécialement consacrés à la culture du chanvre, ils sont dits chènevières ou « canebals ». Le chanvre a été très cultivé dans l'Agenais jusqu'à la deuxième moitié du 19e siècle.

    Actuellement cette culture est entièrement abandonnée. Ce produit était très répandu au moyen-âge dans les terres des Commandeurs. A une époque où les échanges commerciaux étaient peu actifs et où l'on vivait des produits du sol, la culture des textiles était nécessaire.

     Aussi non seulement le commandeur avait une chènevière dans ses terres réservées, mais de nombreux emphytéotes en possédaient dans leur tenure. Ce produit n'entrait dans aucune redevance en nature mais était toujours dîmé. On distinguait le chanvre mâle du chanvre femelle non décimable et ne portant pas de grains. Les chènevières étaient situées comme les jardins, dans les lieux humides, à proximité de ruisseaux pour faciliter le rouissage du chanvre, (Barguar dans les textes).

     Le lin paraît avoir été moins cultivé que le chanvre, car on ne trouve aucune mention dans les textes de linières. Cependant ce produit était dimé au même titre que le chanvre. Dans l'inventaire de ce qu'il possède dans la Maison du Temple-de-BreuilBernard Gros mentionne cent livres de lin et trois sacs de chanvre.

   Bernard Gros donnait son lin et son chanvre à filer et il payait 8 deniers par livre (3,2 euros pour 450 grs) . Il distingue l'étoupe qui servait à fabriquer une toile moins fine.

   Nous avons précédemment vu que Bernard Gros conseillait de semer le chanvre à la lune vieille de mars et le lin à la lune vieille d'avant la Saint-Michel d'hiver.

    D'après M. Latouche, le safran était très cultivé dans le Bas-Quercy au moyen-âge et servait à la fois comme plante tinctoriale et comme condiment. Sans y être ignoré, il parait avoir été moins répandu dans l'Agenais. En effet, ce produit n'entre dans aucune énumération des objets décimables. D'autre part, aucune redevance n'est payée en safran.

    Cependant la toponymie prouve que cette culture n'était pas inconnue, les textes mentionnent un lieu dit « al safranier », sur la route du Temple-de-Breuil à Sainte-Livrade.

    Bernard Gros avait un « safranier » dans ses terres réservées et conseille de planter le safran avant la Saint-Jean.

     On ne trouve presque aucune mention d'autre plante tinctoriale comme le roudou (Corroyère à feuilles de myrte a son usage ancien dans la tannerie, puisque le corroyage était la préparation du cuir : la corroyère contient des tanins qui permettent de l'utiliser à cet effet),  et le pastel.

        Cependant le village de Roudoulous tire peut-être son nom du roudou ?

     Et en 1536, une terre tenue à emphytéose, sise dans la paroisse de Saint-Pardoux-du-Breuil, est dite être plantée de seigle et de pastel.

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: les légumes du moyen âge, sont pour la plupart oubliés de nos jours. Pour en savoir plus, lisez...   (Photo : Patrick Garcia)

 58- LES LÉGUMES

      Dans la plupart des jardins on devait surtout cultiver des légumes. C'est peut-être dans cette nature de production que l'agriculture de l'Agenais moderne diffère le plus de celle du moyen âge.

  Actuellement, les légumes les plus répandus en dehors de la pomme de terre sont : les tomates, aubergines, haricots, carottes; or, ces légumes ne sont jamais mentionnés dans les textes, au contraire, les actes du moyen-âge mentionnent souvent des légumes presque entièrement abandonnés ou peu cultivés de nos jours.

 Ainsi, en 1496, dans les paroisses de Saint-Sulpice-de-Rivalède et de Saint-Jean-de-Lerm, les légumes dîmés sont les gesses ou pois carrés (Pois Carré "Gesse" ou "Jarosse". Il s'agit là des 3 appellations du pois carré, un légume sec de la famille des légumineuses qui a été un peu oublié. )

   Bernard Gros avait dans ses jardins des pois « pèzes » et a cezes », des lentilles et des vesces. Il recommandait de mélanger ce dernier légume au froment pour obtenir du bon pain blanc.

    Cependant, la fève, encore très cultivée dans l'Agenais, était très répandue, elle était acceptée à poids égal en remplacement du blé. Cette culture devait être très importante, car en 1496, la dîme des paroisses de Saint-Sulpice-de-Rivalède et de Saint- Jean-de-Lerm avait donné 7 cartons de fèves.

    Bernard Gros se servait des fèves au même titre que du froment et du seigle pour ses transactions commerciales et ses paiements en nature. On cultivait les fèves dans les jardins. Bernard Gros recommande de choisir un emplacement ensoleillé. Il cultivait aussi des oignons, des melons, des pastèques, des salades et des navets.

   Au 14e siècle, les légumes cultivés dans les jardins des Commanderies étaient les oignons, les choux, les poireaux. Un droit de péage de six deniers arnaudins (2,4 euros) était prélevé sur chaque pipe (410 litres) de pois ou de fèves passant sur le Lot au Temple-de-Breuil, dès le 13e siècle, autant que pour une pipe de vin et de blé et deux deniers de plus que pour une pipe d'avoine ou d'orge, ces deux légumes étaient donc considérées comme denrées de premier ordre.

      Bernard Gros cultivait aussi avec soin des œillets « girofleias (Œillet commun)», il avait des rosiers rouges puisqu'il fait assez grand usage de leurs fleurs pour fabriquer selon les recettes qu'il inscrit, le miel, le vinaigre et l'huile rosats ; des violettes sans doute, puisqu'il prépare de même de « l'oli violat ». Du romarin « romani », dont il recommande de mettre « gros del cap de una persona », plié dans une toile blanche, dans une barrique de vin au moment de la fermentation.

   De la sauge « salvia », pour laquelle la même recette peut servir, et qui, d'autre part, peut être utilisée à préparer « l'eau de sauge, excellente contre les contagions et tout venin » et qu'il faut boire le matin comme de l'eau-de-vie.

   Il apprécie fort de même les qualités du sureau « sahuc » utilisé pour l'huile, le vinaigre et l'eau de sureau, précieux contre les maux d'estomac, les maladies de peau et « la flamma ».

    L'eau de l' « erba salada », l'eau de guignes, cette dernière excellent fébrifuge, paraît-il, l'eau d'endive «  aygua de l'endevia » qui est cordiale, l'eau de bourrache « boratge ». Les éléments de toutes ces préparations lui étaient évidemment fournis par son jardin.

 

fruitiers du MA

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: les poiriers et les pommiers étaient les grands gagnants parmi les espèces plantées, ils permettaient la conservation de fruits assez tard dans l'hiver.   (Photo : Patrick Garcia)

 59- LES ARBRES FRUITIERS

     Grâce au Livre de Raison de Bernard Gros, nous sommes renseignés sur les  arbres fruitiers cultivés dans l'Agenais, à la fin du 15e siècle. Les arbres fruitiers ne semblent pas avoir été plantés dans les jardins plus spécialement consacrés aux légumes, de même, sauf quelques mentions éparses, les vergers sont rares. Les arbres fruitiers semblent avoir été cultivés au moyen-âge comme ils le sont encore actuellement dans l'Agenais, à savoir en joualles (Vignes dont on laisse un espace libre tout les 4 ou 5 rangs de manière à y cultiver une autre variété végétale : céréale, arbres, etc) dans les vignes ou dans les champs.

        Les poiriers et les pommiers, aujourd'hui assez rares, étaient les plus nombreux. Bernard Gros signale une très grande variété de pommes et de poires. Il avait un goût tout particulier pour ces fruits et se procurait de nombreuses espèces pour en avoir depuis Pâques jusqu'à l'entrée de l'hiver. Il note avec un grand soin les pommiers et les poiriers qu'il possède dans ses terres et les lieux où il sait pouvoir trouver de bons plants.

    Immédiatement après les poiriers et les pommiers viennent les noyers. Ces arbres, encore très cultivés au siècle dernier dans l'Agenais, ont été presque totalement abandonnés actuellement dans cette région.

    Au 14e siècle, les vignes de Valmarquès, dépendant de la Commanderie du Temple-d'Agen, étaient plantées de noyers et de cerisiers.

  Cependant la culture des noyers ne devait pas être prospère au Temple-de-Breuil à la fin du 15e siècle, car dans les comptes de Bernard Gros figurent de nombreux achats d'huile de noix. C'est sans doute pour éviter cette dépense qu'il note dans son livre de raison qu'il devra demander comment on plante des noyers pour en avoir dans ses terres. Les noyers étaient aussi recherchés non seulement pour l'huile de noix, mais pour fournir le bois dont étaient faits les meubles domestiques.

    Plusieurs variétés de cerises se rencontrent dans le jardin du Commandeur qui distingue la « serieza » ou ceriseles guygnès » ou guigniers et les « guindolz » griottier guindoux, dont le fruit « guindollas » était utilisé pour faire une eau de griottes.

    Nous trouvons, en outre, des amandiers « amelliès », qui paraissent assez rares et tous les arbres fruitiers qui viennent, on peut dire, sans culture spéciale et sans soins particuliers dans notre pays : figuiers, néfliers, dont les nèfles « nespolas » sont utilisées pour faire notamment une boisson dite « beuratge de nespolas », cognassiers « codonies », muriers « amorier », noisettiers « aulanies ».

    Le prunier à fruits cuits a fait au siècle dernier la fortune de la région du Temple-sur-Lot, de Clairac et de Sainte-Livrade, parait assez négligé. Bernard Gros le mentionne en passant, il signale la « prima de grant selva », qu'il dit bonne à la Toussaint. Cette variété tardive n'est plus cultivée dans le pays.

     Aucune mention de la fabrication des pruneaux dont le centre le plus actif est précisément dans la vallée du Lot. Il est remarquable qu'aucune mention de pêchers ne se rencontrealors qu’aujourd’hui, avec les pruniers ce sont les pêchers et les abricotiers qui ont pris la place occupée par les poiriers et les pommiers.

     Pas davantage d'abricotiers. Faut-il traduire par brugnons les « brunis » dont il est fait mention ? Cela paraît peu probable.

    Cependant, Bernard Gros tenait à avoir des grenadiers « malgranies », arbres qui se rencontrent encore en espaliers ou très à l'abri dans nos régions ; il en connaît un au château de Madaillan, et quelqu'un promet de lui en procurer qui donnera des grenades dans l'année.

     Il semble qu'il ait aussi reçu en cadeau un olivier qui ne pouvait être pour lui qu'une plante d'ornement (lo librier que Mossen de la Maurella ma donat sapela calcado et herra fort bel). Bernard aurait bien voulu avoir aussi des orangers et des citronniers, il nous donne pour cela une recette qui laisse rêveur : voulez-vous des orangers, greffez du pommier sauvage sur un plant de laurier voulez-vous des citrons, greffez le même précieux pommier sauvage sur des « gufels ».

    Pour marquer la limite des propriétés en dehors des bornes en pierre souvent sculptées d'une croix de Malte, on plantait comme de nos jours des arbres. On choisissait de préférence des arbres de longue durée comme les sorbiers, les poiriers et les chênes ; on ne trouve aucune mention dans les textes de cognassiers bien que cet arbre soit aujourd'hui le plus communément employé à cet usage.

DOSSIER: ST JEAN DE L’HERM

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Trajet pour se rendre du Temple à St Jean de l'Herm où se situait une petite commanderie filiale du Temple de Breuil. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Cette grosse ferme sur un côteau dominant la Lède constituait la petite comanderie de St jean de l'Herm, autre filiale, du moins, il y a 7 ou 800 ans...  (Photo : Patrick Garcia)

travail du bois

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: Le bois n'était pas en abondance dans nos régions, sauf sur les commanderies de l'Est, Monflanquin, Cancon, St Sulpice... Les quelques bois étaient réservés pour les travaux de charpente et un peu de menuiserie.   (Photo : Patrick Garcia)

60- BOIS ET FORÊTS

     Sauf dans les périodes de guerre où le sol est envahi par des taillis, l'Agenais n'a jamais été très boisé. De nombreux bouquets d'arbres autour des bordes, à la limite des champs ou sur le bord des rivières, suffisent à donner un aspect de fraîcheur et de verdure à cette contrée.

   Cependant dans les deux Commanderies du Temple-de-Breuil et de Sauvagnas, les Hospitaliers possédaient une garenne importante. D'après les procès-verbaux de visite du 18e siècle par le Maître des Eaux et Forêts du département de Guyenne, la garenne du Temple-de-Breuil avait trente-trois arpents (16,5 hectares), mesure de Paris.

    La garenne de Sauvagnas ou bois de Cortis était beaucoup plus considérable et comprenait quatre-vingt-huit arpents (44 hectares), mesure de Paris. Elle était plantée de chênes au 18e siècle. Il devait en être de même au moyen-âge. En dehors de la garenne, le Commandeur du Temple-de-Breuil possédait, dans ses terres personnelles, huit carterées de bois (5,6 ha) qui, au début du 16e siècle, étaient plantées « partie de grands vieux chênes et partie de petitz ».

    Dans les terres tenues à cens par les emphytéotes des Commandeurs, les bois ne sont pas très importants. Dans la Commanderie du Temple-de-Breuil, la plupart des bordes possèdent un bois comme elles ont des terres labourables, des vignes, des Prés, des jardins.

   Les tenanciers de Sauvagnas ont peu de bois, cependant les actes mentionnent quelques bois de petites dimensions dans les lieux dits de CortisScendelles et de la Castaniera.

         Seules les Commanderies septentrionales de Saint-Sulpice-de-Rivalède et de Saint-Jean-de-Lerm étaient très boisées. Nous n'avons que des renseignements épars sur les essences des arbres de ces bois. Le chêne paraît avoir été en majorité dans les garennes du Temple-de-Breuil et dans le bois de Cortis si l'on songe aux nombreux troupeaux de porcs qui venaient y paître au temps de la glandée.

      Nous avons déjà dit qu'on se servait du bois de tremble pour fabriquer des écuelles de bois. Cet arbre devait surtout se rencontrer dans les terrains humides. Sur les bords du Lot, Bernard Gros avait fait planter des ormeaux et dans les environs de Sauvagnas se trouvait un lieu dit « al olmeda »(Orme).

   Il y avait des frênes dans les bois du Temple-de-Breuil et Bernard Gros conseille de prendre la feuille de frêne pour faire un cordial excellent contre la fièvre.

    Le châtaignier semble avoir été très répandu dans l'Agenais au moyen-âge comme de nos jours

 

elevage de porc et de moutons au MA

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT:  les principaux types d'élevage: en premier, le porc dont le prix était presque aussi bas, sinon plus, qu'aujourd'hui... Ici, les porcs sont nourris à la glandée dans les bois du commandeurs. A droite, viande peu onéreuse, le mouton servait aussi pour se vêtir, grace à sa laine...Il servait aussi à nettoyer les futaies.  (Photo : Patrick Garcia)

 61- PRAIRIES ET ÉLEVAGE

     Sauf dans le fond des vallées, les prairies de grande étendue sont rares dans l'Agenais. Sans être considérables elles devaient être plus importantes au moyen-âge.  Il y avait une faible importance des bois et des pâturages.    

    Au Temple-de-Breuil, les habitants avaient le droit de pacage dans les terres du Commandeur. A la fin du 15e siècle, Bernard Gros percevait sur les troupeaux de porcs, venant paître au temps de la glandée dans les bois du Temple-de-Breuil, une livre tournois et quelques sous par dizaines de têtes de bétail.

     Les habitants avaient aussi l'autorisation de prendre du bois dans les forêts du Commandeur pour la construction de leurs maisons, tonneaux, coffres, charrues, cercles et échalas.

      Au Temple-de-Breuil, le commandeur pouvait mettre son ban (mettre sa marque) sur les arbres de ses tenanciers. En 1480, Bernard Gros note dans son livre de raison qu'il a fait marquer certains arbres des bordes de ses emphytéotes pour son usage personnel, sous peine de 65 sous (292 euros) pour quiconque serait assez hardi d'y mettre la main.

         En 1344, à Sain-Jean-de-Ferrand, il y avait deux paires de bœufs dans l'étable du Commandeur. Bernard Gros devait avoir une étable bien garnie d'après les nombreux achats et ventes de bêtes à cornes que contient son livre de raison. Parmi les domestiques de son exploitation agricole, Bernard Gros louait chaque année plusieurs bouviers.

    Ce qui prouverait que sauf les paires strictement nécessaires au travail, les bordes ne contenaient pas de grands troupeauxNous n'avons trouvé aucune mention de vaches laitières et nous verrons plus loin que Bernard Gros se servait du lait de chèvre. M. Latouche prétend qu'on employait très peu de beurre dans l'alimentation, au moyen-âge, dans le Bas-Quercy.

    Il n'en était pas de même pour Bernard Gros car celui-ci achetait très fréquemment du beurre, ce qui prouve que la production de ses étables ne suffisait pas à sa consommation.

    La viande de bœuf était estimée, on la faisait saler pour la conserver et le livre de raison de Bernard Gros contient de nombreux achats de viande de bœuf salé. Le morceau le plus réputé était la langue et le Commandeur de Sauvagnas se réservait dans ses coutumes le droit de prélever la langue de tout bœuf ou vache vendu dans les boucheries de la ville.  

    Bernard Gros employait des ouvriers agricoles « per dalhar las pratz »( Pour faucher les pré), et, dans les inventaires, on trouve mention de provisions de foin. Les Commandeurs entretenaient des chevaux dans leurs terres. Nous avons vu précédemment que cet animal était peu employé pour les travaux de labourage dans l'Agenais, mais il était nécessaire pour la guerre et les voyages.

    Un seigneur aussi processif que Bernard Gros devait avoir des chevaux dans ses écuries pour les nombreux déplacements que réclamaient ses affaires. 

     Pour les transports de marchandises, on employait surtout l'âne et l'ânesse. M. Fage et M. Latouche ont fait remarquer qu'on emploie dans le midi la même expression « sauma » pour désigner l'ânesse et la charge de vendange. Dans l'Agenais on se servait du mot « saumas » pour signifier toute charge quelle qu'elle soit.

      Cet animal était la bête de somme par excellence, tous les transports de marchandises par terre dans la vallée du Lot se faisaient à dos d'âne et le conducteur de la bête, après paiement du droit de péage, avait droit à dîner au château du Temple-de-Breuil. Bernard Gros avait dans ses étables trois « saumas » ou ânesses pour les transports de ses denrées. Nous n'avons trouvé aucune trace de mulet dans nos textes, sauf dans les coutumes.

    Si les espèces bovines et chevalines paraissent avoir été limitées strictement aux nécessités des ruraux, il n'en est pas de même des espèces ovines et caprines. Les troupeaux de chèvres et de moutons étaient beaucoup plus répandus au moyen-âge que dans l'Agenais moderne.

        Actuellement ce bétail, sauf dans la région landaise, a presque entièrement disparu. Il faisait au moyen-âge l'objet d'un transit important dans la vallée du Lot où l'on payait trois deniers arnaudins par douzaine de brebis (1,2 euros), moutons ou chèvres comme droit de péage au Temple-de-Breuil.

    Bernard Gros avait des moutons et des chèvres dans ses étables. Les moutons lui servaient surtout pour la laine qui, avec le lin et le chanvre, était donnée à filer et à tisser. En 1482, il donnait à garder trente-huit têtes de chèvres sous le paiement de un franc bordelais par an et avec l'obligation de lui porter tous les jours le lait « al ostal ». Le lait de chèvre était donc très estimé.

 Nous ignorons si l'on fabriquait du fromage avec du lait de brebis. Bernard Gros achetait souvent du « fromage gras ». Il est probable que cette expression désignait comme aujourd'hui le fromage de brebis ou fromage d'Auvergne.

  Les tenanciers du Commandeur avaient dans leurs bordes des troupeaux de chèvres et de moutons, car le croît de ces animaux était soumis à la dîme. La viande de chevreau était appréciée. D'après les coutumes du Nomdieu, le Commandeur se réservait le choix d'en emprunter.

 

Cochon au moyen-âge

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT: le cochon était à la base de la vie au moyen âge et il était bon marché. Sa chair était appréciée, son lard permettait la cuisson car le beurre était peu employé, et salé, il permettait de faire le joint d'un an sur l'autre.   (Photo : Patrick Garcia)

62- LE PORC TRÈS APPRÉCIÉ

      Mais bien plus que l'élevage des moutons et des chèvres, celui des porcs paraît avoir été répandu dans l'Agenais du moyen-âge.

     Encore aujourd'hui, chaque métairie élève un ou deux cochons. Les tenanciers des Commandeurs possédaient des troupeaux de porcs d'importance appréciable, certains troupeaux atteignaient 100 têtes, mais la majorité avait 10 à 12 porcs dans leur étable.

 Bernard Gros avait dans sa réserve un troupeau de porcs assez important.

   Tous ces faits démontrent que dans l'Agenais du moyen-âge, l'élevage du porc était beaucoup plus répandu que de nos jours ; son élevage était rendu plus facile par l'habitude de mener les troupeaux dans les bois de chênes au temps de la glandée ; d'autre part, la culture de l'orge et du balhart, alors plus répandue que de nos jours, permettait de les engraisser à peu de frais.

    La viande de porc était très appréciée. Bernard Gros en achetait très fréquemment. On la salait pour les conserves et elle servait de base à l'alimentation. Elle est spécifiée dans la plupart des pensions alimentaires. Chaque maison avait sa provision de porc salé. La cuisine était faite au lard, l'Agenais n'ayant pas suffisamment de noyers pour employer l'huile de noix d'une manière courante et, d'autre part, nous avons vu que le beurre n'était pas très répandu.

      Au contraire, chaque maison avait une réserve de lard importante.  

    On devait tuer le cochon tous les ans dans les cuisines du Commandeur. Les inventaires mentionnent l'auge ou « nauc salador ».

    Chaque borde avait sa basse-cour au moyen-âge. La plupart des emphytéotes devaient chaque année au Commandeur une ou plusieurs poules, parfois des poulets ou des chapons. Cette rève s'exécutait généralement à la Noël et plus rarement à la Saint-Michel de Septembre.

    Le Commandeur avait dans ses terres réservées une basse-cour et, en 1479, Bernard Gros engageait pour trois mois et demi le charpentier du Temple-de-Breuil pour construire la barrière de son jardin et de son poulailler. Bernard Gros achetait des poules jeunes pour les engraisser.

    En dehors des poules, les espèces de volailles sont peu variées. Nous avons trouvé seulement la mention d'oies dans un acte du 16e siècle.

   L'absence de canards et de dindons, actuellement fréquents dans les métairies agenaises, n'a rien de surprenant, puisque ces volailles n'ont apparu dans cette région qu'au 17e siècle et au 18e siècle.

    Nous n'avons pas trouvé dans les textes aucune mention de redevance en œufs qui étaient assez répandue au moyen-âge dans le Bas-Quercy, cet aliment étant alors très apprécié.

   Bernard Gros achète très souvent des œufs, en particulier dans ses voyages. Chaque métairie agenaise possède actuellement des pigeonniers.

   Cependant nous n'avons trouvé dans nos textes qu'une seule mention de pigeonnier

    Le miel était une denrée très appréciée au moyen-âge, d'autant qu'il servait à sucrer les aliments et que la cire était utilisée pour le luminaire. Au péage du Temple-de-Breuil, on payait six deniers arnaudin (2,4 euros) par pipe de miel (410 litres). Bernard Gros achète souvent du miel dans ses voyages. Peut-être avait-il des ruches dans ses terres, puisqu'il donne des recettes pour préparer le miel rosat. 

 

industrie au MA a gauche une foire au 14eme à dr au16eme atelier gravure orfévrerie

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT:  l'insdustrie comme nous l'entendons est peu développée en Moyenne Garonne. Pays de petites propriétés, sans forêts pour une industrie du bois, sans grands élevages, pour une industrie du cuir, sans minerai pour le travail du fer.... Il reste surtout les foires (comme cette miniature du 14ème, à gauche) pour les échanges, ou quelques artisans un peu plus développés, comme à droite (sur cette illustration du 16ème siècle, un atelier de gravure et d'orfèvrerie). (Photo : Patrick Garcia)

63- INDUSTRIE

        L'Agenais n'a jamais été une région industrielle active. Dans les petites villes du Temple-de-Breuil et de Sauvagnas, les habitants étaient avant tout des agriculteurs. Le peu d'extension de l'élevage interdisait le développement des industries du tissage et de la confection du vêtement qui faisaient alors la richesse du Rouergue, ainsi que toutes les industries dérivées du travail du cuir et du suif.

      D'autre part, l'absence de grandes forêts ne permettait pas la confection en dehors de la stricte consommation locale, d'ustensiles en bois, en particulier de vaisselle vinaire très utile dans un pays de vignoble. De plus, le Commandeur avait la direction et la surveillance des fours, des forges, des moulins et des boucheries dont il avait conservé la seigneurie.

    La coutume du Nomdieu importée au Temple-de-Breuil et celle de Sauvagnas réservent expressément au Commandeur le droit de boucherie.

    Le seigneur réglementait étroitement la vente de la viande dans les boucheries. Il interdisait aux bouchers de dépasser le prix réglementaire et les obligeait à vendre de la viande fraîche à moins qu'elle ne fût restée précédemment vingt-quatre heures dans le sel. Le Commandeur prélevait à Sauvagnas sur chaque porc et sur chaque bœuf tué dans les boucheries de la ville le morceau de choix. A Monflanquin, les consuls retenaient sur chaque tête de bétail tué dans les boucheries de cette petite ville un droit payable en argent. Il n'y avait pas de charcuterie et les porcs étaient tués et vendus dans les boucheries. On trouvait sur les étals des bouchers de la viande de bœuf qui paraît la plus recherchée, de la viande de porc, de truie, de mouton, de brebis, de chèvre et de chevreau.

     Le veau était peu estimé et ne paraît pas dans l'énumération des viandes vendues dans les boucheries agenaises du moyen-âge. Le Commandeur du Temple-de-Breuil avait conservé son droit de boucherie au 18e siècle ; il devait en être de même à Sauvagnas. Le Commandeur avait aussi la haute police des fours et des boulangeries communales au Temple-de-Breuil et à Sauvagnas. Au Temple-de-Breuil tout fournil et tout boulanger qui avait fraudé sur le poids du pain devait 5 sous de gage au seigneur (22,5 euros). 

       Cependant les habitants avaient le droit de posséder un four particulier. Nous avons vu qu'au Temple-de-Breuil les tenanciers payaient ce droit par la redevance de deux quartons de seigle par an (quarton de froment= 25 livres, soit 453,5 grammes x25=11kgs,33).

   Au Temple-de-Breuil, le Commandeur avait dans son château un four particulier. En 1481, Bernard Gros loua un ouvrier pour la construction d'un four de cuisine qu'il payait 5 liards par jour (1 liard= 3 deniers ; 12 deniers=1 sou ; 1 sou=1/20e de la livre ; soit 20 sous=1 livre )

     Lorsque le four fut allumé l'ouvrier reçut neuf liards par jour et autant par nuit, ce qui prouverait peut-être que Bernard Gros l'avait gardé à son service pour la confection du pain et qu'alors, les boulangers travaillaient de nuit comme de nos jours.

    Nous avons dit précédemment que le seigle entrait pour une bonne part dans la confection du pain au Temple-de-Breuil, tandis qu'à Sauvagnas on faisait le pain avec du froment et du méteil. Le pain de froment était levé. 

    Les Commandeurs avaient aussi le monopole des forges de la ville de Sauvagnas et de ses faubourgs.

Le précepteur du Temple-de-Breuil ne devait pas avoir ce droit de banalité car ces marchés avec le forgeron de la ville ne portent aucune trace de prérogative seigneuriale.

DOSSIER: ST CAPRAIS DE MONFLANQUIN

- trajet st caprais de monflanquin

  La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : St Caprais à  Monflanquin : Trajet pour aller à cette commanderie filiale du Temple, sur les hauteurs au sud-ouest de Monflanquin. Région de forêt, cette commanderie était réputée pour le bois qu'elle fournissait. (Photo :Google)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : St Caprais à  Monflanquin : le manoir actuel. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : St Caprais à  Monflanquin : le manoir qui a succédé à la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : St Caprais à  Monflanquin : L'église templière romane de St Caprais blottie à 150 m du manoir. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : St Caprais à  Monflanquin : la vue sur Monflanquin près de l'église.  (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : les moulins, pour la commanderie du Temple et affilièes, pratiquement tous des moulins à eau,  sont un maillon essentiel  de la viabilité de la propriété. De plus, les retenues d'eau du moulin servaient de réserve à poisson, un aliment prioritaire, bon marché, et de rigueur les nombreux jours de jeûne.  (Photo : du Net)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT :  2 moulins à eau qu'ont forcément connus les commandeurs du Temple sur Lot, contemporains des templiers et hospitaliers: ici celui de Pérignac, on voit ici la retenue et au fond de l'entonnoir, la buse qui propulse l'eau sur la turbine... (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT :  2 moulins à eau qu'ont forcément connus les commandeurs du Temple sur Lot, contemporains des templiers et hospitaliers, ici celui près de l'embouchure la Bausse, contre la D911.  (Photo : Patrick Garcia)

64- LES MOULINS UNE INDUSTRIE VITALE

         Enfin, le Commandeur se réserve les moulins, l'usine du moyen-âge qui servait à la fois à moudre les farines, à fouler le lin et le chanvre et à presser les noix pour en extraire l'huile.

    La plupart des moulins étaient des moulins à eau. Nous n'avons trouvé aucune trace de moulin à bras.

    Un seul acte du début du 16e siècle mentionne un moulin à vent dans les environs du Temple-de-Breuil. Les moulins à eau étaient groupés sur le bord des ruisseaux, en particulier sur les bords de la Négresia au Temple-de-Breuil, de la Trec à Saint-Jean-de-Ferrand et de la Lède, à Saint-Sulpice.

    Le Commandeur les baillait souvent à emphytéose, mais en dehors du cens et de l'acapte, il se réservait presque toujours la moitié du Gain annuel, ce qui lui permettait de conserver une certaine surveillance sur leur gestion. D'autre part, le Commandeur conservait toujours des moulins en toute propriété.

    Le procès-verbal de visite de 1344 signale dans les Commanderies de Sauvagnas, de St-Jean-de-Ferrand et de Saint-Sulpice-de-Rivalède, dans les granges de St-Pastour et de Caps un grand nombre de moulins. De même, Bernard Gros avait dû conserver en toute propriété des moulins dans ses terres.

   Les actes énumèrent les différentes parties du moulin les meules  « molis » dont l'une « brusquie » sert à la mouture du seigle et du méteil, les « rodetz », les écluses «  sclausas », le canal en bois pour conduire l'eau de la rivière jusqu'au moulin, « canalem fusteam », les vannes ou pales de fer «  ferraturis ».

    Les baux des moulins énumèrent toujours comme appartenant au moulin la moliata (ou moliaqua) et la calcada (chaussée).

    Le moulin comprenait toujours un barrage ou paissière (paxeria, peissiera). La paissière, non seulement actionnait le moulin, mais aussi permettait l'établissement d'un vivier. De plus, par l'obstacle qu'elle crée à la navigation elle arrête le passage des bateaux, les oblige à payer un droit et ainsi entraînait souvent l'existence d'un péage.

    C'est ainsi qu'en 1288, lorsque Amanieu de Castelmoron donna au Temple-de-Breuil un droit de péage sur le Lot, il lui adjoignit la possession d'un moulin et d'un droit de pêche sur ce fleuve .

          Bernard Gros entretenait avec un grand soin les barrages de ses moulins. Il fit mettre le ban sur le bois d'un de ses tenanciers dans l'intention de l'utiliser pour la réfection d'une paissière et, en 1487, il réglait le compte des journées qu'un de ses ouvriers avait consacrées à ce travail.

     Lorsqu'il baillait à emphytéose les moulins, le Commandeur se réservait parfois la pêche.

    Dans la Garonne, à hauteur du Bédat, le Commandeur du Temple-d'Agen avait une paissière et un droit de pêcherie allant jusqu'à la moitié du fleuve avec le pouvoir d'y planter des pieux, des piquets, d'y tendre des filets et des remorques pour prendre le poisson.

   Le Commandeur pouvait interdire à quiconque de construire une autre paissière dans les alentours susceptibles de porter dommage à la sienne et de lui fermer le cours de l'eau.

 

l'artisanat au MA

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : l'artisanat aux multiples facettes, et le travail de la terre, est le seul moyen de subvenir à sa subsistance à cette époque et dans cette région. (Photo : du Net)

65- L’ARTISANAT

   Cependant, le Commandeur n'avait pas le monopole de toutes les industries locales. Parmi les habitants du Temple-de-Breuil et de Sauvagnas, figurent des artisans qui paraissent avoir pratiqué leur travail sans contrôle seigneurial et même sans législation corporative.

    Bernard Gros distingue, dans les différents corps de métier auxquels il s'adresse, le maître des « manobras », c'est la seule hiérarchie ouvrière que nous ayons pu noter. Nous pénétrons dans la vie de ces petites villes surtout par les enquêta de procès qui font comparaître en témoignage les habitants du lieu. Certes, la plupart sont agriculteurs « laboratores », et beaucoup comme les brassiers et les valadiers ont un métier purement rural.

    Cependant quelques artisans d'un caractère urbain permettent à la ville de mener une vie propre sans demander aux cités voisines les objets nécessaires à son existence.

    Bernard Gros s'adresse au forgeron pour se procurer les ustensiles de cuisine, les instruments de labour et faire ferrer ses chevaux. Le Commandeur livre le fer au forgeron et ne lui paie que son travail.

     De même une femme du Temple-de-Breuil filait pour une somme déterminée le lin et le chanvre que lui baillait le Commandeur.

   Pour les vêtements ce ses ouvriers agricoles, Bernard Gros se procurait du drap qu'il payait la canne (2 mètres)  1 écu (138 euros) , mais le plus souvent il se contentait de « palmala », sorte de drap ordinaire à une livre la canne (92 euros) .

   Bernard Gros distingue la « palmela », « escura », de la «clara » ; pour la confection des vêtements, il se confiait à un tailleur local, cependant il s'adressait au savetier de Villeneuve pour ses commandes de souliers et pour ses ressemelages.

   Une paire de souliers coûtait environ 2 sous arnaudin (9 euros) et le ressemelage 1 sol. 8 deniers (7 euros)

    Le charpentier du Temple devait de même recevoir la matière première de Bernard Gros quand il répondait à ses commandes. Pour les selles des chevaux, Bernard Gros s'adressait au sellier de Villeneuve.

     A Sauvagnas, à la même époque, nous voyons figurer en dehors des laboureurs et des brassiers qui sont en grande majorité, le charpentier « Fusterius », le forgeron « faber », le tonnelier « tornerius » et le meunier « molinerius ».

   Un siècle plus tard se trouvent un meunier, un tisserand, un tailleur « costurier », un charpentier, un praticien, un marchand et un maçon.

    Enfin, ces petites villes avaient des tavernes sur lesquelles le Commandeur avait la surveillance en tant que maître de la police. Celui qui voulait ouvrir une taverne devait crier son vin et était tenu à conserver les mesures légales. En 1545, une prescription de police du bayle de Sauvagnas interdisait à tout aubergiste de loger des gens inconnus pendant le jour et la nuit et de tenir des lieux de cartes de hasard comme celui de « rampeaux ».

 

 

le commerce au MA

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Le commerce local permet de trouver des débouchés pour les produits de la ferme et de l'artisanat, d'acheter des produits venus de l'extérieur, poissons de mer, épices, sel, verroterie... Mais surtout, il est la source pour trouver des numéraires.  (Photo : du Net)

 66- COMMERCE

         Nous avons déjà dit que les domaines des commandeurs sont avant tout des terres à blé et à vin.

    Non seulement les Commandeurs récoltaient du blé dans leur domaine réservé, mais encore après, les moissons à la Saint-Michel de septembre ou à la Toussaint, leurs tenanciers leur versaient une redevance en froment, seigle ou avoine. De plus, en tant que patron primitif, ils avaient droit dans de nombreuses paroisses à la dîme des céréales. Aussi, en dehors du blé nécessaire à la consommation du personnel de l'hôpital, il demeurait un excédent très important.

      Le surplus était écoulé sur divers marchés. Il est dit expressément dans un acte de 1496 que le blé provenant des dîmes de la paroisse de Saint-Sulpice-de-Rivalède et de celle de Saint-Jean-de-Lerm après avoir été réuni sur le sol de la ville de Saint-Sulpice pour y être dépiqué, était ensuite vendu à Villeneuve d'Agen.

      Celui du Temple-de-Breuil et de St-Jean-de-Ferrand était porté par le Lot et la Garonne vers le marché de Bordeaux. 

      A cette époque où les espèces monétaires étaient beaucoup moins répandues qu'actuellement, les paiements en nature étaient plus fréquents. Le Commandeur emploie des céréales non seulement pour les pensions alimentaires qu'il constitue à ses ouvriers agricoles, mais encore pour payer les notes du menuisier, du savetier, de la fileuse et autres artisans et enfin pour se procurer diverses marchandises.

    Ainsi il achète du beurre et des fromages contre quatre quartons de froment (12,5 litres), du sel, de l'huile et des chandelles contre douze quartiers de la même céréale, un barril de vin et un quartier et demi de viande salée contre vingt-deux quarterées de seigle, etc., etc..

    On peut dire que Bernard Gros employait à la fin du 15e siècle une sorte de céréale-monnaie, comme dans les premiers siècles du moyen-âge on suppléait à l'insuffisance des espèces monétaires par le bétail.

    Le vin produit dans les terres réservées des Commandeurs paraît avoir suffi largement à la consommation des frères hospitaliers, d'autant qu'ils prélevaient la dîme du vin sur leurs paroissiens.

       Les Commandeurs avaient la haute surveillance du commerce du vin clans les villes de Sauvagnas et du Temple-de-Breuil, non seulement ils avaient le droit de vente exclusive de Pâques à la Pentecôte, mais encore ils en interdisaient l'exportation.

    Les coutumes du Nomdieu protégeaient la production indigène du vin. Il était interdit à tout étranger de vendre du vin dans la ville s'il y avait un tavernier qui débitait du vin du cru.

   Au Temple-de-Breuil, le Commandeur percevait 6 deniers arnaudins (2,4 euros) par pipe de vin (410 litres) qui montait ou descendait le Lot et deux deniers arnaudins par charge de vin qui passait par la voie terrestre. Le blé et le vin paraissent être les seules denrées qui aient excédé la consommation.

    En dehors de ces deux produits, nous avons vu que les Commandeurs et leurs tenanciers cultivaient dans leurs terres du lin et du chanvre pour la confection de leurs vêtements, du safran comme matière tinctoriale et comme condiment, et enfin, des fruits et des légumes pour leur alimentation. Ces divers produits suffisaient à l'entretien des habitants, mais étaient insuffisants pour être l'objet d'un commerce quelconque. Il semble qu'il en était de même du bétail.

     Les comptes de Bernard Gros contiennent de nombreuses transactions commerciales sur le bétail. Achat de bêtes de labour, vente de veaux, ventes et pourceaux provenant soit du croît de ses étables, soit des produits de la dîme.

     Vers 1480 :

- une chèvre coûtait 5 sous 10 deniers (27 euros) ;

- un bœuf, 3 écus 1/2 (962 euros); 

- une jument, 4 écus (1 100 euros);

- un porc, 28 liards (33 euros).

    Cependant la production du bétail était insuffisante à favoriser le développement d'industries dérivées de la transformation de la laine, du cuir et du suif. Il faut remarquer, en effet, que, malgré le nombre considérable de moulins que les commandeurs avaient dans leurs terres, nous n'avons trouvé aucune trace de moulin à fouler les draps. 

   Les achats de Bernard Gros éclairent cet état de choses. Quel est l'artisan auquel il ne procure pas la matière première ? Le savetier auquel il paie et le cuir et la façon des chaussures qu'il lui commande. Enfin la laine de ses moutons ne suffit pas à la confection des vêtements de ses ouvriers agricoles, et avant de bailler à un tailleur du Temple-de-Breuil le drap nécessaire il doit se le procurer.

   D'autre part, il achète non seulement du beurre et du fromage pour son alimentation, mais encore des chandelles pour son éclairage.

- Cinq fromages coûtaient 1 sol tournois (3,6 euros);

- un pain de beurre, 9 deniers. t.(3,6 euros) ;

- une livre de chandelles, 2 sous t.(9 euros)

      Dans l'enquête de 1552, les Agenais se plaignent de manquer de bois. Le paysan devait se chauffer l'hiver avec des racines de blé et les marchands de vin devaient se procurer du bois des Pyrénées, du Rouergue et de l'Albigeois pour la confection de leurs barriques.

    Cependant cette absence de bois a dû surtout se faire sentir dans l'Agenais à la suite des défrichements de la fin du 15e siècle.

     Les Commandeurs ne paraissent pas en avoir souffert. Au début du 14e siècle, les frères de l'hôpital de Sauvagnas vendaient le surplus de la coupe des arbres sur le marché d'Agen. Les comptes de Bernard Gros ne renferment aucune mention d'achat de barriques ni de bois. Les chênes des bois de Cortis et du Temple-de-Breuil devaient suffire à la fabrication du merrain et â la consommation du bois de chauffage.

    D'autre part, les coutumes autorisaient les habitants à venir prendre dans les garennes du Commandeur le bois nécessaire non seulement à leur chauffage, mais à la fabrication de leur maison, tonneaux, charrues, cercles et échalas

     Au 14e siècle, les Commandeurs paraissent s'être contentés de l'huile provenant des noyers de leur domaine. Mais au 15e siècle, Bernard Gros fait de nombreux et fréquents achats d'huile d'olive et de noix.

    Nous avons déjà vu qu'il possédait peu de noyers dans ses terres. L'achat d’huile d'olive prouve des rapports commerciaux avec les régions méditerranéennes. L'huile d'olive coûtait aussi beaucoup plus cher que l'huile de noix.

-  une livre l’huile de noix ne dépassait pas 8 deniers (3,2 euros), 

- une livre d'huile l'olive atteignait 1 sou. 3 deniers (5,7 euros).

     La plupart des constitutions de pensions alimentaires comprennent quelques poignées de sel. Il servait à la fois pour assaisonner les aliments et pour les conserver. C'est grâce au sel que l'on pouvait garder de la viande, du lard et du poisson pendant de longs mois.

    Aussi Bernard Gros en achète-t-il très souvent. Sur le Lot, le sel était l'objet d'un commerce important et au péage, l'on payait 6 den. arn, par pipe de sel (400litres environ de volume)(2,30 euros).

L'article de M. Tholin : « Notes sur les péages au pays d'Agenais » Revue de l'Agenais 1923, tome 50. Signale que :

« Au 13e siècle le Lot était navigable de Cahors à son confluent. Il y avait 11 barrages de Fumel à Villeneuve et de Villeneuve à Nicole 5 barrages. À savoir : Pujols, Casseneuil, Le Temple-de-Breuil et deux autres appartenant à l'abbaye de Clairac, dont un à Nicole. »

 

le pêche au MA

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : loin de la mer, la pêche locale, les viviers, le commerce avec lla côte atlantique qui procure du poisson salé.... sont d'une importance cruciale. On a besoin de poisson, un met très apprécié, et en plus, obligatoire lors des nombreux jours de jeûne qu'impose la religion.  (Photo : du Net)

 67- LE POISSON TRÈS RECHERCHÉ

On a souvent remarqué qu'au moyen-âge, en raison des nombreux jours de maigre de l'année liturgique, on mangeait beaucoup plus de poisson que de nos jours.

     Nous avons déjà dit que près de chaque moulin il y avait un vivier et que le Commandeur retenait souvent la pêche des moulins qu'il baillait à emphytéose. Mais les poissons d'eau douce qu'il conservait dans ces viviers ne suffisaient pas à sa consommation.

    Bernard Gros fait une provision de poissons salés à l'entrée du carême. Dans la constitution d'une pension alimentaire, Bernard Gros comprend le prix des poissons.

      Bernard Gros faisait souvent l'acquisition de poissons de mer, en particulier de merlu, merlan, harengs, sardines. Dans ses comptes, Bernard Gros mentionne une fois que le merlu vient d'Angleterre. Dans ses voyages, il achète souvent du poisson frais. Au péage du Temple-de-Breuil il percevait une poignée par charge d'aloses fraiches ou salées et une tête de saumon par charge de saumons.

     Le Commandeur de Sauvagnas faisait acheter à Agen, au début du 16e siècle, des merlus, des anchois, du saumon, dit « colat » ou alose. Bernard Gros avait aussi recours aux productions d'une origine plus lointaine. Sous le terme général d'épices, il devait sans doute comprendre le poivre, la canelle et autres produits orientaux.

     Un acte des premières années du 16e siècle donne quelques dépenses du Commandeur de Sauvagnas. Il fait acheter à Agen « grana de paradis, grana de vermos et notz muscade ».

    Nous n'avons trouvé qu'une seule fois une mention de sucre, probablement parce que le miel des ruches y suppléait. Enfin, lorsque le Commandeur passait dans le Quercy et le Périgord, en particulier à Figeac et à Bourganeuf, il ne manquait pas d'y faire sa provision de truffes.

    En plus de ces différents produits nécessaires à l'alimentation, Bernard Gros se procurait divers objets. Nous avons dit qu'il s'adressait au tailleur du Temple-de-Breuil pour la confection des vêtements. Il devait avoir recours au menuisier de cette ville pour la fabrication des meubles très rudimentaires de son habitation. Dans ses livres de comptes nous voyons parfois l'achat de quelques ustensiles de cuisine ou de vaisselle.

  Pour la rédaction de ses actes, il achetait souvent du papier coûtant 5 deniers. ( 2 euros) , une « ambola » (ampoule ou fiole) d'encre 3 deniers (1,2 euro) et deux peaux de parchemin 2 sols 6 deniers  (9euros).

     Le commandeur du Temple-de-Breuil s'adressait généralement à Villeneuve d'Agen, la ville la plus importante du voisinage. Bernard Gros envoyait aussi souvent ses serviteurs faire des provisions à Tonneins.

trajet de dominipech

 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : trajet  de la belle commanderie filiale de Dominipech, perdue sur les coteaux de Serres. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : la jolie commanderie superbement restaurée de Dominipech, à droite l'église, à gauche l'appartement du commandeur. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : faisons le tour de Dominipech. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : faisons le tour de Dominipech. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : faisons le tour de Dominipech. Le chevet. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : faisons le tour de Dominipech.  Le mur à droite est celui du petit cimetière, du clocher et vers la droite, c'est l'église, le bâtiment de gauche est le logis du commandeur. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : petite présentation sur la porte d'entrée. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : l'entrée dans la petite nef avec le choeur au fond, et 3 plaques commémoratives d'époques sur le mur de séparation. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : depuis la porte d'entrée, vue sur le collatéral et le bénitier. L'ensemble magnifiquement restauré. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : vue depuis le collatéral, sur la partie droite, dans la nef, le bénitier, au fond à droite la petite chapelle et masqué par le gros pilier, le choeur. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech :  Cette photo juste pour montrer que toute l'église était voûtée, qu'à une date à déterminer, celles-ci ont dû s'écrouler par manque d'entretien ou lors d'un incendie, et que la belle restauration a procédé à une couverture charpentée comme beaucoup de bâtiments religieux en possédaient. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : restes de nombreuses traces de peintures  et ici aussi, ont voit bien les départ d'ogives à présent disparues.  (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : belle plaque votive sur le sommet d'une arcature. (Photo : Patrick Garcia)

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 La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : cette plaque de fondation n'est pas très lisible, j'y ai vu quelques indications sans certitude, chacun y verra ce qu'il veut... Bien sûr, les traits rouges sont de ma part. (Photo : Patrick Garcia)

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La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Dominipech : Magnifique escalier d'accés au logis du commandeur. (Photo : Patrick Garcia)

 collecte impôts

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Nous avons du mal à faire la comparaison  entre les mesures, les prix anciens et leurs équivalents modernes, ce chapitre va peut-être vous aider. (Photo : du Net)

68- MONNAIES — POIDS ET MESURES

       Pendant tout le 13e   et le 14e siècle, les redevances des tenanciers des Commandeurs sont toutes payées en monnaie arnaudine ou arnaldèse, ou monnaie des Évêques d'Agen. On sait que la monnaie arnaldèse ne consistait qu'en deniers et en oboles et était inférieure à la monnaie tournois d'un cinquième.

     12 deniers arnaudins valant 10 deniers tournois. On suppose que les Evèques d'Agen acquirent le droit de battre monnaie sous l'épiscopat d'Arnaud de Beauville (1020-1049).

 La monnaie arnaldèse sans concurrence d'aucune autre monnaie est usitée pour le paiement des cens durant ces deux siècles, non seulement dans la Commanderie du Temple-d'Agen, mais dans celles de Sauvagnas, du Temple-de-Breuil et de St-Jean-de-Ferrand.

   Mais, si la monnaie arnaldèse était employée pour le paiement des redevances, on se servait de préférence de la monnaie tournois dans les transactions qui nécessitaient des sommes plus importantes et engageaient de plus grands intérêts.

    En 1344, la monnaie tournois est déclarée monnaie courante.

     Cependant la monnaie arnaudine se maintient dans les autres Commanderies. Il faudra attendre la seconde moitié du 15e siècle pour voir s'installer victorieusement la monnaie tournois qui éclipse presque complètement sa rivale.

    Avec les baux à nouveau fief qui caractérisent cette période et la refonte des contrats d'emphytéose, les redevances sont presque toujours exigées en monnaie tournois. Le rapport entre la terre et le cens étant toujours d'un sou par quarterée (1 carterée de 15 ares (1500 m2)= 4,5euros) et la monnaie tournois étant d'un cinquième supérieure à la monnaie arnaldèse, les Commandeurs gagnaient au change.

    Dans la première moitié du 16e siècle, la monnaie arnaldèse (ou arnaudine) ne se maintient que dans quelques cens de tenanciers d'origine ancienne, encore que l'équivalence avec la monnaie tournoise soit spécifiée, ce qui prouverait que le paiement était effectué en monnaie tournois.

     Pour les transactions commerciales et les paiements importants, on utilisait dans l'Agenais à la fin du 15e et au début du 16e siècle non seulement la monnaie tournois, mais aussi la monnaie bordelaise.

  

     Au Temple-d'Agen, en 1522, deux dinades de vignes (0,5 ha) sises à Saint-Jean-de-Mugeros étaient vendues trente-huit francs bordelais (3 500 euros). Bernard Gros, à la fin du 15e siècle, payait le plus souvent ses ouvriers agricoles en monnaie bordelaise. 

     Cependant l'existence de la pogesada comme mesure agraire prouverait que la monnaie toulousaine a eu cours dans les campagnes agenaises. 

    L'unité fondamentale de la monnaie tournois était la livre d'argent (92 euros) valant 20 sous, et le sou (4,5 euros) lui-même valait 12 deniers.

Le denier (0,4 euro) avait une division locale : la maille ou obole, égale à un demi-denier (0,2 euro). La maille ou obole est très usitée dans les paiements de cens du 1/10e et au début du 14esiècle, mais dès la seconde moitié du 15e siècle, elle est éclipsée par le liard qui la remplace presque exclusivement au début du 16e siècle.

     Un liard égale trois deniers tournois, (1,2euros). A la fin du 15e et surtout au 16e siècle, les cens sont souvent payés en Jacques, le Jacques valant 6 deniers (2,4 euros). En dehors des monnaies précitées, les comptes de Bernard Gros mentionnent le double ducat, l'écu, le lion et parfois le florin. La double est une expression locale qui sert à désigner le carolin, monnaie d'argent de 10 deniers (= 4 euros).  

     Bernard Gros se sert très souvent de l'écu dans ses transactions commerciales. D'après les textes, il valait à peu près constamment (140 euros)

 En 1516, l'écu d'or égalait 35 sous tournois (175 euros)

  

mesures du MA

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : pour les mesures de longueur et de superficie, c'est encore plus compliqué! Chaque région ou canton avait la sienne, mais grâce à des érudits er des tables de conversion, on arrive à s'y retrouver. Vous trouverez dans ce chapitre, bien des comparaisons avec les mesures modernes, j'ai essayé d'être le plus clair possible, car à l'poque de la thèse de J. Chaumié, l'euro n'existait pas, et les tables de comparaison n'avaient pas internet pour s'approcher au plus près des résultats véritables. y suis-je parvenu? (Photo : du Net)

 69- MESURES

       Les mesures agraires dont se servent les Commandeurs pour déterminer l'étendue de leurs terres peuvent se répartir en trois groupes suivant que l'on s'en référait :

- à la quantité de semences,

- à la durée du travail ou au

- prix de la terre.

    - à la quantité de semences, qui consiste à spécifier l'étendu d'un champ d'après son prix d'achat est évidemment le plus imprécis. Il est très employé dans nos textes, surtout pour exprimer l'étendue d'une terre plantée de vigne, on se sert des termes dinerades, mealhada, obolata, pagosada.

    Peut-être parce que cette Commanderie est la plus riche en vignobles, ce système de mesure agraire est surtout employé dans les terres relevant du Temple-d'Agen et en particulier pour celles plantées de vignes.

      - à la durée du travail par laquelle on mesure le sol d'après la durée du travail que l'agriculteur y a consacré est surtout appliquée aux prairies. Le journal correspond alors à la journée du faucheur. Cependant on le trouve aussi usité pour les terres à céréales et alors il correspond à la journée du laboureur et plus rarement pour les vignes. Et alors c'est la journée à « fotga ».

   Dans un pays où la culture des céréales prédomine, il est naturel que l'on ait songé à déterminer l'étendue d'un champ d'après les quantités de grains nécessaires à l'ensemencer. Aussi ce système de mesure agraire est-il de beaucoup le plus répandu dans les terres des Commanderies et en particulier dans celles du Temple-de-Breuil . En effet, les terres y sont presque toujours estimées en carterées, quartons, boisseaux, picotins, sesterées.

    Dans son livre de raison, Bernard Gros donne le rapport des diverses mesures dont il se sert pour estimer l'étendue de ses champs. L'unité de longueur est la perche (4m10) et l'unité de superficie l'escat (17m2) .

 

  D’après la « Table de comparaison entre les mesures anciennes et les mesures métriques », établie en l'an VII,

La pogesada avait 18 escats (1 Escat=17m2,18x17=306m2)

La dinde 144 escats (1 dinde= 2448 m2),

La carterée 432 (7344m2),

La sesterée 576 escats (9792m2).

     Bernard Gros, commandeur du Temple de Breuil, a le souci d’établir le rapport entre les divers systèmes de mesures agraires.

La Dinade=2448m2= 0,244 ha

La carterée égale 3 dinades= 7344 m2 = 0,734 ha

La sesterée=  4 dinades = 9788 m2= 0,978 ha

Le cartonnat = 7290 m2= 0,729 ha

La carterade égalait huit cartonnats = 58 350 m2 = 5,83 ha

    Bernard Gros ne donne pas dans son livre de raison la mesure du journal ; d'après les Tables qui ont été établies en l'an VII, dans l'Agenais, le journal valait environ 40 ares = 0,40 ha

     Les redevances et les dîmes sont souvent dues en grains. De quelle unité se servait-on dans les commanderies agenaises de l’Hôpital pour mesurer les grains ? Au Temple-de-Breuil, dans la seconde moitié du 15e siècle, la cartière de blé égale 8 quartons (soit 25,6litres). En dehors des mesures précitées, on utilisait aussi la pipe, le sac et la poignée et même la barrique. Les mesures de capacité variaient suivant les objets auxquels elles s'appliquaient.

    Pour le vin, on se servait surtout de la pipe, mais on employait aussi la barrique, le tond, la dolia et le baril.

La pipe (410 litres) égalant deux barriques et

La barrique (200 à 230 litres).

Le tonneau valait 4 barriques (820 litres). 

  Nous savons que l'unité de longueur pour mesurer les champs était la perche= 12 pieds (4m10).

 

blason MONTPEZAT_D_AGENAIS-47

Et pour terminer cet article avec les poids et pesées, nous prendrons la photo du blason de Montpezat d'Agenais, qui rime bien avec la pesée et les poids, Montpezat, qui fut à l'origine de la création de la commanderie du Temple de Breuil par un don de terre à l'orde des Templier.

 

70- POIDS

     L'unité de poids la plus souvent employée est la charge.

Au péage par eau du Temple-de-Breuil, on payait 4 deniers (3,2 euros) par charge de deux quintaux (200kg)

au péage par terre on comptait par charge de bêtes, mesure qui s'appliquait aussi bien au blé, au vin qu'au poisson et au sel.

   Bernard Gros utilise rarement cette mesure et presque seulement pour le vin. Il emploie comme unité de poids la livre (489 grs) qui sert pour le chanvre, la filasse, l'étoupe, les chandelles, enfin l'huile d'olive et de noix. Pour le fer, il se servait d'un multiple de la livre, le quintal de 100 livres(49kg).

Extraits tirés de la thèse Jacqueline CHAUMIE, Archiviste Paléographe Casa Velasquez â Madrid  (1928)

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LE LIVRE DE RAISON DE BERNARD GROS :

COMMANDEURDU TEMPLE-DE-BREUIL EN AGENAIS SOUS LOUIS XI ET CHARLES VIII

 CCHEVALIER A GENOU DEVANT LE TEMPLE copie

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : l'ombre de Bernard Gros, le plus célèbre des commandeurs du Temple de Breuil, plane encore, et pour longtemps, sur la commanderie. (Photo : Patrick Garcia)

   Le fonds du grand Prieuré de Toulouse, conservé aux Archives Départementales de la Haute-Garonne, comprend tous les documents qui se rapportent aux établissements de Templiers et d'Hospitaliers de l'Agenais, parmi lesquels un des plus anciens et le plus important est, sans contredit, le Temple de Breuil, aujourd'hui commune du Temple, arrondissement de Villeneuve. En compulsant les layettes et les nombreux registres de la Commanderie du Temple, on peut se rendre compte de l'activité déployée dans l'administration des domaines de l'ordre de Saint-Jean par Bernard Gros, qui en fut commandeur sous Louis XI et Charles VIII (1475-1496), Trois registres, écrits en grande partie de sa main, pendant une période de dix années (1477-1487), contiennent des notes de tout genre qui leur donnent quelques-uns des caractères des livres de raison.

     La biographie de Bernard Gros ne peut être reconstituée qu'en partie au moyen de ces documents, Le Commandeur, qui savait bien le français, avait aussi une connaissance suffisante de la langue vulgaire parlée en Guyenne, dans laquelle il écrivait de préférence. A défaut de précision sur son nom, qui est commun et de tous les pays, on pourrait en conclure qu'il était originaire dit Midi. Des incorrections, l'emploi de mots français ne prouvent rien contre cette présomption.

     En Agenais, la plupart des textes romans de la fin du XVème siècle fournissent des exemples de ces altérations de la langue et de ces mélanges.

BERNARD GROS

 

L'intelligence de Bernard Gros et ses services ont été certainement appréciés par les maîtres de l'ordre, car il fut Commandeur non seulement du Temple de Breuil et de ses membres : Saint-Sulpice-de-Rivelède, Saint-Jean-de-l’Herm, etc., mais aussi et simultanément de Sallebruneau, Roquebrune et Caslelnaud, en Bazadais, du Bastit, en Quercy, de Bonnefare et de St-Avit-de-Fumadière, en Périgord.

    Il nous a mis lui-même au courant des occupations ordinaires de sa vie il nous a révélé ses ambitions et, qui plus est, il a consigné le souvenir de certains rêves qui le hantaient la nuit. Bernard Gros a dû beaucoup écrire. Il est probable que nous n'avons ici que des fragments.

    Dans les registres d'affaires qu'il a transformés en mémoriaux, dominent naturellement des rôles d'arpentement et de reconnaissances, des états de revenus, des comptes particuliers, le tout dans une forme méthodique et particulièrement soignée. Avant d'étudier les passages qui sortent de ce cadre, disons que ces documents font connaître à quel régime étaient soumises les propriétés appartenant aux Hospitaliers. Dans le but d'éviter toute contestation sur les arpentements, les états des terres sont précédés d'une énumération de toutes les mesures de superficie en usage à Agen et à Villeneuve, exactement définies d'après leur rapport avec le pied.

   L'énumération et la définition des mesures de capacité a de même pour objet de prévenir toute difficulté pour le paiement des redevances en grains…

    0n remarque aussi une note sur les règles de comptabilité, dans laquelle sont employés les chiffres arabes pour les exemples d'addition, de soustraction el de balance des comptes. Les extraits des reconnaissances nous fixent sur la quotité des devoirs qu'avaient il payer chaque année les tenanciers. C'était régulièrement un sou par carterée. (La carterée d’Agen est inférieure à trois quarts d'hectare, exactement 72 ares, 8979.)

    Il s'y ajoutait des redevances variées en nature peu onéreuses. Par exemple, pour une propriété de quinze carterées, un tenancier payait quinze sous tournois, plus trois quartons de froment, autant de seigle, autant d'avoine, deux quartons de seigle pour l'usage du four, trois journées de main d’œuvre.

  Les acaptes et les arrière-acaptes, de même quotité, se payaient à la mort du grand maitre et la mutation du tenancier. L'acte analysé ci-dessus peut servir de type. En compulsant les séries de reconnaissances et les lièves de tous les établissements hospitalier de l'Agenais, on peut constater que la quotité des devoirs n'a pas été modifiée depuis le moyen-âge jusqu'à 1789, au grand avantage des tenanciers, car c'était au 18ème  siècle une redevance insignifiante que celle d'un sou par carterée.

 

BERNARD GROS

   A la différence de la plupart des seigneurs terriens de l'Agenais, les Hospitaliers ont respecté constamment les contrats et baux à clauses perpétuelles. Bernard Gros, tout dévoué aux intérêts de l'ordre, regrette un peu l'application de cette honnête pratique. Il aurait voulu qu'en renouvelant les baux, on augmentât les charges des preneurs comme le faisaient les autres seigneurs. Les comptes particuliers abondent en renseignements, comme tous les documents de cette nature. On y trouve notamment l’itinéraire et le détail des frais faits par Bernard Gros dans un voyage à Plessis-Lès-Tours pour aller voir le roi Louis XI.

   On peut établir aussi des comparaisons entre le prix des denrées et le taux des salaires.

 Relevons les mentions suivantes :

- achats de froment à six ardits le quarton ;

 -journées d'ouvriers employés à faucher, payées deux quartons, valant ensemble moins de douze ardits, car le seigle est le grain donné le plus ordinairement en payement ;

- journées d'ouvriers employés à transporter des gerbes, un quarton de grain ou un sou et demi ;

- journées de vignerons, quatre ardits, de maçons, cinq ardits.

- Un domestique loué à l'année recevait pour gages une somme variant d'un petit écu bordelais à sept francs bordelais.

 On lui fournissait en plus un costume à peu près complet cape, manteau, chausses, chemise, une paire de sabots ou de souliers, une paire de souliers pour domestique coûtait trois sous.

- Aux fileuses on donnait huit deniers pour filer une livre de lin, et un ardit pour filer une livre d'étoupes de chanvre.

Voici quelques exemples du prix des denrées :

- une livre d'huile de noix, huit deniers, d'huile d'olive, un sou trois deniers ; un fromage gras, trois deniers, trois mains de papier, cinq à sept deniers, une paire de couteaux, un sou.

 Passons maintenant aux documents d'un autre ordre que contiennent les mêmes registres. Un agenda de l'année 1480 parait être le brouillon d’un mémoire adressé à quelque maitre de l'ordre au sujet des réformes à faire.

 

BERNARD GROS

  Les abus que signale Bernard Gros sont nombreux, et chaque article prouve que, dans notre pays d'Agenais, à la fin du règne du justicier Louis XI, la loi du plus fort régissait encore la société.

     Bernard Gros rapporte les faits dont il est témoin les usurpations des barons et des bourgeois; la vénalité des magistrats et, qui plus est, des commissaires envoyés par le roi pour faire des réformes; la décadence de certains couvents gorgés de richesses les dilapidations commises dans les villes par les consuls et les jurats, et, comme contrepartie, la Jacquerie organisée par le peuple voué à la misère. Combien les mœurs étaient alors rudes et barbares! Dans d'autres passages de ses livres, le Commandeur du Temple inscrit les états détaillés des procès qu'il soutient pour défendre les intérêts de l'ordre. Il n'oublie pas de mentionner les épisodes en dehors des procédures et les voies de fait commises par ses adversaires. Ici nous voyons le seigneur de Mauvezin, au cours d'une instance, ravager, les terres de Castelnaud, à la tète de cent hommes armés; là c'est la population de Villeneuve d'Agenais, un consul en tète, qui se rue sur l'avocat de Bernard Gros et le menace de mort.

   On voit que l'administration des biens d'une commanderie entraînait alors bien des soucis et qu'il fallait en toutes choses avoir la main ferme. Bernard Gros était soigneux des archives du Temple il en a dressé un inventaire sommaire que la perte des originaux a rendu précieux.

    Les cotes, mêlées de latin, de français et de roman, sont explicatives et font valoir les clauses pratiques des bulles et des concessions. Au temps de Bernard Gros, les premiers produits de l'imprimerie étaient si rares, si peu l'épandus nous ne trouvons pas dans ses comptes la mention d'un seul achat de livres si insuffisants pour constituer une bibliothèque utile, qu'il était bon de conserver des notes de toutes les bonnes recettes.

     Un remède contre le farcin, formulé sur la première page d'un registre, nous indique quels soins Bernard Gros devait donner à ses chevaux malades. Pour se traiter lui-même, Bernard Gros pouvait constituer une petite pharmacie dans laquelle dominaient les simples. Il donne les formules pour composer: des eaux de bourrache, de frêne, de cerises, de sauge, de laitue (? erba salada) du vinaigre, du miel et de l'huile (Rosats); du vinaigre, de l'huile et de l'eau de sahut.

     Il indique quelquefois le mode d'emploi de ces remèdes, parmi lesquels figure l'eau-de-vie. Quelques détails se rapportant aux soins du ménage ne sont pas non plus négligés : on trouve des recettes pour faire du vin cuit, de la piquette de nèfles, pour conserver le beurre fondu et salé. Mais rien n'égale le soin que Bernard Gros apportait aux vignes, aux vergers, aux jardins de ses commanderies. Il indique les meilleures méthodes de culture et recherche les cépages rares et les meilleurs plants.

BERNARD GROS

Il dit comment on peut préserver les greffes des fourmis, les pois des cussons, comment il faut conserver les graines de légumes, labourer les terres à blé, préparer le sol pour la vigne. Il fait venir ses pruniers de Grand Selves il apprécie les variétés de cerises tirées de Lagruère et de Gontaud. Il recommande les bons cépages du curé de Reniés et du vicaire de Sainte-Gemme, M. de La Maurelle lui a donné un olivier qui s'appelle Calcade, de fort belle venue.

    Il a pris des pieds de grenadier dans les talus du château de Madaillan. L'amandier, le noyer, le cognassier, le mûriers  sont cités parmi les arbres qu’il a plantés. Il a des carreaux de fraisiers, de pois et de fèves… Bernard Gros a soin de noter en quelle saison certaines poires sont bonnes manger, quelles sont les pommes qui se conservent toute l'année et les cerises qui n'ont pas de vers. Peut-être était-il porté à la gourmandise. Des achats de truffes figurent dans ses comptes de voyage.

      Comme fleurs, il cultivait des rosiers rouges et des giroflées, dont une espèce provenait de Rome.

    Le paysage du Temple de Breuil est charmant. Une vallée plane, d'une incomparable richesse se déploie à quelques mille mètres autour de son château-fort et de son enceinte murée. Tout auprès, coule, profondément encaissé, le Lot, bordé de peupliers et de saules. Les coteaux de la rive droite et de la rive gauche, irrégulièrement découpés, assez éloignés au Sud et au Nord, forment un second plan où se joue la lumière en tons gris ou fauves, en teintes bleutées, selon les saisons et le cours du soleil.

   Les ruisseaux voisins de Carcassonne, de « Lautone », de « Folestres », de la « Grésie » et de la « Gravière » ont des rives fraiches où croissent les aunes, où bruissent les moulins de la Commanderie. Les plus beaux arbres du Temple sont les ormes.

   Au XVe siècle, une futaie, probablement de chênes, joignait la clôture du château. Elle a disparu, mais, à part cela, les aspects de ce coin de terre ont certainement peu changé.

   Ni les douceurs de cette résidence, ni le désir de voir prospérer les vignes et les qu'il avait créés avec tant de soins ne pouvaient faire oublier au commandeur sa vocation véritable. Il rêve lui-même et il le consigne par écrit, qu'il bataille contre les infidèles.

  Il jette sur ses registres le brouillon d'une lettre, par laquelle il prévient- le nom du destinataire n'est pas indiqué- que les Turcs menacent la ville de Nice. S'il allait être appelé à combattre les Turc, quel bonheur !

    Mais on l'oublie, et, dans la pensée de forcer la main à ses chefs, il se présente armé de recettes infaillibles pour incendier les galères ou tuer leurs défendeurs, pour secourir les places assiégées.

    Sous la forme d'un mémoire adressé aux chevaliers de Rhodes, ou mieux d'une requête pour obtenir d’être convié à partager leurs luttes, il indique sommairement les trois inventions suivantes :

BERNARD GROS

Il se fait fort de lancer, à une portée d'arbalète, une masse grosse comme un demi-baril, d'une sorte de feu grégeois auquel rien ne résistera. Pour les abordages, il se servirait de grenades (boule de bronze) qui, en fusant, rouleraient dans la galère ennemie en tuant ses défenseurs, en allumant partout l'incendie. Il a trouvé le moyen d’échanger des paroles jusqu'à la distance où l'on peut apercevoir la lumière d'une chandelle, ce qui peut servir pour communiquer avec les gouverneurs des places assiégées.

    Cette dernière découverte, si tant est qu'elle fut réelle, n'a jamais été pratiquée. Pour ce qui est de l'invention des grenades en métal qui remplacèrent les pots à feu, les auteurs ne la font pas remonter que je sache, au-delà du commencement du 16ème siècle. Nous voyons qu’il faut aller un peu au-delà avant l'année 1487, cette invention était bien près de se faire jour elle est peut-être personnelle à  Bernard Gros, commandeur du Temple de Breuil,.

    En somme, à en juger par les témoignages qu'il nous a laissé sous une forme parfois naïve, Bernard Gros était un chevalier brave, comme on en comptait alors un si grand nombre, mais aussi quelque chose de plus un honnête homme que révoltaient les injustices; un administrateur diligent; un agronome au-dessus de la routine. Assez instruit pour faire un inventaire des archives de sa Commanderie, il se montre curieux eu médecine et eu pharmacie et se prétend inventeur d'engins de guerre. Son nom parait mériter à tous égards d'être tiré de l'oubli."

G. THOLIN historien et archiviste reconnu (1843-1922)

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 PLAN DU FORT DU TEMPLE

La vie des Templiers et Hospitaliers en Lot et Garonne : LA COMMANDERIE-CHEF DE TEMPLE SUR LOT : Plan de la commanderie et du "Fort" de Temple de Breuil. (Photo : du Net)

RAPPORT DE FOUILLE DE SAUVETAGE DE LA COMMANDERIE DE TEMPLE SUR LOT, PAR MM. JACQUES PONS ET MICHEL DAYNES 1992

 

PONS ET DAYNES

TEMPLE-SUR-LOT (Le) (Lot-et-Garonne). La commanderie.   

 

   La commanderie est située sur la rive gauche du Lot, dans la boucle d'un ruisseau, sur le bord d'une voie très ancienne la Ténarèse. Sa fondation remonte à la fin du XIIe s. quand Rainfroid Ier (1 180-1 195), seigneur de Montpezat, fait une donation à l'ordre du Temple avant son départ pour la troisième croisade ; elle passera par la suite sous la juridiction de l'ordre des Hospitaliers.

   Sa transformation en hôtel a nécessité la réalisation d'une fouille de sauvetage. Les niveaux archéologiques ont été presque entièrement détruits par une occupation ininterrompue et de nombreuses transformations depuis le XIIe s.

   Parallèlement à la fouille une analyse monumentale et l'étude des archives ont été entreprises. Une datation par dendrochronologie a été réalisée par le laboratoire du CRIAA de Bordeaux. Quatre grandes phases de construction ont été mises en évidence :

 — A la fin du XIIe s. un grand bâtiment rectangulaire (25,4 x 16,5 m) orienté E.-O. est édifié. Les murs, renforcés par des contreforts plats, ont été construits en pierres de taille jusqu'à quatre mètres de hauteur puis en briques très épaisses. Un mur de refend longitudinal en briques sépare deux salles voûtées en berceau. La partie sud est occupée par la chapelle, l'utilisation de la partie nord reste hypothétique. Ce bâtiment est vraisemblablement détruit au milieu du XV ème siècle par un incendie.

 — A la fin du XVe s. les Hospitaliers remettent en état la commanderie et ses dépendances. Après avoir dégagé la salle nord et démoli l'angle N.-O., ils construisent un bâtiment rectangulaire, flanqué d'une tour ronde à l'angle N.-E., à l'aide des matériaux récupérés. La chapelle garde sa fonction. Au début du XVIe s. le logis est agrandi par la construction d'un second bâtiment accolé à l'Ouest du premier, desservi par un escalier à vis situé dans une tourelle hors-d'œuvre. Un second bâtiment voûté est construit à l'Ouest protégé par une tour ronde. Ils sont reliés par deux murs percés par des portes charretières, l'une au Sud donnant accès au fort, l'autre au Nord donnant sur l'extérieur défendue par une bretèche. Le mur nord est couronné par un chemin de ronde. Un fossé protège les faces nord et est de la commanderie. Le fort est entouré d'une enceinte renforcée par un fossé au Sud et à l'Est ou une porte munie d'un pont-levis permet de communiquer avec l'extérieur. Un pigeonnier participant aussi à la défense est construit à l'angle S.-E. du fort.

 — Dans la seconde moitié du XVIe s. les défenses de la commanderie sont renforcées par la construction d'une tour carrée à côté de la porte nord et d'une échauguette à l'angle S.-E. du logis pour surveiller le pont-levis. La chapelle est agrandie au Sud.

 

 Le matériel mis au jour par ce sauvetage provient de trois secteurs :

— Deux silos creusés dans la grave qui contenait en particulier un mortier en pierre et une monnaie de Guillaume X (+ en 1137).

— Le remblai de la tranchée de fondation d'un mur de refend du bâtiment du XVe s. a livré de nombreux fragments de verre provenant de gobelets et d'une coupe dont le pied était réalisé en fils de verre alternativement bleus et blancs ainsi qu'une monnaie de Charles VIII (1470-1498).

— Un dépotoir extérieur ou de nombreux tessons de céramique commune à glaçure jaune ou verte et de majolique ont été mis au jour associés à une monnaie de François Ier (1515-1547).

 

 (Responsables de la fouille : Jacques Pons et Michel Daynès).

Recherche, collecte des textes et synthèses:

PATRICK GARCIA

 

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